« Mal, rends-moi ça tout de suite ou... »,« Où quoi Vita? Tu vas me frapper avec tes touts petits poings? M'envoyer un de tes bouquins à la tête? Bouh j'ai peur. »,« Je peux faire pire que ça. »,« Je demande à voir. »,« Comme tu voudras, mais ça va saigner. » Mal, alias Machiah, 22 ans, un de mes quatre frères, le plus proche de moi, aussi bien niveau âge que niveau complicité. L'aîné, Connor, 27 ans est déjà marié et récemment devenu papa. Arthur, second enfant de la famille, lui à 25 ans et vit en France pour ses études, vient ensuite son jumeau, Arawn, qui lui travaille en tant que photographe pour un journal local, et donc en dernier, Malchiah et moi, Vitany, dernière des Montenegro, petit bout de femme de 21 ans. Ainsi donc vous avez là un premier aperçu global de tous les enfants qu'on put avoir mes parents. Parlons un peu d'eux avant de développer tout ça. Denis Montenegro, 49 ans, professeur de langues de son état, et Rhiannon Montenegro, née Lisbonne, 48 ans, femme au foyer anciennement avocate, sont donc mes parents. Ils se sont rencontrés tout à fait par hasard, en allant à la même fête, organisée par un ami commun. Ce fameux ami fêtait ses 18 ans, et en fait, Rhiannon ne devait pas participé à la fête, mais c'est son frère, mon oncle Gareth, qui l'y avait traîné de force. Bien lui en a pris, sans ça, moi et mes frères ont seraient pas de ce monde. Alan, l'ami en commun et ami d'enfance de mon père, n'avait jamais parlé de la sœur de Gareth, parce que le caractère de la jeune femme était bien trop différent de celui de Denis, ces deux-là ne pouvaient aux yeux de personne s'entendre. Et pourtant. Bon, mon père me l'a avoué, les débuts furent difficiles et ce n'est qu'après plusieurs pseudos rendez-vous qu'ils ont commencés à sortir ensemble. Et là encore ce n'était pas gagné. Leurs caractères respectifs étaient en effet visiblement trop différents pour qu'une histoire d'amour puisse naître entre eux. A cet âge-là, on est fier, on se dit que si ce n'est pas elle, il reste plus d'un poisson dans l'eau, une de perdue, dix de retrouvées. Heureusement mon père a eu la présence d'esprit de faire un compromis, très simple en fait, mais qui a dû convaincre ma mère suffisamment pour qu'elle envisage de faire sa vie avec lui. Et voilà comment la saga des Montenegro débuta. Mon père avait 18 ans à l'époque et ma mère un an de moins. Ca fait donc plus de trente ans que mes parents sont ensemble, pas mal non? Fiancés après 2 ans à se fréquenter, mariés l'année d'apres et parents pour la première fois de même. Mon père comme dit plus haut, voulait devenir et est devenu, professeur de langues au lycée, il a toujours été très amoureux des langues c'est vrai en particulier pour les langues slaves, allez savoir pourquoi, puisque toutes branches de la famille confondues, personne n'a de lien avec ces pays-là. Ma mère elle, passa son diplôme de fin d'études quelques semaines à peine après avoir eu mon frère. Diplômée en droit, sa carrière en tant qu'avocate été déjà plus ou moins tracée. Oui mais après avoir eu les jumeaux, elle préféra mettre de côté sa carrière de brillante avocate pour se consacrer à sa famille, ce qui au final fut l'affaire de tous. Mon père s'en voulait moins d'être parfois absent ou occupé avec ses cours, ma mère se découvrait des talents dont elle ne se croyait pas dotée, comme celui par exemple d'être en vérité une excellente cuisinière, et bien sûr mes frères avaient une maman à plein temps. La famille ça a toujours été très important pour nous. Mes parents sont chacun issus de familles nombreuses. Ma mère, et ma grand-mère maternelle, Mina, ont eu 1 frère et deux sœurs, et mon père lui est issu d'une famille de 6 enfants, 4 filles et deux garçons. De quoi vous faire perdre la tête lors des repas de famille pas vrai?
