Parapluie à la main, le professeur de théâtre trouva vite un abri non loin de la porte de la bibliothèque universitaire. Il secoua l'objet et s'assura que plus aucune goutte ne coule. Il savait très bien ce que penserait la secrétaire du bâtiment, minutieuse comme elle était. Ceci fait, il noua ce dernier et le rangea dans une poche solitaire de sa mallette de cours. Ainsi, il put pénétrer dans la bibliothèque sans craindre de se faire rappeler à l'ordre. Et, en effet, cela eut ses fruits : la secrétaire jeta un très furtif coup d'oeil au professeur avant de poser ses yeux sur le bouquin qu'elle lisait. Elle semblait plus indifférente qu'à l'habituel. Tant mieux. Furtivement, l'écossais grimpa les escaliers deux par deux et se mit à la recherche du pôle "théâtre russe". Il traversa les nombreux couloirs et toucha quelques livres du bout des doigts. Il aimait cette sensation. Après quelques minutes de recherches, ses yeux tombèrent sur ce qu'il cherchait :
Ivanov d'Anton Tchekhov. Une pièce qu'il avait prévu de faire jouer à ses élèves sous peu, sachant qu'il y aurait deux pièces par semestre. Feuilletant les grands passages du livre, il fit tomber une feuille pliée en deux et se mit en tête de la ramasser. Au moment de se relever, il croisa une silhouette plus que familière près de l'étagère agrémentée de bouquins sur le théâtre anglais. Lazarus se redressa alors complètement, rangea, sans réfléchir, le bout de papier dans sa poche et alla saluer la personne qu'il venait de voir.
"Abigail, c'est bien vous ? Quel plaisir de vous revoir !" 
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