Coffee break time (feat Wesley B.)

« Mademoiselle Do Rosario ? Oui hum, veuillez m’excusez de vous réveiller si tôt…Je souhaitais vous informer que votre père m’a donné une tâche importante qui m’empêchera malheureusement de récupérer votre Frappucinno ce matin. Je me suis chargée d’appeler votre chauffeur personnel qui viendra vous récupérer à 10H30. Il vous conduira ainsi jusqu’au café le plus proche et vous y attendra. Veuillez m’excuser une nouvelle fois pour ce désagrément… » Voici la phrase que Mariella Sanchez, l’assistante personnelle de la famille Do Rosario avait débité presque d’un trait au téléphone à Kat. Cette femme âgée d’une trentaine d’année, avait passé les cinq dernières de sa vie au service de la prestigieuse famille Do Rosario. Ainsi, une de ses tâches habituelles consistait à récupérer un Frappucino bien chaud, sans crème et sans sucre pour la fille unique de cette famille Brésilienne/New-Yorkaise. L’annonce de cette mauvaise nouvelle avait ainsi mis Kat d’humeur assassine dès sa sortie du lit à 9H45.  En effet, la jolie brune d’un mètre soixante-dix n’avait jamais récupéré son café à l’heure de pointe depuis… Toujours. Elle ne savait pas à quoi s’attendre, mais se doutait bien que cela devait ressembler à l’heure de pointe en pire lors des soldes chez Jimmy Choo.

Tout ceci aurait pu être fort intéressant si cela n'avait été qu'un rêve ou du moins un cauchemar que la belle Brésilienne avait fait. Ce genre de vie luxueuse n'était cependant pas un délire du cerveau de la brune. En effet, lorsqu'elle vivait à New-York avec ses parents, Kat avait belle et bien une assistante personnelle qui s'occupait de tout. Cependant, lorsqu'elle allait à l'université, la jeune femme devait se débrouiller seule et et ce jour, elle avait donc du appeler à un taxi pour la conduire jusqu'au café le plus proche.

« Nigel, vous savez s’il existe une file prioritaire au Luna ? » Il était maintenant 10H30 pile et Kat venait de monter dans un taxi jaune. Nigel le chauffeur ne répondit pas à la question de la jeune femme. A l’arrière de la voiture Miss Do Rosario se remettait du rouge à lèvre consciencieusement. Elle était vêtue d’une chemise blanche de chez Valentino, d’un pantalon en cuir noir mettant en valeur ses formes ainsi que d'escarpin de chez Louboutin noires à talons de 10cm. Son sac préféré, un Speedy 30 Damier de chez Louis Vuitton ainsi que ses lunettes de soleil Aviator de chez Ray-Ban amplifiait sa tenue casual.

Après seulement dix minutes de route, Nigel déposa Kat au Luna Cafe. Une vision d’horreur apparue alors à la jeune femme. « C’est pire que les soldes chez Jimmy Choo ! ». En effet, la file commençait, non pas à l’intérieur du café, mais à l’extérieur. Kat dû ainsi attendre un bon quart d’heure avant de se trouver en face d’un joli blond qui lui demanda ce qu’elle souhaitait prendre. Entre temps, elle avait pu consulter le site de TMZ pour lire les derniers potins et avait reçu un appel de sa coloc lui demandant de lui ramener un Frappucino à la Fraise.  

Depuis quelques secondes maintenant, le joli blond attendait la commande de Kat qui plissait des yeux. « Alors, je voudrais un Frappucino, sans crème, bien chaud et sans sucre et un autre à la fraise. Au fait, vous faites la livraison à domicile ? ». Le jeune homme se contenta de lui donner le prix de sa commande et l’invita à se mettre de côté afin de récupérer ses cafés. Miss Do Rosario en fut presque vexée et ne laissa aucun pourboire à cette belle tête blonde. Quelques minutes plus tard, elle récupéra les boissons. Elle essaya par la suite de se frayer un chemin vers la sortie tenant dans une main la boisson chaude et son téléphone et de l’autre la boisson à la fraise. Elle était presque arrivée à la sortie lorsqu’elle trébucha sur un sac et fit tomber son café chaud ainsi que son Iphone. Ce dernier était comme sa vie et la jolie brune ne regarda même pas sur qui elle avait fait tomber sa boisson. « Mon téléphone !!! ». Elle le récupéra presque aussi tôt et vérifia que son écran n’était pas cassé. Sa deuxième pensée fut « je vais devoir me retaper toute cette queue ?? »

