Invité
est en ligne
Invité
Georgia & Gabriel
Gabriel faisait les cent pas dans les rayons du magasin, tout à fait perdu dans ses pensées, lesquelles – si qui que ce soit avait eu la capacité de les lire –, auraient affolé le pire des voyous. Dévoilées, ces pensées là auraient fait accourir la police, et les forces de l'ordre auraient embarqué le jeune homme sans tarder, mettant fin à tous ses espoirs de vengeance.
Depuis une semaine pourtant, ces idées ne quittaient pas Gabriel, jamais, même lorsqu'il s'endormait enfin. Et c'était lors d'un devoir sur table qu'il avait eu l'illumination : il avait trouvé le crime parfait, la vengeance la plus juste et la plus implacable. Il serait le bras armé et invisible, frapperait droit et sans hésiter, pour réparer cette offense qu'on lui avait faite.
Tout avait commencé huit jours auparavant, dans ce même centre commercial où il se trouvait ce soir là. Il était venu faire ses courses le plus simplement du monde et, sous prétexte que son nom, sur le chèque qu'il venait de signer, sonnait "étranger" voire même, grand dieu, "italien", le patron du magasin l'avait soumis à une fouille au corps. On avait ouvert sa sacoche, demandé de vider ses poches, questionné sur ce qu'il cachait sous son manteau, et le tout sous l'oeil attentif des autres clients, partagés entre l'hilarité et la suspicion. La fouille n'ayant servi à rien, bien évidemment, le directeur s'était lancé dans des explications-excuses passionnées.
Quoi, n'était ce pas de notoriété publique que les ritals étaient des voleurs invétérés ? Et puis on pouvait se tromper, non ? Ce sac bourré à craquer, c'était des livres, certes, mais ça aurait très bien pu être des trucs grappillés dans les rayons ! Et quelle idée d'avoir des poches aussi remplies ! Après tout, il avait déjà eu de mauvaises expériences, on pouvait bien lui pardonner d'être prudent !
Gabriel s'était retenu de lui cracher au visage, et était sorti sans attendre la fin du plaidoyer. Il ruminait déjà sa revanche.
La voix mécanique annonça la fermeture du magasin. Glissé sous l'étalage des fruits et légumes, Gabriel eut un sourire gourmand. Sa main, dans sa poche, caressait la boîte d'allumettes qui servirait à sa vengeance.
(Invité)