tête à tête studieux. feat nicholas & gia.

Je me glisse in extremis dans la salle de cours où des dizaines d’étudiants sont déjà installés, prêt à écouter le cours de droit des affaires qu’un professeur au style tout sauf attrayant vient nous enseigner toutes les semaines. Je me laisse tomber sur une chaise, tandis que j’extraie de mon à main un bloc note et quelques stylos. Je m’empare au passage d’une bouteille d’eau que je porte à mes lèvres afin de me désaltérer. « Bonjour à tous, nous allons commencer. » Je lève les yeux au ciel tout en tournant les pages de mon bloc afin d’en trouver une vierge. Je note le nom de la matière dans le coin gauche du papier et je porte mon attention sur l’homme aux cheveux grisonnant qui s’agite devant l’immense tableau de craie. Les minutes défilent, je note quelques mots, et j’essaie de ne pas me laisser distraire par tout ce qui se passe de l’autre côté de la fenêtre. J’aimerai pouvoir être aussi concentrée que certains mais en réalité, je n’y parviens pas, je n’y parviens plus. Trop de choses m’obligent à ruminer du matin au soir et je suis trop inquiète pour la maladie de ma mère pour espérer retenir quoi que ce soit de ce que nous expose le professeur. Mon regard vagabonde dans la pièce et se pose sur un étudiant, quelques rangées devant moi. Je peux observer son profil sans grande difficulté. Les traits de son visage sont particulièrement fins, il dégage ce petit quelque chose qu’il semble impossible d’identifier et qui pourtant lui donne un charme fou. Il est là, concentré sur les moindres paroles qui sont prononcées et je l’envie un moment. Cela fait plusieurs cours que je l’ai remarqué, dans un coin de la classe. Il semble si mystérieux et je me suis souvent amusée à m’imaginer ce qu’il pourrait cacher ces derniers temps. Quand d’autres tentent de comprendre la jurisprudence du monde des affaires, je me perds dans mes pensées à la recherche du côté ténébreux qu’il semble tenter de cacher. C’est une impression que je ressens à son égard, comme si il était intéressant de creuser d’avantage pour mieux le connaître. Et en voyant ses grands yeux ébahis passant de l’homme debout sur l’estrade au calepin sur lequel il note les points importants, une idée s’installe dans mon esprit. Je pourrais sans doute l’attirer à m’en dire d’avantage en prétextant avoir besoin d’un peu d’aide pour cette matière. Je contemple l’un de ses sourcils s’arquant en signe d’intérêt pour le cours qui nous est présenté et je me promets de l’interpeller à la fin du cours. Fin qui arrive plus tôt que prévu puisqu’après un dernier exposé récapitulant l’heure écoulée, le professeur commence à ranger ses affaires. J’enfourne dans mon sac toutes mes affaires à une grande vitesse et me précipite devant la salle, attendant la sortie du jeune homme qui m’intrigue de plus en plus. Je me poste innocemment à côté de la porte et alors qu’il se hisse hors de la salle, je lui fais face. Mordillant ma lèvre inférieure, je scrute chaque détail de son visage, à présent que nous ne sommes plus séparés par plusieurs mètres. « Bonjour, je m’appelle Georgia. » Commençais-je tout en lui dévoilant l’un de mes plus charmants sourires. « J’organise un petit rendez-vous révision à mon appartement, alors si ça te dit de passer… On sera un petit groupe et on pourra bosser ensemble ce cours… Qu’en dis-tu ? » Y aller par quatre chemins, cela ne me ressemble nullement.

Nick a tout juste le temps de s'installer à sa place, de sortir un portable, mais aussi, son cahier de notes, que déjà, le cours commençait. C'était une de ses bonnes journées, il n'avait pas de blessure apparente, tout allait pour le mieux pour lui. Il avait une chemise jeans et portait une petite veste d'automne pardessus, qu'il venait de laisser sur le dossier de sa chaise, retroussant ensuite ses manches. Le Mather était plutôt studieux en cours de droit des affaires. Faut dire que c'est très complexe. D'ailleurs, en écrivant ses notes, en suivant sur les lois sur son écran d'ordi et en restant attentif au professeur, son cerveau fonctionnait à pleine capacité et pour tout vous dire, Nicholas comprenait peut-être un enseignement sur deux. Oui, il en arrachait, c'était pénible et il redoutait le premier examen de ce cours comme un condamné à mort doit redouter la chaise électrique.

