color my life with the chaos of trouble (ocean)

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D'un geste régulier et devenu totalement inconscient, ses doigts tournaient et retournaient inlassablement les billets enfouis dans la poche de la veste d'Isis. Alors que celle-ci sortait tout juste de cours, marchant mécaniquement sur le trottoir menant aux résidences, elle tentait de donner un sens aux tourbillon de pensées contraires devenues son quotidien depuis quelques semaines. En vain car plus elle y songeait et moins elle en savait. Comme si elle n'avait pas suffisamment mal à la tête ces derniers jours pour y ajouter un problème qu'elle allait finir par croire sans solutions. Les images se répétaient encore et encore, comme un film projeter à l'infini : ses propres mots qu'elle s'était vus prononcer sans discernement, ses larmes qu'elle avait vu coulées et son désarroi, perdue sous la lumière éparse d'un vieux lampadaire. Et tout ce qui avait suivi dont elle savait pertinemment qu'il en était l'auteur. Isis ne l'avait pas revu depuis ce soir-là et ne savait terriblement pas comment agir, penser ou ressentir. Elle aurait pu aller le voir, en parler mais rien n'aurait eu aucun sens et c'est avec cette certitude qu'elle s'enlisait au pied du mur sans parvenir à trouver le courage de l'affronter. Arrivée devant la maison des Dunster, elle sentit son portable vibrer et se mit à le chercher au fond de son sac, ne regardant plus très bien où elle allait et frôla la collision, relevant ses grands yeux bleus au dernier moment. Pour s'arrêter net devant une silhouette qu'elle ne connaissait que trop bien. « Ocean... » Ou celui auquel elle pensait depuis tout à l'heure. Le campus avait visiblement décidé de ne plus être assez grand pour éviter de les réunir. Le temps sembla alors s'étirer dans des proportions irréelles alors que sa paume retrouvait le contact des places de concerts. « ...Je tenais te remercier pour les billets. Et le reste. » Mots maladroits et gênés, ayant au moins le mérite de montrer qu'elle savait ce que le brun avait fait. Elle était sincère dans ses remerciements, même si cela n'était pas ce qu'elle aurait du dire ou voulu dire. Qu'aurait-elle d'ailleurs voulu lui dire ? Voulu qu'il sache ? Elle n'en avait aucune idée et toutes ces choses futiles lui semblaient s'évanouir maintenant qu'ils étaient face à face. « Tu sais, pour l'autre soir... » Baissant le regard, Isis ne sut alors quoi ajouter de cohérent.

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ISIS & OCEAN
Je n'avais qu'un seul cours cette journée-là, j'avais donc envisagé de passer l'après-midi avec un ami de la Dunster House que je n'avais pas encore vu depuis que j'étais de retour à Harvard. De toute évidence, j'savais qu'il y avait des risques que je croise Isis. Je ne m'étais pas arrêté à ça, même que j'avoue que j'espérais quasiment la croiser, juste pour voir si elle se portait bien. J'avais le don de m'foutre dans l'embarras, en fait. « Ouais, on s'revoit cette semaine. À plus. » J'avais souris, on s'était échangé une poignée d'main à la bro code, puis j'm'étais retourné pour directement tomber sur Isis. J'avais cru fondre lorsqu'elle avait relevé le visage pour voir qui elle venait tout juste d'effleurer. « Ocean... » Et c'était à ce moment que le silence s'était installé pendant c'que j'ai cru être une éternité. J'savais tout simplement pas quoi dire, comment réagir, même si je m'étais déjà fait un million d'scénarios concernant c'moment précis dans ma tête. J'avais donc gardé le silence, comme le pire des imbéciles. « ...Je tenais te remercier pour les billets. Et le reste. » J'avais souris, en trouvant en cette réplique un bon moyen d'éviter un deuxième silence. « J'vois pas de quoi tu parles. » Puis j'lui avais fait un clin d'oeil pour lui faire comprendre que j'savais très bien de quoi elle parlait, même si j'avais fait en sorte que mon identité soit simple à découvrir et qu'il était donc inutile de tenter de cacher quoi que ce soit. Et voilà qu'il y avait un deuxième moment d'silence. J'cherchais mes mots, mais je n'aurais pas su à c'moment là comment engager une conversation un peu plus authentique. « Tu sais, pour l'autre soir... » J'tenais pas tout particulièrement à revenir sur cette soirée. J'avais été victime de mon orgueil, disons. J'passais pour le grand sentimental au coeur fragile, même si au final.. Au plus profond d'moi j'sais que ça m'représente un tantinet. Je n'ai jamais aimé que les gens le découvrent, cependant, mais je m'étais moi-même dénoncé lorsque j'avais quitté Harvard suite à ma rupture avec Apple. « Ah, ouais.. L'autre soir. » Que pouvais-je dire, après tout? « J'crois que.. Ça m'a simplement gravement étonné. Je ne m'en attendais pas, évidemment. » J'avais beaucoup d'mal à m'exprimer avec les bons mots, à c'moment là. « Tu.. J'imagine que c'était une mauvaise journée. C'pas dans mes habitudes de.. Enfin.. Tu sais.. » Orgueil.com. J'avais haussé les sourcils, puis regardé un peu partout autour pour m'sauver de son regard.

