« no one ever said it would be so hard » ♣ JAGHAN

Ce dimanche, la Dunster House était quasi déserte. Les bizuts avaient été envoyé remplir une mission pour leur confrérie, et la majorité d'entre les membres actifs s'étaient retrouvés à la bibliothèque afin de réviser pour les examens de mi semestre qui approchaient. Ne restaient que Jasper et quelques autres Dunsters, disséminés dans la grande demeure. Du coup, quand Reaghan lui avait envoyé un message en lui demandant un peu de son temps, c'est naturellement qu'il lui avait dit de venir ici. Au moins, ils seraient tranquilles. Puisqu'apparemment c'était important, le garçon se doutait qu'un peu de calme et intimité ne feraient pas de mal. D'ailleurs, ses quelques mots l'intriguait, et il n'avait pu rester en place pendant les vingts longues minutes le séparant de ses retrouvailles avec la blonde. Ils ne s'étaient pas vu depuis ce soir là, à la soirée du Summer Camp. Une soirée qu'il avait du mal à se sortir de la tête, mais qui, heureusement, n'avait eu aucune conséquence. Si ce n'est semer encore d'avantage le trouble dans son esprit déjà bien perturbé ; et cela n'allait pas aller en s'arrangeant.. Sursautant presque à l'entente de brefs coups sur la porte d'entrée, le Dunster fit les quelques pas nécessaires pour y arriver, et l'ouvrit, Reaghan se présentant devant lui. Une profonde inspiration, un sourire, et il la laisse entrer à l'intérieur. « J't'en prie vas-y entre. Bienvenue dans mon royaume ! » Un peu d'humour pour commencer, briser un éventuel malaise. Non, tout est normal.

J'avais la tête ailleurs depuis ce matin. A la librairie, je m'étais trompée plusieurs fois dans des commandes, si bien que j'avais mis plus de temps que d'habitude, à tout mettre en ordre. Mme Prescott m'avait fait quelques remarques en me disant que je gaspillais mon temps. Oui je m'en étais rendue compte. J'avais regardé plusieurs fois ma montre avant de me décider à téléphoner à Jasper. Mais c'était dimanche. Je supposais qu'il profitait de sa matinée. Alors ce n'est que l'après midi que j'ai pris mon téléphone. Je lui ai laissé un message. Et peu de temps après, il m'invitait à venir à la Dunster house. J'avais bientôt fini mon boulot. J'avais encaissé un dernier client avant de laisser madame Prescott faire le reste. Cette dernière me regarda avec un léger sourire tout en me donnant mon sac que j'allais oublier. Décidément. Je la remerciais puis je quittais la boutique. Le dimanche il y avait peu de transport en commun et je ne pouvais pas attendre après le prochain bus donc je décidais de faire le chemin à pieds. Vingt minutes plus tard, j'étais devant la Dunster House. Je frappais deux coups secs, attendant qu'on vienne m'ouvrir. J'avais le cœur qui battait la chamade. J'avais attendu des jours avant de venir ici. Et j'étais même sur le point de faire demi-tour quand la porte s'ouvrit. Je découvrais Jasper, un sourire aux lèvres. Alors qu'il me laissait entrer, j'esquissais un léger sourire en le remerciant. C'est vrai, il était devenu le président des Dunsters. Avec la rentrée et tout ce qui avait à côté, je n'avais pas eu une minute à moi. Nous ne nous étions pas vus depuis Key West. Portant mon regard sur lui, je disais: « Je n'ai pas encore eu le temps de te féliciter pour la présidence. Bravo. Tu le mérites. » Mon regard se perdait sur le salon des jaunes. La maison semblait quasi déserte mais cela ne rendait pas les choses plus simples...

Jasper retenu un « je sais » entre ses lèvres closes. La fausse modestie était acquise. Mais il savait, oui, qu'il le méritait. Le seul problème c'est qu'il n'était pas le seul à le mériter, ce poste. Qu'importe maintenant que les élections sont passées. « Merci beaucoup, ça me fait plaisir. » Ca, et puis le fait que Reaghan pense à le féliciter. Des bravos il en avait eu, mais lui manquait le sien. Ils ne partageaient pas cette ambition brulante de la première place, seulement, le garçon savait qu'elle connaissait ce trait de sa personnalité. Qu'il donnerait tout pour ce titre. Il aurait espéré que ce soit le thème principal de sa venue, mais la demoiselle ne semble pas déchargée de son poids pour autant. Elle s'avance dans la demeure, Jasper refermant la porte derrière elle. Les « il faut qu'on parle », il s'en méfie. D'abord il s'imagine le pire, puis son optimisme reprend le dessus. Oui, il doit halluciner la sensation que la belle est préoccupée, et qu'il n'y a rien de futile dans ce qu'elle veut lui dire. « La plupart des Dunsters sont sortit, on sera tranquilles. » Lui glisse-t-il en passant devant elle, l'encourageant à s'aventurer encore d'avantage dans l'antre jaune. Il évite habilement le moindre contact, entretenant une certaine distance physique. Le spectre de leur dernière entrevue planant sur ses actes. « Vas-y installe-toi, fait comme chez toi. Tu veux.. boire quelque-chose ? » L'homme est partagé entre l'impatience qui le gagne, et la volonté de bien accueillir, le fait de vouloir la mettre à l'aise. S'auto persuader que tout va bien. Ses mains s'enfoncent dans les poches de son jeans, et du haut de son mètre 80, il paraît tout petit.

Féliciter Jasper était la moindre des choses. Je m'étais abstenue jusqu'à maintenant, par manque de temps bien sûr, mais aussi parce qu'on ne s'était pas revu depuis le Summer Camp. Je pensais que nous avions tous les deux besoin de prendre un peu de distance. Bien que je ne le fuyais pas. Enfin pas vraiment. Entrant dans la demeure des jaunes, je sentais un frisson me parcourir. Il ne faisait pas très chaud aujourd'hui. Et je n'étais pas vêtue très chaudement, juste un pull et un jean. A l'intérieur de la Dunster House, j'étais toutefois agréablement surprise par la douce chaleur qui y régnait. Aux mots de Jasper, j'acquiesçais de la tête. Tant mieux si personne n'était là... Je jetais un œil à l'escalier qui menait à l'étage avant que Jasper ne reprenne la parole. « Oui je veux bien un jus d'orange s'il te plait. Non un verre d'eau plutôt. Merci. » Je l'observais avant de demander après un silence. « J'espère que je ne te dérange pas à venir comme ça... J'oublie parfois que tout le monde ne bosse pas le dimanche. » Ce qui n'était pas mon cas. Enfin deux dimanches par mois, je travaillais à la librairie. C'était souvent, comme aujourd'hui: ranger les livraisons que l'on avait eu la veille. Je déboutonnais mon caban, l'ouvrant pour me mettre à l'aise. Je remarquais ensuite que Jasper gardait ses distances. J'aurais du m'en douter... Même si je pensais qu'on avait été clair sur ce point là. Je voulais que rien ne change. Tout ce qui s'était passé, ne l'engageait à rien. Je ne lui avais demandé rien d'autre que cette nuit-là. M'avançant dans le salon des jaunes, je me dirigeais vers le canapé. C'est bizarre mais j'étais rarement venue ici... Même si je connaissais plusieurs Dunsters. Je jetais un œil au sofa avant de demander: « Tu permets que je m'assieds? » La pièce était tranquille, peut-être que cette ambiance me donnerai le courage qui me manque.