De son côté, il n'avait donc pas vraiment l'occasion d'observer autour, mais pourtant, à un moment donné, il eut cette vague impression, cette sensation qu'on a parfois, que quelqu'un le regardait et assez attentivement. Du coup, il se met à chercher et il eut comme l'impression que cette personne était une jolie brune située de l'autre côté de l'auditorium, qui déjà, regardait ailleurs, mine de rien. Peut-être qu'il s'imaginait des trucs, alors il n'y accorde pas trop d'importance et reporte son attention sur le cours.

Nicholas Laflamme, Mather de sa personne, membre de l'équipe de basketball de Harvard, un type que tout le monde appelle "Nick". Demandez à n'importe qui, c'est probablement les premiers trucs qui vont sortir à son sujet. Un gars plutôt secret, discret sur sa personne, pourtant, on sait qu'il accumule les conquêtes et qu'il est souvent bien entouré, niveau fille. On sait aussi qu'il est Canadien-Français, que sa langue natale, c'est le français. À part de cela, plusieurs l'ont vu arriver en voiture conduite avec chauffeur, ce qui laisse supposer qu'il vient d'un milieu aisé, mais personne ne connait ses parents, ne sait exactement d'où il vient. Chose certaine, il a une réputation de fêtard et il n'est pas rare de le voir avec un hématome au visage ou un pansement. Plusieurs se demandent où il peut bien se faire ses trucs.

La classe terminée, il ramasse ses affaires, les met dans son sac à bandoulière, remet sa veste et quitte la classe. Il venait à peine d'en franchir le cadre de porte qu'il se fait justement aborder par la fille qu'il avait remarqué un peu plus tôt. Drôle de coïncidence non? Hey bien Nick ne croit pas à cela... les coïncidences. Le jeune homme l'observait, la regardait dans les yeux surtout et écoutait la proposition. Faut avouer que comme il en arrache, un petit coup de main était le bienvenue. Et cette fille avait un sourire auquel il était difficile de dire non, faut l'avouer. Le beau brun ténébreux eut un petit regard vers elle, de haut en bas, bas en haut, avant de lui répondre avec un détendu, décontracte:

-Ouais, ouais ok, pourquoi pas. Au fait, moi, c'est Nick.

Nick s'écarte un peu du milieu du couloir pour se tenir près d'une fenêtre, ajustant un brin la bandoulière contre son épaule.

-Y va avoir beaucoup de monde à cette révision? Parce que... j'tavoue que j'ai beau suivre en classe, je suis pas une baule pour autant.

Il faisait juste avertir, au cas-où il passerait pour le petit génie qui prend des bonnes notes, se dont il doute, mais sait-on jamais. Georgia le rassure sans doute et à moins qu'elle n'en ait pas, le jeune homme remarquait l'accent qu'elle a, europe de l'est, un truc du genre. Il a un oreille pour les accents d'habitudes. Sans doute parce qu'il fait parti du club, il a un petit accent lui aussi quand il parle. Beaucoup d'Américains le prennent pour un mec du Vermont...

-Bien t'as qu'à me filer l'heure et l'adresse. Je t'avertis, j'ai un entraînement de basket, alors je ne pourrai pas être là avant la fin de soirée.

Nick. C’est son prénom, ça lui va plutôt bien. Je ne l’ai encore jamais vu d’aussi près et je ne peux pas nier qu’il est particulièrement séduisant, et attirant. Mes joues s’empourprent légèrement, et je déteste mon visage d’être toujours si expressif. J’aimerai pouvoir commander mes émotions mais ce n’est malheureusement pas mon fort. Pour masquer ma gêne je me contente de sourire et d’espérer que la faible lumière du couloir me permette de garder une certaine dignité. « Y va avoir beaucoup de monde à cette révision? Parce que... je t'avoue que j'ai beau suivre en classe, je ne suis pas une baule pour autant. » Du monde ? Non, simplement toi et moi. Une façon de me rapprocher de toi sans vraiment t’inviter, tu vois le genre ? Comprendre qui se cache derrière ces traits adorables ? Nourrir ma soif de séduire. Bien entendu, je ne peux pas répondre cela. Ce serait peut-être un peu trop franche et surtout il risquerait de ne pas venir. A moins qu’il soit le genre d’homme à être prêt à tout pour une conquête de plus. Sans cesser de sourire, je repousse une mèche de cheveux qui tombe devant mon visage. « Il devrait y avoir quelques personnes oui. » Dis-je d’une voix douce. « Tu n’as pas à t’inquiéter si te retrouver seul avec moi te fait peur… » Ajoutais-je d’un ton plutôt espiègle, histoire juger à quel point mon petit manège pourrait l’agacer par la suite.  

