C'était la soirée de fin du Summer Camp. Ces vacances avaient été bénéfiques à Read pour bien des choses, mais il avait aussi eu le temps de réfléchir et de se dire que sa vie ne méritait peut-être plus d'être vécu. La façon dont il avait dégénéré quelques jours plus tôt était indigne. Surtout que du coup, il s'était disputé avec Nevada, en quelques sortes. Et c'était peut-être l'une des choses qui pouvaient le rendre le plus malheureux, en plus de son état. Il avait de l'énergie à revendre pourtant en cette soirée et, bien qu'il n'en avait guère le droit avait légèrement abusé sur la boisson. Normalement, il n'aurait pas dû toucher à l'alcool, mais il ne savait même plus à qui se confier. Juste profiter tant qu'il était encore debout et qu'il pouvait faire ce que bon lui semblait. Demain peut-être tout se serait éteint et jamais il ne retrouverait la direction de la lumière. Alors qu'il était joyeux luron, comme à chaque fois qu'il buvait de l'alcool, il se dirigea un peu en retrait. Les festivités avaient lieu sur la plage, un cadre bien agréable. Il s'assit sur le sable fin et observa l'océan, s'abreuvant du bruit que celui-ci produisait. Une demoiselle était assise non loin, elle aussi paraissait avoir bien consommé la soirée, si on peut le dire ainsi. Il s'approcha un peu en se faisant glisser sur les fesses pour la rejoindre. « Salut ! » dit-il simplement en lui souriant, question d'engendrer une conversation ou quoi que ce soit d'autre pour mettre un terme à sa solitude. Avec l'étape Ryley, il ne pouvait que se sentir seul.
Alors voilà, c'était ça le Summer Camp ? Ça pour quoi j'avais refusé de partir comme tous les ans en tournée avec mon père ? Entre engueulades avec soeur et prise de tête avec Tekla, j'aurai franchement du partir m'enfumer avec lui dans son jet à l'assaut des plus grandes salles de concert. Ça me servira de leçon la prochaine fois. J'étais pas faite pour ce genre de camp, trop de monde que je peux pas saquer, trop de temps passé avec ma soeur. C'était enfin fini. Après deux mois à vouloir faire mes valises chaque jours.
Ils avaient organisé une sorte de fête d'adieu, qui n'en était pas une parce qu'on allait retrouver les mêmes têtes de cons dans quelques semaines sur le campus. Mais bon, c'était un moyen comme un autre de pouvoir boire, faire la fête avec les seuls gens qu'on supporte et fumer, surtout fumer. J'étais encore dans un autre monde ce soir là, et je m'étais échouée sur la plage, le regard fixé sur les étoiles au dessus de ma tête. Une voix masculine vint me tirer des cieux avec un simple "Salut". Je détournais mon regard vers le jeune homme que je semblais connaitre et lui répondit par un salut égal à celui qu'il venait de me lancer.
La demoiselle lui répondit comme il se devait par un « Salut » digne de celui qu'il avait pu lui offrir. Read dans son état d'ivresse n'était pas forcément très poli, mais il gardait toujours les réflexes des formules de politesse. Même si dire un banal salut à une inconnue n'était pas non plus la chose la plus honnête du monde. D'ailleurs, il n'hésiterait pas à la tutoyer. Il était seul sur cette plage, avec le simple espoir que Ryley lui pardonnerait et lui reviendrait mais c'était utopique. Elle avait l'air plutôt seule aussi. Alors les deux font bien évidemment la paire. Il se rapprocha encore plus. « Tu t'ennuies ? » demanda-t-il simplement. Si elle s'était mise à l'écart, c'était certainement que toute la compagnie présente aux festivités commençait à la saouler, en plus des dégâts déjà provoqués par l'alcool qui coulait dans ses veines. Read avait un culot monstre lorsqu'il perdait sa sobriété et c'était peu dire. De toute façon, on lui avait dit d'oublier et de s'amuser, c'était ce qu'il faisait. Des fois, on se demandait si l'homme responsable qu'il avait toujours été ne était pas envolé à jamais. « Est-ce que je peux poser un nom sur ton joli minois ? » continua-t-il ensuite. Bah oui, façon comme une autre de demander un prénom et de faire connaissance entre gens à part. Il tourna de nouveau son regard sur l'étendu d'eau se présentant à leur pieds, quelques mètres plus loin. C'était fou comme cette vue si simple donnait l'envie de s'y perdre pour ne plus jamais remonter à la surface.