Lehna Silver + mathilda bernmark

Bien sûr c’est l’argent qui décide de la façon dont vous passerez le reste de votre vie, ce même argent qui décidera de la façon dont on vous regardera quand vous passerez le pas de la porte, encore cet argent qui décidera des fréquentations que vous aurez. Toi, t’avais eu la chance de l’avoir cet argent. Pourtant on n’a pas tout ce qu’on aimerait avoir, c’était sans compter sur l’absence de tes parents morts le jour de ta naissance. Chaque famille à son côté sombre, comme on aime les appeler, la tienne de famille n’y avait pas échappé. T’aimes pas te souvenir de ton entrée dans le monde, t’aurais préféré que jamais cela n’arrive, ou tout du moins, pas de cette façon-là. T’aurais préférée naître accompagnée de tes deux parents encore présent pour s’occuper de toi et de ta grande sœur, grande sœur qui avait d’ailleurs disparu le jour le plus triste de ta vie, le premier jour de ta vie. Pourtant on ne décide pas des choses de la vie, paraît qu’elles sont écrites quelques part, paraît que ça s’appelle le destin, alors ce destin a décidé de ne pas te faire de fleur, peut-être que tu ne le méritais pas, ou alors peut-être qu’il voulait que tu sache à quel point c’était important de se rendre compte des gens qui sont autour de nous. Tu étais persuadée que si tu avais eu tes parents tu n’aurais pas été cette Lehna là. Tu vivais dans l’espoir de retrouver Amélia, celle qu’on t’avait enlevait en plus que tes parents, comme si ce n’était pas assez de perdre tes parents. Tu détestais ce jour, et il n’était pas question de venir te souhaiter un joyeux anniversaire en ce jour de 24 mars, puisque pour toi ce jour n’avait absolument rien de joyeux. Paraît que quand un enfant né, quelqu’un meurt, pour le coup, il y en avait deux de morts et tu t’en voulais presque, pensant que si tu n’étais pas née ils seraient encore là, Amélia aussi, elle aurait vécu avec ses parents et non avec des gens sans scrupules qui étaient prêts en enlever une enfant sur la scène d’un tragique accident.
Suite à ça ta grand-mère avait choisi de s’occuper de toi, de t’élever de la meilleure façon qu’elle le pu. C’est sûr que t’aurais préféré être avec tes parents, mais on ne choisit pas, t’étais seule, tu jouais seule avec tes poupées assise en tailleur dans ta jolie robe à fleur sur le parquet ciré à la perfection. Des poupées de cire, des poupées de son. Pourtant à ce moment faut affronter ses faiblesses et devenir plus forte alors, même si t’étais qu’une pauvre gosse livrée à a grand-mère tu commençais à devenir la peste que tu es aujourd’hui. A l’école t’avais ton petit cercle d’ami, t’étais un peu la reine, l’enfant à suivre, une gamine aussi haute que trois pommes qui faisait déjà sa loi et puis quand lors de tes cinq ans on t’a dit que Sateen viendrait vivre avec toi chez mamie tu t’es dit enfin. Enfin, parce que t’en avais un peu marre d’être en tête à tête avec ta grand-mère, tu voulais d’autres enfants avec toi. Tu l’aimais ta grand-mère, non, le problème n’était pas là. Puis tu lui en étais reconnaissante de s’occuper de toi de la sorte. Tu voulais juste quelqu’un avec qui partager tout ça. Désormais vous étiez deux. Vous étiez déjà proche toutes les deux et vous en êtes sorties encore plus proche, elle était un peu la grande sœur que tu n’avais jamais pu avoir. Vous aviez cette relation que beaucoup rêverait d’avoir, vous passiez un temps fou à rire aux éclats, à vous maquiller, de vraies petites filles. Pourtant après ses quatre années de complicité intense elle est partie, rejoindre ses parents, te laissant seule avec mamie, bien sûr tu la voyais toujours et cette complicité n’était que plus forte.
