"C'que je veux dire c'est que la famille c'est inévitable, c'est comme les impôts ou la mort." Grandir dans ma famille n'aurait laissé personne intact, personne de mentalement constituer n'aurait survécus, c'est pourquoi je suis sûre aujourd'hui de ne pas être totalement normal. Enfin techniquement parlant j'ai été bien affectée. Pourtant, j'aimais ma famille, je n'aurais pus me passer d'eux. Surtout depuis la mort de ma mère. Cette femme avait toujours été un amour dans tous les sens du terme, tout le monde aimaient ma mère, que ce soit les voisins, ses collègues de boulot ou encore sa famille. Elle était douce, calme, toujours bienveillante et de très bons conseils, mais malheureusement, comme on me l'a si souvent dit "ce sont les meilleurs qui partent les premiers", il faut croire que c'était vrai. Ma mère était morte alors que je n'étais même pas en âge de m'en souvenir et pourtant je n'arrivais pas à m'en remettre, je pense même que je ne m'en remettrais jamais, sa présence me manque terriblement. Mon père quant à lui cet homme, de pouvoir, connu et reconnu dans tout ce qu'il entreprenait, avait toujours été mon héros. Seulement il faut croire que même les héros ont leurs moments de faiblesses, c'est comme ça que je suis tombée de haut et que j'ai compris qui était vraiment mon père. « Tu n'es qu'un foutu lâche. » je regardais mon père du haut de mes treize ans, de la honte au fond des yeux. Comment mon univers pouvait il s'écrouler comme ça. Je pensais qu'il était de ses avocats prêt à tout pour sauver le monde, "la veuve et l'orphelin" en premier, comme je me trompais. « Ce ne sont pas tes affaires jeunes fille, file dans ta chambre. » Je ne reconnaissais pas mon père, cet homme n'était pas l'homme qui m'avait élevé. « Tu me dégoutes, tu n'es qu'un lâche. Tu choisi la solution de facilité en t'occupant de ses criminels, choisi l'argent facile. » C'était la première fois que des mots aussi dures sortaient de ma bouche. « Alexandra, tu n'a aucun droit de me parler sur ce ton, je suis toujours ton père. » Je faisais face à mon père, malgré le fait qu'il faisait des choses que je ne concevais pas, je savais qu'à moi il ne me ferait jamais de mal. J'ai grandi dans un univers masculin, aucune femme pour m'apprendre à me coiffé, me maquiller ou encore m'habiller. Personne, juste moi et mon instinct. Je pense m'en être pas trop mal sortie. Je lui tournais le dos et marchait vers la porte de sortie « Tu vas où comme ça ? Je pensais il me semble t'avoir dit d'aller dans ta chambre...» je me retournais et fit face à mon père et son regard noir, un soupire et un sourire hypocrite plus tard, je me retrouvais enfermer dans ma chambre. Je n'avais pas peur de lui et de personne d'autre d'ailleurs, un peu trop téméraire dans l'âme d'après ma famille. Oui la seule fille de la famille alors, je pense avoir une part très présente de masculinité, chose qu'enfaîte je ne voulais pas faire ressortir, j'aurais dû être tout le contraire de moi-même. Moins téméraire, moins grande gueule, moins fonceuse, moins moi tout simplement...Depuis ce jour je n'ai eu que des rapports conflictuels avec mon père et de toute évidence l'avenir n'annonçait rien de meilleur.
"Un frère c'est un ami donné par la nature" Une dispute de plus avec mon père et c'est les yeux rouges et la joue rosie que je m’effondrais sur mon lit, je n'en pouvais plus, cette maison m'étouffais, cette vie me rendait dingue, ma mère me manquait et tout ce que je pouvais faire c'est être insolente et espérer partir très vite. Heureusement, il me restait une bouffée d'air frais, une échappatoire, un pilier. Mon frère Nolan, je pense que si il n'avait pas été près de moi durant toutes ses années je ne m'en serais surement pas sortie aussi bien. « Qu'est-ce qui c'est encore passé Lex' ? » Je ne prenais même pas la peine de relever la tête de l'oreiller, il devait sans aucun doute le savoir, mais comme toujours il voulait, ma version. Seulement aujourd'hui je n'étais vraiment pas enclin à parler. « Arrête donc de faire ta mauvaise tête sœurette et parle-moi de tout ça. C'est quoi cette fois, laisse-moi deviner, l'alcool ? Non ça c'était déjà la dernière fois. Mmh je sais, c'est Samuel le problème. » Ce que ça pouvait être agaçant de vivre avec quelqu'un qui vous connaissait si bien. Je relevais la tête et fronçais les sourcils, j'avais envie de l'envoyer balader, mais Noah était le seul à vouloir m'aider et surtout le seul à me comprendre. Je haussais les épaules et soupirais. « Ne fais pas ça Nolan, tu n'en as rien à faire et tu ne veux même pas en parler alors, soit gentil...Oubli ! » C'est vrai quoi, il n'avait pas supporter d'apprendre que j'entretenais une relation avec son meilleur ami, alors pourquoi épiloguer, sur une chose qui de toute évidence nous ferais du mal à tous les deux. « Tu l'aimes, je l'accepte, enfin je fais avec. Et puis tu es ma petite soeur chérie, alors laisse-moi t'aider. » Je baissais les yeux avant de me jeter dans les bras de mon frère. C'est pour ça que j'aimais, parce que même si je faisais des choses qu'il ne concevait pas, jamais il ne me jugeait. Il m'aimait pour moi et rien de plus.
