billander → there's another hill ahead

Coupure de courant. Gé-nial. Non, vraiment, je ne pouvais pas rêver mieux. Sarcasme. J'avais horreur du noir, j'en avais toujours eu peur et je n'avais pas honte d'avouer que j'avais une veilleuse sur ma table de nuit. Bon .. Si, j'avais un peu honte. Mais alors là je n'avais pas le choix, j'étais obligée de supporter le noir puisque ma foutue veilleuse fonctionnait sur prise. Pourquoi est-ce que je n'avais pas acheté un truc à piles, comme toute personne normalement constituée ? Foutue coupure de courant. Du coup, j'avais proposé à Alex qu'on se voie. Enfin, il avait suggéré l'idée de la cigarette et je l'avais pris au mot. On était censés se retrouver dans le jardin mais j'avais tellement la frousse que j'avais fini par lui avouer que j'avais peur du noir, histoire de ne pas avoir à traverser la maison seule. J'allais me marrer pendant toute cette coupure, moi. J'allai chercher mon paquet de cigarettes à la lueur d'une bougie que j'avais trouvée dans un tiroir, puis j'éteignis mon iPhone dans un bref espoir de conserver ma batterie le plus longtemps possible. Qu'elle est mignonne. J'attendais ensuite Alex, assise sur mon lit avec ma seule bougie près de moi, guettant son arrivée dans ma chambre parce que je n'osais même pas aller patienter dans le couloir, là où tout était plus noir que dans une grotte.

C'était beau la technologie. Tout fonctionnait à l'électricité à présent et ça allait être compliqué de vivre cette coupure d'électricité sans nos petits bébés. Mon portable, mon ordinateur. Tout allait finir par s'éteindre éventuellement quand la batterie sera à plat. Et ça me faisait clairement chier. Mais je n'avais pas trop le choix. Comme tout le monde dans cette ville de toute façon. Donc j'en profitais que mon portable soit encore bien chargé pour envoyer quelques sms, à Hendrix et puis à Billie qui était elle aussi dégoûtée par cette coupure imprévue. Quand j'y repense, ça va être fun Halloween comme ça! Enfin je préférais ne pas y penser et voir comment ça allait être. Après quelques échanges de sms avec Billie, on avait convenu d'aller se rejoindre dans le jardin pour aller fumer une cigarette. Bon, j'étais tenté par un joint, mais je me résignais à la cigarette pour ne pas lui donner de mauvaises idées. La drogue, c'est fini pour elle et je ne voulais pas la tenter. Donc clopes en poche, je sortais de ma chambre en disant à Hendrix que j'descendais fumer et je partais vers la chambre de Billie pour la chaperonner jusqu'à la sortie puisqu'elle avait peur du noir. Arrivé devant sa porte, je frappais. "C'est moi, Alex!" Elle avait l'air de s'être barricadée dans la chambre, flippant pour un rien. C'était quand même drôle en soi, vous ne trouvez pas ?

Le XXIe siècle prenait un sacré coup dans l'aile avec cette coupure d'électricité. Certes, c'était triste pour le crash d'avion et on devrait certainement arrêter de se plaindre parce que certains y avaient perdu la vie, mais .. merde, on allait vivre dans le noir quoi. Bon, ça n'était pas du tout équivalent mais je n'aimais pas le noir et ça allait vite se sentir. J'avais déjà tué mon ordinateur parce que je m'en étais servie sur batterie ce matin à la bibliothèque et que je ne l'avais pas rechargé en arrivant. Débile, débile ! Je me frappai le front en repensant à ma bêtise. Après ça, je ne le laisserai plus jamais se décharger, je pense. Tout ça parce que je voulais à tout prix finir un projet que j'avais sur le feu, alors qu'il n'était à rendre que dans deux semaines. Bon certes, il aurait eu à peine quatre heures de vie même s'il avait été chargé, mais c'était toujours ça. Des coups sur ma porte me firent sursauter et sortir de mes pensées et je me cramponnai à ma bougie, le cœur battant. « C'est moi, Alex ! » Je levai les yeux au ciel de ma propre stupidité, bien sûr que c'était lui. J'attrapai mes affaires et je sortis le rejoindre dans le couloir. Remarquant son petit air amusé, je le fusillai du regard en lançant, « Ne commence pas à te moquer ou je retourne me coucher. » Ouais, sauf qu'il faudrait qu'il me raccompagne pour ça. Aah, ça allait être folklo.

