Oxana Natalyia Lubienski --> Lauren Conrad

"Vous avez vu, Mère, comme je me tiens bien droite et fière?" Je n'avais que quatre ans, et pourtant ce souvenir reste ancré dans ma mémoire. Nous nous trouvons en Pologne, et je viens montrer à Mère le résultat de mes cours de la matinée. Ce matin, nous avions travaillé sur l’élégance dont une jeune comtesse doit faire preuve. J'avais suivi avec attention la leçon, contrairement à certaines autres matières qui n'éveillaient pas le moins du monde mon intérêt. Il faut dire que déjà à cette âge-là, j'avais une véritable passion pour tout ce qui touchait à la grâce, à la noblesse et à l'élégance. Je voulais être la digne héritière de ma mère, cette femme si parfaite à mes yeux. J'avais encore un long chemin pour y arriver, surtout avec mon caractère capricieux et parfois revanchard. Il m'arrivait d'en faire voir de toutes les couleurs à mes professeurs car j'avais décidé de ne pas travailler, que je préférais continuer la dînette avec mes poupées ou quelque chose dans ce genre. Alors pour une fois que j'avais travaillé avec application, je voulais que Mère s'en rende compte, qu'elle soit fière de moi. Non pas que Mère fut dur avec moi, ou même injuste. Non, étant son unique enfant, elle était toujours extrêmement fière de moi et avait une légère tendance à me couvrir de cadeau. J'étais loin de m'en plaindre pour être honnête. Je défilais donc fièrement, et Mère m'adressa un tendre sourire. "Parfait mon ange, comme toujours avec toi! Pour célébrer ça, que dirais-tu d'une nouvelle paire de chaussure?" Mère me tendit la main et je courus vers elle, oubliant tout de ma démarche, réjouie à l'idée du cadeau, mais aussi enchantée de passer l'après-midi avec une mère adorée, mais trop souvent absente au goût de celle qui l'avait élevée au rang de modèle.

Tout au long de la cérémonie, on m'avait observé. J'avais bien senti les regards braqués sur moi, pour voir si la comtesse, célèbre pour son self-contrôle et sa douceur apparente aller craquer. Mais j'avais tenu bon, je ne leur avais pas donné ce bonheur de m'effondrer, de leur montrer à quel point je me sentais détruite de l'intérieur par les événements de ses derniers mois. Jamais ma mère ne se serait donné en spectacle et c'est avec cette pensée à l'esprit que j'avais empêché les larmes de couler pendant son enterrement. La douleur était tellement forte au fond de moi. Mon modèle, celle qui m'avait donné tant de bonheur, ma confidente et ma plus grande admiratrice était partie, emportée par un cancer. C'était tellement injuste! J'avais encore tant à apprendre d'elle, il était clair que malgré ce qu'elle m'avait dit avant de partir, je ne lui arrivais pas à la cheville. J'avais besoin d'elle, de sa chaleur humaine, de sa sagesse. Car contrairement à elle, je n'avais encore que la façade de quelqu'un de doux et chaleureux, de quelqu'un qui se préoccupe vraiment des autres. Elle aurait encore du rester, être là pour m'apprendre tout cela. Une fois seule devant sa tombe, dans le caveau familiale, je réalise vraiment que je ne la verrai plus, que ma mère est partie. Je suis seule, et je ne peux retenir une larme. "Vous allez tellement me manquer Mère..."

L'été a passé. Et j'ai eu le temps de me remettre du choc, et de tout ce que j'ai du vivre ses derniers mois. Comme si la mort de Mère n'avait pas été assez pour moi, j'ai appris que j'avais une soeur. Autant dire que j'ai failli en tomber de ma chaise, chose qui m'a plutôt déplus. Les jours suivants, je les ais passé à absorber la nouvelle, à chercher des preuves, quelque chose qui pourrait m'expliquer tout cela. C'est comme ça que j'ai trouvé cette lettre de Mère qui m'était adressée.

" Ma Oxana chérie,
J'imagine ton choc à l'heure actuelle. En effet, si tu lis cette lettre, c'est que j'ai perdu mon combat contre la maladie et que tu as découvert le contenu de mon testament. Je suis désolée mon Ange de t'avoir mise dans cette position. Je sais à quel point tu détestes être prise de court par les événements et j'imagine que ta surprise à du être grande.Une sœur, toi qui a toujours été si fière d'être ma fille unique! J'imagine à quel point tu dois m'en vouloir de t'avoir séparé de ta jumelle, et combien tu dois être déçue de ne pas avoir pu partager ton enfance avec elle. C'est pour ça que je n'ai pu te le dire en face. Je redoutais trop de voir dans tes yeux de la déception. Je ne pouvais me résoudre à quitter cette terre en de mauvais terme avec toi. Maintenant que je ne suis plus sur ton chemin, te voilà libre de retrouver ta moitié et de rattraper les années dont je vous ais privées.
J'espère que tu ne m'en veux pas trop. Sache que je t'aime et que je suis fière de toi mon Ange.
Ta maman qui t'aime"

Je pliais la lettre et la rangeais à nouveau dans ma poche. Les premiers jours, je n'avais pas su quoi penser. Et puis, après réflexion, j'avais trouvé la voie à suivre. Oui, j'allais retrouver cette fille, ma "soeur". Mais pour continuer ce que ma mère avait commencé. Mère sentait les choses, et si elle avait éloigné cette autre fille, c'est qu'il y avait une raison. Il était donc hors de question que cette pimbêche ait le moindre droit sur l'héritage. J'allais personnellement m'en charger. Le nom des Lubienski serait préservé. J'étais persuadée que cette fille n'aurait aucune classe, rien qui puisse la lier au titre de comtesse auquel elle avait droit grâce au testament. Non, j'allais la convaincre de renoncer à ses droits. C'est pour ça que ma valise était prête à partir. Et cette année, je ne retournerai pas à Yale rejoindre mes Omegas. Non, je partais pour l'université rivale. Direction Harvard. Be prepare, the bitch is coming...