ZACHARIAS BRO'S ◭ « J'ai quelques choses de difficiles à vous dire, les mecs ! »

Un regard troublant, je revoyais ses yeux quand il était venu une fois il y a un an surement nous voir penant une permission ; la joie de retrouver son grand frère et ces deux petits frères ... Artémis avait des yeux si beau, si expressif, qui me manquaient déjà, il me manquait irrévocablement avant d'apprendre cela mais de savoir que je ne le reverrais plus ne faisait qu'accentuer la peine de la distance, de tous cette peine déjà là par son absence. Je sentais l'heure de l'annonce approchée et malheureusement, je ne trouvais guère les mots, juste les pleures que j'avais gardé qui coulait parce que là, personne ne peuplait ma chambre. Oui, Denys était je ne sais où et je l'avais évité, préférant ne pas le voir avant, trop mal. J'avais meme pas dormi là, me réfugiant chez Eliah sans lui dire pourquoi. En fait, seul Jasper le savait sans que j'ai vraiment eu l'intention d'en parler. Je tournais mes mots dans ma tête, incapable de trouver les bons, de trouver quoi dire ... j'avais peur de leur réaction et surtout peur de la mienne ... A force de tout garder, je savais que face à eux, je risquais contre ma volonté de pleurer, chose qu'il n'avait jamais vu de moi mais j'avais l'impression d'etre un tueur de devoir leur dire cela. Soudain, j'entendais une main frapper à la porte, force et détermination ; Priape, c'était certain surtout que Denys était chez lui et serait surement rentré, je crois. Je me levais, respirant un bon coup, baissant la tête en ouvrant alors la porte. Bonsoir, viens, tu peux entrer sans frapper ici, tu sais ... avais-je machinalement alors que ça ne m'aurait pas du tout arrangé qu'il entre comme ça. Nerveux, je m'asseyais, sachant qu'il n'avait pas à ce que je lui propose et qu'il pouvait s'assoir. Je tapotais tous ce que je trouvais, prouvant sans le vouloir et sans contrôle que j'étais en plein stresse. Je me devais d'attendre Denys.

Lorsque la sonnerie de mon téléphone retentit annonçant l’arrivée d’un sms, je pianotai sur l’écran pour en afficher le contenu. Ce texto venait d’Emrys et avait quelque chose d’intriguant. Oui, mon ainé n’était pas réputé pour être le plus démonstratif concernant ses sentiments alors qu’il veuille nous réunir comme ça le temps d’une soirée sans raison apparente et qu’il nous glisse qu’il nous aimait à la fin de son message, j’avais tendance à trouver ça plutôt inhabituel. Mais j’étais loin de suspecter quoi que ce soir. Les choses s’étaient améliorées avec Denys depuis notre dernière discussion, Valou allait de mieux et mieux après sa rupture, et moi j’étais enfin en couple avec la femme que j’aimais : Calypso. Bref, je ne pouvais pas être plus épanoui. J’étais sur un petit nuage et je n’imaginais pas en redescendre de si tôt. En lisant les mots de mon frère, je me mis même à penser que c’était une excellente idée de passer un petit moment tous les trois, histoire de consolider nos relations fraternelles qui n’avaient pas toujours été au beau fixe ces derniers temps. Je me rendis donc le soir même comme convenu dans chez les Winthrop dans la chambre de mes frères me demandant quand même quelle surprise allait nous réserver notre ainé. Je levai la main et toquai sans hésitation sur la porte. La porte s’ouvrit ensuite sur Emrys et un large sourire apparut sur mon visage alors qu’il m’invitait à entrer tout en me signalant que je n’avais pas besoin de frapper pour venir ici. « Salut mon grand. Bah, j’aurais pas aimé arriver en plein milieu de tes ébats avec Eliah… » le taquinai-je pour me justifier. Il s’assit et je l’imitai m’installant sur une chaise en face de lui. Mon sourire s’effaça en l’observant et mes sourcils se froncèrent. Pas besoin d’être mentalist pour constater tous les mouvements nerveux qui l’agitaient. « Qu’est-ce qui t’arrive Emrys ? C’est quoi cette tête de constipé ? » J’avais perdu mon enthousiasme. C’était finalement une fois face à lui que je réalisais que finalement, cette petite réunion fraternelle improvisée n’annonçait pas que du bon et je commençais alors à redouter la discussion qui allait suivre.

