Working Together on a Special Project [Charlie]

L'ambiance d'Inman Square me plaisait bien. Pas de stress, pas trop d'extravagence non plus en cette fin d'avant-midi. En fait, je crois que le début d'automne et l'air qui commençait à être plus frisquet donnait une ambiance relaxante au quartier.
Étant frilleuse, j'avais enfilé une veste sans manche, à capuche, par dessus mon chandail de laine. J'avais même un léger foulard, qui me servait plus au style que pour me réchauffer. Après tout, ce n'était pas si froid non plus. L'automne commençait à peine, mais on sentait dans les rayons du soleil l'été qui voulait perdurer un peu aussi.

Ce que je faisais là? J'avais rendez-vous dans un café. Avec Charlie, une autre Lowell que je ne connaissais pas encore très bien, on devait collaborer à l'élaboration de la tenue la plus Lowell. On m'avait confié le projet, sans doute parce que j'étudiais en design de mode (et j'étais emballé à l'idée de travailler là-dessus!) Mais bien sûr, ne pouvant m'en occuper toute seule, j'avais demandé un peu d'aide. Et Charlie avait accepté de me donner un coup de main.

Je lui avais donné rendez-vous au café, parce que je me disais qu'ici, on pourrait trouver plus d'inspiration que si on s'enfermait dans une salle de classe. Je m'assis à une table du café à l'extérieur, et commençai à analyser les tenues des passants. Il fallait voir ce qui était tendance, ce qui était trop populaire et cliché, s'inspirer de détails qui rendraient les tenues uniques... Bref, dans une rue passante, il y avait plus d'inspiration qu'entre les quatre murs de la bibliothèque.

Même si ma collaboratrice n'était pas encore arrivé, je sortis mon cahier à croquis et commencer à gribouiller quelques idées. Ça faisait quelques jours que j'y pensais déjà, donc j'avais en tête quelques modèles qui pourrait peut-être donner quelque chose.

Elle ferma son ordinateur et prit un manteau bleu canard qui traînait sur le dossier de la chaise de la cuisine, tout en saluant son père avant de quitter l'appartement. Charlie devait rejoindre une future Lowell pour l'aider dans son projet de bizutage, et elle venait tout juste de regarder quelques images de défilés de mode pour avoir des idées. Le défi consistait à créer la tenue la plus Lowell, la rousse avait estimé que jeter un œil aux créations des plus grandes couturiers serait profitable : ces tenues étaient souvent dans la demesure, absolument non portables dans la vie de tous els jours, emplies d'esprit, d'inventitivité, de folie mais aussi de savoir faire et de passion... Tout ce qui pouvait caractériser leur maison, non ?

L'Irlandaise arriva au café, peut-être un peu en retard, elle n'y avait pas fait attention : elle était si souvent en retard qu'elle finissait par croire qu'elle le serait irrémédiablement, bien qu'elle s'employât à ne plus l'être, au mieux l'être moins.
Elle reconnut la posture d'Alexys et se faufila jusqu'à sa table.

« Hey ! » la salua-t-elle avec un grand sourire tout en s'installant.

« Désolée si je suis en retard... Tu vas bien ? » s'enquit la comédienne. Puis, voyant son carnet... « Woh ! Ton esprit fourmille déjà d'idées ? » l'interrogea-t-elle avec un sourire bienveillant et empli de sympathie.

Charlie était plus posée qu'il ne lui arrivait de l'être. Peut-être parce qu'il s'agissait là d'un travail qui demandait de l'attention, et qu'elle prenait à cœur d'apporter son aide à Alexys, d'autant que la jeune femme semblait adorable : de la sorte, l'Irlandaise se vêtait de sérieux et se faisait d'une attention quasi-maternelle, sinon inquiète et affectueuse envers la nouvelle étudiante. Ce genre d'inclination d'une tendresse protectrice et attentive se manifestait parfois chez elle, peut-être des restes de son enfance passée à élever comme une mère son cadet, ou une simple habitude de son esprit, mais il était plus courant de la voir elle-même agir en tant qu'enfant plutôt que n'être l'amie attentive de ceux-ci. 

Les dessins prenaient formes dans mon cahier. Je n'effaçais rien, me contentant de barbouiller quelques traits pour en refaire des plus foncés par dessus, ou simplement faire un gro X avant de recommencer sur la page d'à côté. Effacé n'était pas une option, car même un brouillon raté peut tout de même contenir un détail intéressant qui peut être repris plus tard. Ou peut contenir une idée qui, mal utilisé sur ce brouillon-là, pourrait être réexploiter ailleurs.

Je voulais de quoi de simple, tendance, mais Lowell. Quelque chose qui attire l'oeil sans pour autant être trop choquant, qui est original sans être trop extravageant, mais surtout quelque chose qui peut se porter dans la vraie vie, et qui est adapté aux arts. Je voudrais une tenue dans laquelle on peut danser, dessiner, jouer, être nous. Bref, ça allait pas être facile.

En dessinant, j'avais perdu un peu la notion du temps et de mes alentours. Un "hey" me sortit de mon carnet. Je levai la tête vers le visage souriant de Charlie. Je la connaissais à peine, mais je me sentais bien en sa présence. J'avais l'impression que si je faisais une erreur, elle serait là pour m'empêcher de me planter trop fort, sans pour autant me diminuer ou me rabaisser. C'était agréable.

-Pas le choix! Je suis tombé sur un projet beaucoup trop motivant pour mon bizutage, je mériterais pas d'être Lowell si ça ne me donnait pas au moins quelques idées!

Je déposai mon crayon et me mit à feuilleter mes brouillons. Il y avait tellement de possibilités, certaines plus réalisables que d'autres.

-Je ne sais pas si tu avais quelques idées? Irréalisable ou non, on n'est pas pour ce limiter maintenant.