D’une main, je joue avec une mèche de mes cheveux. Cette petite manie pourrait parfois passer pour un geste aguicheur, pourtant il n’en est rien, c’est simplement une façon de me rassurer lorsque je suis dans une situation où je me mets en péril. Inviter un homme que je ne connais pas à me rejoindre dans mon appartement ce soir par exemple. « Bien t'as qu'à me filer l'heure et l'adresse. Je t'avertis, j'ai un entraînement de basket, alors je ne pourrai pas être là avant la fin de soirée. » J’hoche la tête à cette remarque. Un sportif. Je me surprends à m’imaginer ce qui pourrait bien se cacher sous ses vêtements, un corps athlétique, j’en suis persuadée, l’un de ceux qui ne peuvent pas vous laisser de marbre. Cependant, cette fois-ci je parviens à cacher mon intéressement en chassant cette idée de ma tête. « Pas de problème, tu n’auras qu’à arriver à la fin de ton entraînement. » Ajoutais-je en attrapant dans mon sac à main un bout de papier et un stylo. J’y griffonne mon adresse ainsi que mon numéro de téléphone, de mon écriture ronde et le lui tend. « Tu n’auras qu’à m’appeler si tu ne trouves pas. » Ajoutais-je en laissant glisser le stylo dans le fond de mon sac. Sans ajouter rien d’autre, je lui jette un regard plein de sous-entendu et je m’échappe, frôlant au passage sa silhouette, laissant volontairement une effluve de parfum à proximité de ses narines. La soirée s’annonce fort plaisante.

Maudite panne d'électricité. Ce n'était pas facile de suivre un cours à moitié plongé dans la noirceur, sans portable. Son téléphone cellulaire était presque mort aussi. Cela lui rappelait la crise du verglas, au Québec, sa région natale, où toute la région a été plongé dans le noir pendant pratiquement trois semaines, en plein hiver. Heureusement, c'était l'automne et à Cambridge, le temps est quand même plus doux.

Après son cours, il tombe sur Georgia, ou plutôt, c'est elle qui tombe sur lui. La belle brune à l'accent d'Europe de l'est lui proposait une soirée d'étude. Si Nick demande qui y sera, celle-ci restait plutôt vague et lançait une petite blague qui le fit sourire un brin, mais il ancra son regard dans celui de la Russe.

-Je n'ai peur de personne... Mais d'accord, je verrai bien.

Il n'insistait pas plus pour savoir. Faut dire que s'il a beaucoup d'amis à Harvard, il a aussi quelques ennemis et rivaux, dont beaucoup parmi les Eliots. Apple, Roxanna, Emrys, pour ne nommer que ceux-là. Ensuite, le Mather explique à l'étudiante que s'il accepte, il risquait quand même d'arriver en fin de soirée, après l'entraînement, la douche, tout ça. La jeune femme ne s'en faisait pas davantage et maintenait son invitation. Il baisse les yeux sur la note toute prête qu'elle lui tendait et la prend, ses doigts effleurant les siens un instant.

-Thanks.

Puis, comme elle parlait de l'appeler, il se passait la main derrière la nuque, agacé par cette panne et tous les soucis qu'elle entraîne.

-Ouais, par un téléphone public, parce que mon portable est presque mort et avec cette foutu panne...

Ouais, Nick avait un langage coloré et il s'arrêtait là, avant de choquer davantage l'étudiante. Il eut alors droit à un "drôle" de regard de la part de Georgina qui partait. Le jeune homme la suivit des yeux, tourna même un peu la tête, son nez sentant le parfum de la belle et observant la démarche de celle-ci, pleine d'assurance. Puis, il regarda à nouveau l'adresse. Il connaissait assez bien Cambridge, alors il devrait trouver sans mal.

Comme prévu, il y eut l'entraînement de basket et Nick dîna juste avant. L'entraînement ne fut pas trop laborieux, tout le monde fonctionnant un peu au ralenti depuis la panne d'électricité. Dieu merci, les douches fonctionnent encore, même si les gens s'éclairaient avec peu de choses. Après la douche, Nick ramasse ses affaires, les cheveux encore un peu humide et quitte avec son sac sport sur une épaule et son sac en bandoulière sur l'autre. Une fois dehors, il alla rejoindre son chauffeur, qui le tenait informé des nouveautés qu'il a entendu à la radio concernant la panne. On annonçait que sous peu, tout devrait rentrer dans l'ordre. Ouais, ya bientôt 1 semaine qui disent cela... Son chauffeur le conduit à l'adresse et Nick laisse dans la voiture son sac sport. Il entre dans le bloc appartement et se rend à l'adresse. Comme il avait chaud, sensation courante après un entraînement, il se dévêtissait de sa chemise jeans pour se retrouver en shirt et la gardait contre son épaule libre, l'autre tenant le sac. Seule les lumières d'urgence fonctionnait dans l'édifice, mais Nick trouve l'appartement de Georgia et cogna à sa porte.

