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Scarlett & Pierre-Marie
Scarlett & Pierre-Marie
- - Et un, deux, trois, quatre … cinq, six, sept et huit … cambrez votre pied un peu plus mademoiselle. Et un …
Je m’exécutais sans mot dire, me maudissant intérieurement que la cambrure de mon pied soit trop raide durant l’exercice que le professeur nous faisait subir. Habituellement, je faisais attention au moindre détail et ça allait de la courbure de mes doigts longs et fins jusqu’à la cambrure de mon pied, le tout passant par le positionnement parfait de ma tête. Je me fichais de la douleur qui s’insinuait en moi après de longues heures d’exercice mais ces derniers temps je me laissais aller et cela me rendait dingue. Je continuais mes exercices d’échauffement à la barre tandis qu’un groupe d’élève passait au centre du studio de danse pour effectuer la petite chorégraphie que nous imposait le professeur. Deux groupes se succédèrent avant que je ne dois exécuter, moi aussi, la chorégraphie. Présentation, arabesque simple, pirouette fouettée simple puis sissonne, suivi d’un saut de chat et terminé par une nouvelle arabesque simple. Le professeur reprit deux élèves du groupe ce qui nous obligea à recommencer plusieurs fois à cause d’eux et lorsque le cours fut terminer, je ne manquais pas de leurs reprocher leur manque de professionnalisme avec tout le venin dont j’étais capable. J’étais perfectionniste et ce n’était un secret pour personne. Après tout c’était pour ça que j’avais été major l’année dernière et que j’avais bien l’intention de l’être encore cette année.
J’entrais dans les vestiaires avant toutes les autres ballerines de ma promotion et partais me réfugier dans un coin à l’abri de leurs regards et de leurs rires. Hors scène, je n’étais plus cette fille qui n’avait pas peur de faire des reproches, je redevenais le fantôme que personne ne voyait, la fille à qui on n’adresse pas la parole car trop renfermée sur elle-même et trop timide. J’ôtais mes affaires de danse et partais le plus vite possible sous la douche. Ce fut rapide. Séchée en quelques minutes, j’enfilais mes sous-vêtements noirs et un leggins marron typé cuir, très près du corps. Je finissais de me changer en enfilant une robe saumonée à brettelle fluide ainsi qu’une veste dans les même tons, doublée de fourrure synthétique blanche, ainsi qu’une paire de ballerine. Je fis un rapide passage devant l’un des miroirs et replaçais une mèche de mes cheveux coupés courts. Je fourrais ensuite tout mon bazar dans mon sac de sport et sortais des vestiaires la tête basse. Je rasais les murs, regardant mes pieds plutôt que devant moi. Je n’étais pas que les gens me regardent et c’était paradoxal venant de moi puisque j’aspirais à devenir danseuse étoile dans une compagnie ou professeur de danse. Mais bon j’avais toujours été comme ça. Je sortis rapidement du bâtiment pour me rendre dans le grand hall où je voulais consulter mon emploi du temps de l’après-midi. Comme à mon habitude, je coupais par le parc où j’aimais me reposer quand je n’avais pas envie de m’exercer, ce qui était rare, ou que j’avais trop mal pour pouvoir danser. Cela me pris peu de temps et très vite j’entrais dans le grand hall, qui comme toujours, était bondé. J’évitais les groupes de personne populaire, les couples, tant bien que mal et me dirigeais vers le secrétariat qui s’occupait de ma discipline sauf que c’était sans compté le type que je heurtais de plein fouet et de pleine face. Ça eut , d’ailleurs , le don de me faire tomber au sol comme une demeurée.
- Aoutch …
Sans attendre quoique ce soit je me relevais avec lenteur et douceur, vérifiant par la même occasion que tout aller bien et était en place. C’est alors que je levais enfin les yeux sur le jeune homme que j’avais, par mégarde, percuté. C’était un beau jeune homme, certainement plus âgé que moi, avec des cheveux flamboyant et de grands yeux verts. Évidemment, je m’empourprais de honte et bafouillais quelques mots .
- Je… Je … Excusez-moi … je … ne vous avez pas vu. Encore pardon.
Je baissais aussitôt la tête, rougissant à nouveau, et commençais à le contourner. Je me rendis compte en actionnant mes muscles qu’en tombant je m’étais fait mal. Mais ce n’était que le choc , je n’avais rien de bien grave. [/left]
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