SOLHEN ♥ Everything is more beautiful reflected in your eyes

Cela faisait quelques jours que je passais mon temps à la rééducation. Plus de temps que d'habitude. Je profitais de l'absence de Sofia pour ne pas compter les efforts. Je savais que si elle avait été là, elle m'aurait dit de faire attention, de ralentir. Mais je ne voulais pas. Je commençais à en avoir assez de ses plâtres. En milieu de semaine, après un énième examen, l'orthopédiste m'ôta mes plâtres. Il m'ordonnait de garder des protections au bras et à la jambe mais c'était déjà un bon début. Retirer mes plâtres, était véritablement un soulagement. J'en avais vraiment assez. Donc dans l'après midi, j'avais pu rentrer au loft avec une seule béquille et c'était un réel changement. En fin de semaine, j'avais préparé une surprise pour Sofia. Cela faisait quatre mois que nous étions ensemble et jusque là, je ne pouvais pas dire que j'avais été un parfait petit-ami. A vrai dire, le corps en compote, j'avais du mal à faire quoique ce soit. Je n'étais pas au meilleure de ma forme mais c'était déjà bien mieux. Je redevenais autonome pour la plupart des choses de la vie courante. Bon, je continuais à bosser pour mon père mais j'avais fini par m'y faire. Pendant l'absence de Sofia, j'avais fais parvenir l'une de ses robes, chez le styliste libanais Elie Saab dont j'appréciais la pureté des créations. La robe, d'un bleu roi arriva au loft vendredi matin. De quoi, mettre en place mon jeu de piste.

A l'arrivée de Sofia à l'aéroport, un chauffeur était là pour l'accueillir avec une lettre.  Je lui avais donné mes instructions pour qu'il emmène la jeune femme à l'appartement et suive ensuite mon jeu de piste. Je lui avais aussi donné une lettre à remettre à la jolie russe. Sur le carton, il était écris: « Laisse toi guider & fais moi confiance. Cal. »

Le Week-End était enfin arrivé et c’est une chose qui me réjouissait. En effet, puisque j’allais pouvoir rejoindre Calhen à New York.  J’avais décidé de prendre un vol dès ce soir. Je n’avais pas envie d’attendre samedi matin pour le rejoindre.  Après ma journée de cours, je passais par mon appartement pour rassembler quelques affaires et me préparer à partir. Et puis, je m’en allais attraper mon avion. Le voyage entre Cambridge et New York n’était pas très long. Une heure plus ou moins.

A mon arrivé à l’Aéroport de New York, le chauffeur de Calhen était là pour m’accueillir. Le chauffeur me tendait une lettre de la part de Calhen. Il me demandait de me laisser guider et de lui faire confiance. Cette simple phrase avait réussi à éveiller ma curiosité. Mais qu’est-ce que Calhen avait en tête ? Il me connaissait bien. Il savait que j’aimais ce genre de surprise. Le chauffeur attrapait mon petit sac de voyage pour le mettre dans le coffre tandis-ce que je montais dans le véhicule.

La voiture s’arrêtait en bas de chez Calhen.  Le jeu de piste commençait. Une fois dans l’appartement, je découvrais une grande boite déposée sur la table. Je remarquais un nouveau mot déposé dessus. Apparemment, c’était pour moi. J’ouvrais la boite pour voir ce qu’il y avait à l’intérieur. Il s’agissait d’une magnifique robe bleue. Je l’attrapais afin de mieux la regarder. Elle était vraiment belle. Tout à fait mon genre. Calhen avait bien choisi. Mon petit ami voulait que je porte cette robe et que je me prépare avant de reprendre la voiture. Le chauffeur devait m’emmener quelque part, mais j’ignorais où. Je ne pouvais m’empêcher de me rappeler la dernière fois que j’avais laissé Cal s’occuper de tout. C’était pour ma « cure de désintox ». Je l’avais laissé tout organisé en pensant qu’on partirait à l’aventure, découvrir de merveilleux endroit. En fait, il m’avait juste éloignée de la civilisation pour m’obliger à arrêter les médicaments. Enfin, Aujourd’hui, les choses étaient différentes. Je suivais donc son jeu de piste. J’allais prendre une douche avant de me préparer. En regardant mon reflet dans le miroir, je constatais que cette robe tombait plutôt bien sur moi. Je me maquillais et me coiffais. Je décidais d’onduler légèrement mes cheveux et de les laisser lâchés. J’enfilais des chaussures à talon haut, ce qui me fit gagner quelques centimètres. J’attrapais ma pochette avant de rejoindre le chauffeur. De nouveau en route, j’essayais de sonder l’homme au volant afin d’avoir quelques indices, mais il resta muet. Il refusait de me dévoiler quoi que ce soit sur la surprise et sur le lieu où il me conduisait. Après plusieurs minutes, il arrêtait la voiture. Etait-ce la fin de ce long suspense ?