Cette coupure d'électricité était juste arrivée au pire moment qui puisse exister. Je ne voulais pas vivre sans mon ordinateur, sans mon portable, sans lumière et tout. Mais je n'avais pas vraiment le choix. Ce qui me faisait le plus chier était quand même le portable et l'ordinateur. Plus aucun moyen de les recharger, sauf si on arrive à faire un chargeur compatible avec ces accus avec une espèce de dynamo. Ouais non, bien trop compliqué et j'ai pas que ça à faire. Par exemple là, j'vais aller retrouver Billie qui flippe à mort dans le noir pour qu'on aille s'en griller une dans le jardin, tout aussi assombri puisqu'il faisait nuit. J'avais chopé mon paquet de clopes que j'avais foutu dans ma poche arrière droite et j'étais parti à l'aventure dans la Mather House pour retrouver la chambre de Billie. Ca va que maintenant, je connais le chemin, sinon ça aurait pu être plus compliqué. Devant la porte, je frappais puis je me nommais afin qu'elle m'ouvre. J'suis suis quasi sûr qu'elle flippe à mort. Elle ouvrait finalement, limite paniquée alors que je rigolais. "Ne commence pas à te moquer ou je retourne me coucher." Je lui souriais, tentant de cacher mon amusement. "Ca m'dérange pas, si j't'accompagne jusque dans ton lit !" On avait cette relation qui était composée en grande partie de parties de jambes en l'air, et ça nous convenait parfaitement. "Bon, tu préfères quoi, j'te tiens la main et tu me suis ou tu montes sur mon dos et t'as rien à faire ?" Je sentais que rejoindre le jardin allait être de l'ordre d'un parcours du combattant.

J'avais sacrément besoin d'une cigarette, là. J'allais tirer comme une dingue dessus pour que l'embout reste constamment rouge incandescent, puisque ça serait très certainement notre seule source de luminosité. Ouais, je ne disais même pas lumière, parce que ça n'éclairait rien du tout ces machins là. Le tabac, c'est tabou, mais j'aurais pété un câble si je ne l'avais pas eu pour me détendre un peu. Je n'avais plus droit à une dose d'héro pour déstresser, donc c'était tout ce qu'il me restait. Ça et l'alcool. Mais ça faisait peut-être un peu moins de se griller dix cigarettes plutôt que de s'enfiler une bouteille de Vodka. Nan ? Si. Malgré la faible luminosité du couloir, je voyais bien qu'Alex était en train de se marrer et je le lui reprochais avec des menaces. « Ça m'dérange pas, si j't'accompagne jusque dans ton lit ! » - « Me tente pas, » grognai-je. J'avais bien besoin d'une partie de jambes en l'air là. « Bon, tu préfères quoi, j'te tiens la main et tu me suis ou tu montes sur mon dos et t'as rien à faire ? » Oh, ben puisque c'était proposé si gentiment. Je grimpai sur son dos sans attendre, enroulant mes bras autour de son cou. « J'préfère quand j'ai rien à faire. Allez, au galop. » Je sortis une mini lampe torche de la poche de mon jogging et j'éclairai le chemin pour Alex. « Sérieusement, ça va durer longtemps ces conneries ? » Par conneries, j'entendais bien sûr la coupure de courant. C'était marrant cinq minutes - faux - mais il fallait que ça cesse.

