Just Dance // Galiléa

Aaron s’était levé ce matin pour une grosse journée de cours. En effet, son horaire de la journée était bien rempli. Une journée exactement comme il les aimait, avec un emploi du temps tellement chargé qu’il n’aurait que peu de temps pour ressasser ses problèmes et penser constamment à Liana. Le jeune homme avait pris une douche rapide et plutôt froide dans le but de se réveiller correctement et était partit direction l’université chargé de ses cours et de son sac de sport. Il s’y rendit à pied, comme à son habitude. En effet, le jeune homme aimait bien marcher le matin, ses écouteurs dans les oreilles, seul. Ça avait le don de le détendre. Dans le grand hall, il contempla le valve pendant de longue minute afin de dénicher le numéro de sa salle de cours. Il commençait pas trois heures de littérature. Trois heures qui passèrent bien rapidement d’ailleurs. Passionné, le jeune homme dévorait les moindres paroles de son professeur et prenait des notes assidues puisque son but était évidemment de ne pas rater son année. Ensuite, le jeune homme devait enchaîner avec deux heures de sport. Il ne rencontrait aucune difficulté lors de ce cours puisqu’il aimait ça et qu’il était d’un naturel sportif. Ensuite, vient la pause du déjeuner. Le jeune homme mangea dans la cafeteria avec quelques élèves de sa classe. Il écouta leurs discutions qui lui semblait bien anodine par rapport à ce qu’il vivait ces derniers temps. Malgré tout, il parlait avec eux. Il avait eu la chance de bien s’intégrer malgré qu’il soit arrivé en cours d’année.
Durant l’après-midi, Aaron suivit trois heures de danse. Il dansa en solo, comme en couple. C’était bien évidemment le cours préféré du jeune homme qui donna tout ce qu’il pouvait de lui-même pour faire du mieux qu’il le pouvait. Lorsque le cours fût terminé, il fila sous une bonne douche, se changea et remballa ses affaires. C’est à ce moment qu’il se rendit compte qu’il avait oublié de reprendre son sweet de la salle de danse. Quand il fût prêt le jeune homme repassa par là avant de retourner chez lui. Il entra discrètement car il pensait qu’un nouveau cours se donnait, mais non. Contrairement à ce qu’il pensait, seule une jeune femme se trouvait dans la salle. Elle ne semblait pas l’avoir vu. De dos, Aaron aurait juré que jamais il ne l’avait croisé en cours, ni même dans les couloirs d’ailleurs. La demoiselle dansait avec beaucoup de grâce et de finesse, chose qu’il appréciait. Et oubliant presque qu’il était là pour récupérer son sweet, il la regarda jusqu’au bout. La chanson se termina et la jeune femme s’avança vers la chaîne stéréo. « En tout cas, tu es très douée ». Lorsqu’il l’avait vu danser, il avait pensé que la jeune femme lui rappelait étrangement son ex petite amie quand elle dansait. Cette même grâce était bien présente, la seule différence étant que Liana avait ce petit quelque chose en plus qui le faisait vibrer et un peu plus de technique aussi. Mais son jugement était faussé par les sentiments qu’il ressentait pour la demoiselle. Aaron s’avança dans la salle et récupéra son sweet oublié, après il se retourna vers la demoiselle, attendant qu’elle lui réponde, ou qu’elle enchaîne sur une autre chorégraphie.

