¸¸ tell me what the train knows ─ Kakeru & Feldt

© Kaiji
Aussi faible soit-il, le sourire de Feldt détendit un peu Kakeru. Maladresse, malaise, inquiétude et incertitudes étaient des choses qu'il n'aimait pas se voir éprouver. Il était fort, grande gueule, je m'en foutiste et combatif. Pas faible. Kakeru sortit son téléphone de sa poche alors qu'elle lui disait manger très peu ─ le strict minimum, il avait bien compris ─ et tapota sur le clavier tranquillement, en même temps qu'il lui répondait.

« Ca m'étonne pas. La bouffe des hôpitaux est réputée pour être dégueulasse. »

La désinvolture avec laquelle il répondait pouvait donner deux impressions différentes ; il se foutait réellement du malheur de Feldt et n'était là que pour la forme, ou bien il pouvait donner l'étrange image que, finalement, tout n'était pas si noir. Tellement désinvolte que tout paraissait dérisoire. Kakeru se retourna alors vers Feldt et lui montra l'écran de son téléphone.

« Regarde. Billets réservés pour deux personnes. T'as jusqu'à cette date pour te rétablir. Pigé, Kimiko ?* »

Kakeru rangea son téléphone une fois qu'elle eût vu les dates. Nul doute qu'il ne plaisantait pas et prenait sa demande au sérieux, pour faire une réservation aussi vite. Spontané, peut-être irréfléchi, mais dans le fond, qui s'en souciait vu l'état dans lequel Feldt se trouvait ?

« Ca me fait penser que je dois toujours avoir ta peluche de je sais plus quelle magical girl chez moi. Elle doit traîner... quelque part. » lança-t-il en affichant une moue songeuse.

Vraiment. Le monde pouvait péter autour de Kakeru, il semblait que rien ne pourrait l'ébranler.

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Tu savais pas si Kakeru te faisait un reproche de pas manger ou si il etait d'accord avec le fait que c'etait pas bon. Tu mangeais pas parce que c'etait pas bon -bien que ca l'etait, mais parce que tu n'avais aucun gout. Tout ce que tu mangeais avait le meme gout alors bon apres un certain temps, ca donnait plus envie et du coup, tu faisais que piocher ce qui etait a peu pres mangeable - en gros rien. T'essayais pas de reagir a cela, ignorant juste ce qu'il disait. Il tapait un truc sur son telephone, aucune idee de ce que c'etait. Enfin il semblait bien plus interesse par cela que par toi. Tu pouvais le blamer? Non pas vraiment, t'etais pas vraiment vivante en ce moment, fallait dire. Puis sorti de nul part il te montrait son ecran et te parlais en japonais. Un peu sous le choc, sur le fait qu'il venait de reserver deux billets d'avion comme ca, alors que pour l'instant, aller bien c'etait pas ca. Alors sous le choc tu hochais la tete, laissant tout simplement echapper un petit "Hai" pour dire que tu avais compris. Tu t'y attendais pas vraiment, mais ca te donnait une motivation. A la fin du mois, ca allait faire 11 ans que tes parents etaient mort. Tu avais raté leur 10 ans, alors non tu n'allais pas rater celui-ci, et t'irais bien et tu serais a leur tombe le jour de leur mort. Par contre, alors qu'il te parlait d'une peluche a toi que tu avais du avoir quand tu etais gosse. Tu aurais cru qu'elle aurait cramé dans le feu comme tu ne l'avais pas vu apres l'incident. "Donc c'est toi qui l'avait tout ce temps? Je pensais qu'elle avait fini brulé avec le reste." Lancais-tu avec un petit air moqueur, oui parce qu'imaginer Kakeru avec une peluche, non ca ne le faisait vraiment pas.

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Elle se moquait de lui, c'était bon signe. Alors Kakeru fit la grimace, comprenant qu'elle l'imaginait avec une peluche dans les bras. Lui, peluche ? Non. Il avait été épée en bois et sabre de bambou, mathématiques et langage informatique. Rien à voir avec cet univers féminin qu'était celui de la peluche. Kakeru croisa les bras et s'enfonça un peu plus sur sa chaise, ses jambes balançant légèrement.

« Bha ! Elle a pris la poussière par contre, ça fait trois plombes que je me dis qu'il faut que je te la rende. »

En partie vrai. Mais l'autre parti, c'était plutôt sentimental. C'était étrange venant de lui, mais cette peluche était ce qui lui restait, à l'époque, de sa petite soeur Kimiko, celle qu'on lui avait arrachée sans même qu'ils ne puissent vraiment se dire au revoir. Du coup, cette peluche était devenue un prétexte pour la revoir un jour, car il devait lui rendre. Et qu'avec le temps, cette peluche aurait pris une valeur sentimentale importante.
Kakeru reposa son regard sur elle et esquissa un sourire. En dépit de l'état de Feldt, parler de chose plus normales et agréables lui ferait probablement du bien. Et il savait que son attachement pour le Japon était toujours présent.

