Scarlett Lucie Hewitt

Les lourds rideaux de velours rouges s’ouvraient sur la scène du New York City Ballet et sur l’étoile montante russe du moment : Natalia Vasilinievsky. La ballerine se mouvait sur la scène avec une telle grâce que tous et toutes furent subjugués par sa beauté. Tous, mais surtout un homme, un architecte renommé de New York, Lucas Nigel Hewitt, du cabinet Élias & Hewitt. Il était là avec sa femme, une ancienne architecte de son cabinet, et son associé qui était lui aussi était en présence de sa femme. Il vivait heureux dans la banlieue chic de NY mais à la vue de la beauté russe, qui interprétait le cygne blanc de Tchaïkovski, il comprit que plus jamais il ne serait heureux avec sa femme actuelle. Après ce soir-là, le soir du coup de foudre il multiplia les sortis au ballet et les cadeaux anonymes à la jeune femme, qui elle, se trouvait troublée par tous ces présents. Un soir, le soir de la dernière, elle demanda de qui tout ça venait mais personne ne lui répondit, cependant, on lui montra l’homme qui était toujours assis à la même place et au même rang depuis le début des représentations. Il se fichait de sa femme, de sa carrière, il n’avait d'yeux que pour elle, là, assis au premier rang, dès lors qu’elle se mettait à danser. A la fin de cette présentation, elle envoya une assistante chercher l’individu mais il avait disparu. Il savait que ce n’était pas la fin, qu’il la reverrait, qu’elle le retrouverait. Après tout il était suffisamment médiatisé et connu dans le tout new york pour que la tâche le soit aisée.

Il se passa un an, une unique et longue année durant laquelle elle chercha l’admirateur secret qui l’avait tant troublée. Mais très vite, elle se rendit à l’évidence, c’était peine perdu. Le NYCB, l’avait embauché pour un nouveau ballet et elle décida de s’installer définitivement dans la grosse pomme en achetant un appartement à rénover. Par le bouche à oreille, elle décida de se tourner vers le cabinet Elias & Hewitt. Un matin glacial du mois de janvier 1988, elle se déplaça jusqu’au très prestigieux cabinet après y avoir pris rendez-vous. Ce jour-là était un jour comme les autres sauf qu’elle ne se doutait pas qu’elle a allé y rencontrer l’homme qui l’avait tant bouleversé. Elle se trouvait dans l’ascenseur lorsque la chose se produisit : la rencontre. Elle le reconnu tout de suite et de son côté il fit mine de ne pas la reconnaître derrière ses énormes lunettes aux verres fumés. Ils montèrent ensemble jusqu’au siège et entrèrent en même temps. Ce jour-là fut le début de la fin. Tout le long du projet il multiplia les rendez-vous avec la belle, liant ainsi une relation plus que professionnelle. Il en oubliait sa femme, qui elle s’était rendue compte du petit manège, mais qui accepta en silence d’être trompée. Durant un an, ils se virent en secret chez la demoiselle, lui promettant monts et merveilles mais surtout le fait que bientôt il serait totalement à elle. Natalia le croyait évidemment puisqu’elle l’aimait mais au fond d’elle, elle savait que ce n’était que des mensonges. 1989 passa à une allure folle. La femme de son amant l’invita à plusieurs reprise dans leur foyer pour des diners mais jamais elle n’accepta. Elle continuait cependant d’être la maitresse de l’architecte de renom. Mais très vite, elle se lassa de ses promesses, de ses cadeaux, de l’argent qu’il lui versait sur un compte privé afin qu’elle puisse se faire plaisir. Elle décida de mettre fin à leur liaison en décembre 1989, elle était alors enceintes de quelques jours. Quelques mois plus tard les premiers vomissements lui firent prendre conscience de sa grossesse et elle paniqua. Elle reprit alors contacte avec l’homme qui était le père et lui annonça qu’elle portait son enfant. Rapidement, ils reprirent leur relation là où ils l’avaient laissé sans le dire à personne. Amanda Hewitt découvrit le pot aux roses lorsque la ballerine fut à son septième mois de grossesse et demanda aussi sec le divorce. Elle prit l’argent et la maison de campagne mais ne réclama pas la garde deux enfants que Lucas Hewitt avait déjà. Tout se passa ensuite très vite, l’emménagement dans la maison de son amant, la perte de son statut de danseuse étoile et enfin la naissance de sa petite Scarlett Lucie, qui grâce au ciel, fut reconnue par son père. Mais bien vite, la descente au enfer professionnelle de l’ex étoile la poussa à mettre fin à ses jours laissant le fruit de son corps à l’homme qui, finalement, l’avait détruite. Dès son plus bas âge, Scarlett fut une enfant minutieuse, méticuleuse, recherchant la perfection dans tout ce qu’elle entreprenait. Elle ne sut jamais que ses deux grands frères étaient en fait ses demi-frère, tout comme elle ne sut jamais qu’elle était le fruit d’un amour interdit : une bâtarde comme on dit vulgairement. Son père prenait soin d’elle avec une application telle qu’elle ne manqua jamais de rien et lui parla énormément de sa mère et du métier qu’elle faisait. A tel qu’à l’âge de 5 ans, elle réclama d’entré dans une école de danse classique, car comme elle le disait souvent elle voulait être comme sa mère, et comme toujours son père céda à sa petite fille. Ce fut la naissance d’une passion. Lorsqu’elle dansait elle se sentait vivre pleinement et cela se remarqua dans ses notes à l’école, toujours parfaites, toujours dans les meilleurs et ce que ce soit au primaire ou au collège. Et cela ne changea pas non plus au lycée où elle se referma sur elle. A trop vouloir être parfaite dans sa passion, elle oublia de s’ouvrir aux autres, introvertie au possible, elle accentua encore et encore au fil des ans son perfectionnisme n’hésitant pas à écraser sur son passage ses potentielles rivales sans la moindre once de remords, paradoxalement. La danse et la scène était le seul endroit où elle était extravertie. C'était son seul amour. Puis elle décida de partir à l’université étudier la danse et ce fut Harvard qu’elle choisit avec le soutien de son père. Par chance, la très prestigieuse université l’accepta dans ses rangs. Depuis elle y coule une vie heureuse et est actuellement en quatrième année de danse.