Depuis le lever du soleil ce matin, je n'avais qu'une idée en tête. Depuis ma première gorgée de jus d'orange au petit-déjeuné ce matin, je n'avais qu'une envie en tête. Depuis ma course effrénée pour ne pas arriver en retard ce matin, je n'avais qu'un besoin en tête. Toute la mâtinée, durant tous les cours se suivants sans que je m'en aperçoive réellement, je ne pensais qu'à une seule et unique chose. Ce n'est pas dans mon habitude de ne pas faire attention à ce que disent les professeurs. Je suis d'un naturel sérieux et suivre en cours et l'un de mes principaux dons: j'arrive à suivre même si une amie me parle, même en écrivant des SMS, même en tenant une conversation à côté. En général, j'essaie quand même de rester concentrée, mais quand il m'arrive de me détourner du cours, je ne m'en tire jamais trop mal. Ce matin pourtant, les heures passaient sans que je ne m'en rendes compte. Les professeurs parlaient sans que je ne m'en rendes compte. Mon stylo ne bougeait pas sur les lignes de mon cahier. Mes pupilles ne bougeaient pas non plus, fixées au plafond, sur ma table ou sur le professeur. Non, j'étais bel et bien obnubilée par la simple idée que dans quelques heures à peine, je pourrais enfin danser.
Danser, danser, danser. Cela devait faire quelques jours déjà que je n'avais pas pu trouver le temps d'exercer ma passion. Trop occupée. Ou alors, mes seules possibilités étaient réduites à néant par la présence d'autres élèves. Je ne dansais pas en public. Je m'assurais d'abord que le champ était libre, qu'il n'y avait personne pouvant me voir. C'est quelque chose de bien compliqué, d'ailleurs. Et il est très difficile de se contrôler, surtout quand c'est une véritable passion. Je danse depuis ma naissance, quasiment. J'ai pris des cours de danse classique, de danse moderne, de danses espagnoles,... Grâce à ma mère, professionnelle dans cette matière là, j'ai pu avoir accès à tous les types de danses existants. Elle m'aidait à me perfectionner, me donnait de nombreux conseils, de nouvelles techniques. J'étais plutôt douée. Sauf qu'après son accident, je restais un long moment sans pratiquer cette passion, sans écouter de musique. Ca m'était devenu insupportable, faisant ressurgir bien trop de souvenirs que je tentais désespérément d'enfouir afin de pouvoir rester forte face à la vie. Mais petit à petit, j'ai repris courage et j'ai recommencé à danser. Je dansais seule dans ma chambre, je dansais seule dans une rue sombre en rentrant des cours, je dansais seule dans une grange abandonnée... Je dansais seule tout le temps, craignant de revoir vivre ces souvenirs si j'en parlais à qui que ce soit, si je le montrais à n'importe qui.

Enfin arrivée dans la salle de danse, vide depuis peu, je m'arrêtais un instant, un sourire sur les lèvres. Enfin! Je posais mon sac de sport sur le côté et branchais ma clef USB dans le poste de radio déjà présent dans la salle. Je m'étais déjà changée dans les vestiaires et portais un short et un top, noirs tous les deux, sous un sweat à capuche gris que je n'enlevais qu'après un petit échauffement. Sur le rythme de la musique, défilant de façon aléatoire, je bougeais. Je dansais. Plus rien n'existait autour de moi. Je ne pensais pas à moi. Je dansais. Je ne me sentais plus comme une jeune femme qui venait de passer des heures et des heures en cours, mais comme une danseuse, plus tellement humaine, mais tellement vivante! Je profitais de chaque frissons que l'air provoquait sur ma peau, de chaque soubresauts, sentant chacun de mes muscles. Je ne pouvais pas me passer de danse. C'était impossible.
La chanson prit fin, et je m'approchais de la chaîne pour changer. J'avais une chanson précise en tête et je voulais absolument la trouver.

« En tout cas, tu es très douée »

Je sursautais et me retournais, interloquée. Qui était-il? Comment était-il arrivé là sans que je m'en aperçoive? Était-il là depuis longtemps? Je le regardais attraper son gilet, sans rien dire, toujours sous le choc. Il m'avait vu danser. Cet inconnu m'avait vu danser ! Je reprenais peu à peu mes esprits, retrouvant les pieds sur terre. En fait, je l'avais déjà vu. Où ça, je ne pourrais pas le dire, mais je l'avais déjà aperçue quelque part. Regardant autour de moi, je sentais le rouge me monter aux joues. Soudain, je me sentais vraiment mal à l'aise, ne sachant plus où me mettre. Il fallait que je dise quelque chose, mais rien ne me venait à l'esprit. Ou plutôt, j'avais bien trop de choses à dire en même temps. J'avais envie d'éclater, de lui crier toutes les insultes du monde, mais d'un autre côté j'avais envie de m'expliquer, disant que je ne dansais pas, le remercier aussi, pour son compliment, ainsi que partir en courant sans me retourner.

-Hmm ... T'es là depuis ... longtemps?

Je ne sais pas s'il avait réussi à m'entendre, tellement j'avais bredouillé cela aussi bas. C'était la seule chose qui m'était venue et maintenant, je me sentais bien bête. Croisant les bras devant moi, j'haussais les épaules, le regard allant du jeune homme à la chaîne hifi, de mon gilet à mon sac de sport.