You're doing it wrong ft. Marshall Reilly

Lysandre fait la grimace tout en laissant glisser le verre à shooter sur le bar, après en avoir avalé son contenu cul-sec... et réalisé assez tard que c’était là le genre d’alcool qui vous brûle le gosier pendant quelques minutes encore après consommation. De fait, il fini par commander une bouteille d’eau au barman, qui la lui apporte sans protester. Valait mieux voir les clients entrecouper leur bière d’un peu d’eau que d’avoir à appeler l’ambulance en fin de soirée, pas vrai ? Heureusement, ça n’était jamais arrivé dans le cas de Lysandre, mais ne sait-on jamais. Il endurait moins bien l’alcool que ses copains, habituellement, la faute à ces foutus gênes asiatiques qu’il n’avait même pas l’impression de posséder. Le jeune homme avait toutefois une très bonne descente malgré ça, mais sentait qu’il commençait à être temps d’arrêter. De toute façon, son regard avait capté quelque chose de fort intéressant. Et forcément, ce quelque chose se devait d’être un homme.

Non, il ne savait pas si l’homme en question était intéressé par ses semblables et en fait, il s’en fichait éperdument pour l’heure. Si ce n’était pas le cas, il allait se faire envoyer mourir, tout simplement, alors pourquoi s’arrêter bêtement à ce genre de gêne ? Lysandre n’était pas le type de garçon à rester en retrait au cas où le pire se présenterait devant lui. Il était téméraire et mordait la vie à pleines dents, même si ça apportait parfois son lot d’ennuis. Et c’est donc sans surprise qu’après avoir zieuté ce bel éphèbe sur la piste de danse pendant encore quelques courtes minutes, Lys décide de se lever pour se diriger tout droit vers lui, sur la piste de danse. L’homme se retourne sans même le voir, Lysandre glisser une main contre une hanche... mais mauvaise pioche parce que l’autre était carrément sur le départ et ne l’avait toujours pas vu ! Lysandre a une petite exclamation frustrée, mais ne se démonte pas pour autant.

Il tente de suivre sa toute nouvelle cible de la soirée, zigzagant tant bien que mal parmi les corps qui s’échauffaient toujours sur la piste de danse au rythme d’une musique effrénée. Lorsqu’il parvient à s’en extirper, l’homme sortait déjà dehors et Lysandre, pas prêt de lâcher l’affaire, le suit jusque dans la ruelle ! Là, enfin, leurs regards se croisent. Amen...!

« Bon sang, tu es difficile à suivre, toi. », ricane Lysandre tout en ronronnant un peu, s’approchant sans vraiment hésiter. « De quoi te sauvais-tu si rapidement ? »

Ce type était... un colosse. C’était bête, parce qu’ils avaient quoi ? Quatre ou cinq centimètres de différence pour la taille ? Lysandre était peut-être Coréen de naissance, mais il ne se plaignait pas trop de son mètre soixante-dix-neuf. Toutefois, ce type-là était une vraie armoire à glace là où lui-même était dépourvu de musculature. Ce n’est pas pour autant qu’il est impressionné néanmoins et rapidement, il contourne la grande silhouette pour glisser le bout de ses doigts contre la chute de rein de l’homme avant de revenir devant lui, lui faisant un petit clin d’oeil. Eh bien quoi ? Il savait ce qu’il voulait et il avait conscience de son charme. Le souci, c’était surtout quand ça ne mordait pas à cause d’un manque d’intérêt pour les hommes ou encore un manque d’ouverture d’esprit. Même si c’était toujours drôle d’avoir dans son lit un prétendument hétéro, il n’en restait pas moins que les matins étaient généralement difficiles et peu agréables pour l’estime. Mais soit.

Lysandre laisse brièvement son regard glisser sur la silhouette avantageuse du mystérieux inconnu avant d’en revenir à son joli regard sombre.

« Tu fais plaisir à regarder danser, tu sais ça ? T’as un certain talent pour chauffer la piste. », complimente Lysandre, prouvant une fois de plus qu’il n’avait pas la langue dans sa poche. Et la suite est sûrement pire et, même si elle ne manque pas de métaphore, est plutôt claire. « Je suis certain que t’assure en danse à l’horizontale aussi. »

Pan, gunshot ! Maintenant, il allait clairement savoir si ce type était intéressé ou pas. Le contraire serait dommage, mais s’il y avait un truc pour lequel Lysandre jouait réglo, c’est que quand on lui disait « non », il le respectait. Et il fait même un ou deux pas vers l’arrière présentement, au cas où ce serait en effet le cas ce soir. Ce qui serait fort dommage, avouons-le.