Une coupure d'électricité générale à cette période de l'année n'était pas forcément quelque chose de joyeux. Moi, je m'en fichais un peu, j'aimais passer du temps dans la pénombre alors la peur du noir, très peu pour moi. Mais je savais que la plupart de mes proches avaient peur. Visiblement il y avait Billie, mais également ma petite sœur Typhène. Et c'était assez marrant, même si c'est mal de se moquer. Après, voilà, je comprenais et j'étais quand même présent et pas totalement un connard. "Me tente pas" Je souriais en coin. "Je vais essayer." Evidemment que j'allais la tenter, j'étais jamais contre une partie de baise avec elle, neeeeever. Je lui proposais ensuite deux façons d'accéder au jardin et sans surprise, elle choisissait la solution de facilité, pour elle. C'est-à-dire monter sur mon dos et me laisser faire tout le travail. Elle grimpait donc sur moi et je récupérais ses jambes avec mes bras pour bien la tenir. "J'préfère quand j'ai rien à faire. Allez, au galop." Je me mis à rire, elle me considérait comme son cheval ou bien ? Elle sortait une lampe de poche à pile pour m'éclairer le chemin et j'en étais bien content. Après tout, j'avais pas seulement ma vie entre mes mains, mais également la sienne. Donc c'était préférable de voir tout, surtout si on prend les escaliers. "Sérieusement, ça va durer longtemps ces conneries ?" Je haussais les épaules avec difficulté avant de lui répondre. "Aucune idée.. Mais avoue, c'est marrant. Tu pourras réclamer ma présence en toute circonstances !" Ouais bon, j'en profitais, et alors ? J'aimais passer du temps avec elle, c'était du temps qu'elle passait pas avec d'autres mecs.

Cette coupure de courant, ça devait probablement en faire rire plus d'un, parce que c'était un appel à faire tout ce que vous n'aviez jamais osé faire par peur d'être attrapé. Mais désormais le soir, les rues étaient sombres, ainsi que tous les bâtiments et ça pouvait facilement inciter les gens à faire ce que bon leur semblait. D'autres trouvaient simplement ça fun, ou bien que ça n'était pas gênant plus que ça. Pour moi, ça paraissait insurmontable si ça se prolongeait. Je rattachais trop de mauvais souvenirs à la pénombre, des choses que j'avais vécues à New York et qui me faisaient craindre de me retrouver plongée dans le noir. Ça n'était pas une peur irrationnelle, c'était réellement lié à mon expérience. Mais je préférais me taire et laisser tout le monde penser qu'il s'agissait de caprices enfantins. C'est pourquoi, quand Alex sembla s'en amuser, je n'en fis pas toute une histoire et je le menaçais gentiment de retourner d'où je venais s'il me charriait. Une fois sur son dos, éclairant son chemin de ma lampe, je resserrai mes jambes autour de sa taille et me plaignis encore une fois. « Aucune idée.. Mais avoue, c'est marrant. Tu pourras réclamer ma présence en toute circonstances ! » J'émis un petit rire et calai ma joue sur son épaule, le bout de mes lèvres effleurant alors de temps en temps la peau de son cou. Je n'avais jamais été quelqu'un de tactile, mais avec Alex, j'avais l'impression d'avoir besoin de ces contacts quand j'étais avec lui. C'était bizarre. « Ah, donc tu te dévoues pour accourir à chaque fois que je crierai à l'aide ? » dis-je finalement en plaisantant.

J'étais pas le mec le plus musclé, le plus bien gaulé de l'université, loin de là. Cependant, quand je proposais à une fille de monter sur mon dos, j'étais capable de tenir mes engagements et de la porter jusqu'à la destination voulu. En l'occurrence, ce soir je devais l'emmener dans le jardin pour qu'on puisse fumer tranquillement. Après, je faisais ça parce qu'elle flippait dans le noir et avec cette coupure, ça ne s'arrangeait pas, au contraire. Pas moyen d'allumer la lumière, de charger nos portables et ordinateurs... la grosse merde. Mais moi ça me faisait plus rire qu'autre chose, je savais que l'électricité allait bien revenir un jour ou l'autre. Alors dans ma peace attitude, je me contentais d'attendre sans râler. Mais c'était loin d'être le cas de Billie qui flippait assez, j'dois bien l'avouer. Installée sur mon dos et m'éclairant le chemin, j'avançais doucement, afin de ne pas me prendre des obstacles qui pourraient trainer sur le chemin. "Ah, donc tu te dévoues pour accourir à chaque fois que je crierai à l'aide ?" Je me mis à rire vu la façon dont elle avait tourné ma réponse, mais j'avoue que ça ne me déplairait pas en effet, d'accourir à chaque fois. "Il te faut bien un chevalier servant non ? Bon, j'ai pas l'armure et le cheval... mais je sais être là pour toi donc c'est c'qui compte... enfin j'crois." J'arrivais au niveau des escaliers et je les prenais prudemment pour éviter qu'un accident malencontreux se produise. Ca serait dommage qu'on se retrouve tous les deux à l'hôpital juste parce que j'ai loupé une marche.