La mort c’est quelque chose comme ça qui vous attrape en plein vol, certains ont la force de se débattre et l’évite de justesse quand d’autre pensent tout bonnement que c’est leur heure. A croire que mamie Silver n’avait pas envie de se battre contre ce qu’elle aimait appeler le destin. Tu l’avais vu s’en aller, laissant derrière elle sa fortune à ses deux chéries, ses deux amours, ses deux beautés, Sateen et toi. T’as pas vraiment compris pourquoi vous deux, mais c’était sa volonté, il devait y avoir une raison. Peut-être que les quatre années que vous aviez passé toutes les trois vous avez rapprochées bien plus que tu n’aurais pu l’imaginer. Après ça t’es partie, rejoindre ta cousine, ta chère et tendre cousine, direction New York pour vivre avec elle et ses parents. La relation entre vous deux ne cessez pas de grandir, elle était pour toi comme une sœur, une meilleure amie, tu osais croire que c’était peut-être ça être cousine, à la frontière de l’amour fraternel et d’une amie de qui on ne peut se passer. C’est d’ailleurs pour cette raison que lorsque ses parents l’ont envoyée à Miami t’as tenu à la suivre, t’avais pas l’intention de la laisser partir sans toi, de toute façon, ça pouvait sembler égoïste de ta part mais tu n’aurais pas pu rester loin d’elle si longtemps. La relation entre vous ne cessez de croître. Elle était bien la seule face à qui tu ne pouvais cacher quoi que ce soit, t’avais pas envie de le lui cacher de toute façon. Tu aimais discuter avec elle pendant des heures, se promener à Miami Beach, c’est d’ailleurs ici que t’y as fait ton seul et unique tatouage, une plume à l’intérieur du biceps. Un souvenir de Miami, un souvenir de ces moments passé ici. Tu avais été près d’elle lors de son histoire avec Valentin, tu lui avais tenue la main, pas question de la laisser seule, tu te devais en tant que cousine de lui apporter son soutien dans cette situation, qui, tu le savais était loin d’être des plus facile pour elle. Les parents de Sateen étaient là, mais c’est comme si vous n’étiez que deux, comme si vous n’étiez que toutes les deux dans cette ville pleine de rêve. Miami c’était l’un des symboles de l’American Dream, où alors peut-être une autre facette de ce rêve dans lequel tu avais baigné depuis ta tendre enfance.
Toujours prêtes à la suivre dans n’importe qu’elle condition Sateen avait décidé de tenter l’entrée à Harvard, plus jeune qu’elle t’avais donc décidé de la rejoindre à Cambridge afin de terminer le lycée tout en étant dans la même ville qu’elle puis lors de ta dernière année de lycée tu avais envoyé ton dossier d’inscription en priant qu’il soit accepté. Quelques semaines plus tard t’avais reçu la confirmation « acceptée à Harvard en première année de relation internationale et arts appliqués » t’étais surprise et à la fois heureuse, heureuse de savoir que tu rejoignais tous les Silver à Harvard. Et qu’elle fut ta joie lors de ce summer camp, t’avais décidé d’y participé et ce même si Sateen n’était pas là, t’avais voulu passer du temps à avec tes cousins. Tu ne savais pas tellement comment définir cette émotion qui t’avais envahi lorsque la blonde répondant au nom de Blue-Ivy s’était présentée à vous comme étant ta sœur disparue il y avait de ça vingt ans. Tu n’avais pas cessé de la chercher pendant des années, cherchant une Amélia dans chacune des listes d’élèves qui te tombaient sous le nez. Tu t’étais imaginée tellement de chose à son sujet. Et si elle était ce genre de fille, un peu SDF sur les bords qui n’en avait rien à faire que de ce mettre dans des états lamentable juste pour attirer l’attention, et si elle était comme ces Mathers qui ne savaient qu’uniquement faire la fête sans arrêt, sans limite, sans amour propre pour eux-même. Tout simplement sans valeurs inculquée. Pourtant, cette fille-là elle était comme toi.