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Il y a des matins où l’on se demande si se lever est bien utile, pour ce que l’on va faire dans la journée, où l’on traine des pieds, où on râle contre tout le monde et particulièrement contre ceux qui font notre malheur actuellement. Ce genre de matins plutôt habituels pour moi en ce moment, vu que je trainais de plus en plus au lit avant de trouver le courage d’aller me doucher pour aller en cours. Je n’étais encore une fois pas très d’entrain en ouvrant les yeux lorsque Material Girl de Madonna se mit à résonner dans ma chambre, et je mis au moins une dizaine de minutes à me diriger vers la salle de bain. La soirée de la veille avait pourtant été banale, j’avais passé un moment avec d’autres roses dans la Cabot House pour parler un peu, et je m’étais couchée juste après 23 heures. Ce qui en soit n’était vraiment pas tard quand on savait que lors du Summer Camp je faisais la fête jusqu’à huit heures du matin, que je dormais jusqu’à 13 heures et que je passais mes après-midi à faire du shopping et à bronzer sur la plage. Mais ce matin c’était encore plus difficile que les autres, pourtant je n’avais rien de prévu qui me rendait morose, au contraire je devais aller ce matin retrouver une amie sur le campus – d’où mon réveil sinon j’aurais peut-être dormi jusque au moins neuf heures- et j’étais motivée pour y aller. Je me douchais donc rapidement, enfilant un jean slim tout simple, bleu foncé, et un haut un peu décolleté tout en restant classe, avec des bottines à talons en cuir puisque je ne porte que des chaussures en cuir en hiver, hors de question de mettre mes pieds dans du synthétique c’est mauvais pour le corps je suis sûre. Après un rapide petit-déjeuner pris sur le pouce comme j’en avais pris la mauvaise habitude ces derniers temps, j’étais partie en direction des anciens bâtiments de l’université pour y retrouver une jeune fille à qui je devais rendre le pull Armani qu’elle m’avait prêté et à qui j’allais prêter une paire de Louboutins de la dernière collection. C’est en marchant vers le point de rendez-vous que j’étais tombée sur mon cousin, et j’en avais profité pour lui demander le numéro d’Esteban, un Eliot qu’il avait l’air de connaitre un peu puisqu’il me le donna. Je ne lui avais offert aucunes explications, puisque je n’en voyais pas l’intérêt mais j’avais rapidement compris qu’il faudrait que je lui explique sous peu. Et j’avais profité du chemin pour envoyer un SMS à un mec qui se foutait complètement de moi en me traitant de crevette, qui n’avait même pas voulu coucher avec moi, lui disant que je voulais m’excuser. Oui parfaitement, moi, Olympe Hélène Jones, aller s’excusez. Je n’avais pas vraiment encore décidé ce que j’allais lui dire, ou même pourquoi j’allais m’excuser, mais j’avais comme ça sur un coup de tête décidé que j’avais envie de le revoir. M’excuser pour avoir failli le violer tellement j’avais bu serait peut-être un bon point. Je lui avais donc donné rendez-vous à 15 heures à « La luna coffe », un café sympathique et discret. Discret, oui, essentiel puisque je ne voulais surtout pas que l’on m’aperçoive en compagnie d’un gars qui m’avait envoyé paitre.
A 15 heures et une minute j’arrivais dans le café, mon sac à main au bras, scrutant les visages dans la pièce. Et je ne vis ni ss beaux yeux, ni son sourire moqueur… M’aurait-il carrément posé un lapin ? Alors que ce n’était même pas un rendez-vous, je voulais juste lui dire que je n’étais pas toujours une grosse sangsue collée aux hommes. Habituellement je ne me souciais pas de mon image, ou du moins de comment les gens me percevaient, mais là j’étais mal à l’aise en songeant qu’il pouvait me voir comme une fille facile. Je n'avais pas d'explication à donner sur ce point, j'ignorais pourquoi, surtout que il avait l'air buté et obstiné dans son délire de me surnommer Crevette, mais je voulais absolument lui parler, pour me justifier, alors que je n'avais pas à le faire. Faut croire qu'à force de jouer avec moi, les hommes ont fini par me rendre folle d'eux.. ou peut-être folle tout court. La preuve, à tout les coups il allait pas venir et allait se moquer de moi la prochaine que l'on se croiserait, alors que c'était même pas une mauvaise intention de ma part de venir ici. Nerveuse, je m'assis à une table, commandant un café serré. Hum.. ça fait au moins plusieurs mois que je n'ai pas été aussi nerveuse avant de voir - ou non d'ailleurs il risquait de pas venir- un homme. Je devrais pas abuser en caféine sinon j'allais claquer sur ma table... et ça serait glauque, sur ma pierre tombale, morte dans un café.
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