-Salut.

Lui dira-t-il en français dès qu'elle ouvrira et il lui fera un petit sourire, avant d'entrer à l'invitation de la jeune femme.

Je souris simplement lorsque Nick me fait part du fait qu’il n’a peur de personne. Je suis contente de voir que nous avons déjà un point commun, et pas des moindres. Et même si j’apprécie de discuter là, avec lui, entre deux couloirs, je ne fais pas durer le plaisir. Je préfère encore apprendre à le connaitre d’avantage chez moi, dans un endroit isolé où nous pourrons se concentrer l’un sur l’autre. L’intimité est propice à de réelles révélations, tandis qu’entre deux cours nous ne pouvons échanger que de simples banalités. Il fait référence à la coupure de courant et je me contente simplement d’hausser les épaules. J’ai fait mon maximum pour garder un maximum de batterie en coupant mon téléphone toute la journée pour le réserver aux cas d’extrême urgence. Je sais que beaucoup se plaignent d’ailleurs de cette panne d’électricité qui nous contrains tous à nous passer de la technologie à laquelle nous sommes pourtant tous habitués, mais j’aime cela moi. J’aime ne pas être joignable vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Je trouve cela libérateur, ne plus être à la merci des autres. Et surtout, faire languir les hommes qui me désirent sans leur donner aucune nouvelle, bien que j’excelle aussi bien dans cet art en temps normal. « C’est assez simple à trouver, mais je rallumerai le mien rien que pour te guider si besoin est. » Dis-je avant de l’abandonner là, le frôlant au passage et m’éloignant d’une démarche des plus gracieuse. J’ai toute une soirée à préparer, et je ne veux pas perdre un instant.

La fin d’après-midi s’écoule à une vitesse considérable. Je prends soin de préparer quelques petits amuses bouches que nous pourrions grignoter tout en nous intéressant de plus près à nos cours, ou plutôt à son passé et ses petits secrets. Privé de four, plaques chauffantes ou tout autre objet électroménager pourtant si utile, je me contente de tartiner divers petit toast, d’ouvrir des paquets de biscuits apéros, et enfin de créer diverses brochettes de fruits. J’installe le tout sur la table basse, tandis que je me rue jusque dans la salle de bain où après une bonne douche je mets en avant à l’aide de maquillage divers, mes grands yeux clairs. A la lueur d’une bougie, je parviens à un résultat correct, et alors je choisis une robe dans ma penderie pour l’enfiler à la hâte. Le dos nu de celle-ci est particulièrement plongeant, et sa couleur blanche tranche plutôt bien avec la couleur dorée de mon teint. Je repousse mes cheveux en arrière, qui tombe en une cascade brune sur mes épaules et je fais mine d’éparpiller quelques cahiers sur la table. Une trousse, quelques stylos qui s’en échappent, et le résultat est presque parfait. J’agrémente la pièce de diverses bougies parfumées, que je dispose un peu partout. Une ambiance clairement chaleureuse et tamisée, propre aux confidences. Je suis en train de passer sur mes lèvres un dernière touche de rouge à lèvre couleur pêche lorsque j’entends toquer à la porte. Je me rends alors compte que je n’ai pas vraiment eut le temps de peaufiner mon mensonge. Cela n’a que peu d’importance de toute façon, je trouverai une explication au moment venu. Je tire sur ma robe, cachant ainsi quelques centimètres de plus de mes interminables jambes avant d’ouvrir la porte, un sourire accroché aux lèvres. « Salut. » Je le contemple un instant, avant de me décaler légèrement, lui laissant ainsi la place de se faufiler dans l’appartement. Il est particulièrement séduisant, plus encore que toute à l’heure, alors qu’il tient sa veste sur son épaule, et qu’une odeur de gel douche masculin se répand sur son passage. « Entre, fais comme chez toi. » Dis-je en refermant la porte. Si ma première idée était de lui soutirer toute information pouvant m’en apprendre d’avantage sur lui, je crois que je pourrais aisément me laisser séduire par son attitude naturelle. J’inspire profondément avant de lui faire face de nouveau. « Si l’électricité n’était pas coupée on pourrait presque croire à un dîner romantique avec toutes ces bougies, n’est-ce pas ? » Dis-je sur un ton plaisantin, avant de l’inviter à entrer dans le salon et à poser ses affaires. Je ne peux m’empêcher de le détailler, il dégage quelque chose d’inexplicable. Il a un charme fou. « J’ai plus du tout de batterie en fin de compte, alors je ne sais pas exactement si les autres viendront, et surtout quand… Mais ils devraient arriver d’un instant à l’autre. » Mentis-je tout en espérant qu’il passe une si agréable soirée qu’il ne s’en rende pas compte. « Alors cet entraînement ? Tu as gardé un peu de forces pour réviser ? »