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« J'vois pas de quoi tu parles. » Isis ne put s'empêcher de sourire au clin d’œil entendu du brun qui annonçait tout le contraire de ces paroles. « Ça m'a fait très plaisir mais tu sais, ce n'était pas la peine de faire tout ça... » Son ton ne comportait ni reproches, ni désapprobation, bien au contraire. Elle se sentait encore un peu embarrassée de la confession qu'elle lui avait faite, aucunement habituée à le considérer comme désormais au courant de tout. Sa maladie était ce qu'elle tentait de cacher le plus autour d'elle, seules les personnes les plus proches de la blonde étant au courant. Et pourtant, elle ne parvenait pas à regretter entièrement de l'avoir avoué à Ocean, même sous le coup de l'impulsion. Car même de cette façon, elle ne l'aurait jamais avouer à n'importe qui, ce qui supposait qu'elle devait avoir besoin de lui en parler, pour une raison inconsciente qui lui échappait. « Ah, ouais.. L'autre soir. J'crois que.. Ça m'a simplement gravement étonné. Je ne m'en attendais pas, évidemment. Tu.. J'imagine que c'était une mauvaise journée. C'pas dans mes habitudes de.. Enfin.. Tu sais.. » Elle non plus n'avait pas vraiment envie d'en parler mais elle ne pouvait s'empêcher d'en ressentir le besoin, ne pouvant pas en rester à leur derniers échanges sur le sujet, cela lui aurait paru trop "incomplet". « Ne t'en fais pas. J'aurais pas du réagir comme je l'ai fais, ça me ressemble pas non plus. Je sais pas pourquoi j'ai dis ça mais tu sais... » Elle s'arrêta un instant pour chercher ses mots, glissant une main distraite dans ses cheveux. « Je voudrais pas que ça change ta façon de me voir. Je sais qu'au fond que c'est impossible mais... »

Mais quoi ? Elle ne savait pas. Quelques semaines auparavant, elle ne pouvait s'empêcher de songer à Ocean avec amertume, ne sachant plus si elle pouvait lui faire confiance ou non, et la voilà qui voulait qu'il ne change pas son comportement malgré le fait qu'il sache pour sa maladie. Qui serait capable d'une telle chose ? Faire comme si de rien n'était en sachant un tel secret paraissait un fardeau bien lourd à porter et elle-même en avait conscience même si elle ne s'était jamais retrouvé dans ce sens-là de la situation. Elle n'évoqua pas le fait de n'en parler à personne mais cela était déjà naturellement sous-entendu. Si tout lui semblait différent depuis ce fameux soir, elle ne parvenait pas encore à savoir avec stabilité ce qu'elle pensait de lui, car rien n'effaçait les événements qui avaient précédés tout ça.

