Mourir de peur ou d'ennui ? (ft. Ariane)

Je commençais à m'ennuyer sévère dans ce manoir, c'est vraiment pas le genre d'endroit que je fréquente - en même temps j'ose imaginer la tête des habitants de ce genre d'endroit lugubre - j'avançais tranquillement mais sûrement, m'extirpant petit à petit du reste du groupe. J'avançais à petits pas sur le plancher grinçant des dortoirs, quelques collègues Eliots s'y trouvaient ainsi que quelques cabots, bref je n'avais rien à faire ici, jusqu'à ce que je tombe sur Ariane, au moins une qui pourra peut-être me faire apprécier ce manoir. Je m'avançais vers elle, me mettant à ses côtés pour lui parler en souriant. Tiens je suis étonné de te voir encore en vie. Aucun psychopathe sorti de je ne sais ou, de fantôme ou d'esprit frappeur ne t'as encore ôté la vie? Lui lançais-je en haussant les épaules, non franchement j'y croyais pas à ce genre d'histoire à dormir debout, ça me faisait bien rire d'entendre certaines personnes avoir peur pour un oui ou pour un non des mythes que l'on peut entendre sur ces lieux. Je tapais l'épaule d'Ariane avec la mienne avant de rajouter. Ouais ça ne serait que tarder, dans les films c'est toujours les filles comme toi qui se font tuer en première, c'est pas plus mal ça me laissera le temps de fuir. Rajoutais-je en souriant bêtement. Pour passer le temps je devais bien m'occuper, raconter n'importe quoi était bel et bien une échappatoire, bon maintenant je n'avais plus qu'à attendre et voir comment allait se passer la suite des événements avec ma collègue Eliot, en espérant qu'elle ne me laisse pas mourir .. d'ennui.

Cet endroit est tout ce qu’il y a de plus lugubre. Le planché grince à fois que mes talons foulent le sol, des toiles d’araignées ornent les recoins de chaque pièce, et l’air est humide, presque irrespirable. J’attrape cependant un gilet dans le fond de ma valise, et l’enfile à la hâte, afin de ne plus frissonner. Si l’électricité est maintenant en route, je doute fort que le chauffage parvienne à réchauffer l’endroit rapidement. C’est tellement grand. Je referme ma valise, pas réellement prête à abandonner mes affaires dans la chambre mais rester éloigner du reste du groupe m’effraie. Je repousse mes longs cheveux en arrière avant de m’élancer vers des voix dans le couloir. C’est ainsi que je tombe nez à nez avec Wesley et mon rythme cardiaque se calme de nouveau. Sa présence me rassure, alors que des murs s’échappent des petits bruits étranges. Nos regards se croisent et je souris instantanément. Un léger rire m’échappe même en l’écoutant faire référence aux films d’horreur où je serai, selon ses dires, la première à être tuée. Je croise mes bras sur ma poitrine. « Tu sais, je suis une femme pleine de ressources et je parviendrais à faire fondre le cœur de n’importe quel psychopathe en un claquement de doigts. » J’accompagne cette phrase d’un hochement de tête comme pour affirmer que c’est véridique. « Et s’il s’agissait d’une psychopathe, je sais parfaitement me battre très cher. » Je lui rend son petit coup d’épaule en souriant. « Toi par contre, tu ferais mieux de rester non loin de quelqu’un qui pourrait voler à ton secours… Aller je suis gentille, je te protègerai. » J’attrape une taie d’oreiller abandonnée sur un lit et lui envoie le coussin au visage. « Enfin pas si gentille que ça quand même. » Ajoutais-je d’un ton espiègle.

En croisant Ariane sur ma route j'étais certain que le temps passerait bien plus vite et je ne me suis pas trompé. Avec cette fille je m'amusais souvent, entrant souvent dans son jeu et retombant fréquemment en enfance en jouant souvent aux gamins d'une façon ou d'une autre. Et pour être franc j'ai besoin d'une amie comme ça, cool et sans prise de tête. Elle croise les bras en m'entendant lui dire qu'elle serait la première à mourir si jamais un truc hors du commun nous arrivait. Ses propos me font rire, rien de sérieux et c'est ça dont j'ai besoin. Ariane, pas besoin de mentir, je sais très bien que tu fondrais en larmes en me suppliant de te venir en aide. Lui disais-je en tirant bêtement la langue. Non t'as vu mon corps de rêve ? Si une psychopathe passe par là, elle serait trop occupée à me reluquer plutôt qu'à vouloir me découper en petit morceau. Pour accentuer mes paroles je bouge mes sourcils de façon hautaine avant d'approcher mon visage de l'oreille d'Ariane. Mais on ne peut pas en dire autant pour moi. Évidemment c'était une blague et nulle doute qu'elle s'en doutait. Elle m'envoie ensuite un cousin en plein visage, je l'avais pas vu venir ce coup-là. Woooh ! Je suis pas du genre à frapper les femmes mais .. Tu ne me laisses pas le choix. J'attrape à mon tour une taie d'oreiller dans un vieux lit de ce triste manoir avant de l'envoyer en direction de ma collègue avant de courir vers une armoire pour me protéger d'une possible contre-attaque, mais c'est au même moment qu'une ombre passe et s'enfuie d'un seul coup. J'ai rêvé ou quoi ? Je m'avance vers le milieu du dortoir pour demander à mon amie d'un air perplexe. Attend attend ! T'as vu ça ? Non je n'ai pas peur, seulement intrigué dirons-nous ..

