La Corée se rapproche de moi [ pv : Dagwood Kang]

« dag, tu peux me passer ce livre sur l'aviation s'il-te-plaît, je suis beaucoup trop petit, moi. » arquant un sourcil, perplexe, le coréen observa le jeune garçon d'une dizaine d'années qui se trouvait devant lui. Quel môme intelligent ; il avait trouvé le moyen d'exploiter son aîné : comme sa taille ne lui permettait pas d'atteindre le haut de l'étagère, il lui suffisait de faire les yeux doux à plus grand que lui. Mais, amoureux des gosses, même si il avait décelé la lueur de manipulation dans le regard de son cadet, l'étudiant n'hésita pas à tendre le bras pour attraper l'ouvrage qu'il lui avait demandé. « tiens, mais la prochaine fois tu peux aussi utiliser un s'il-te-plaît, mh ? » lança t-il avec le sourire aux lèvres avant de passer une de ses mains dans les cheveux du mioche pour les lui ébouriffer. « et puis, va falloir que tu commences à grandir, je ne vais pas toujours pouvoir jouer l'échelle pour toi. » le petit, amusé, hocha vigoureusement la tête tout en prenant le livre entre ses doigts comme si il s'agissait là d'un trésor antique. « oui, chef. À demain ! » dagwood suivit l'enfant des yeux, touché par sa candeur. Ah, les mômes ; plus tard, il en voudrait des tonnes. Enfin, au minimum deux. Au maximum six. Et alors ? Il est vrai que beaucoup d'hommes ne voient pas l'utilité ou le bonheur que cela peut apporter, mais ce n'est pas le cas de notre coréen. Il n'a pas seulement en tête d'avoir un descendant pour assurer la survie de sa famille, non ; il voit en ces mômes le moyen de s'épanouir. Comment ne pas devenir quelqu'un de bien ou de comblé quand on a sous notre responsabilité des petits bouts aussi attendrissants ? Baissant ses prunelles noires sur ses fines mains, le coréen cessa de réfléchir au sujet. Il avait plus urgent à faire que de penser à son avenir ou à sa simple vision de la génération suivante. Inspirant puis expirant avec calme, il releva la tête : bien, il était maintenant grand temps qu'il travaille sur son exposé concernant la guerre de cent ans. Le sujet n'était pas spécialement des plus intéressants mais, grande chance pour lui, le livre qu'il avait l'intention de feuilleter comportait des dizaines d'images. C'était toujours mieux qu'un ouvrage vierge d'illustrations. Si le charabia écrit en minuscules caractères ne lui disait rien du tout, il pourrait toujours se contenter des trois bonhommes en train de s'affronter avec des épées rouillées sur la page suivante. Dagwood partit donc à la recherche du livre qu'il avait repéré deux trois jours avant, prêt à bosser. Il le trouva deux minutes plus tard puis fila s'asseoir à une table libre. « merde. » un obstacle. Quelque chose venait de l'empêcher d'accomplir son action, manquant de le faire tomber. Par chance, mais surtout par réflexe, le brun se rattrapa à une chaise voisine. Fronçant les sourcils, un brin irrité, il jeta un regard sombre au sac de fille qui avait voulu le mener à sa perte. Relevant ensuite ses sombres prunelles vers la nana coupable de cette humiliation, il s'exclama : « ça serait sympa de retirer tes affaires du chemin. Si je n'avais pas été celui que je suis, j'aurais sûrement la tête écrasée au sol à l'heure qu'il est. »

« Tu n'as rien de cassé à ce que je sache. » encore heureux, non, mais si il n'avait rien ce n'était pas grâce à elle. Il n'avait pu compter que sur lui. Alors qu'il avait manqué de tomber, elle, elle n'avait pas levé le petit doigt. D'ailleurs, elle ne l'avait tout simplement pas remarqué. Ne pouvait-elle pas juste s'excuser au lieu de répondre avec arrogance ? Et quoi, se sentait-elle menacée ? Ce n'était pas le cas, pas vraiment. Dagwood n'avait jamais porté la main sur une fille et ce n'était sûrement pas aujourd'hui qu'il le ferait pour la première fois. Il était bien trop dégoûté à l'idée de ressembler ne serait-ce qu'un peu à son paternel. Il s'était juste montré désagréable. Il est vrai que cela n'avait pas été la meilleure façon de s'adresser à une jeune inconnue mais disons que la situation humiliante, dans laquelle elle et son sac l'avaient plongé, n'avait pas aidé. Le coréen n'avait pas envie que les choses s'enveniment et ce fut uniquement dans cette optique-là qu'il s'intima intérieurement de la fermer. Vive les femmes ; elles avaient de la chance d'être, pour certaines, si jolies. C'était là un argument convainquant pour se retenir de la démonter verbalement en lui prouvant par A + B qu'elle avait tort et qu'elle devait présenter ses excuses au lieu de monter sur ses grands chevaux. « Voilà, une fois sur la table je ne pense pas que mon sac va te poser un problème, si ? » Dagwood cessa son dialogue intérieur, clignant des yeux. Et elle continuait sur le ton de l'arrogance ; elle avait été blessée par son comportement, il était prêt à le parier. Ça tombait sous le sens. Piquée à vif, elle lui offrait des sourires figés et des petites répliques piquantes. Dans le fond, c'était amusant. « non, effectivement. Mais il aurait dû y être depuis le début, ça nous aurait épargné tout ça. » dagwood ou la franchise incarnée. Si il y avait bien une personne sur cette terre qui n'allait pas se coudre les lèvres pour ne pas laisser ses pensées s'échapper d'entre ces dernières, c'était bien lui. Le sourire de son interlocutrice dégagea soudainement quelque chose de sincère alors que ses prunelles s'étaient fixées sur lui. Quelqu'un venait-il de lui lancer un sort ? Perplexe, le mather fronça légèrement les sourcils. « désolée pour le sac au fait... Tu, tu es nouveau ici sur le campus? » d'accord, cette fille était vraiment pas normale. Il y a une minute elle était là, perchée, à lui faire la morale et maintenant elle tentait de faire la discussion. Peut-être qu'elle avait craqué sur lui. Mais bon, pourquoi ne pas tenter le dialogue, oui, son exposé pourrait bien attendre un peu : et puis, c'était toujours plus sympa de parler avec une blondinette. « pas grave, j'en suis pas mort. » commenca t-il, s'adossant à la table qui se trouvait derrière lui. « je, je suis nouveau sur le campus. » compléta t-il finalement, un adorable sourire se dessinant sur ses lèvres. Mais non, il ne se moquait pas d'elle. Bon, certes, mais juste un peu. Bégayer comme elle n'était là qu'un moyen de détendre l'atmosphère et de la faire, possiblement, rire. «  et tu t'appelles... ? »