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ISIS & OCEAN
« Ça m'a fait très plaisir mais tu sais, ce n'était pas la peine de faire tout ça... » Ce n'était peut-être pas la peine, mais j'tenais à me faire pardonner et à lui montrer que je n'étais pas qu'un connard, snob, sans coeur et tous les qualificatifs s'y rattachant. De plus, si ça lui avait fait très plaisir comme elle venait tout juste de me partager, alors c'était mission accomplie. « J'y tenais. » J'avais souris, pour conclure de suite une argumentation possible. Puis, lorsqu'elle avait entamé le sujet de l'autre soir, j'me suis dit que j'aurais peut-être préféré qu'elle argumente sur le fait que toutes ces surprises ici et là n'étaient pas nécessaires. J'avais répondu d'mon mieux, ce qui s'était révélé être un échec, disons. De toute manière, comment aurais-je pu décortiquer quelque chose que .. Je n'comprendais même pas moi-même? « Ne t'en fais pas. J'aurais pas du réagir comme je l'ai fais, ça me ressemble pas non plus. Je sais pas pourquoi j'ai dis ça mais tu sais... » En aucun cas sa réaction ne m'avait dérangé, même que j'étais content d'être au courant, car je n'aurais pas supporté le savoir plus tard sans ni même avoir eu l'temps de faire quoi que ce soit pour la rendre un minimum heureuse. « Je voudrais pas que ça change ta façon de me voir. Je sais qu'au fond que c'est impossible mais... » Changer ma façon de la voir? Elle avait toujours été plutôt spéciale à mes yeux, différente de mes autres conquêtes. Ce n'était pas un secret que je tentais de me cacher. Mais j'dois avouer que maintenant, je n'avais pas l'intention de jouer la carte de l'arrogance à nouveau avec elle. « En effet. C'est impossible. » J'avais réfléchi à mes propos, afin d'utiliser les mots justes. « J'te vois tel que tu es, tu sais.. C'est juste que j'peux pas m'empêcher de m'en vouloir d'avoir agis d'la sorte avec toi alors que.. Tu comprends.. J'sais que c'est inacceptable dans tous les cas, mais.. » J'avais créé un nouveau silence, ne sachant pas vraiment quoi dire d'autre. « Mais.. Ton temps est précieux, et ce serait con de.. Voilà. » Et ce serait con d'le perdre avec un mec comme moi. C'était entre-autre pour ça que j'tentais d'être meilleur, parce que de toute j'savais qu'à long terme, je ne pourrais pas me passer d'elle.

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Spoiler:

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« J'y tenais. » Elle eut un mince sourire. Mais non, elle n'argumenta pas plus sur ce sujet-là. A vrai dire, comme le reste, les mots lui manquaient terriblement et elle peinait à formuler ce qu'elle pensait vraiment, ce qu'elle ressentait. Tout simplement parce que tout était bien trop confus pour qu'elle puisse y mettre des mots. Tout simplement aussi parce qu'elle n'osait pas, inconsciemment, laissant tourbillonner dans ses pensées des brides de phrases sans queues ni têtes. « En effet. C'est impossible. » Ce qui était évident, Isis le savait mais elle n'avait pas réellement réussi à formuler ce qu'elle voulait dire. « J'te vois tel que tu es, tu sais.. C'est juste que j'peux pas m'empêcher de m'en vouloir d'avoir agis d'la sorte avec toi alors que.. Tu comprends.. J'sais que c'est inacceptable dans tous les cas, mais.. » Pour l'une des premières fois depuis le début de cette conversation, la jeune fille osa poser un instant son regard azuré sur le brun. Elle aurait voulu croire à ce qu'il venait de dire, tellement. Quand il se comportait comme ça, qu'il ne la voyait pas comme d'autres filles avec qui il avait pu s'amuser sans considérations. Après tout, qui ne peut pas avoir ce genre d'espoir ? C'est toujours quelque part, inévitable. Et cet espoir qu'il soit honnête avec elle était bien trop grand pour qu'elle ne puisse l'écarter, malgré ce qui s'était passé avant qu'il ne sache. « Mais.. Ton temps est précieux, et ce serait con de... Voilà. » Étrangement, elle parvenait difficilement à avoir cette notion-là. Que chaque jour qui passe possède une importance toute autre. Que chaque minute nouvelle devrait être unique et inoubliable. Elle vit cette vie la plupart du temps comme si rien n'était.. anormal chez elle. Hormis cette habitude qu'elle avait et ce depuis enfant -donc bien avant d'avoir connaissance de sa leucémie- de collectionner les souvenirs. Ce qui était plus par bonheur que regret du peu de temps potentiel qu'il lui restait. Mais jamais elle ne s'était dit qu'elle "perdait son temps" avec n'importe qui, et surtout pas avec lui, paradoxalement aux événements. Parce que Isis était comme ça, n'avait et n'aurait jamais l'arrogance de rabaisser n'importe qui à "une perte de temps" c'était une notion et une pensée qui lui échappait totalement. « Ce serait con de quoi ? De le gaspiller ? Tu sais, j'ai rarement eu la sensation que chaque secondes étaient précieuses ou quoi. Du moins au début peut-être mais de moins en moins, je m'en rend juste plus compte... » Peut-être qu'en soi, c'était triste aussi. « Ce que je voulais dire, c'est que... J'ai l'impression que tu serais pas comme ça avec moi si je ne t'avais rien avoué. Et... Je ne dis pas que je regrette... Au contraire mais dans un sens j'ai l'impression que ce n'est pas très... Juste tu vois. Je sais pas très bien comment expliquer ça... » Elle avait rebaissé le regard dans un sourire gênée par le ridicule de la difficulté qu'elle avait à s'exprimer. Elle ne savait pas non plus pourquoi elle tenait tant à éclaircir ce qu'elle pensait de ça. Mais elle savait que c'était pour ça qu'elle ne disait qu'à peu de personne pour sa maladie. Parce que au fond, elle ne voulait pas avoir un traitement de faveur. Elle ne voulait pas avoir cette impression que les gens l'appréciaient pour être gentils, par pitié et non pas réelle affection. Et elle ne voulait pas vivre dans ce monde miséricordieux à longueur de journée, même si ça signifiait vivre de mensonges aux yeux de la plupart. Si elle avait encore du mal à se le signifier, ce que pensait Ocean était particulièrement important pour elle, parce que malgré tout ce qui avait pu se passer avant ce fameux soir, elle tenait déjà à lui et ça, elle ne pourrait juste pas l'ignorer éternellement. « Enfin c'est pas grave, oublis ce que je viens de dire. » Elle avait craqué, fuyant une conversation dont l'issue lui semblait trop nébuleuse et dont laquelle elle avait peur de s'enfoncer ou de tout gâcher.