Je savais qu'en préparant cette soirée, Sofia allait se poser des questions. D'ordinaire, je venais toujours la chercher à l'aéroport. Au lieu de cela, elle allait avoir affaire à Parker, un des chauffeurs de la firme familiale. Mais je savais qu'elle allait me faire confiance et se laisser mener jusqu'à un endroit précis. J'espérais seulement qu'elle n'allait pas être trop fatiguée. Parce que la soirée ne faisait que commencer. Alors que Sofia suivait mon jeu de piste, je me préparais moi même à la retrouver. J'avais opté pour un smoking noir de marque Giorgio Armani. Heureusement, grâce à mes nouvelles attelles en tissu étirable ce qui me permettait une meilleure liberté de mouvement, je pouvais facilement enfiler une chemise et une veste sans problème. D'ailleurs, ainsi habillé, on ne pouvait pas remarquer les bandages.

Après avoir réglé les derniers détails, j'attendais donc la jeune femme, jetant par moment un regard à ma montre. Un léger vent soufflet mais ce n'était pas désagréable. Grâce à Parker, je savais exactement où il se trouvait. J'avais du passer au bureau avant de venir ici. Ce qui fait que j'avais du vérifier certaines choses sur le chemin. Mais tout était prêt pour passer une très bonne soirée. D'ailleurs, la berline s'engageait sur le tarmac de ce petit aérodrome privé. Je me redressais légèrement pour saisir plus fermement la canne que je tenais à la main. Je n'avais plus de besoin de béquilles, mais une canne était encore nécessaire pour que je puisse marcher correctement. Alors que Parker ouvrait la portière pour laisser sortir Sofia, je m'approchais vers elle. Je tenais en main, un bouquet d'orchidées blanches et roses. J'esquissais un sourire en voyant son air surpris puis je l'embrassais avant de lui donner le bouquin.

« Bonsoir ma belle. Tu es resplendissante. » Je lui souriais à nouveau avant d'ajouter: « Que dirais-tu de faire une petite escapade à Chicago? J'ai réussi à avoir des billets pour Tchaïkovski. » Le Bolchoï était en tournée aux États-Unis, ce qui était rare alors les billets s'arrachaient. Le ballet ne faisait que trois représentations dans le pays, autant en profiter. Puis je lui demandais, en lui donnant le bras. « Je t'emmène? »

La berline ralentissait et j'avais hâte de découvrir ce qui m'attendait. Le véhicule s'arrêtait et le chauffeur vint m'ouvrir la porte. Lorsque je sortais de la voiture, mes yeux se posaient sur Calhen. Je remarquais immédiatement l'absence de plâtres et ses béquilles avaient été remplacées par une canne. Un sourire illuminais mon visage. Mon petit ami s'était bien gardé de m'annoncer cette nouvelle. J'imagine qu'il avait préféré garder la surprise et pour une surprise, c'était une surprise ! Il avait dû garder les plâtres pendant plusieurs mois et il devait bien être soulagé d'en être débarrassé. Il devait très certainement porté des atèles, mais son costume ne laissait rien paraitre. L'effet de surprise me rendait muette quelques instants. Nous échangions un baisé et Calhen m'offrait un bouquet de fleurs. Mes préférées. Ma semaine avait été fatigante, mais en le voyant ainsi et en entendant le programme de la soirée, j’oubliais cette fatigue. Je prenais le bouquet de fleurs dans ma main avant de répondre : " Merci. Elles sont magnifiques et cette robe aussi." - Calhen m'en donnait trop. Je l'embrassais de nouveau avant de reprendre la parole : " Et bien sûr que tu m’emmènes. Je ne manquerais Tchaïkovski pour rien au monde ! " - Je souriais légèrement avant d'attraper son bras - " Alors, depuis quand ils t’ont retiré les plâtres ? Je n'arrives pas à croire que tu ai gardé la surprise. " - Dis-je avec un sourire.

Offrant le bouquet d'orchidées à Sofia, je ne pouvais m'empêcher de sourire. J'avais pris une de ses robes pour faire confectionner celle qu'elle portait à merveille, je devais l'avouer. « Elle te va très bien en tout cas. » Je ne pouvais pas nier qu'elle était vraiment exquise dans cette robe bleu roi. Alors qu'elle attrapait mon bras, je la conduisais jusqu'au jet privé qui nous attendait depuis quelques minutes. Gardant toujours ce fin sourire sur les lèvres, je répondais alors: « En milieu de semaine. Quelle libération! » Et comment. J'en avais assez de ces fichus plâtres. Bon je n'étais pas guéri, encore en convalescence mais c'était tellement mieux d'avoir un peu plus de maitrise sur mes gestes et mes déplacements. « Je voulais te faire la surprise, te le dire n'aurait pas été la même chose. » Même si je savais qu'elle s'inquiétait encore beaucoup pour moi. J'allais mieux qu'à mon arrivée à New York, quelques semaines plus tôt. Je la laissais monter devant moi sur les marches. Puis je montais à la suite. Dans le jet privé, il y avait un seau de glace avec une bouteille de champagne et deux flutes sur la table. Je l'invitais à s'asseoir sur l'un des sièges en cuir blanc tandis que je prenais place à ses côtés. L'un des employés nous donna le détail du vol, annonçant que l'avion allait décoller d'ici cinq minutes. Je laissais Sofia attacher sa ceinture, faisant la même chose. Une fois l'avion dans les airs, j'ouvrais le champagne et je donnais une coupe à Sofia. « A ce premier week-end, rien que tous les deux. » Je m'approchais d'elle pour l'embrasser. Premier week-end que nous allons fêter, réellement « en couple ». Avec tout ce qui s'était passé, nous n'avions pas pu le faire avant ce soir là.