Les yeux de Nicholas s'ébahirent un brin lorsque la porte s'ouvrit. Faut dire qu'il ne s'attendait pas à voir ce qu'il vit alors. En classe, Georgia portait des tenues plutôt simples, enfin, rien de bien élaboré, même si on voyait tout de suite que c'est une très jolie fille. Mais là, en robe blanche et en talon, avec ses longues jambes fines, ses formes, le rouge à lèvres bien mis, disons que cela frappait et pas qu'un peu. Même Nick, qui est un pro' dans l'air de feindre l'indifférence, ne put cacher la lumière de ses yeux pour autant. La belle à l'accent l'invitait à rentrer.

-Merci.

Disait-il, revenu à l'anglais. Nick n'est pas un grand curieux, enfin, en apparence, mais c'est un fin observateur quand même et se tenant debout dans la pièce, il observe l'appartement, l'ambiance, la décoration, tout quoi. Il remarquait le salon, les cahiers ouverts, les chandelles apposées un peu partout et même... était-ce des bouchées qu'il apercevait là-bas? Ça en avait tout l'air! Dites donc, elle avait tout prévu. Sauf l'alcool... Nick se disait en effet que vu la tenue de la fille, l'ambiance préparée, on pourrait facilement croire que c'était bel et bien un rencart et non une séance d'études. Il se retourne donc vers Georgia, un petit sourire aux lèvres.

-Ouais... Dommage que je ne sois pas trop du genre romantique.

Quoique, de temps en temps... Nick suit Georgia au salon et pose son sac à côté du canapé, comme appuyé contre celui-ci et s'y assoit. Tandis qu'il sortait son cahier d'étude et qu'il fouinait dans son sac pour en trouver son coffre à crayon, il posait une question, son regard ne pouvant capter celui de la jeune femme.

-Où sont les autres?

Georgia lui expliquait alors, le plus naturellement du monde, que les autres étaient difficiles à rejoindre à cause de la panne et que donc, ils ne devraient pas tarder. Nick jeta un petit coup d’œil à sa montre. Il était presque 20h30, c'était tard quand même, quoique, pas vraiment... Nick hoche donc de la tête et pose ses trucs à côté de ceux de Georgia. Comme elle lui posait une question sur son entraînement, il lâchait une sorte de soupir, comme si le souvenir seul de cette séance suffisait à ranimer une certaine fatigue chez lui. Il étendait même les bras chaque côté, sur le dessus du canapé et se calait contre le dossier, la tête un peu penché en arrière, la redressant pour parler et regarder Georgia.

-Crevant, le coach veut qu'on soit prêt pour les championnats de novembre et notre premier match est contre Yale alors... Mais ouais, ça va, j'ai l'habitude. Je suis en forme.

Petit sourire, clin d’œil et après, il s'avance, les mains maintenant sur les genoux et un peu plus avancé sur le canapé, question d'avoir moins l'air de vouloir faire une sieste et de confirmer ses dires quoi.

-Et toi ça va? Bel appart' au fait.

Ils pouvaient bien discuter un peu avant de commencer à bosser, c'est ce que Nick se disait. D'ailleurs, il finit par avoir un sourire amusé, observant un peu plus en détail Georgia. Il exprima d'ailleurs les raisons de cet amusement.

-C'est la première fois que je vois une fille étudier aussi bien habillée. Rassures moi, tu ne portes pas ça quand tu fais l'épicerie?

