Please ensure Javascript is enabled for purposes of website accessibilityles roses de l'Europe sont le festin de Satan.(jo)
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les roses de l'Europe sont le festin de Satan.(jo)

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    Je déclarais le cours terminé. Tous se levèrent, s'échangeant quelques phrases, soulagés de pouvoir fuir vers leur liberté. Pendant deux heures, je jouais le rôle du tigre qui les surveillait dans leur cage de bois. Tels des petits oiseaux, ils s'envolèrent très rapidement de leur terrible branche, leur cerveau se vidant déjà de toutes mes paroles, qui se bousculaient à travers leurs neurones. Ce n'est pas non plus aujourd'hui que je trouverais un disciple digne de ce nom. Tous sont de bons élèves, mais leurs cœurs ne semblent pas y être, comme si je les forçais éhontément. Je ris seul. J'aimais les imaginer profiter de leur jeunesse, se droguant plus que de raison et ayant encore assez de tolérance pour baiser dans les toilettes, sans se soucier de rien ni de qui que ce soit. Je n'ai rien perdu de cela non plus. Parfois, j'aimerais pouvoir leur dire de m'attendre et fumer un joint avec eux. Pardon, je le fais déjà ? Certainement, mais pas aujourd'hui. La chaleur écrasait l'amphithéâtre. Je passais une main dans mes cheveux, inspirant profondément. Un silence profond, large océan, régnait dans la grande salle. Peut-être resterais-je ici. Je ne ressentais pas le besoin de m'en aller. Mon petit estrade était nimbé d'une éclatante lumière, faisant ressortir le beau bois des fondations. Je restais face à ce rayon, les yeux mi-clos. J'enlevais doucement mon veston, avant de le projeter nonchalamment au loin. La cravate le suivit de très près et quelques boutons sautèrent. Ma chemise était ouverte en grand. Je ne supportais plus la chaleur intolérable de l'Amérique. J'appréciais ces moments de solitude. Je savais que mon cours était le dernier à avoir lieu dans cet amphithéâtre et les agents d'entretien ne devraient pas arriver avant un certain temps. Je dégainais Ainsi parla Zarathoustra de ma mallette, en m'asseyant sur ma chaise en bois. J'allumais une cigarette, en esquivant soigneusement l'alarme d'incendie. Je soufflais doucement la fumée vers le rai de lumière, cette dernière apparaissant comme un magnifique embryon de brouillard. Je lisais à haute voix et en allemand quelques passages, fasciné par la prose de Nietzsche. J'étais serein.
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