" J'imagine bien que tu le vis comme une libération. Je suis contente qu'ils t'aient enfin retiré ces maudits plâtres." - Je souriais. C'était surprise était la meilleure des surprises - " On dirait même que tu n'as plus rien, mais je suppose qu'ils t'ont mis des atèles, c'est ça ?" - J'avais toujours été très attentive à ce qui lui arrivait et d'autant plus depuis l'accident.

Nous étions désormais installés dans le jet, qui s'était élevé dans les airs. Dans quelques heures, nous arriverions à Chicago. Je fis cogner ma coupe de champagne contre la sienne, sourire aux lèvres. Puis, nous échangions un baisé et je reprenais la parole une fois que mes lèvres quittaient les siennes - " Rien que tous les deux... Je vais pouvoir t'avoir pour moi toute seule. Je vais surement essayer d'en profiter. " - Un sourire amusé se dessinait sur mon visage. Nous avions traversé beaucoup de choses ces derniers mois et la surprise de Calhen me réjouissait. J'ajoutais ensuite :  " En tout cas, je crois qu'on a bien mérité ce week-end. Tu as eu une très bonne idée."

Je hochais la tête aux propos de Sofia. Oui cela aurait été trop beau de ne plus rien avoir du tout. Malheureusement, ce n'était pas le cas. Je devais encore supporter des atèles pour encore un mois. Mais c'était bien mieux que des plâtres. « Des attelles flexibles. Elles sont plus fines et moins gênantes que des attelles classiques. »  La preuve, je pouvais les faire disparaitre sous mes vêtements. Ce qui était non négligeable. Certes, elles étaient beaucoup plus ergonomiques que des attelles classiques. Je pouvais bouger sans souci. Pas contre, il fallait savoir supporter la pression sur les muscles. J'avais encore du mal sur ce point mais je commençais à m'habituer.

Aux paroles de Sofia, je ne pouvais m'empêcher de sourire. Après avoir bu une gorgée, je répondais alors: « Et je te donne mon entière permission pour en profiter, enfin si je peux faire la même chose... »  J'étais bien décidé à ce que ce week-end se passe très bien. Prenant une nouvelle gorgée de champagne, je ne pouvais qu'être d'accord avec les paroles de la belle brune. Puis je me souvenais d'une chose, dont je devais lui parler. « Ce week-end sera quand même un peu différent de ce que j'avais prévu... »  Je grimaçais un peu avant d'expliquer: « Oxana a téléphoné hier. Elle m'a demandé si on pouvait garder Calia demain. Elle a un rendez-vous très important en début d'après midi. J'ai accepté... cela ne te dérange pas de devoir me partager avec une autre femme? »

Comme je l'avais deviné, Calhen devait encore supporter des attèles. Mais celles-ci étaient moins contraignantes que les plâtres qu'il avait dû garder pendant des mois. C'était signe que la rééducation se passait bien et qu'il pourrait bientôt retrouver une vie normale. Un nouveau sourire se dessinait sur mon visage aux paroles du photographe - " Profites-en tant que tu veux, mon chéri." - Et puis, je l'écoutais m'expliquer le petit imprévu qui venait perturber notre week-end. Je le regardais avec étonnement - " Depuis quand ma meilleure amie t'appelle toi au lieu de m’appeler ?" - C'est vrai, j'étais un peu surprise qu'elle ne m'ait pas appelé moi pour me demander. Enfin, peut-être qu'elle avait préféré faire appel à Calhen puisque c'est chez lui qu'on était. Je n'avais pas d'appartement à moi ici - " Si, ça me dérange de devoir te partager avec une autre fille. En fait, je pense que je vais surement être un peu jalouse." - Dis-je avec ironie. Je souriais avant de reprendre un peu plus de sérieux : " Plus sérieusement, j'aurais certainement accepté aussi si elle m'avait demandé. Et puis, ça me donnera l'occasion de passer un peu de temps avec Calia aussi." - Je marquais un court silence : " Tu sais, plus j'y pense et plus je me dis que j'ai envie de venir m'installer à New York. Cette année sera ma dernière année à Cambridge. J'ai assez étudié, il est temps que je me lance et puis, je m'ennuie un peu à Cambridge. En plus vous êtes tous partis." - J'avais vu pas mal de mes amis proches quitté Cambridge cette année, du coup, je me sentais un peu seule là-bas. Au moins, cela me permettait de rester bien concentrer sur mon travail.