Quelques informations l’air de rien. Il n’est pas du genre romantique et je m’en serai presque douté. Il a l’air bien différent de cela, plutôt séducteur. Un charme fou, dont il semble ne pas avoir conscience mais qui rend dingue toute femme qui ose s’en approcher, oui c’est ainsi que je l’imagine. Mais puisque les apparences peuvent se révéler trompeuses, j’espère en apprendre d’avantage dans sa façon de se comporter avec moi. Je l’invite à entrer, il s’installe sur le canapé sous mon regard. Il possède une certaine grâce qui n’enlève pourtant rien à sa virilité. Sa voix brise le silence pour qu’il me demande où se trouve les autres. Zut, j’avais oublié cette partie-là. Il faut dire qu’un tête à tête ne l’aurait peut-être pas intéressé, ou alors si, mais je n’en aurai pas obtenu ce que je désire réellement, à savoir le connaître d’avantage, déceler ce côté sombre qu’il cache à la perfection. C’est un défi que je compte bien réussir et si nous avions été en position de rendez-vous galant, alors il aurait été obligé de faire bonne impression. C’est les codes de la séduction, ne montrer que ses bons côtés au départ. Mais ses bons côtés, son intelligence, son charme, son humour ne m’intéresse pas tant que ses plus sombres secrets. Je me fiche de savoir qu’il est sociable et attentionné, ces qualités ne m’ont de toute façon jamais vraiment touchées chez un homme. C’est sûrement la raison pour laquelle j’ai toujours fais les mauvais choix en amour. Je lui trouve une explication qui pourrait même être réelle et change de sujet, évoquant alors son entraînement. Il s’étend sur le canapé, avant de me répondre d’une voix rauque. « Crevant, le coach veut qu'on soit prêt pour les championnats de novembre et notre premier match est contre Yale alors... Mais ouais, ça va, j'ai l'habitude. Je suis en forme. » Je souris, tandis que je me rends compte qu’il ne me laisse pas insensible. C’est l’intonation de sa voix, son accent qui me rend étonnement fébrile. Je décide de venir m’assoir près de lui pour pouvoir reprendre toute contenance et alors je me glisse sur le canapé, sans frôler sa silhouette musclée. « Tant mieux parce qu’on a pas mal de choses à réviser… » Répondis-je tout en souriant. Ses grands yeux explorent la pièce et un compliment ne tarde pas à s’échapper de ses lèvres. « Et toi ça va ? Bel appart' au fait. » Ce petit havre de paix, j’ai mis quelques mois à le trouver mais je ne l’échangerai pour rien au monde. C’est le seul endroit où je me sente réellement bien même si je possède aussi une chambre dans ma confrérie. Ici, je peux danser en sous-vêtements si j’en ai envie, me coucher a pas d’heure en restant au téléphone ou bien cuisiner en pleine nuit si j’ai un petit creux. Du moins, avant que cette coupure de courant rende les choses plus compliquées. « Moi ça va, j’ai passé la fin d’après-midi à confectionner ces petits fours pour toi. » Je mordille ma lèvre inférieure. « Et les autres, d’ailleurs j’espère qu’ils viendront parce que je ne pourrais rien garder, pas d’électricité, pas de frigidaire. » Ajoutais-je pour rattraper mon erreur. J’espère qu’il ne s’en apercevra pas. Je repousse mes longs cheveux en arrière, et je sens son regard sur moi. C’est plaisant, j’ai toujours aimé être le centre d’attention de la gente masculine. Lire le désir dans leurs yeux, ou l’admiration pour certain m’a toujours comblé. « C'est la première fois que je vois une fille étudier aussi bien habillée. Rassures moi, tu ne portes pas ça quand tu fais l'épicerie ? » Ma tenue ne l’a pas laissé indifférent et j’en suis intérieurement flattée. « Ça dépend des fois. Généralement s’il est huit heures et que j’ai plus de lait, c’est beaucoup moins classe comme tenue. » Plaisantais-je tout en me calant au fond du canapé, pivotant légèrement pour lui faire face et planter mes prunelles dans les siennes. « Maintenant que tu sais l’un de mes secrets, à savoir que je ne peux pas passer une matinée sans lait, à toi de m’en dévoiler un des tiens… »

Avant de prendre place sur le canapé, Nick avait posé sa chemise en jeans contre un des accoudoirs, histoire de ne pas être gêné pour la suite des études. Il aurait pu la vêtir, mais il était plutôt bien là, il n'avait pas chaud, ni froid. Nick ne cachait pas que sur le plan physique, l'entraînement avait été demandant, mais ça allait, il était prêt à bosser, à étudier et d'ailleurs, il avait hâte de goûter les petites bouchées que Georgia avait préparé pour lui... bah pour eux. Nick suivit la jolie brune des yeux, qui vint s'asseoir à côté de lui, pas collée quand même. Ça aurait été bizarre...