En ce matin plutôt ensoleillé malgré la petite brise fraîche de l'hiver qui arrive à grands pas, j'étais clairement en retard pour rejoindre des amis dans un café du coin, à quelques minutes de Harvard en voiture. Ni une ni deux je sautais de mon lit pour enfiler un jean hors de prix et un magnifique t-shirt Saint Laurent acheté à Paris même lors d'un récent voyage d'affaire avec mon père, sans aucun doute l'un de mes t-shirts favoris. Une fois habillé de manière très classe, je me dirigeais vers la salle de bain pour me coiffer rapidement, mais toujours très consciencieusement afin d'être toujours au meilleur de ma forme, bien évidemment je suis un Bradford pur et dur, je me dois d'être classe en toutes circonstances même pour boire un simple café avec des amis. Me voilà fin prêt pour rejoindre mes amis, sans oublier le petit message via mon portable pour les prévenir de mon léger retard, même si avec moi ils ont clairement l'habitude que je sois constamment cinq à dix minutes en retard par rapport à l'heure du rendez-vous. Je sortais des dortoirs de la Eliot House afin d'entrer dans mon coupé sport bleu métallisé.

Me voici donc arrivé après seulement quelques minutes au volant de ma sublime voiture, j'eus le réflexe de fermer la portière à clef pour qu'aucun petit délinquant ne puisse faire le malin dans cette petite merveille. J'entrais ensuite dans le café en question, le moins que l'on puisse dire c'est que c'était très clairement bombé. Je mis d'ailleurs quelques longues secondes avant de croiser mes amis assis sur une table à l'autre bout du café, ni oui ni deux j'accourus en me faisant un chemin parmi toutes ces personnes en manquent de leur petit café du matin.

Excusez-moi pour le retard, mon portable n'a pas sonné à l'heure prévue. Disais-je en serrant la main de mes amis pour ensuite m'asseoir à leurs côtés. Ils me répondirent seulement en me disant que ce n'était pas grave, que j'arriverai bien à me faire pardonner avec un petit sourire narquois de la part de mon ami installé devant moi. Pas de problème, j'ai compris c'est moi qui paie. Je vous prends comme d'habitude? Chacun esquissait d'un signe de tête, c'est alors que je me suis levé dans l'espoir de me faire un petit chemin parmi tout ce monde. Mais une jeune femme trébucha sur le sac de mon ami déposé au sol, elle lâcha d'ailleurs son café chaud sur mon t-shirt. Putain c'est chaud bordel! Disais-je en tapotant sur mon t-shirt hors de prix pour calmer la douleur du café chaud collé sur ma peau, pas très poli pour un fils de noble. Je ne prenais même pas de nouvelle de cette jeune femme, j'hochais seulement les épaules en fronçant les sourcils. Non mais tu peux pas faire attention où tu marches ? Tu sais combien ça coûte un t-shirt comme celui-ci ? J'y crois pas! Oui j'étais sur les nerfs et ce petit bout de femme allait très clairement en prendre pour son grade.

Si vous connaissez un minimum Kat Do Rosario, vous devriez savoir que son iPhone 5 est comme sa vie. Le matin, lorsqu’elle se lève, elle check sa page facebook pour voir le nombre de « likes » et commentaires qu’elle a pu recevoir pendant son sommeil. Par la suite, lorsqu’elle prend son petit déjeuner, elle aime prendre en photo les salades de fruits qu'elle aime se préparer. Elle poste ainsi les plus belles images sur Instagram et gazouille lorsque le monde entier aime ses photos. Enfin, jusqu’à la fin de la journée, elle tweete ses états d’esprits. D’ailleurs, en ce moment même, si son cerveau avait été relié  à son téléphone, vous auriez pu lire @KatDoRosa OMG, mon iPhone vient de frôler la mort en plein milieu du Luna Cafe !!!

Quelques secondes venaient maintenant de passer et deux serveurs commençaient à s‘agiter autour des deux étudiants afin de faire disparaître les traces de la mort prématurée d’un frappuccino encore bien chaud. Retraçant pendant quelques instants l’événement qui venait de se passer, Kat finit par récupérer son téléphone puis observa la coque dorée qui le protégeait. Un soupire de soulagement sorti de sa bouche puis, elle observa l’écran qui lui aussi était intacte. Elle laissa ainsi échapper un sourire tout en se demandant toujours comment elle allait faire pour éviter de refaire la queue.