Je ris à cette paroles avant de rétorquer sur un ton léger. « Dis plutôt que tu accourrais pour me sauver parce que tu ne pourrais pas te passer moi ! » Un sourire satisfait sur les lèvres, je l’écoute attentivement dire que son corps de rêve ne laisserait aucune psychopathe de marbre. Et bien qu’en réalité j’en sois autant convaincue que lui, je ne l’admettrais pas. C’est bien plus drôle de prétendre le contraire. « C’est pas la modestie qui t’étouffe ! » Affirmais-je d’un ton espiègle, avant de chercher de la main un coussin et de lui envoyer au visage assez vite pour qu’il n’ait pas le temps d’esquivé. Comme j’aurai pu m’en douter, il riposte et alors un énorme coussin, puant la poussière heurte mon visage avant de retomber au sol. Je mime une mine offusquée avant de le ramasser prête à contre attaquer. Lorsque je relève les yeux, il est déjà caché derrière une armoire. Je m’apprête à foncer sur lui lorsqu’un bruit sourd m’arrête net dans ma lancée. Mon cœur bat à un rythme effréné et je vois une ombre passée. J’en suis certaine, il y avait bien quelque chose là. Je lâche le coussin et foule les quelques pas qui me sépare de Wesley. « Oui, j’ai vu. » Dis-je d’une voix tremblante. Si lui n’est pas effrayé, moi je le suis. Mes jambes tremblent. « C’était quoi ? » Demandais-je comme s’il avait pu avoir le temps d’en voir d’avantage que moi. Je ne sais pas par quelle force j’y parviens, mais je m’avance dans la direction de cette ombre que j’ai vu passé. « Si quelqu’un est là, c’est vraiment pas drôle de vous amuser à nous faire peur ! » Dis-je d’une voix moins audible que je ne l’aurai voulu. Pourtant, trouver une raison est la chose que je recherche à cet instant, sinon, les nuits vont être bien angoissantes.  

J'hochais les épaules en écoutant Ariane affirmer que j'accourrai la sauver si jamais quelque chose nous arrivait. Absolument pas, ma vie avant celle des autres, c'est un principe chez moi ! Mais promis je sauverais ton iphone, histoire d'avoir un petit souvenir de toi. Lui lançais-je accompagné d'un clin d’œil. Alors que j'affirmais que mon corps de rêve ne laisserait aucune psychopathe de marbre, ma chère amie Eliot s'exclama en m'avouant que la modestie m'étouffe, je rigolais avant de lui tirer la langue bêtement comme un enfant de cinq ans. Puis venu le temps de la bataille d'oreillers en plein milieu d'un dortoir apparemment à une soi-disant maison remplie d'événements surnaturels, mouais j'y crois pas trop à ce genre d'histoire à dormir debout. Finalement une présence non voulue nous interpella et stoppa dans notre chamaillerie. En entendant la voix d'Ariane, je compris qu'elle aussi a aperçu cette ombre, je n'étais donc pas fou. Elle me demanda ce qui c'était, malheureusement je n'ai vu qu'une courte seconde une lueur passer à une vitesse très rapide. Aucune idée, le mieux c'est de voir par nous-même. Peur miss Kennedy? Lui lançais-je avec un sourire faussement sûr de moi, bien que mon cœur battait probablement aussi vite que lui. Je dépassai Ariane de quelques pas, passant doucement ma tête vers le recoin de la pièce amenant au long couloir. Je ne voyais rien, mais cette scène me donna une idée .. Pas très maligne. Je fis mine qu'on attrape mon bras pour tirer jusqu'à la sortie, tombant par moi-même au sol et hurlant -faussement- de peur. Non lâchez-moi !! Ariane aide moi!! Hurlais-je, moi comédien ? Je m'épate moi-même. J'étais alors totalement allongé au sol, mes jambes à la vue de mon amie mais le reste de mon corps masqué par l'intersection, faisant semblant qu'on me tire et hurlant à l'agonie dans l'unique but de faire peur à ma chère collègue. Bien qu'au fond de moi je me demandais toujours ce qu'était cette ombre .. En tout cas j'ose imaginer la claque que je vais recevoir d'Ariane lorsqu'elle apprendra pour ma blague qui ne fera sûrement rire que moi.