Donc après la naissance d'Arthur et Arawn -noms à consonance celte/gaélique, une tradition chez nous, vous l'aurez remarqué-, la famille Montengro resta longtemps constituée de cinq membres. Je ne vais pas vous détailler des heures durant ce qui a pu se passer en ce temps-là. Je doute que vous direz qu'un jour Connor a réussi enfermé les jumeaux dans le lave-linge pour les bercer, vous apporte grand-chose, même si ça vous donne un peu un aperçu de ce qui pourrait m'attendre plus tard. Mais déjà, mes parents étaient géniaux, et plutôt que de de suite hurler, punir et s'énerver, eux ont fait comprendre à mon frère où était son erreur, et même si ça ne l'a jamais empêché de faire des tonnes d'autres bêtises, il m'a toujours dit que ce jour-là il savait que plus tard, quand il serait devenu père à son tour, il voudrait être un aussi bon parent que les siens avec ses enfants. On n’a pas eu une éducation bohème, loin de là, on avait des règles, des principes mais nos parents nous ont toujours encouragés. Arthur voulait jouer au tennis, il l'a fait. Arawn aimait la peinture? Mon père lui a bricolé un chevalet. Je sais aujourd'hui que c'est aussi beaucoup grâce à mes grands-parents maternels -les paternels étant morts avant ma naissance- et surtout Mina en fait. Italienne d'origine, cette femme est un modèle important dans ma vie, avec bien sûr ma mère et mon père. Femme de caractère, cultivée et pleine de sagesse, c'est elle qui m'a un temps élevé avec les autres quand Connor a été à l'hôpital pour son accident. Elle s'est occupée de la maison et de nous, sans jamais rien demandé. C'est d'ailleurs à cette époque-là que je me suis rapprochée de Mal. Nous étions les plus petits, trop pour réellement comprendre ce qui été arrivé à notre grand frère. Depuis on a toujours été très complices, il nous arrivait même de finir la phrase de l'autre, ce qui avait le don d'énerver notre entourage
Ainsi donc vous avez un bon aperçu de ma famille. Parlons donc un peu de moi à présent, puisque c'est aussi pour ça qu'on est là. Je suis donc la dernière et cinquième enfant des Montenegro. Vitany Persia Montenegro. J'ai vu le jour dans la capitale portugaise, Lisbonne, un matin de novembre, le 17. Vers les 13h, mais ça on s'en fiche un peu à vrai dire. J'ai été accueillie par mes frères et mes parents avec soulagement. Enfin, une fille! Je crois que ma mère a dû prier chaque jour pour m'avoir, après quatre garçons, je la comprends. Et mes frères avaient un nouveau jouet. Je plaisante bien sûr, mais j'ai un temps été l'objet de leur curiosité. Faut les comprendre, ils étaient entre mecs jusqu'à présent, mon arrivée à changer la donne pour eux, sur plus d'un niveau. Quelque chose manquait chez moi, comme l'a dit Arawn à l'époque, et c'est vrai, comment nier l'évidence, mais ça ne les a jamais dérangé, puisqu'ils m'ont toujours vu comme un des leurs. J'en porte les "séquelles" encore aujourd'hui, mais je sais que jamais je ne changerai un iota de ce qui a pu m'arriver, grâce ou à cause d'eux. Mes frangins m'ont protégé, de tout et de n'importe quoi en fait, je sais que je leur dois beaucoup, mais ça n'empêche que parfois, ils peuvent être d'une connerie sans nom. C'est pour ça que je les aime. Je grandis dans une famille aimante, comme vous vous en doutez, avec tout ce dont j'ai pu avoir besoin pour me construire. Ma mère m'a bien sûr chouchouté un peu plus que mes frères parce que j'étais une fille, on ne peut pas le lui reprocher après avoir dû élever ces derniers. Elle avait sa princesse, certes, mais je n'ai pas été pourrie pour autant, ma grand-mère ne l'aurait pas toléré. Quand j'entre à l'école, j'ai d'abord un peu de mal à m'intégrer, j'étais assez timide, chose qui a radicalement changé après quelques semaines. C'était comme dit, juste histoire de basculer dans ce monde nouveau pour moi. Et j'ai vite appris que j'aimais ça. Apprendre. Attention, je ne suis pas un génie, et pas une intello, mais j'ai toujours eu cette curiosité pour ce qui m'entoure. Plus ou moins hérité de mon grand-père Liam à ce que mon père dit, selon ma mère c'est aussi dû à Mina. Mais bref, c'est là que j'ai commencé à lire et à me passionner pour la littérature. Un vrai rat de bibliothèque. De là à découler mon amour des lettres, suite logique de ma passion pour les livres, l'écriture. Je n'ai pas tout de suite compris tout ça. Moi j'écrivais comme ça, des lignes sur un coin de mon cahier, des idées couchées sur le papier. Ça n'allait pas plus loin, ça venait tout seul et ça repartait de même. L'inconstance de l'enfance sûrement. Mais en grandissant, tout à changer. Et je n'ai eu de cesse depuis de bercer le rêve d'un jour vivre de ma passion, devenir un écrivain.
Et les années ont passées, immuablement. Mon frère aîné s'est marié quand je suis entrée à la fac et vient de devenir papa d'une petite fille, Addison. Il vit près de chez nous dans sa propre maison avec sa femme, Cate, une crème cette fille je l'adore. Je suis la marraine d'Addie au fait. Arthur est parti l'an passé faire ses études en France, à Paris, comme il a toujours adoré l'Histoire de l'Art, c'est la ville idéale (avec Florence moi je dis), il vit avec sa copine, Leonie. Arawn lui est un "artiste"', il travaille pour un journal anglais en tant que photographe, on le voit peu, puisqu'il voyage énormément pour son travail, mais il nous envoie toujours un petit quelque chose de ses pérégrinations. Malchiah lui étudie le droit, il veut devenir avocat comme ma mère l'était, je me souviens encore du jour où il lui a annoncé, elle a fondu en larmes. De joie bien sûr. Et moi, me voilà donc à 21 ans, étudiante en Littérature dans la grande fac de Harvard, où j'ai obtenu une bourse. Je vous épargnerais aussi ma vie sentimentale, tant pis pour ceux qui espéraient avoir des détails croustillants, mais sachez que je ne suis plus vierge, ça suffira amplement comme info sur ce sujet-là. Pour tout vous dire, je sors d'une relation un peu complexe, à distance, alors ça n'aide pas vraiment. Je l'ai connu l'an dernier, à la fac, un étudiant français, qui malheureusement est reparti chez lui cet été. Du coup, après près d'un an ensemble, il a fini par rompre. C'était douloureux mais la vie continue non, et je sais que la mienne va me réserver encore bien des surprises.