-Ouais je sais. Ce cours, je crois que c'est le plus difficile de la session. Je ne sais pas pour toi?

Qu'avait fait la Russe avant son arrivée? Pas grand chose, elle préparait la soirée d'études. Elle devait être en pleine forme dans ce cas. Tant mieux pour elle! Il eut un petit sourire à ce qu'elle dit, mais elle complète vite en disant que les autres devaient venir, sinon, elle allait perdre ses petits fours. Nick en prit un et le mit toute dans sa bouche et dit, après avoir mâchouillé un peu, la bouche encore pleine, loin de toutes bonnes manières.

-Au pire, je les mangerai tous.

Parce qu'après un entraînement, il a encore plus faim que d'habitude. Lâchant ensuite un petit commentaire sur la tenue de sa camarade d'étude, qui, pour une soirée pareille, était vraiment bien habillée selon lui. Georgia fit la modeste et fit aussi une sorte de blague, que Nick ne saisit malheureusement pas. Il eut un petit sourire intrigué, mais dont le regard ne cachait pas son incompréhension.

-Plus de lait? Je ne comprends pas...

Il aurait pu faire semblant, mais ce n'était pas son genre: faire semblant. Le brun ténébreux fut heureux de la voir pivoter pour qu'ils se regardent pratiquement en tête en tête. Le contact visuel, c'était important pour lui. Les yeux d'une personne peuvent en dire plus que les paroles. Elle voulait savoir un de ses secrets. Le sourire de Nick change, d'un sourire amical, il devient un peu plus espiègle. Haussant des épaules avec un air anodin, il répondit d'abord:

-Je ne suis pas un mec qui a une tonne de secrets... Mais d'accord... En classe parfois, je suis distrait. J'observe les jolies filles et à une pause, souvent, je fais mine de ne pas avoir compris un truc rien que pour les approcher. Je ferais jamais ça en cours de droit des affaires bien sûr.

Son regard s'attarde sur celui de Georgia, puis, il se retourne vers la table et où sont posées leurs affaires pour étudier. Nick prenait maintenant une mine plus sérieuse, prêt à travailler.

-On ferait bien de commencer, en attendant que les autres s'amènent.

« Oui, c’est vrai que même en étant attentive à chaque mot que prononce le professeur, il y a toujours des parts d’ombre dans ce cours… C’est pour ça que je me suis dit que le travailler à plusieurs pourrait être une bonne chose. » Répondis-je à Nick sans le quitter des yeux. A présent, nous sommes tous deux installés sur le canapé et je peux humer sans difficulté l’odeur du gel douche qu’il a certainement utilisé pour sa douche d’après entraînement. Je le regarde piocher dans un des amuses bouches préparés sur la table et le déguster avant d’affirmer qu’il sera capable de tous les manger si c’est nécessaire. Je souris, tout le monde sait que conquérir un homme passe en premier lieu par conquérir son ventre, et sur ce point-là, je semble avoir plutôt réussi. Cependant mon humour semble beaucoup moins l’atteindre, et alors je me rends compte que je n’ai peut-être pas été assez claire sur cette histoire de lait. Je repousse une mèche de mes cheveux en arrière et mordille ma lèvre inférieure. « Tu m’as demandé si je m’habillais toujours aussi bien, même pour me rendre à l’épicerie, alors je te réponds que si jamais il me manque du lait, et qu’il est sept heures du matin, je ne prends pas la peine me vêtir autrement que d’un jogging pour courir en chercher… Voilà, maintenant j’espère que tu n’auras pas à me croiser dans un de ces moments, je n’ai tout à coup plus rien d’attirant. » Dis-je en riant légèrement. Mais mon visage se durcit lorsque je lui demande de m’offrir l’un de ses plus grands secrets. Attentive, je scrute chaque expression sur son visage, comme si elles pouvaient m’en révéler d’avantage sur lui. Mais ses paroles me font sourire légèrement cependant. « Le droit des affaires a plutôt tendance à captiver toute ton attention c’est cela ? A moins qu’il n’y ait plutôt aucune jolie fille pour te distraire ? » Demandais-je en plongeant mes grands yeux dans les siens, de façon à pouvoir y lire ce qu’il pense. Les yeux sont une magnifique façon de décrypter les émotions des gens, c’est un art qu’il faut maîtriser mais c’est beaucoup plus révélateur qu’un comportement ou qu’une phrase. Le regard ne peut pas mentir.