"Lorsque l'on perd un proche, on passe par plusieurs sentiments. Le déni, le refus, la peur, la culpabilité, la dépression, l'acceptation." Je ne suis pas encore passé par toutes ses phases. Je ne sais pas trop où j'en suis et surtout comment je suis arrivée à devoir ressentir ce genre de sentiments. C'était un samedi soir, je venais encore de me disputer avec mon père à cause de Samuel et du fait qu'il ne voulait pas que je fréquente ce "genre de garçon". Enfin le blabla habituel. Et puis je ne sais pas j'étais en colère, alors c'est tout naturellement que j'ai tapée dans sa réserve de super bouteilles très chères qu'il ne sortait que lorsqu'il signait un gros contrat. Et puis franchement à dix-neuf ans on ne réfléchi pas vraiment aux conséquences de nos actes. Du moins moi, je n'y pensais vraiment pas, j'étais tellement égoïste à cette époque là. C'est comme ça que j'avais pris les clefs de la super berline de mon cher papa avec la ferme intention de partir. Où ? Aucune idée, mais je voulais juste partir. Seulement j'avais omis, un léger détail. Nolan. C'est alors, que je démarrais qu'il "sauta" dans la voiture pour m'arrêter. Enfin pour venir avec moi, car il ne connaissait pas mon taux d'alcool du moment. « Où compte tu aller comme ça ? » Qu'est-ce que ça pouvait bien faire franchement, il savait que je voulais partir et ne plus revenir, même si je n'avais aucun but précis. « Je viens avec toi. » De toute façon ce n'est pas comme-ci il avait vraiment le choix. La voiture roulait déjà à vive allure. Mais j'aurais pu arrêter et le faire descendre, non j'aurais dû. Mais je ne l'ai pas fait. « Tu fais chier Nolan, je peux m'en sortir toute seule, merde. » Quelle phrase magnifique à dire. Si j'avais su que c'était la dernière chose que je dirais à mon frère, j'aurais sans aucun doute mieux choisi mes mots. Je ne me rappelle pas ce qui nous est arrivés, seulement que je me suis réveillée deux semaines plus tard et que mon frère avait été enterré sans que je sois là. Je serai rentrée dans un camion d'après la police. Et de toute évidence, je ne faisais pas le poids.
"Le futur c’est effrayant mais on ne peut pas se réfugier dans le passé uniquement parce qu’il est familier, oui c’est vrai c’est tentant, mais ce serait une erreur. " Il semblait que quelque chose ou du moins quelqu'un me retienne encore ici et je devais faire en sorte que ce ne soit plus le cas. J'ai aimé Samuel, comme je pense il est presque impossible d'aimer, à un tel point que ça m'a détruite, à un tel point que j'en ai tuée mon frère. Accidentellement, certes, mais les faits sont là et moi jamais je n'oublierais. Sam est et restera mon premier amour, mais j'ai fait le choix de partir de m'éloigner de lui et de cette culpabilité qui me ronge, quitter le pays, juste fuir. Le quitter était donc une évidence, il me ramenait trop à ce sentiment qui me rongeait sans arrêt. Je ne pouvais plus continuer toutes ses disputes avec mon père, parce qu'en plus du fait que je sois avec un homme qui "ne me mérite pas" et qui de toute évidence "n'est pas quelqu'un de bien", je devais maintenant faire face aux reproches dû à l'accident. Même si ce fut la chose la plus dure que j'ai dû faire de toute ma vie, Samuel devait me détester. C'était bien plus "facile" comme ça. « Non, Lex' non. » J'avais tout de même eu le courage de me rendre jusque chez lui et ne pas lui laisser une minable petite lettre. Mais a bien y réfléchir j'aurais préférée la lettre. Il me tenais fermement le bras, comme on s'accroche à une bouée de sauvetage. « Si c'est à cause de l'accident, tu sais que nous pouvons surmonter ça ensemble. » Je soupirais et profitait d'un de ses moments de faiblesses pour me défaire de son emprise. « Tu ne comprends rien, l'accident n'a rien à voir dans tout ça. Le problème c'est "nous", ça a duré trop longtemps, ça nous a détruit. » Je prenais ce qui me restait de courage et le regardait me tourner le dos, s'éloigner lui aussi. « J'ai tout sacrifié pour toi, je t'ai choisi, toi...Et ça a tué mon frère. » Je baissais les yeux et reculais. « Oubli-moi. » Et voilà quatre ans de relation réduite à néant à cause d'une culpabilité qui ne partira jamais. Foutue vie.