« On en profitera pour aller au parc Yoyogi. Les arbres sont bien rouges en ce moment et ils devraient pas tarder à perdre leurs feuilles. Du coup, on devrait en profiter avant qu'ils n'aient plus rien. »

Quoi, Kakeru qui sort, ça vous étonne ? On parlait du Japon, là.

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Tu essayais d'imaginer Kakeru avec ta peluche et tu devais dire que c'etait une vision tres drole. Tu l'imaginais avec cette peluche plutot, tres fi-fille et ca te faisait vraiment rire, bien que tu avais reussi a laisser echapper un petit sourire alors qu'il en parlait comme si il s'en foutait. C'etait pas possible, sinon il ne l'aurait pas gardé et l'aurait jeté depuis longtemps. Tu savais qu'il n'etait pas le meilleur pour exprimer ce qu'il ressentait, mais le fait qu'il avait gardé cette poupée signifiait beaucoup pour toi et pouvait meme t'arracher quelques sourires. "Tu peux la garder si tu veux!" Lui lancais-tu avec un petit air taquin. Comme ca tu savais qu'il allait jamais t'oublier, qu'il aurait quelque chose de toi avec lui. Tu avais tellement peur que lui aussi parte un jour, comme tout le monde le faisait. Tu l'avais deja perdu une fois, de force a la mort des tes parents quand le debut de ton enfondrement avait debuté. Cependant, quand tu l'avais revu plus tard a Harvard, il y avait comme un sentiment de rejouissance qui etait reapparu, comme si ton passé n'avait pas completement ete anéanti. Alors qu'il parlait du Japon, tu avais plusieurs souvenirs qui te revinrent a l'esprit. Comme celui de la maison ou tu avais grandis, est-ce qu'elle avait reconstruite? Pendant tes quelques passages au Japon, tu n'avais jamais eu le courage de retourner a cette adresse, ayant toujours du mal a vouloir accepter ce qui s'etait passé. "Ouais c'est une bonne idée." Tu te rendais compte que ce voyage, il te ferait surement beaucoup de bien, mais Kakeru n'allait pas te laisser partir tout de suite alors maintenant t'avais comme une motivation pour aller mieux, revoir ton pays de naissance et pouvoir retrouver tes parents. Parfois, un retour dans le passé permettait de prédire un meilleur future.

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« La garder ? Hors de question ! » qu'il lui répondait.

Mais d'un autre côté, il n'avait jamais été pressé de la lui rendre non plus, alors ce qu'il pouvait dire, on s'en foutait un peu. Il ne l'assumerait pas pour autant cela dit. Kakeru regarda Feldt un petit instant, puis fini par se lever parce que franchement, rester le cul posé là, il pouvait pas. Devant son ordi il ne disait rien, mais là, ça le saoulait. Il s'étira un bras puis regarda la chambre avant de commenter.

« 'tain c'est vraiment moche ces chambres d'hôpital. » Il reposa son regard sur elle. « Y'a pas moyen qu'on bouge un peu ? Genre, en fauteuil ou quoi ? J'en sais rien j'demande hein. Sinon, tu m'excuseras, mais je vais déambuler. »

Parce que cela traduisait aussi un certain malêtre ─ les hôpitaux n'avaient jamais été sa tasse de thé ─ mais qu'il refusait de l'admettre, Kakeru ne voulait pas que sa bougeote soit suspecte. Il n'aimait pas rester complètement immobile trop longtemps, mais de là à marcher...
Il fit quelques pas dans la pièce puis reprit la parole, un peu pensif.

« Par contre, j'te préviens, on ira pas crécher chez mon père. »

D'apparence, il s'était toujours bien entendu avec son père. Mais Feldt, elle, savait que Kakeru détestait son père et que tout n'était qu'un jeu d'apparence. Il ne lui avait pas caché, lorsqu'ils étaient enfant.