Je sais qu’il n’a pas tort, nous sommes là pour réviser cependant j’aurai aimé lui poser encore quelques questions, en apprendre d’avantage sur lui. Cependant, je me redresse sur le canapé pour attraper un cahier sur lequel j’ai griffonné quelques notes pendant les cours et je fais mine de les lire dans ma tête quand en réalité, je pense à son regard de braise, à son profil plus qu’attirant. « Mettons nous y avant que nous n’en ayons plus du tout envie… » Dis-je en passant une main dans ma chevelure. « Si tu devais résumer le cours d’aujourd’hui, que m’en dirais-tu ? » Le questionnais-je en faisant mine d’avoir la réponse sur mon cahier, alors qu’en réalité, j’ai été bien trop occupée à le regarder discrètement durant tout le cours pour pouvoir noter quoi que ce soit d’intéressant.

Georgia n'allait pas jusqu'à dire comme lui, que c'était le cours le plus difficile de la session, mais elle avouait que même en assistant à toutes les classes, qu'il restait des parts d'ombre, ce qui fit sourire Nick un brin. Des parts d'ombre... oui, c'est sans doute le bon terme.

N'étant pas le mec le plus allumé de la terre, Nicholas ne comprend pas trop ensuite ce que du lait vient faire dans leur discussion. Au fond, ce que Georgia voulait dire, c'est que si elle avait besoin d'aller chercher du lait à l'épicerie en matinée, bien qu'elle ne prendrait pas la peine de bien se vêtir. On espère! Rendu là, ce serait du zèle. Pour ce qui était d'être moins attirante...

-Ça, c'est encore drôle...

Laisse-t-il échapper. Il faisait parti de ses quelques hommes chez qui les robes ne font pas si fortes impressions. Les bikinis en revanche... Ou même une fille en tenue sportive, il a toujours trouvé ça diablement sexy, mais chut, c'est un secret. Avec un sourire, il écoutait Georgia rétorquer quelques trucs au "secret" qu'il venait de dévoiler. Parlant de secret, le beau brun y allait doucement. Il étendait un bras le long du dessus du canapé vers Georgia, tourné vers elle, il la regardait droit dans les yeux lorsqu'il dit:

-Oh, je dirais qu'il y en a au moins une... Mais le droit des affaires est si difficile que j'y consacre beaucoup de mon énergie.

Et c'était peut-être dommage à bien y réfléchir, mais c'était ainsi. Après quoi, il propose de se mettre à étudier. Nick jouait un peu de ses charmes sur la jeune femme, il ne s'en cachait pas, mais il avait de plus en plus l'impression que cette soirée était une sorte de rencart dissimulé, vu combien elle s'intéressait à lui et non aux études, la manière qu'elle avait de le regarder... Nick n'était pas si crédule. C'était impressionnant quand même l'effort que Georgia a déployé pour un mec qu'elle ne connait même pas. Ou bien il est dans le champ gauche et se trompe complétement. Ceci dit, dans ce genre de situation, il aime bien confronter. Le fera-t-il? Le Mather se tourne donc et attrape son cahier de notes, qu'il lit rapidement avant de résumé le cours.

-Bien... on a parlé du registre des entreprises et de l'obligation légale de s'y enregistrer, des avantages fiscaux qu'offrent certains États, comme le Delaware, à la condition d'avoir un siège social dans l'État. Je te parie qu'à l'examen, le prof va nous mettre une entreprise fictive et nous dire de l'inscrire au registre, histoire de voir si on a bien compris la procédure.

Ils discutent ainsi étude pendant un moment. Nick attardait son regard sur Georgia, souvent, mais pas trop et faisait mine d'être sérieux, au travail quoi. Cependant, il finit par attarder son regard plus longuement sur la Cabot à ses côtés et il eut un petit sourire. Allez, fonce, se dit-il.

-J'ai une question à te poser, rien à voir avec le droit des affaires... Dis-moi si je me trompe, mais j'ai comme l'impression que personne d'autre ne va venir et que c'était organisé comme ça.

Nick avait bien noté tous les petits gestes, quand elle se mordillait la lèvre, la main dans les cheveux, ce genre de petits trucs qui ne manquent pas et puis, elle le détaillait tellement des yeux. Si elle avait autant détaillé son cahier de notes, leur étude serait bien avancée! Après, s'il faisait fausse route, il allait vite le savoir.