Andy & Avery
Assise sur mon vieux canapé, je berce doucement mon petit Logan. Jeremiah s’en est allé il y a déjà plus d’une heure avec sa petite sœur, Lou-Ann et ils devraient tés certainement rentrer dans la soirée. L’appartement est d’un calme olympien, ce qui me parait plus qu’inhabituel ; même Kenza et Win dorment paisiblement l’un contre l’autre. Heureusement, Andy ne va surement pas tarder à arriver, et ce silence abominable va enfin être rompu. Je suis née dans un univers de fête, de musique, de galas et bien que je n’en garde presque aucun souvenir, le silence m’est abominable. Comme seul bruit de fond, une rediffusion de « top-modèle usa » masque le murmure de la fine pluie contre les fenêtres et baigne la pièce dans cette drôle d’atmosphère qu’offre la téléréalité. Sur l’écran défile des filles toutes plus fines et plus belles les unes que les autres, ce genre de fille qui vous font regretter d’avoir pris un yaourt au chocolat à midi.

Mais, l’heure de la venue d’Andy approchant, je vais coucher Logan qui dort comme un loir et sort des placards de quoi boire et grignoter. Tout en préparant cela, je pense à mon ami, et à ce qui lui est arrivé ces derniers temps. Tellement de choses à ce qu’il paraît ! N’étant pas là au Summer camp, je n’ai pas pu avoir en direct les faits, alors j’ai eu encore plus de mal à suivre tout ça au téléphone, et n’en ai compris visiblement que le quart ou tout juste la moitié : une histoire donc des filles, d’amour, de dires et de choix… Ce n’est même pas si « les feux de l’amour » seraient plus simples à comprendre ! Enfin, il va justement pouvoir tout m’expliquer et je vais pouvoir essayer de l’aider à tirer les choses au clair avec lui. Et alors donc que je sors un pull de mon armoire, des coups se font entendre depuis la porte. J’enfile donc mon vêtement à toute vitesse et m’empresse d’aller ouvrir.

Andy & Avery
Avery était une bonne oreille pour moi, c'était une femme sensible et compréhensive en qui j'avais un peu placé ma confiance.. un peu. Pas totalement, par crainte d'être déçu comme j'avais pu l'être avec des Eliots encore très récemment. Meme si, d'un côté, je pouvais comprendre qu'ils n'aient pas été présents... Ma vie n'avait aucun sens, c'était un melting-pot de tous les problèmes trouvables dans le monde. Je ne savais pas moi-même comment je faisais pour supporter tout ça, sans doute parce que je n'avais pas le choix de vivre avec, c'était comme ça et pas autrement. Quoique l'idée de claquer la porte, changer d'identité et aller m'isoler sur une île déserte m'avait traversé l'esprit à plusieurs reprises... pourvu que j'puisse aller mieux, rien d'autre ne comptait à mes yeux. Bref. J'étais fin prêt pour aller la voir, après quelques sms elle m'avait invité à la rejoindre chez elle à Harvard Square. Coraleen était avec Apple et Roxanna, j'avais donc pu simplement me préparer avant de m'y rendre, traversant tout le campus jusqu'à Harvard Square. En très peu de temps, j'arrivai devant l'immeuble et toquai à la porte de la jeune femme, lèvres pincées et regardant le couloir où il n'y avait pas un bruit. Il n'était pourtant même pas encore minuit, mais il semblait que beaucoup de gens étaient fatigués au vu de l'activité au point mort de Cambridge. La porte s'ouvrit sur Avéry, à qui j'adressai un grand sourire. Hey. Tu t'es mise sur ton trente-et-un à c'que j'vois, commentai-je avec un léger rire en entrant doucement dans son appartement, balayant la pièce du regard par habitude avant de me retourner vers elle avec un léger sourire. Merci de m'avoir proposé de venir, j'pensais que j'allais m'ennuyer comme un rat mort jusqu'à trouver le sommeil, mais tu as sauvé ma soirée.

Andy & Avery
Hey. Tu t'es mise sur ton trente-et-un à c'que j'vois, dit il en riant. Je lui souris alors, répondant avec humour : « Nan mais tellement, presque aussi cher et chic que la robe de mariée de la Kate ! » Sachant que mon pull à en réalité déjà trois ans et qu’il a dû me coûter à peine 40 dollars. Merci de m'avoir proposé de venir, j'pensais que j'allais m'ennuyer comme un rat mort jusqu'à trouver le sommeil, mais tu as sauvé ma soirée. Je ris. « Oh mais tu passes quand tu veux ici, la porte t’es grand ouverte. Fait comme chez toi ! Par contre juste pas trop de bruit, Logan vient de s’endormir. » Sur ce, je le laisse s’installer et me faufile dans la cuisine sortir les quelques toasts du four. Encore chauds, je les amène avec moi dans le salon ainsi que quelque chose à boire pour accompagner tout ça. Je pose tous sur la table avant de vite changer la chaîne, les disputes de mannequins hystériques en compétition n’étant pas le meilleur bruit de fond du monde. Je tombe sur un top 100 des clips du moment, ce qui me semble parfait. « Pour les toats, fait gaffe, ils sont chaud ! » et sur ces paroles bienveillantes, je m’assois à ses côtés. « Ça va toi ? Quoi de nouveau señor McDougall ? » Face à lui, je deviens quelqu'un de confiant, à l'écoute, sensible et de bienveillant. A vrai dire, je mets de coté tous mes problèmes pour reporter toute mon attention sur lui. Certains appels ça l'altruisme, à vrai dire, je pense que c'est ma façon à moi de montrer à mes amis que je suis là pour eux.

Andy & Avery
J'eus un grand sourire quand elle me parla du prix de ses vêtements en disant qu'ils avaient couté un bras sur le ton de l'ironie. Baaah pourvu qu'on soit bien... non ? Bon, faut avouer que c'est mieux quand ils sont chers ET confortable et dans mon monde, moins c'est cher, moins c'est confortable, mais si elle se plaisait dedans alors pourquoi pas. Je secouai doucement la tête de gauche à droite quand elle évoqua Logan, me penchant pour essayer de voir la porte de la chambre du gosse mais en vain. Non t'inquiète pas, si tu mets pas un match de foot à la télé j'devrais pouvoir conserver mon calme, répondis-je amusé. Arsenaaal power. Allant m'installer au salon, je fixai un moment la télé d'un air pensif devant le comportement des mannequins et reportai bien vite mon attention sur Avéry quand elle revint avec de quoi manger et boire, un grand sourire se dessinant automatiquement sur mes lèvres. C'est toi qui les a faits ? Mmmh ça sent bon. Elle changea la télé pour mettre des clips, ce qui était un bien meilleur son sonore on va pas se le cacher hein, puis elle me demanda ce qu'il y avait de nouveau pour moi... Je pinçai les lèvres, un peu mal à l'aise à cette pensée là et baissant les yeux vers ma main gauche où je ne portais plus mon alliance. Eeerr tellement de choses... T'es sûre de vouloir aborder le sujet de cet infâme fiasco ? demandai-je en attrapant un petit toast et en veillant à ne pas me brûler.