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JULIANA & SIDNEY
La rentrée approche à grand pas, peu à peu le campus se rempli à nouveau. Des nouvelles têtes qui arrivent, et le retour des autres du Summer Camp. Moi, trois mois passés à glander entre Cambridge et Boston, tout ça parce que j’ai refusé de prendre l’avion jusqu’en Floride pour rejoindre les autres. Un été entier flambé dans les soirées, à visiter une nouvelle chambre quasiment chaque nuit. Autant vous le dire : productivité zéro. Il est seize heures, et c’est la violence des rayons du soleil contre mon visage lorsque Jenny a ouvert la fenêtre qui m’a tiré du sommeil. « La fête est fini, Sidney. » Je grogne et tire la couverture sur ma tête. Décidément, je ne suis pas quelqu’un du matin. « Laisse-moi dormir, Jenny. » Elle me lance un regard noir, je peux le voir à travers le tissu. Je crois que j’ai dit une connerie. « Merde, dégage de là, moi c’est Joanna. » Oups. En même temps, comment je suis supposé retenir autant de noms, moi ? Peu importe, de toute façon il était temps de m’échapper. J’ai enfilé mon boxer, mon short et le t-shirt froissé qui trainait au pied du lit, avant de déguerpir au plus vite d’ici.
J’ai atterri dans un bus qui passait devant l’appartement de Jen.. Joanna au même moment, le temps de réfléchir où j’allais terminer ma journée. Retourner sur le campus et échouer dans ma chambre, ou profiter des derniers jours de soleil sur la terrasse d’un café en attendant l’opportunité d’une nouvelle sauterie. J’ai continué à errer jusqu’à échouer sur Inman Square, à flâner devant la devanture des magasins. Le lèche-vitrine, pour moi, c’est surtout partir à la recherche d’une de ses filles prête à tout pour porter sa nouvelle robe de soirée, l’inviter à boire un coup et finir dans son lit. Et d’ailleurs, la chasse commence, avec cette fille, là, dans une boutique hors-de-prix.
De dos, c’est une de ces blondes embourgeoisées typiquement américaines. Tout à fait mon genre, si vous voulez savoir. Je m’arrête devant la vitrine pour l’observer quelques secondes, avant de tomber nez à nez avec son reflet dans un des miroirs de la boutique. Merde. Ce visage, je le reconnais parfaitement. Les yeux fermés, en pleine nuit ou à quinze kilomètres, peu importe : c’est le sien. Juliana. Bordel, depuis combien de temps elle est arrivée à Cambridge, elle ? Je n’ai plus eu de nouvelles depuis mon départ, mis à part les quelques blablabla Juliana insupportables de son père lorsqu’il m’appelle pour savoir comment je vais. Au final, je ne m’en porte pas plus mal, mais par principe, je suis vexé. Voilà, ma journée commence à peine, elle est de retour dans ma vie et elle réussit déjà son truc. Son truc qui me faire sortir de mes gonds à peine j’aperçois sa silhouette. Cette garce ne mérite même pas mon attention, je devrais rebrousser chemin et trouver une autre fille avec qui passer la nuit. Mais à la place, je reste planté devant la boutique. Je suppose qu’elle ne m’a encore vue, trop obnubilée par sa propre image, autrement elle aurait déjà trouvé une solution pour m’échapper. C’est une occasion à saisir. Je passe une main dans ma tignasse pour être présentable –pour les autres clientes, bien sûr– et décide finalement d’entrer dans le magasin. Elle est là. Je me faufile discrètement entre les rayons pour arriver par derrière, un vautour et sa proie. Le temps de glisser mon bras autour de ses épaules, afin de la maintenir contre moi : elle ne peut plus s’échapper. Je la regarde du haut de mes quelques centimètres en plus, un sourire en coin parce que je la tiens cette fois-ci. « Alors, gamine. Tu ne me préviens même pas que tu es arrivée ? Ça me déçoit. » Oh damn. Pourquoi je suis venu ? J’aurais dû rester dehors, avec le temps, j’ai oublié l’effet de son regard sur moi.
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