Demons in my head PV Lily

J'avais mis du temps à m'habituer à ma nouvelle vie ici à Harvard. Moi qui pourtant avait l'habitude, durant ma jeunesse, de beaucoup voyager, j'avais oublié ce que c'était de se retrouver dans une nouvelle ville sur un autre continent avec presque personnes à vos côtés. Alors oui bien sûr il y avait Aaron que j'avais revu mais à qui je n'avais pas adressé la parole depuis son mariage. J'avais été détruite de voir l'homme, pour qui j'ai tout plaqué en Australie, partir avec une autre. Je n'avais pas demandé à ce qu'il me retombe dans les bras au premier regard mais j'avais été meurtrie, trahie même. J'avais donc la tête ailleurs, même du mal à me plonger dans mes cours qui pourtant m'ont toujours passionné. Perdue, voilà mon état actuel et je n'avais aucune solution qui me venait à l'esprit pour tenter de remonter à la surface. Je commençais même à croire qu'Harvard n'était qu'une grande erreur. Qui plus est suite à cette longue journée, mes nerfs étaient à vif, plus envie de rien. Après avoir quitté l'amphithéâtre, j'étais rapidement sorti prendre l'air, espérant que le vent sur mes joues m'apaiserait mais pas tant que ça. N'ayant nulle envie de rentrer dans ma chambre d'hôtel que j'occupais actuellement et donc me retrouver ma seule, je préférais rester assise sur un banc. Mes pensées s'embrouillaient quelque peu que très vite les larmes me montèrent aux yeux. Sérieusement j'étais tombée bien bas pour perdre ainsi mes moyens en public. Espérons que personne ne remarque mes joues rougies derrière mes longs cheveux noirs.

Le nez encore plongé dans mes cours, j'étais sortie de l'enceinte de l'université pour rentrer dans ma chambre, ou pour passer à la bibliothèque réviser encore un peu. C'était vraiment de plus en plus intéressant ce qu'on voyait en politique. Et les débats qu'on avait était tellement magique que je ne voyais jamais les heures passer. Par contre j'en avais marre de noter, que ce soit sur des papiers ou sur l'ordi. Aujourd'hui, j'avais oublié mon ordi donc j'avais du écrire à la main et dieu sait que ça fait encore plus mal, tellement que je n'arrive même plus à me relire. Je plissais les yeux tout en marchant et en lisant. Je finis par désespérer. Peut-être qu'en m'asseyant un peu j'arriverais mieux à me relire. Ça bougerait moins quoi. Et puis il y avait une jeune femme sur un banc juste à côté, peut-être qu'elle y arrivera mieux que moi, bien que j'en doutais. J'étais donc allée m'asseoir à côté, toujours prise par mes cours Excuse-moi de te déranger mais je suis tellement une boulette que j'arrive pas à me relire et je me demandais si ... J'avais levé la tête vers elle pour me rendre compte qu'elle se cachait, avec ses cheveux. Bah merde, elle allait pas bien, ça se voyait comme le nez au milieu de la figure. Rah d'habitude je vois ça de suite, encore plus chez une femme. Est-ce que ça va ? Enfin, je vois bien que ça va pas mais j'espère que ce n'est rien de grave, ou encore pas à cause d'un mec ! Ouais parce que c'était la cause qui m'énervait le plus, avoir le cœur brisé à cause d'un idiot de mec ! J'avais beau ne pas connaître la jeune femme, ça pouvait très bien me motiver à aller casser la gueule à ce pauvre type ! Enfin, si c'était la raison de son chagrin évidemment.

Tourner la page n'est certainement pas la chose la plus facile à faire surtout lorsqu'il est question de relations amoureuses qui vous ont marquées. Même après huit années, je suis toujours hantée par mes regrets, et mes déceptions. Si les gens savaient ce que je fais à Harvard ils me prendraient certainement pour une pauvre fille qui se raccroche trop à son passé, beaucoup trop romantique mais on ne change pas notre nature. Pourtant croyez moi que j'aurais bien voulu avancer et ne pas avoir une vie au ralenti où je ne me vois aucun réel avenir, enfin professionnel si mais pour ma vie privé c'est un tout autre cas. Qui plus est mes problèmes personnels sont en train de jouer sur mes études et pourtant j'ai tout fait pour que jamais cela arrive mais quand j'étais au plus bas. A croire que je ne m'étais pas assez préparé pour remettre un visage sur le nom d'Aaron. Et puis j'ai eu un trop plein de nouvelles d'un coup qui font que je suis actuellement en train de craquer. Je me perdais dans mes pensées quand j'entendis une voix inconnue à mes côtés. Je n'avais même pas fait attention que quelqu'un venait de s'asseoir il y a de cela quelques secondes. J'essayas de ravaler mes larmes hélas ce fut trop tard, le mal était fait et la jeune femme le remarquait bien, l'intuition féminine sans doute. J'osais relever doucement la tête pour découvrir l'inconnue blonde près de moi. " Hum comment dire c'est compliqué à vrai dire. " Ben oui faire dans les relations simples c'est trop facile sinon. J'aimais pas qu'on me voit comme ça, pas du tout celle que je suis en vrai mais bon aucun retour en arrière n'est possible.

