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Ce n'est jamais très agréable quand on sent que quelqu'un quelque part a eu un jugement défavorable à notre égard. On aimerait plaire à tous, tout le temps. Pourtant, c'est impossible. Dès qu'on rencontre quelqu'un, on juge. Parfois favorablement, d'autres fois malheureusement défavorablement. Mais comment peut-on arriver à vivre avec le jugement d'autrui sans se sentir toujours dévalorisé ? Puis, quand on se prend des remarques, on se dit qu’on ferait mieux de changer, que de cette façon on se fera peut-être plus respecter. T’es là, dans ce bar, toute seule, loin du campus pour qu’on ne te juge pas encore une fois. Ce soir tu bois parce que t’en a marre, marre de plein de choses, marre d’en parti un truc qui te bouffe et qui entraîne un bon nombre de question sur toi, sur ce que tu es et ce que tu fais paraître aux yeux des gens. Faut dire que tu n’as pas vraiment oublié ces mots qui t’ont blessé venant de Walter, qui était-il pour te parler de la sorte. Une pute, c’était alors comme ça qu’on te voyait, toi qui avait juste peur de t’attacher, toi qui attendais juste qu’un homme te prouve à quel point certains d’entre eux mérite leur confiance. Tu te morfondais sous ta couette. C’était ça ton avenir ? Des mecs qui passaient dans ton lit, sans que aucun d’entre eux ne te voient autrement que comme un morceau de viande. Et tu pensais que c’était sans doute ce qui t’attendais, c’est vrai, quel mec sérieux oserait s’aventurer avec une fille qui a pour réputation de se faire tous les garçons du campus. Tu t’enfiles les verres qui te retournent le cerveau, encore et encore, de plus en plus, petit à petit. Tu n’y vois plus clair. Bien sûr t’es pas allé dans le bar où tu travailles, non bien sûr, que de mieux que ça pour se faire virer, t’avais déjà perdu ton honneur, pas besoin de perdre ton travail, ça te suffisait amplement. Pourtant au bout de quelques temps tu ne peux plus rien avaler sinon tu vas le repeindre le bar et ce n’est pas tellement l’idée, tu tiens à ton reste de dignité. Tu sais bien que s’il avait pu te voir, voir dans quel état tes propos t’avaient mis il aurait ri aux éclats, trop fier de t’avoir atteint bien plus que ce qu’il n’aurait pu imaginer. Il est temps de partir désormais, alors, tu payes tes verres, et tu te lèves avec beaucoup de mal, tellement de mal que tu manques de tomber. Tu tentes de rentrer jusqu’à la Quincy, tu rêves déjà de la bonne douche que tu prendras en rentrant, de ton lit qui t’attends. Tu pousses la lourde porte et grimpes les escaliers, tu pousses la porte, pourvu que tu ne la réveilles pas. Pourtant, à peine la porte ouverte tu te prends le pied dans le fil de ton sèche-cheveux que tu as laissé branché dans l’entrée et tu t’étales dans un fracas qui a sans doute dû réveiller toute la Quincy et surtout Septembre. Oh, Septembre, regarde de quelle colocataire tu as hérité, une fille qui ne vaut rien à part peut-être au pieu et dans les bars. Oh, Septembre, je suis tant désolée, je ne suis pas la meilleure des colocataires pour une femme enceinte.
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