Les pensées de la Brésilienne furent, cependant, brèves, car un beau brun (blond ?) qui visiblement venait de recevoir sur lui le café chaud se mit à se plaindre. Il demandait des excuses à Kat pour son t-shirt ainsi que de l’avoir presque brûlée. Le premier réflexe de la belle brune fut d’ailleurs d’observer le t-shirt de luxe. Elle observa aussi très rapidement l’inconnu qui avait une peau magnifique et qui portait très bien sa tenue. Elle crispa ensuite la bouche, puis plissa ses yeux en direction du râleur avant de dire « tu veux que je te rembourse ton t-shirt ?» Elle venait de le dire d’un ton dubitatif. Il n’était pas question qu’elle le fasse bien évidemment. « Peut-être que si tu n’avais pas été en plein chemin, tu n’aurais pas reçu mon café. » Elle l’écouta ensuite parler de la valeur de son t-shirt et leva un sourcil. Kat n’aimait pas la tournure que prenait cette conversation. « J'imagine que vu la valeur de ton cher t-shirt ainsi que du reste de tes vêtements, tu pourras sans problème t'en acheter un nouveau de meilleur gout.. ».  Elle plissa de nouveau les yeux en direction du beau brun. Elle avait maintenant les bras croisés contre sa poitrine, son portable dans la main droite et la frappucinno miraculé dans l’autre. S'il voulait une dispute en public, il avait trouvé la bonne personne. Kat était susceptible et détestait avoir tord. La Brésilienne commençait d'ailleurs à perdre patience et tapotait même du pied le sol qui laissait entendre des clics clacs qui allaient sans aucun doute abimer la semelle rouge de ses Louboutin. « Je pense que tu devrais t’excuser de t’être mis sur mon chemin, car maintenant, je vais devoir me retaper toute cette file alors que j’ai des choses plus importantes à faire. ».

La mauvaise foi est une pratique dans laquelle j'excelle, mais j'avais tout autant horreur des individus qui l'utilisait contre moi. Et c'est vraisemblablement ce que cette charmante jeune femme aux origines exotiques faisait, ce t-shirt j'y tenais vraiment, un très bon souvenir de voyage que cette demoiselle vient de mettre en l'air en seulement quelques secondes. Elle me demanda si je voulais qu'elle me rembourse, j'analysais cette jeune femme de la tête aux pieds, elle n'avait pas les allures de la fille lambda, je hochais alors les épaules pour lui répondre. Oui ce serait déjà un bon début. Je suppose que j'envoie la note à la secrétaire de ton cher père ? Disais-je avec un sourire narquois sur les lèvres, évidemment qu'elle ne me remboursera jamais mon vêtement mais elle n'allait tout de même pas s'en sortir si facilement. Tu es drôles dis-moi, mais au lieu d'avoir ton regard braqué sur ton iphone, lève les yeux tu verras peut-être que tu n'es pas seule. Un soupire de désespoir s'échappa de ma bouche lorsqu'elle s'exclama en affirmant que je n'aurais pas de mal à m'en racheter un autre. Je croisais les bras en la regardant dans les yeux d'un air blasé. Ce modèle unique, je l'ai eu à Paris même, je ne pense pas qu'un deuxième comme celui-ci existe. Mais visiblement je parle à une connaisseuse, probablement une héritière ? Elle semblait avoir un sale caractère, malheureusement pour elle, je suis tout aussi buté. Hors de question qu'elle s'en sort sans une contrepartie même si je pouvais bien entendu me payer tous les vêtements que je désire. Elle tapa alors du pied au sol ce qui avait le don de m'agacer. Je fixais son pied avant de monter mon regard vers elle pour qu'elle comprenne mon agacement. Je passais nerveusement ma main sur mon menton lorsqu'elle exigea des excuses de ma part, si elle me cherche elle va finir par me trouver. Tu vas descendre d'un étage princesse, ok ? C'est toi qu'a manqué d'attention en trébuchant sur un sac, tu n'as peut-être pas assez de neurones pour marcher et écrire ta vie sur twitter en même temps, mais essayes d'avoir au moins la décence d'avouer ton erreur et ne pas tout me remettre sur le dos.