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Commit Suicide, fuck you bastard
• Je suis là, regardant mon portable, les yeux rouges, je sens l’adrénaline prendre entière possession de mon corps. J’ai l’impression de sortir de mon corps, de me voir, je vois ces gestes, j’entends ces pensées dites à voix hautes, mais ce n’est pas moi, je ne comprends pas, je me vois agir sans pouvoir rien faire, en étant… Impuissant. C’est ça, c’est le mot parfait pour expliquer mon état d’esprit. Je suis impuissant, j’me retrouve debout, face à ce putain de monde qui a choisi de partir en couille, pétant aux quatre coins de la planète, et je ne peux rien faire, j’assiste à tout ça, je ne suis qu’un simple spectateur, une putain de merde de plus qui ne pourra rien faire de plus. Alors quand je pense à ça, quand je me rends compte que je n’ai pas la force de faire changer les choses, j’ai envie de casser tout ce qui se trouve autour de moi, quitte à me péter le poing dans un mur. Pourquoi devons-nous endurer tant d’épreuves ? Pourquoi la vie a décidé de faire sa pute ? Pourquoi maintenant ? Pourquoi moi, nous ? … Lui ? Tant de questions qui resterons sans réponses, tant de questions qui me rongent de l’intérieur, comme un petit vers qui se serait frayé un chemin à l’intérieur d’une pomme et qui prendrait tout son temps pour la dévorer, la tuant à petit feu. J’avais l’impression d’être cette pomme, et je ne demandais qu’une chose, éclater la gueule de ce putain de fils de pute de vers de terre, l’écraser sous ma semelle et voir son corps s’écarteler, le voir mourir et que toutes ces questions disparaissent, que la pluie laisse place au soleil, que les fleurs fanés retrouvent leurs couleurs et leurs pétales comme au premier rayon de soleil. Je ne sais pas quoi faire, et ça me bouffe. Je secoue la tête comme pour me remettre les idées en place, et sans réfléchir, j’attrape mes clefs et je fonce dans ma voiture pour aller à l’hôpital. Je déteste cet endroit, le seul moment où ça ne me dérange pas d’y aller c’est pour les accouchements, mais là… C’est loin d’être ça… J’ai reçu il y a quelques minutes un message de la part de Briony, me faisant savoir que Jude avait fait une tentative de suicide hier soir, et qu’il était à l’hôpital. Jude, tentative de suicide, hôpital… Ces mots résonnais amèrement dans ma tête, comme un gout de déjà vu, mais cette fois ci, j’ai rien pu faire pour l’empêcher, je n’ai pas été là, et j’m’en veux, j’m’en veux de n’avoir rien vu, j’m’en veux de n’avoir vu ce message que ce matin, au réveil et pas cette nuit quand je l’ai reçu. J’m’en veux, mais je lui en veux aussi. Il a traversé beaucoup d’épreuve, et ça depuis qu’il est tout gosse, j’pensais que désormais, il aurait droit au bonheur, mais la maladie ne l’avait pas rattrapé lui, mais son fils, comme si elle avait voulu choisir une nouvelle proie, de la chair fraiche à mâcher délicatement et lentement, paisiblement… Trouvez-moi celui qu’on appelle Dieu, ce gars qui est surement en train de se rouler de gros joins sur un nuage bien confortable pendant que toutes les putes mortes lui coiffe la barbe, trouvez le moi, et je lui ferais savoir ma façon de penser. Qu’il ne me dise pas que c’était ainsi, que les voix du seigneurs sont impénétrables et qu’il faut accepter les décès, les maladies et la tristesse, car je vais les pénétrer, et ça ne sera pas en douceur, ni dans le sens de la longueur… Bref, j’suis devant la porte de sa chambre qu’une infirmière m’a gentiment communiquée, me disant que les heures de visites ne commencent que dans trente minutes… J’ai vraiment la gueule du gars qui va attendre trente minutes alors que mon meilleur ami, celui que j’considère comme le frère que je n’ai jamais eu, est allongé dans un lit d’hôpital ? Crève, j’attendrais pas, et je lui avais bien fait savoir. Je ne toque pas, j’ouvre la porte, et j’le trouve là, allongé dans son lit, endormi, perfusé, une mine d’enterrement… Putain, mais qu’est-ce que t’as foutu mec ? Alors j’attends, je m’assois sur le fauteuil dans le coin de la chambre face à son lit, et je patiente… Crève pas fumier. •
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