my first time + bojeslav.

Tu pousses la porte du redemption tatoo, t’as toujours été très excitée à l’idée d’un jour se faire graver la peau. Ça fait un bon bout de temps, que t’y songes, un bout de temps que tu passes devant le salon avec l’envie de pousser la porte, mais t’as trop peur pour le faire, pas assez de courage pour oser. Pourtant là t’as ton idée bien en tête, t’as le dessin que tu veux, ce sera ça et pas un autre truc, c’est sûr, c’est définitif. T’as toujours aimé l’ambiance pirate, le genre de chose qui t’as toujours fait rêver, être corsaire sur un le Black Pearl, hisser le pavillon, hurler « à l’abooooordage » pourtant tu sais bien que ce genre de chose tu le trouves juste dans les films et que jamais tu ne pourras faire ça. Tu entres dans le salon, t’as un peu peur, terriblement  peur même, t’entends déjà le bruit de la machine en marche dans le fond du salon, t’oses pas regarder, ça te ferais trop peur. Paraît que y a des crèmes qui existent, mais non, t’en a pas envie, puis paraît aussi que c’est pas conseillé, paraît que c’est plus compliqué à tatouer, t’as pas tellement envie d’avoir un tatouage raté à cause de la dîtes crème. Tu prends ton courage à demain et t’approches du comptoir où l’un des tatoueurs, enfin, que tu penses qu’il est tatoueur, est entrain de dessiner sans doute un modèle pour un client. « Bonjour .. j’voudrais me faire tatouer. » en même temps ça paraît logique, t’es pas venu là pour faire tondre ton chien.  

Dire que t’es paniquée serait un euphémisme quant à ce que tu ressens au fond de toi, c’est vrai que t’es quand même super excitée par le fait de te faire encrer la peau. C’est vrai aussi que ça fait un bout de temps que tu l’attends, que t’as bien pris le temps de réfléchir à ton idée, de la peaufiner, de trouver le dessin parfait dont tu ne pourras jamais, au grand jamais te lasser. L’argument principal des gens contre le tatouage étant qu’un jour où l’autre on ne finirait pas le regretter t’as voulu trouver un truc qui toi te tenait réellement à cœur, le genre de truc que tu veux garder auprès de toi le reste de ta vie. C’est vrai qu’il y a aussi certaines choses qui ont fait que ce serait quelque chose en rapport avec les bateaux, tes projets de tatouages ont d’ailleurs toujours plus ou moins tourné autour de ça a vrai dire. En même temps quand tu grandis à Tijuana dans une famille de pêcheur c’est un peu l’environnement qui t’es propre alors par-là tu rends hommage à tes racines, à tous ceux qui ont perdu la vie en mer. Tu n’oublies pas d’où tu viens. Le garçon derrière son comptoir lève la tête vers toi, tu inspires un grand coup, ça y est, c’est parti, enfin pas encore, t’es pas sur la table, mais c’est le début, ouais, c’est ici que ça commence. T’as peur. T’aurais peut-être dû ramener Kendall avec toi, au moins qu’il te tienne la main, d’ailleurs tu ne lui en a même pas parlé. Faut dire aussi que c’est le genre de chose tellement personnelle que tu ne peux pas te permettre de ramener toute ta clique avec toi. « Hé bien oui je suis là pour ça. » qu’elle conne tu as fait, il te prend pour une demeurée super. « Vous avez un modèle ou au moins une idée en tête ? Car là, c’est un peu vague. » Il a un drôle d’accent, totalement différent du tien, le genre d’accent qu’on trouve dans les pays où il fait froid, c’est un peu con mais t’es rassurée. Quand on a peur on a souvent tendance à se rassurée avec des points plus ou moins importants, se rattacher à des trucs qui nous rappelle qu’on n’est pas seul. Tu plonges la main dans ton sac à la recherche du dessin que t’as pris le soin de retravailler une bonne centaine de fois, faut dire que t’es pas une grande artiste, tu te débrouilles, simplement. Tu poses ton bateau pirate devant ses yeux. Tu l’observes, t’as peur qu’il te dise que ce n’est pas possible, que tu ne pourras pas l’avoir ancré à ta cuisse. « C’est possible d’avoir ça, enfin, si y a besoin de le retravailler ou je ne sais quoi. J’tiens vraiment au bateau pirate. » T’esquisses un sourire, t’es un peu gênée, t’es aussi terriblement crispée, t’appréhende un peu, faut que tu te calmes avant tout.

T’étais une petite nature, oui, c’était bel et bien le cas de le dire, t’avais jamais osé passer le cap et c’était loin d’être un tatouage banal qu’on fait en 20minutes, t’avais voulu faire les choses en grand pour la première fois. T’étais souvent passé devant et t’y avais vu une fille, t’aurais peut-être préférée être tatouée par une fille pour ta première fois, t’aurais peut-être été plus rassurée sur la douceur de ses gestes. Fallait absolument que t’arrête de t’imagine le pire tout aller bien se passer, fallait que t’arrive à t’en convaincre et que tu arrêtes de stresser. « Allons, allons, pas besoin d'être si stressée. Mais je ne pense pas qu'il y ait le moindre problème, enfin, tout dépend d'où vous voulez le faire bien entendu. Donc ? Cuisse ? Dos ? Et c'est votre premier c'est ça?» et en plus de ça, ça se voyait, et bien sûr, c’était même flagrant, t’étais rouge, tu parlais à peine, t’avais peur que ton dessin ne soit pas faisable, t’étais vraiment au plus mal. « J’aimerais le faire sur la cuisse, il y aura la place ? Et … oui c’est ma première fois … » ça se voyait, bien évidemment que ça se voyait encore plus que le nez au milieu de la figure et c’était pour ça que tu avais peur, que tu étais autant stressée. « Alors, alors. Vous parlez de bateau pirate ? Je … Ne suis pas un expert mais, ça, ça ne ressemble pas à un bateau marchand ? J'veux dire … Les pirates n'ont-ils pas habituellement une grande voile noire avec une tête de mort où ce genre de choses ? Je peux modifier cela sans problème. Ensuite, selon où vous voulez que je vous le fasse, la couronne de lauriers ne pourra pas être si détaillée au niveau des ombres. Pour finir, les vagues, à part dans le dos, ne seront pas si belles, je peux ombrer et rendre tout cela joli, ça, j'en suis sûr, mais, ce ne sera pas … Les mêmes vagues. » tu regardais le dessin avec attention pendant qu’ils t’expliquaient ce qu’il pourrait se faire et ce qui lui était impossible, « Il me semble bien que c’est un bateau pirate, vous savez le Black Pearl il a bien cette allure là non ? Et puis ils hissent le pavillon pirate quand ils vont à l’abordage pour pas que les bateaux marchands s’interroge justement, vous ne croyez pas ? Enfin, oui si vous pouvez me faire le pavillon avec la tête de mort en haut du mas ça serait parfait. » voilà que tu commençais à te libérée de cette panique maladive, c’était le sujet du bateau pirate qui t’avais libéré, tu t’en doutais puis tu reprenais « pour les vagues, je les ai dessinées de cette façon mais si vous pensez qu’il faut les modifier alors allons-y, je n’y accorde pas tant d’importance que ça. » T’esquissais un sourire. Toi non plus tu n’y avais pas pensé à la banderole, t’avais pas pensé à ce que tu y écrirais, alors d’un seul coup, t’avais eu cette idée, quelque peu saugrenue « Welcome to tijuana » comme la chanson et également comme ta ville de naissance, c’était de là que tu venais et ce tatouage étant signe de tes racines cette phrase tombait réellement à pic.