Bon, je pense que je devais avoir l'air bien ridicule à me promener sur son dos alors que ça aurait été beaucoup plus pratique si j'avais tout simplement suivi en le marchant. C'était l'un des seuls avantages de cette situation, c'était qu'on ne me voyait pas donc je n'en avais rien à foutre. Et puis après tout, c'était lui qui avait proposé ; ça aurait été mal poli de refuser. Mais j'étais bien là, appuyée contre lui, ses mains me soutenant. Les rôles étaient inversés, pour une fois c'était moi sur son dos. D'accord, blague de mauvais goût. Bien que vraie. Il continuait d'avancer dans le noir et me parlait du fait que j'avais à présent une raison pour l'appeler n'importe quand. Même si avant, je ne me gênais pas pour l'appeler quand bon me semblait. Alors naturellement, je plaisantais sur le fait qu'il soit un peu à mon service et je l'entendis rigoler. « Il te faut bien un chevalier servant non ? Bon, j'ai pas l'armure et le cheval... mais je sais être là pour toi donc c'est c'qui compte... enfin j'crois. » Je fronçai les sourcils, un peu surprise par son ton hésitant. C'est vrai qu'il était là pour moi. D'ailleurs, je me rendis compte que dès que j'avais un souci en ce moment, il était le premier au courant. C'était bizarre parce que je mettais très longtemps à accorder ma confiance à quelqu'un habituellement, seuls Jude et Roxanna l'avaient. Pourtant, Alex était celui qui savait tout de ce qui m'était arrivé depuis que j'étais revenue, bien que mon passé reste très flou à ses yeux. Je restai silencieuse un moment, puis je me remis à parler une fois qu'on eut atteint le bas de l'escalier. « Même sans armure et sans cheval, tu fais mieux ce boulot qu'un véritable chevalier. » avouai-je à mi-voix, de peur que quelqu'un d'autre que lui n'entende.

Si je lui avais proposé de monter sur mon dos, c'était que je voulais qu'elle le fasse. C'était fun, atypique et puis ça m'éclatait moi. On était pas comme tout le monde, ça se voyait dans notre façon d'agir et j'étais encore un grand enfant, alors j'agissais comme tel. Billie sur mon dos, j'avançais vers notre destination en descendant l'escalier. Je me rendais compte que je passais de plus en plus de temps avec Billie et pas forcément pour juste coucher. Ca faisait de nous quoi ? C'était pas un plan cul pour le coup... une amitié améliorée ? Sûrement. Mais ça n'explique pas la jalousie que je peux ressentir quand je la vois avec d'autres hommes, ou même que j'apprends qu'elle a passé la nuit à draguer. Certes, j'fais la même, mais elle ne doit pas ressentir la jalousie que j'ressens. Alors j'disais rien. Je me contentais de profiter des moments passés ensemble, avec la complicité qu'on avait réussi à développer. "Même sans armure et sans cheval, tu fais mieux ce boulot qu'un véritable chevalier." m'avouait-elle une fois que j'avais descendu les escaliers et que je me retrouvais au rez-de-chaussée. Ouais, j'étais concentré tout du long pour pas nous faire tomber. Je tournais légèrement la tête pour la regarder, sourire en coin. J'avais même un peu rougi mais grâce à l'obscurité, ça ne se voyait pas. "Mh.. Faut dire que t'en vaux le coup aussi." Je regardais de nouveau devant moi et je nous dirigeais vers l'extérieur de la Mather House, accédant ainsi au jardin. "Terminus ! Tout le monde descend."