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ISIS & OCEAN
J'savais pas ce qu'elle allait répondre, et j'savais surtout pas si elle allait comprendre. En même temps, je n'pouvais pas prétendre être le type le plus facile à suivre de l'université. J'avais tout de même quitté pour une fille, l'année dernière, alors que j'étais l'genre de personne à en avoir généralement rien à foutre de c'qui pouvait bien s'passer. Malheureusement ou heureusement, avec le temps, on apprend à s'connaître, et j'avais donc compris que moi et les sentiments, ça faisait deux. J'imagine que c'pour cette raison que.. J'gâchais toujours tout. C'était plus facile de coucher qu'aimer, de flirter qu'aimer. Plus rapide. Sans possibilité d'humiliation. (Du moins, en c'qui me concerne. Hahaha. Haha. Ha.) « Ce serait con de quoi ? De le gaspiller ? Tu sais, j'ai rarement eu la sensation que chaque secondes étaient précieuses ou quoi. Du moins au début peut-être mais de moins en moins, je m'en rend juste plus compte... » Je n'arrivais pas du tout à comprendre comment elle faisait pour ne plus vraiment s'en rendre compte. J'veux dire, si j'avais vécu la même chose, j'serais constamment en train de penser à ça, en train d'm'en faire. Au final, Isis avait beaucoup plus de courage que moi. « Ce que je voulais dire, c'est que... J'ai l'impression que tu serais pas comme ça avec moi si je ne t'avais rien avoué. Et... Je ne dis pas que je regrette... Au contraire mais dans un sens j'ai l'impression que ce n'est pas très... Juste tu vois. Je sais pas très bien comment expliquer ça... » Juste? En quoi était-ce injuste? Selon-moi, elle méritait vraiment.. Plus que les autres. Les autres ont toute une vie devant eux pour accomplir tout c'qu'ils veulent. Pour tenter d'être heureux. Pas elle. Et ça, c'était injuste. Terriblement injuste. « Enfin c'est pas grave, oublis ce que je viens de dire. » J'avoue que j'devais être légèrement perplexe à ce moment-là. « Qu'est-c'qui n'est pas juste, Isis? Que .. J'te porte une attention particulière? Et si j'ai envie de le faire? À toi, et pas aux autres? Tu veux que j'te dise ce qui n'est pas juste? C'est que tu ne puisses pas vivre comme n'importe quelle fille ici, à Harvard. C'est qu'tu ne puisses pas vivre aussi longtemps qu'elles. » Puis, je m'suis légèrement rapproché d'elle. « J'comprends même pas comment tu fais pour vivre ça. J'aurais même pas assez de courage pour le vivre. Alors, ne m'dis pas que tu mérites la même chose que les autres, parce que c'est faux. » J'avais replacé une mèche de ses cheveux blonds, puis j'l'avais regardé dans les yeux. « Tu mérites tout, Isis. Et bon, si l'argent pouvait tout acheter, j'aurais fait en sorte de.. Rendre ça vraiment juste. Juste, selon c'que je pense. Pas selon c'que tu penses, hein. » Puis j'avais ris, légèrement, avant de baisser les yeux au sol. « Voilà. » J'étais devenu légèrement timide, puis j'avais fait deux trois pas vers l'arrière. Peut-être en avais-je trop dit? Je n'en savais rien, je n'savais même pas comment mes paroles allaient être perçues.

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