(Andiana) Okay that's very embarrassing.

Il s'était passé des trucs vraiment super bizarres avec Jackie-Elie dans la matinée... Ce grand coup qui avait été donné sur la porte blindée du tunnel notamment. Ça nous avait fait froid dans le dos mais peu importe... Ça semblait être passé, probablement une maladresse d'un Eliot ou d'une Cabot au final, les squatteurs ne se pointeraient probablement pas alors que nous étions nombreux dans le manoir ou en tout cas, pas de jour s'ils souhaitaient nous voler quelque chose. Je déambulais dans les couloirs du manoir, perdu dans mes pensées avant de baisser les yeux vers mes mains, puis mes fringues. Y avait rien et pourtant dieu seul savait à quel point je me sentais terriblement crade dans cet endroit poussiéreux et humide à n'en plus pouvoir, j'étais prêt à parier que la moitié des personnes présentes auraient la crève en repartant. J'avais pris quelques photos avec mon téléphone pour le projet, pris des notes sur les différentes salles que j'avais visité, mais clairement, je n'arriverais pas à bosser correctement avant d'avoir pris la douche du siècle. On n'avait pas l'eau courante dans ce fichu manoir, mais on parle quand même des Eliots et des Cabots quoi, dooonc... nous avions réussi à improviser une salle de bain. Je montai à l'étage pour récupérer des affaires propres et me dirigeai vers la fameuse salle de bain, vérifiant le verrou, qui n'était pas enclenché, donc personne à l'intérieur, parfait. J'entrai sans me poser de question et refermai la porte derrière moi, entendant un "CLAC" louche provenant de la poignée et ce n'est qu'en me retournant que je réalisais que je n'étais pas seul dans la salle de bain, faisant face à une Ariane planquée derrière sa serviette. Ah... ! J'écarquillai les yeux sous la surprise avant de détourner les yeux, c'est qu'elle était assez courte sa serviette mine de rien, elle prévoyait probablement pas qu'on la voie dans cette tenue. Désolé je t'ai pas entendue de l'extérieur. J'vais te laisser finir... Bon cela dit, la vue avait été fort plaisante et ça me changeait un peu les idées sur le reste du manoir pour le coup. Tournant la poignée... je réessayai une fois, deux fois, trois fois... Ah. Et pourquoi elle ne s'ouvre pas cette fichue porte ?