Ça me faisait vraiment de la peine au coeur quand j'apercevais une jeune femme pleurer dans son coin. Au départ, en m'asseyant à côté d'elle, je n'en étais pas persuadée à cent pour cent, mais je connaissais bien ce penché de tête quand on veut se cacher du monde entier. On a pas envie de rentrer chez soi parce qu'on veut pas pleurer comme une madeleine, donc on reste dehors, mais on n'a pas non plus envie de se faire embêter alors on se cache du mieux qu'on peut. C'était bel et bien ratée pour elle quand j'ai débarqué, et je me sentais un peu gênée pour elle. Mais je ne pouvais pas la laisser toute seule, là, à pleurer. Je ne supporte pas, c'est tout. Je me sens obligée d'agir pour elle. Sûrement qu'on me dirait que c'est mon côté Quincy qui fait enfin surface. Mais il a toujours été là quand il s'agissait de venir en aide aux femmes. Quand le jolie brune avait relevé la tête pour me répondre, j'eus la confirmation en quelque sorte que c'était à cause d'un homme. Ce qu'ils peuvent m'insupporter ceux-là parfois ! Un peu trop souvent, mais moins qu'avant, je me travaille là dessus quoi. Je fronçais alors les sourcils et lui répondais Faut te changer les idées. Une fois que ça ira un peu mieux, à toi de voir si tu veux en parler ou non. Ouais parce que franchement, en parler quand on est à fleur de peau, en train de pleurer, c'est carrément pas l'idéal, ça fait encore plus mal, et ça empêche de comprendre pour les gens extérieur, moi en l’occurrence. Je tendais ma main à la jeune femme tout en lui proposant Tu viens avec moi boire une verre ? Je connais un petit bar tranquille à cette heure-ci et les serveurs sont adorables.

Jamais je ne me suis plainte à quelqu'un, proches ou pas, lorsqu'un malheur me tombait dessus. Je n'aime pas qu'on est pitié de moi et encore moi pour ce qui est des relations amoureuses. De toute manière, je n'ai pas vécu des dizaines d'aventures non juste deux et ça me suffit amplement au vu de la complexité de ce drame. Cela fait déjà huit ans que je traîne cette chose avec moi. J'avais cru pouvoir m'en défaire en venant ici à Harvard, en posant des mots sur mes sentiments mais la situation s'était retournée contre moi. J'essayais par tous les moyens de garder la tête haute, ne pas me laisser abattre à cause de mes peines de coeur mais j'avais un trop plein qui faisait que je ne pouvais rien encaisser de plus. Je devais me vider l'esprit comme me le confirmait la jeune inconnue qui avait pris place à mes côtés. Je n'aurais pas pensé que dans une si grande université, quelqu'un m'accorde une quelconque importance. Lors de mon adolescence, j'avais toujours été la fille populaire mais au fil des années, j'étais devenue invisible et je m'étais habituée à cela. La belle blonde me proposait de poursuivre la conversation dans un bar calme non loin du campus. " Et bien pourquoi pas ... C'est l'occasion de visiter Cambridge, je n'ai pas trop eu le temps depuis mon arrivée. Au fait je suis Emily. " C'est tout de même mieux de poser un nom sur le visage d'un personne. Je passais ma main dans mes cheveux pour décoller les quelques mèches collés sur mes joues un peu humides avant de me lever, encore un peu ailleurs.

La jeune femme ne semblait pas être une de celles qui sont accros aux drames et qui ne demandent qu'à être plain et trop entourées pour être écoutée et ne pas écouter les conseils. Non, elle semblait fragile, du moins à ce moment-ci, et vouloir passer inaperçu. Mes premières impressions me trompent rarement, surtout quand il est question de filles. Je lui avais donc proposé d'aller se changer les idées en buvant un petit verre pour se ressourcer un peu. A l'époque c'était le chocolat - bon ok ça arrive toujours - mais de plus en plus, ce qui marche le mieux, c'est un peu d'alcool. Enfin, pour ma part ça me soulageait toujours un peu. Je fus donc ravie quand elle accepta ma proposition et me levais en même temps qu'elle, alors qu'elle essayait de remettre ses cheveux en place. Elle se présenta et je fis forcément de même Et moi c'est Lily. Tu viens d'où alors ? Quelque chose me disait qu'elle était venue à Harvard pour ce qui était en train de la faire pleurer. Enfin, tout comme le fait que ça soit peut-être à cause d'un gars, ce n'était qu'une impression, et peut-être que je faisais totalement fausse route. Mais pas pour ce qui est du bar, vu que je le voyais déjà alors qu'on commençait à marcher.