(Invité)

« Allez ma belle, me regarde pas comme ça avec ton air de chaton sans défense. Toi et moi on sait très bien ce que tu veux vraiment au fond et, soyons franc, on est plutôt sur la même longueur d’onde toi et moi. Inutile de jouer les farouches, j’ai bien vu ta façon d’me regarder, aller, vient danser avec moi… » La fille lève un regard timide sur moi et souris bêtement, toute rouge –à la fois à cause de l’alcool qu’elle avale rapidement pour se donner une contenance et du courage, mais aussi par la gêne et l’envie que je lui inspire sans aucune retenue. Elle est mignonne, sans plus, mais c’est le meilleur morceau que j’ai pu repérer dès mon arrivée. Ne soyons pas difficile ce soir Marshall, si tu veux avoir la chance de trouver la perle rare, autant commencé tôt! Une mèche tombe sur son visage et j’y vois une opportunité en or. C’est tout bête, totalement cliché, mais ô combien efficace! Je la replace derrière son oreille et elle frissonne alors que mes doigts s’attardent sur sa joue et glisse dans son cou. Elle perd lentement l’équilibre, ça se voit puisqu’elle se penche de plus en plus vers moi. Je souris toujours avec mon sourire digne des annonces de dentifrices et joue légèrement des sourcils en attendant sa réponse. Mais avant de voir ce qui suit, récapitulons un peu.

J’suis chez moi, devant le miroir et j’regarde mon reflet. Un soupir quitte mes lèvres alors que je lisse mon chandail et replace mes cheveux. Un player, voilà tout ce que je suis. Et même s’il en était différemment, c’est ce que j’ai toujours été alors pourquoi est-ce que ça changerait pour une fille? Pourquoi est-ce que ça changerait pour Leyna? Autant la laisser aller, autant qu’elle soit heureuse… sans moi. Je soupire à nouveau et tente un sourire. Totalement faux, mais parfait pour ces connasses trop saoules. Je prends ma clé et sors rapidement de la maison Winthrop, pas question que je prenne ma voiture, de toute manière je me suis déjà enfilé une bière avant de partir et je ne conduis jamais quand je bois. Un taxi m’attend en bas et je saute sur la banquette arrière en me convainquant que c’est la bonne chose à faire, que c’est ce que j’ai toujours fais de toute manière. J’arrive au bar et entre directement, c’est que le mec à l’entrée me connait bien voyez. Je vais au bar et c’est tout juste si le barman n’a pas déjà préparé mon verre. Je souris, lui tend l’argent et lui fais signe de garder la monnaie. Deux shooters de tequila et une bonne bière; voilà ce qu’il faut pour bien commencer la soirée. Bref, revenons à la jolie blondinette.

Mes deux shooters enfilés cul-sec et ma bière à moitié vide, je la regarde toujours sans la quitter des yeux, elle doit se sentir importante. « Okay… » Elle glousse et le son me blesse les oreilles, peu importe. Aussitôt dit, je la prends par la main et l’entraine sur la piste de danse. Mon corps bouge tout seul au son de la musique et je la laisse volontiers se servir de moi comme d’un objet faisant parti d’une grande chorégraphie. Je danse un moment avec elle avant de rapidement me lasser. « Je reviens tout d’suite ma belle. » Faux, si elle me revoit, je serai avec une autre fille. Dommage. Je termine ma bière d’un trait en me faufilant vers la sortie et la laisse sur un comptoir avant de sortir dehors pour respirer un peu. Qu’est-ce qui me prend ce soir? Je tourne dans la ruelle près du bar, inconscient d’avoir été suivit. Je souffle un peu et me retourne pour le voir enfin.

J’arque un sourcil. Qu’est-ce qu’il fait là, lui? « Bon sang, tu es difficile à suivre, toi. » J’hausse les deux sourcils cette fois. Moi? À suive? Pourquoi voudrait-il me suivre? J’suis pas sûr de comprendre et commence à m’demander ce qu’il y avait dans mes shooters un peu plus tôt. « De quoi te sauvais-tu si rapidement ? » « La blondasse à l’intérieur. » Mais qu’est-ce que j’fais là? Pourquoi j’lui réponds d’abord? J’suis camé ou quoi? Pourtant, j’ai rien pris aujourd’hui. Je secoue la tête en me passant une main dans les cheveux et inspire un bon coup. Ouais, c’est ça, l’air frais d’octobre me fera sûrement du bien. C’est qui lui déjà? Il s’approche de moi, glisse son doigt dans mon dos et revient devant moi. Je frissonne et sursaute. QUE?! « Tu fais plaisir à regarder danser, tu sais ça ? T’as un certain talent pour chauffer la piste. » Je m’étouffe presque en l’entendant parler. Définitivement, je crois qu’on s’est mal compris. Plaisir à regarder? C’est quoi cette connerie? Il me drague là? Il faut bien un dragueur pour ne pas en reconnaitre un autre. Il me prend pour une meuf? J’ai la tête d’un mec qui est attiré par les hommes? Okay, y’a bien eu cette fois avec Soliman, mais personne n’est obligé d’être au courant, pas vrai? « Je suis certain que t’assure en danse à l’horizontale aussi. » Okay, là, c’est trop. Je recule d’un pas alors qu’il fait de même. « Attend un peu là. C’est très gentil d’ta part, mais j’crois qu’on a mal commencé. Qui t’es toi? Et pour qui tu t’prends pour venir me dire tout ça? J’ai l’air d’offrir pour la charité ou j’sais pas? J’ai toujours dit vouloir essayer les asiatiques, mais t’es pas exactement c’que j’avais en tête tu vois?»

HJ:

(Invité)