caleb&avery ▬ c'est vraiment toi

Depuis ma soirée avec Théo, j'ai pas eu l'occasion d'aller voir quelqu'un pour mon bras. En faite, j'me suis contenté de garder un bandage bidon pour empêcher le sang de sortir de mon bras. Le verre ne m'a pas coupé autant que je ne le pensait. J'étais donc passé à l'infirmerie le matin pour profiter de la lumière du jour. Etant donné que la coupure de courant a impacté l’université, mieux ne vaut pas aller rendre visite le soir. Par chance, l'infirmière m'a fait des points de suture. Niquel, pas la peine d'aller à l’hôpital. J'ai quand même deux points de suture sur le bras. J'vais pas broncher. Merci m'dame. Je souris à l'infirmière avant qu'elle ne me coupe dans ma sortie. Mr Silver, la prochaine fois venait directement au lieu d'attendre. J'lui fis un petit sourire pour la rassurer avant de repartir. J'pris ensuite le chemin de la bibliothèque où j'devais régler deux trois trucs, enfin plutôt vérifier. J'arriva près de la pièce puis commença à fouiller dans les archives d'Harvard. Je me tourna vers un gars qui était de dos. Peut-être qu'il pourra m'aider qui sait. Hé, s'il te plait, tu sais où se trouve les archives des années 80 ? Je regarda son dos, légèrement fasciné par sa veste. Il a de bons gouts c'gars.

La bibliothèque. Si je n’étais pas un fervent amateur de littérature, autant dire que je n’y mettrais jamais les pieds. Pourquoi ? C’est simple, ma filière ne s’y prêtait pas. De même, les rares manuels ou bouquins traitant de l’architecture n’avaient éveillé qu’un très mince intérêt chez moi, raison pour laquelle je m’étais contenté d’y jeter un rapide coup d’œil avant de les laisser pourrir sur leur étagère. Mais ce jour-là était plutôt calme et étant donné que j’avais une petite heure à tuer avant mon prochain cours, j’avais décidé de venir me détendre autour d’un bon livre. Polar ? Histoire vraie ? Roman à l’eau de rose ? Quelle horreur ! Même si plus jeune, j’en dévorais des dizaines par mois, avide de romantisme – mes goûts avaient changé à mesure que je devenais adulte. Roman étranger ? Philosophie ? Je poussai un long soupire lorsque je réalisai que je n’arriverais pas à faire un choix. Alors, faute de mieux, je me laissais tenter par le premier livre qui me tombait sous la main. Sans même prendre le temps de regarder combien de pages il comportait, je me jetai sur la quatrième de couverture, curieux de savoir de quoi cet ouvrage traitait. Lorsque je compris qu’il s’agissait de littérature fantastique, je réprimai un juron et reposais immédiatement le livre. « Hé, s’il te plaît, tu sais où se trouve les archives des années 80 ? » Je me retournai pour faire face à mon interlocuteur. « Euh… bien sûr » finis-je par répondre après quelques secondes d’hésitation. C’est bizarre, mais ce visage m’était familier. Avery ? Était-ce seulement possible ? Tout Chicago s’était-il donné rendez-vous ici ? « Donc… C’est au fond, à gauche… » Le jeune homme fronça les sourcils. « Si tu veux, j’peux te montrer, ce sera plus simple j’pense ! » Je ne savais pas trop comment m’y prendre, ni même s’il allait bien réagir. Avery faisait partie de ces personnes qui avaient été affectées par mon décès, de ceux qui avaient dû faire leur deuil. Je revenais clairement d'entre les morts et j’avais beaucoup de mal à me retrouver face au jeune homme : lui que j’avais toujours considéré comme mon petit-frère, lui que j’avais toujours eu à cœur de protéger. Allait-il m’en vouloir ? Serait-il fâché, déçu ou simplement soulagé ? Comment savoir ?

Euh ... bien sûr. Quand le gars se retourna, mon coeur loupa un battement. Mon sourire disparu instantanément en voyant le visage de cet inconnue. J'le connais ce gars, il a les mêmes traits de visage d'un de mes anciens amis, Caleb. Nan c'est pas possible, il est mort. Je suis allé à son enterrement j'm'en souviens. Il ne peut pas se tenir devant moi, il est mort ! Donc… C’est au fond, à gauche… Si tu veux, j’peux te montrer, ce sera plus simple j’pense ! Je le fixe, ne réagissant pas à sa proposition. Je sentis des frissons parcourir tout mon corps. J'dois rever, j'dois vraiment rever ! Je resta stoique me tournant vers les archives des années 80 devant lequel se trouve la gars. Caleb ? Est-ce un faux espoir ou il est vraiment vivant ? C'est pas mes yeux qui déconnent.