Tournant les mains dans tous les sens comme un stréssé de la vie, Priape s'était assis à son tour face à moi, pensif face à la complexité de mon état. Je sentais une gêne palpable mais je m'en fichais ; j'étais dans mon monde de peur et de tristesse. Oui, Emrys Zacharias pouvait jouer les Zombies lorsque la tristesse était trop forte. Je ne souriais pas, je restais impassible et pourtant, mes yeux fixaient mon frère, pensant à nos souvenirs, pensant que tout était fini maintenant que j'allais leur dire cela. Je me sentais déjà horrible de leur apprendre une telle nouvelle et j'en voulais limite à ma mère de ne pas en avoir la force et de me laisser le faire comme ça. La porte s'ouvrait et Denys passait la porte tandis que mon plus grand frère me faisait remarquer ; « Qu’est-ce qui t’arrive Emrys ? C’est quoi cette tête de constipé ? » Après nous avoir salué, le plus jeune s'approche et en rajouter une couche, tentant de faire de l'humour, on voit alors qu'ils ne savent pas, qu'ils n'ont pas totalement encore compris que l'heure était grave ; Ouai, Em', qu'est-ce qu'il se passe. C'est le chili con carne de ce midi ? Je ne souris pas, je ne réagis pas et étonnamment, je me laisse légèrement submergé ; une, juste une larme coule au coin de mon oeil. Je ne sais pas comment leur dire, je ne sais pas comment etre. Je dois me lever, je dois bouger. Je regarde rapidement mon petit frère, l'invitant d'un regard presque d'ordre à s'assoir où j'étais placé de façon à les avoir tous les deux face à moi quand je serais debout et décidé mais incapable de fixer leur yeux, je leur tourne le dis et attrape un bracelet que mon frère décédé m'avait offert, le regardant et le torturant ; Ce que je dois vous dire .. c'est que ... hum c'est pas facile ... Ma voix tremble et je sais qu'ils doivent être étonné, voir super mal car je ne suis jamais ainsi. Non, je ne montre pas, je reste caché, je ne dis rien qui pourrait me laisser vulnérable mais là, j'ai perdu mon jumeau et mes larmes n'arrivent pas à rester tapis dans mon cœur pour le noyer dans mon être. J'suis désolé ! Je n'y arrive pas, j'ai peur, j'ai mal, je pleure presque trop, je tente de me retenir et je sais qu'ils le sentent.

Alors que je m’installais face à Emrys, Denys arriva finalement dans la pièce, il nous salua et l’expression de son visage changea pour un air bien plus grave dès que ses yeux se posèrent sur notre frère. Il tenta une petite vanne pour détendre l’atmosphère mais la tension sur le visage de notre aîné ne fit que s’accroitre davantage. Qu’est-ce qu’il lui prenait bon sang ? Il se leva et invita Denys à s’asseoir à sa place sans un mot. Ma tête se tourna alors en direction de mon cadet, scrutant son regard comme pour y chercher une explication au comportement étrange d’Em’ mais je n’y lus aucune réponse, le regard de Denys était aussi perdu que le mien. Mes yeux se relevèrent alors vers Emrys qui reprenait la parole, nous tournant le dos. Il tenait quelque chose dans sa main et commença en nous annonçant qu’il avait quelque chose à nous dire et que ça ne serait pas facile.  Sa voix tremblait légèrement. C’était tellement inhabituel de le voir agir de la sorte. Je l’observais sourcils froncés, perturbé par cette attitude et redoutant plus que jamais la suite de ses paroles. Chaque mot qui s’échappait de sa bouche semblait être une véritable torture pour lui. Enfin, il laissa échapper un « j’suis désolé » avant d’ouvrir les vannes et de laisser son chagrin s’exprimer. Je n’avais pas besoin de voir son visage pour comprendre que les larmes l’avait envahi. Je ne comprenais pas le sens de tout cela, mais voir Emrys ainsi ne laissait rien présager de bon. Il n’était pas le genre à se laisser submerger par les émotions. Il devait s’être passé quelque chose de vraiment bouleversant pour que cela l’empêcher ainsi de s’exprimer devant nous. J’échangeai un nouveau regard interloqué avec Denys puis je me levai aussitôt. « Emrys, qu’est-ce qui t’arrive ? Qu’est-ce qui s’est passé ? » demandai-je en m’approchant de lui avec prudence... Je plaçai ma main gauche dans son dos dans une vaine tentative de réconfort alors que mon autre main allait se placer dans les siennes pour s’emparer de l’objet qu’il tenait fermement. « Qu’est-ce que… » fis-je en tirant dessus. Poing fermé, je ramenai le bracelet sous mes yeux et ouvris ma paume. L’image du bijou s’imprima sur mes rétines avec lenteur comme si mon propre système nerveux refusait de comprendre. « Il s’est passé quelque chose avec Artémis ? » articulai-je difficilement. Le bracelet d’Artémis. Le chagrin d’Emrys. Cette discussion entre frères. Le lien semblait évident mais mes neurones refusaient de le faire, mon cerveau ne pouvait pas envisager que quelque chose avait pu se produire là bas pour notre quatrième frère.