« Aucune idée, le mieux c'est de voir par nous-même. Peur miss Kennedy? » Question stupide. Vraiment. Bien sûr que je suis totalement effrayée, cet endroit ne m’inspire pas confiance depuis le début, mais à présent c’est pire encore. Des ombres se faufilent à la vitesse de l’éclair, des bruits retentissent, des grincements se font entendre. Je suis figée par la peur, j’essaie de trouver une raison logique, de rationnaliser, mais rien ne me vient. Alors oui, je suis plutôt effrayée. « Pas du tout. » Répondis-je cependant, ne lui laissant pas vraiment l’opportunité de comprendre que mon cœur bat à tout vitesse, que mes jambes tremblent et que je rêve de me téléporter loin de ce lieu minable. Mais alors que doucement, je tente de reprendre mes esprits, de me convaincre qu’il ne peut rien avoir de si terrible ici, Wesley pousse un hurlement, il tombe au sol, et il essaie de dégager son bras d’une emprise. Je pense d’abord à une plaisanterie avec un autre Eliot, mais je vois son visage se transformer, et ses traits traduire une peur réelle. Mon sang se glace, j’avale difficilement ma salive. Agir, je le dois mais je n’y parviens pas. Il m’appelle à l’aide, se débat devant moi et je rassemble tout le courage possible pour le sortir de là, quitte à m’attaquer à la personne ou à la chose qui le tire loin de la pièce. Je m’élance jusqu’à lui, prête à affronter n’importe quoi et alors que je suis prête à défendre mon ami, que je passe le seuil de la porte, je comprends qu’il se fiche de moi depuis le début. Il n’y a rien, personne. Il joue la comédie. Une colère vive s’empare de moi, ce genre de sentiment puissant qui fait suite à une peur immense. Je me jette sur lui, alors qu’il est allongé sur le sol, riant, je le chevauche et m’assoit sur lui, tentant de bloquer ses deux mains pour l’empêcher de me repousser. Je l’immobilise, tandis qu’il rit sans s’arrêter. « Espèce d’idiot ! Tu te crois marrant ? » Je le neutralise, mais ce n’est pas suffisant. J’ai cette folle envie de le massacrer, et au contraire, je me lance dans une ruée de petits guilis qui le font d’avantage réagir. Mes mains parcourent son torse, ses bras, son ventre. « On va voir qui rira le dernier Bradford ! » Lançais-je tout en m’attaquant à lui, telle une enfant.  

Magique, il n'y a pas d'autre mot pour qualifier l'expression sur le visage d'Ariane en me voyant étaler au sol, littéralement mort de rire. C'est méchant, puéril et ridicule de ma part d'avoir provoqué une peur bleue chez mon amie, mais c'était plus fort que moi, surtout lorsqu'il s'agit d'elle. Un fou rire s'empara alors de moi, impossible de me calmer, je riais tellement que mes joues commençaient à me faire un mal fou. Je m'attendais alors à ce qu'elle me frappe, me donne un coup de pied là où ça fait mal, mais finalement elle se mit sur moi, me chevauchant pour me chatouiller, madame a trouvé mon point sensible. Mais avant cela elle me demanda si je me croyais marrant, entre deux sanglots de rire, j'eus la force de lui répondre. Si tu savais ! Mais pas aussi marrant que ta tête, tu devrais te voir dans un miroir c'est magique. Elle m'immobilisa au sol, commençant ses chatouilles de plus belle, je déteste cela, une sensation bien trop étrange, je tentais alors de me débattre pour sortir de son emprise. Ah non arrête ça tout de suite ! Ou tu risques d'en payer le prix fort! Mais celle qui a été la victime de mon humeur déplacée ne cessait de mettre à exécution sa vengeance, j'avais beau être plus fort qu'elle, ses guilis m'empêchaient de réagir correctement. Je parvenais finalement à attraper ses mains les bloquants sur moi et tirant Ariane près de mon torse pour l'immobiliser à son tour. Je me penchais ensuite pour prendre appui sur mes jambes afin de me remettre debout, Ariane bloqué contre moi. On fait moins la maligne maintenant n'est-ce pas? Je jetais tout de même un coup d’œil furtif derrière nous, car mine de rien cette ombre je ne l'ai pas inventé. C'est alors que je me suis mis à sourire, approchant mon visage des cheveux de mon amie pour lui murmurer à l'oreille. J'ai bien envie de t'enfermer ici, genre je bloque la porte de l'extérieur et je te laisse toute seule avec cette .. Chose ? Ça te dit? Œil pour œil, dent pour dent comme on dit. En la relâchant le plus vite possible je m'approchais de la porte prêt à la fermer et en la bloquant avec ce qui me passera sur la main, mais avant toute chose je souriais d'un air niais en attendant sa réaction.