Il m’observa quelques minutes, me détaillant de haut en bas, un peu comme s’il voulait s’assurer qu’il n’avait pas rêvé. Puis, il consentit à ouvrir la bouche. « Caleb ? » J’acquiesçai. Quelle était la marche à suivre ? Devais-je lui sauter dans les bras et lui dire à quel point j’étais désolé de m’être fait passer pour mort ? Ou bien était-il préférable de prendre la fuite ? Dire la vérité ou mentir ? J’étais trop honnête et surtout trop heureux de le retrouver pour lui mentir. Il ne me restait plus qu’à prendre mon courage à deux mains et tout lui déballer. Bon sang, je commençais à en avoir marre de me justifier. « C’est bien moi… » répondis-je en m’efforçant de prendre sur moi. Même si j’en avais assez de servir constamment le même discours, Avery faisait partie de ces personnes qui avaient compté dans ma vie et il avait le droit à une explication. Une explication que je lui fournirais en douceur, de façon à ne pas le perturber davantage. « Je sais que ça fait un choc, mais je peux tout t’expliquer. Si tu veux bien, on va s’asseoir et je te dirais tout… »

C’est bien moi… Mes yeux s'écarquillaient encore plus. C'est bien Caleb. Il est de retour du monde des morts. Pendant un instant j'ai voulu le prendre dans mes bras, lui dire à quel point il m'a manqué, mais nan. Je resta fixe tel  un piquet attendant une explication sur sa disparition. J'espere qu'il en a une bonne. Je sais que ça fait un choc, mais je peux tout t’expliquer. Si tu veux bien, on va s’asseoir et je te dirais tout… J’acquiesçai à ses paroles et sans dire un mot je pris une chaise pour m'installer à  une des tables près de la fenêtre. J'avala ma salive prononçant enfin quelques mots. J't'ecoute. J'suis submergé par l'émotion, que ce soit la stupéfaction, le bonheur mais aussi le doute. Et si mes yeux  déconnaient et que ce gars en face de moi n'est autre qu'un sosie de Caleb qui s'amuse avec moi.

Il tira une chaise et s’y assit. « J't'ecoute… » Je pris une grande inspiration et m’installai en face de lui. Je savais que ça n’allait pas être facile. Comme chaque personne était différente, j’appréhendai sa réaction. Allait-il comprendre ma situation ? Ou s’en insurger ? Et s’il ne me croyait pas ? Et s’il me prenait pour un fou allié ? De toute manière, c’était trop tard pour reculer. « Alors voilà… » débutai-je en me raclant la gorge. « Pour faire court, je faisais partie du programme de protection des témoins. Tu sais en quoi ça consiste ? » Il haussa les épaules. « En gros, lorsque tu assistes à un meurtre, comme c’était mon cas et que les autorités estiment que ta vie est en danger, tu changes d’identité et tu es contrains d’aller vivre loin de tes proches. A l’époque, ils se sont dis que me faire passer pour mort était le moyen le plus sûr de nous protéger, moi et ma famille. J’ai bien essayé de m’y opposer, mais ils étaient catégoriques : c’était la seule solution. J’ai donc accepté. Pendant plusieurs années, j’ai vécu à New-York sous le pseudonyme de Liam Grymson. Seulement, il y a quelques mois, l’agent chargé de mon dossier m’a contacté pour me dire que le dernier des membres du gang avait été arrêté. J’ai eu le choix entre continuer à jouer la comédie ou retrouver ma vie d'avant… Tu connais la suite… »

Pour faire court, je faisais partie du programme de protection des témoins. Tu sais en quoi ça consiste ? Pourquoi il fait partie de ce genre de protection ? J'vais avoir un mal de crane à force de me poser trop de questions. En gros, lorsque tu assistes à un meurtre, comme c’était mon cas et que les autorités estiment que ta vie est en danger, tu changes d’identité et tu es contrains d’aller vivre loin de tes proches. A l’époque, ils se sont dis que me faire passer pour mort était le moyen le plus sûr de nous protéger, moi et ma famille. J’ai bien essayé de m’y opposer, mais ils étaient catégoriques : c’était la seule solution. J’ai donc accepté. Pendant plusieurs années, j’ai vécu à New-York sous le pseudonyme de Liam Grymson. Seulement, il y a quelques mois, l’agent chargé de mon dossier m’a contacté pour me dire que le dernier des membres du gang avait été arrêté. J’ai eu le choix entre continuer à jouer la comédie ou retrouver ma vie d'avant… Tu connais la suite… Y a trop d'infos d'un coup. Je mis ma mains sur mon front, regardant Caleb sans quoi lui répondre. J'suis juste bouche bée. Il a assisté à un meurtre ? Quand donc ? Je resta longtemps dans le silence, certes, un silence pesant, mais j'sais pas comment réagir face à ... son retour d'entre les morts. Je remis mes idées en place, bien quelles soit encore mélangés, pour prendre la parole doucement. Et .. Briony est au courant ? Oui, c'est la seule question qui me vient. Je suis trop surpris pour entamer une conversation plus intime.