Tu n’avais pas pu t’empêcher de lui envoyer du venin en la revoyant. Tu pouvais deviner aussi les motifs de son départ et son absence prolongé. Tu étais toi-même dans un lit d’hôpital, suite aux explosions à Harvard en janvier, lorsqu’elle t’avait annoncé la nouvelle concernant sa tumeur. Tu avais été compatissant et tu avais tenté de lui donner un peu d’espoir alors que tu étais dans un état pitoyable. Mais bon sang! Elle s’était barrée, comme ça, un jour, sans rien dire. Puis voilà, maintenant, après presque un an, elle revenait comme si de rien était et s’attendait à ce qu’on l’accueille comme une reine. C’est qu’il lui manquait une variable dans son équation à cette petite, dis donc!
Ta colère monta d’une coche, lorsqu’elle te répondit le ton rieur. D’ailleurs elle riait bien. Tu pris une autre gorgée de ton verre pour ne pas exploser, cette fois-ci, inspirais à fond et te retournais vers elle.
Ouais, une misère, indestructible, quoique sans trop de contenu, assez vide, inconsciente bien sûr, puisque une misère ne peut avoir de conscience et sans cervelle, mais encore une cervelle tu ne peux pas en avoir, voilà… On ne peut rien y faire …,ajoutas-tu toujours aussi amer.
Tu continuas de l’attaquer autant que tu pouvais. Ça te faisais du bien, il fallait l’avouer, de jeter ton dévolu sur elle. Tu ne t’étais pas inquiété comme un fou pendant tout ce temps ? Eh bien voilà, qu’elle se taise et qu’elle encaisse, comme toi tu as du encaisser son départ et son absence. Cependant, non, elle ne pu se taire, il fallait qu’elle se défende. Tu roulais des yeux au début, mais plus elle parlait, plus elle te surprenait. Et pire encore, elle calait shooter après shooter. Pour se donner du courage. Tu le réalisas assez vite : Grace souffrait. Évidemment! Elle te parlait de Konrad. Quoi? Ils s’étaient revus? Ça n’avait pas l’air d’avoir été la rencontre du siècle, en tout cas… Comment avais-tu fais pour ne pas être au courant? Bon une conversation s’imposait. Tu ne fus pas surpris qu’elle te parle de la nouvelle « flamme » de Koko, cette Cabot. Comment, elle s’appelait déjà? En tout cas, elle avait un nom de déesse. …et le corps qui allait avec. Tu pouvais comprendre Grace de vouloir se battre pour le récupérer, tu aurais fais pareil si ça avait été Lior. Finalement, tu restais là un moment, un peu confus, ne sachant pas si tu devais l’en vouloir à mort et te foutre de sa souffrance ou avoir pitié d’elle. Tu ne remarquas pas tout de suite son départ, mais lorsque tu t’en rendis compte, tu te mis à la chercher du regard dans la foule. En vain. Inquiet, tu fis cul sec de ton reste de rhum, payas ta consommation et la sienne et filais dehors presque en courant.
Une fois dehors, par contre, tu la trouvais assez rapidement. Elle fumait. Tu allas la rejoindre et t’en allumai une toi aussi. Tu rompis après un moment le silence qui durait entre vous deux.
Tu sais, il ne fallait pas s’attendre à ce que Konrad te déverse une pluie de belles paroles et d’amour à ton retour. Tu t’attendais à quoi? Tu es partie sans prévenir alors que tu étais gravement malade. Tout comme moi, il n’est pas hyper doué pour dire ce genre de choses, et je le comprends, mais il était fou amoureux de toi. Je n’ai pas eu à l’entendre le dire pour le réaliser, je l’ai simplement regardé. …Seulement tu l’as détruit, il t’aime toujours, mais te hais à la fois pour tous ces mois, où il n’a pas eu de tes nouvelles. Il a du penser au pire au début, puis après, il s’est dit que tu t’en foutais sûrement.
Tu fumais pendant un instant, le temps de formuler clairement tes idées, puis enchaînais.
Et …Tu parlais de la haine dans son regard et tout,…Je ne crois pas non…Enfin si, mais le truc, je dirais que la haine, c’est comme un automatisme chez lui, puis ça commencé comme ça entre vous. Que veux-tu aussi tout le monde n’a pas été bordée d’amour…Là il te fait souffrir, il y tire une grande satisfaction, mais en même temps il s’enfonce. Je t’assure, je sais ce que ça fait…Oh puis entre nous, peut-être qu’avec la petite Cabot, il pense, il croit et veut croire que c’est un nouveau départ, mais rien ni personne ne pourra te rivaliser à ses yeux, haine pas haine, qu’il le veuille ou non. Sinon, je sais que tu l’aimes, mais je te conseillerai de calmer ta fougue un moment en tout cas. Le mieux serait de lui donner un peu d’espace et du temps, mais pas trop, sinon tu donnes le champ libre à la petite peste de Cabot. Puis ensuite, tu lui montres par a+b que tu es la femme qu’il lui faut…Le mieux serait de le surprendre. Si tu viens direct, il va se cabrer….Mais franchement si tu tiens à le ravoir, va falloir que tu travailles sur toi. Tu ne peux pas fuir dès qu’un obstacle se présente, merde!
Tu continuais ensuite à fumer ta clope tranquille.