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Ca te faisait rire comment Kakeru se braquait alors que tu lui avais dis qu'il pouvait garder ta poupée. En fait, t'aimerai qu'il la garde, comme cela, il ne t'oublie jamais, que meme si un jour vous vous retrouvez separé par une tres longue distance il pensera toujours a toi, a sa petite soeur Kimiko. Tu n'ajoutais rien a ce sujet. De toute facon, tu ne verrais bien ce qu'il fera de ta peluche. Kakeru se leva alors s'etirant. Si seulement, tu pouvais faire ca, mais non, les medecins preferaient que tu prennes les choses doucement. Cependant, tu ne voulais pas qu'il parte deja, c'etait trop court et tu te sentais bien trop seule dans cette chambre d'hopital que tu occupais depuis deux semaines. "Si, y a un fauteil dans le coin la-bas. On peut aller dans le café ou sortir dehors, ca depend du temps qu'il fait." A vrai dire, t'aimerai bien sortir un peu de cet endroit. Tu passais tes journées que entrer ta chambre et le soin intensif pour tes enfants, du coup, tu te sentais un peu enfermée a vivre toujours la meme routine. Ca te fera peut-etre du bien de sortir de ces 4 murs en bonne compagnie. Oui parce que malgre son caractere parfois douteux, Kakeru resta pour toi un etre cher que tu connaissais depuis ta tendre enfance et sur qui tu pouvais compter. Il rechangea de sujet, parlant a nouveau du Japon et ca ne t'etonnait pas ce qu'il te dit. Tu savais que les relations entre ton ami et son pere etaient au plus froide. "Ca me derange pas. Je peux payer l'hotel aussi si tu veux…." Un petit instant de pause alors que tu repensais au Japon. "Dis, ma maison, elle est devenue quoi?" Elle avait ete en ruine apres l'incendie mais meme apres toute ses annees, tu n'avais pas jamais eu le courage d'y retourner.

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Lorsqu'elle parla du fauteuil, Kakeru se retourna pour effectivement le trouver dans un coin. Il n'attendit pas davantage pour aller le chercher, débloquant les roues pour l'amener jusqu'au lit. Jetant un bref coup d'oeil à la fenêtre, Kakeru vérifia qu'il ne pleuvait plus. Il faisait noir mais le peu de luminosité qu'il restait donnait une ambiance à la fois glauque et sereine. Lui, ça ne le dérangeait pas.
Il s'approcha alors de Feldt et à sa question, il reposa son regard sur elle, hésitant un bref instant. Il lâcha alors le fauteuil et croisa les bras sur son torse, poussant un soupir, comme si la question l'agaçait. C'était plutôt la réponse qui faisait cet effet, en vérité.

« Ils ont mis quelques temps avant de rénover les lieux, mais c'est plus une maison maintenant. Avec l'expansion de la ville et le coût de la vie qui a augmenté, ils ont préféré raser la maison car elle ne trouvait pas d'acheteur, et construire à la place une école. Elle est aussi entourée de buildings. Enfin, ça, tu t'en doutais. »

Mieux valait ne rien lui cacher, plutôt qu'elle découvre la vérité en ayant eu l'espoir de retrouver son chez-elle. Kakeru se pencha vers elle avec un regard plus doux, et lui proposa son bras pour sortir du lit.

« C'est même une école maternelle plutôt populaire et qui a bonne réputation. On ira la voir si tu veux, mais je te préviens, le quartier a pas mal changé. Tu le reconnaîtras, mais ce n'est plus comme avant. »

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Kakeru partit alors chercher le fauteuil roulant, mais il s'arreta alors que tu lui demandais par rapport a ta maison. Tu ne savais vraiment pas a quoi t'attendre en verité. Tu aurais voulu que ca soit renové et que tu retrouves une nouvelle maison qui ressemble fortement a celle dont tu avais vecu durant ton enfance. Cependant, Kakeru brisa legerement tes esperances. Tu aurais du t'en douter. T'allais pas retrouver ta maison, c'etait y a tellement longtemps et comme il le disait, la ville s'etait etandu et tout avait changé a present. Tu n'allais pas retrouver ton petit quartier a toi avec ta maison, non, ca allait vraiment etre different. Tu aurais pas du te faire des esperances. Tu allais au Japon pour visiter tes parents et c'etait surtout ca. Tu ne dis rien alors que tu t'appuyais sur le bras de Kakeru pour sortir du lit. Malgré le temps que tu avais ete ici, tu te sentais toujours faible et parfois vertigineuse quand tu te levais, surement parce que tu passais trop de temps a dormir et a rester coucher. Tu viens alors t'asseoir sur le fauteuil, prenant ton machin a infusion avec toi, peut-etre eviter de refaire la meme connerie qu'avec Andy et de tout simplement tout arracher. Tu souris en entendant ce que te disait Kakeru en ce qui concernait ta maison. Au moins, cela servait a quelque chose de bien et pour tout le monde surtout pour les petits enfants qui allaient suivre dans cette generation. "Oui, j'aimerai bien aller la visiter." Juste par curiosité, et d'essayer de repenser à tous les bon moments que tu avais pu passer là-bas.