Le projet d’histoire de l’année. Un manoir lugubre où la poussière a élu domicile depuis des dizaines d’années. Impossible à délogée, même avec le ménage qu’ont entrepris une grande partie du groupe la veille. Et au bout de quelques heures dans cet endroit misérable, je me sens sale. Epouvantablement crade, bien que ce mot ne soit pas courant dans mon vocabulaire. Raison pour laquelle, je me suis engouffrée dans la petite salle de bain improvisée quelques minutes plus tôt, prenant soin de ne pas verrouiller la porte. Alekseï, croisé un peu plus tôt dans la matinée, m’a averti de la difficulté qu’il avait rencontré à l’ouvrir à l’issue de son passage dans la salle de bain, et j’ai tout sauf envie de rester coincer seule dans une pièce de ce gigantesque labyrinthe. Je pose avec délicatesse mon vanity sur un petit meuble en bois qui menace de s’écrouler à tout moment, et je retire rapidement mes vêtements, ne les laissant à aucun moment toucher le sol. Je n’ai jamais vu un endroit aussi impur, et c’est non sans difficulté, que je me décide à me jeter à l’eau, me dirigeant nue vers le jet d’eau, qui déverse à mon grand regret une eau tiède, presque glacée qui réveille ma peau mais me plonge dans une mauvaise humeur. Je n’ai qu’une hâte, retrouver le confort de mon immense chambre à l’Eliot House, pouvoir prendre un bain moussant durant des dizaines de minutes. Je ferme les yeux, comme pour m’imaginer la situation, pensant ainsi être moins gênée par le manque de confort de l’endroit, mais rien n’y fait. A la hâte je frictionne chaque parcelle de mon corps d’un gant, et termine par plusieurs shampoing. Cela fait à peine quelques heures que nous sommes arrivés, mais déjà, mes cheveux semblent avoir ternis et ma peau a perdu de sa douceur. Afin d’y remédier, alors que je m’extrais de la petite douche et que je m’enroule dans une serviette blanche, je m’empare d’un lait pour le corps que je commence à badigeonner sur mes longues jambes. J’essaie d’être le plus rapide possible afin de pouvoir retrouver rapidement le reste du groupe. Mais je sursaute lorsque la porte s’entrouvre et qu’une silhouette s’engouffre dans la minuscule pièce faisant office de salle de bain. La porte se referme sur la silhouette du vice-président des Eliots mais je suis tellement surprise que je n’y prête pas vraiment attention. Je lâche le flacon de lait qui se déverse sur le sol et replace correctement la serviette sur mes courbes. « Désolé je t'ai pas entendue de l'extérieur. J'vais te laisser finir... » S’excuse-t-il en se retournant à la hâte, agrippant la poignée pour s’échapper. Mais je comprends bien rapidement la raison pour laquelle, malgré son désir de sortir, il reste stoïque face à la porte, sa main s’activant en vain sur la petite poignée ronde. « En fait, je n’avais pas fermé la porte pour cette raison. » Expliquais-je. Me retrouver enfermée ici est immédiatement source d’une angoisse qui se forme dans le creux de mon estomac, mais j’essaie de ne rien laisser paraitre et dans mon malheur, je m’y retrouve enfermée en compagnie d’Andy, ce qui se révèle être une chose presque amusante. « On aurait voulu faire exprès qu’on y serait pas arrivés ! »

Ziouuuuu demi-tour, me retrouver dans la même pièce qu'Ariane complètement nue, quand bien même ce n'était pas déplaisant, c'était signer mon arrêt de mort m'voyez ? Parce que pour une raison qui m'échappe, tout finit toujours par se savoir à Harvard, les gens arrivent toujours à découvrir les infos les plus croustillantes qui soient, voire les déforment et puis on se retrouve à être la source de tous les potins même s'il n'y avait PERSONNE au moment des faits, c'est absolument magique. Et là, alors que j'avais joué un peu avec Ariane pour rendre Briony jalouse, c'était du pur suicide franchement. Sauf que le sort en avait décidé autrement et cette satané poignée ne s'ouvrait pas, refusant de me laisser quitter cette pièce. J'entendis alors la voix d'Ariane, toujours planquée derrière sa serviette, qui me disait qu'c'était pour cette raison que la porte n'était justement pas fermée avant que je rentre. Je soupirai, m'adossant à la porte et résigné avant de me mettre à rire à son deuxième commentaire. Je crois franchement que je n'aurais pas dit mieux. Je balayai la pièce du regard, nourrissant le vain espoir qu'il y ait une autre sortie qui pourrait nous épargner cette situation embarrassante mais à part défoncer le mur, il semblerait qu'on n'avait pas de porte de secours, amen. Ben... Désolé, je squatte ta douche apparemment. Me passant une main sur le front, je me redressai en reportant mon attention sur son visage. Elle s'ouvre encore de l'extérieur la porte tu crois ? Tapotant mes poches à la recherche de mon portable, je pinçai les lèvres en réalisant que je l'avais laissé avec mes affaires. Ah, merde. Bon ça va, les choses auraient quand même pu être beaucoup plus gênantes. Par exemple, j'aurais pu me retrouvé enfermer dans cette pièce avec un thon quoi, ou une fille assez laide qui aurait pu vouloir profiter de la situation, désespérée et vierge. Bon d'accord, ces cas-là ne couraient pas les rues, mais au moins c'était Ariane, une belle femme, très gentille, que j'appréciais et qui n'allait pas hurler à la mort si je voyais malencontreusement un bout de fesse.