I wanna see your heart one more time. Sacha

let me see your heart again

 

Lorsque je lisais, c'était un peu comme quand je dessinais. J'avais depuis toujours une capacité de concentration très grande, qui me faisait faire abstraction de tout ce qui se passait autour. Ce n'était pas un grand roman, mais les personnages étaient très attachants et j'avais hâte de connaître la suite de l'histoire, bien qu'elle était assez facilement imaginable. Quoi qu'il en soit, j'avais presque oublié que j'avais un croissant à manger et un café devant moi, qui était en train de refroidir. Après un temps indéfinissable, je levai les yeux des mots qui noircissaient les pages du livre, bu une gorgée, mordis un bout de croissant en regardant ce qui se passait autour de moi. Des gens venaient prendre un café à emporter avant d'aller au travail, d'autre hésitaient plusieurs instants sur ce qu'ils voulaient manger.. Il y avait un peu de tout, et je m'amusais à imaginer la vie de chaque clients. La femme blonde grande et mince, au visage fin et vêtue d'un sarouel et d'un vieux pancho devait être un professeur de philosophie à l'université. L'homme rond, presque chauve au costume bien repassé devait être banquier, celui-là devait être dans le commerce, et elle plutôt dans le secrétariat... Une jeune femme rousse à lunettes, probablement étudiante en sciences, une autre qui avait du être pompom girl au lycée, et le garçon d'après.. Son visage me frappa et mon coeur s'arrêta une seconde. Sacha. Il était encore plus beau que dans mes souvenirs. Je ne l'avais pas revu depuis qu'il avait quitté New York, et j'eus l'impression que le monde s'était arrêté autour de lui. Le café était en continuel mouvement mais je ne voyais plus que lui. Plus grand qu'à l'époque peut-être, sa carrure était aussi plus carrée, ses épaules s'étaient élargies. Il n'était plus un adolescent mais un homme. Comme il ne m'avait pas vu et que je ne pouvais pas décoller mes yeux de lui, je tentai de cacher mon visage avec mon livre pour ne pas prendre le risque qu'il me reconnaisse. De toute façon c'était fort possible qu'il ne se souvienne même pas de moi depuis le temps, ou comme un lointain souvenir, comme ceux qui viendraient d'une autre vie. Lorsqu'il sourit à la femme qui tenait la caisse, je sentis mon visage s'empourprer tant il était rayonnant. Son sourire n'avait pas changer en revanche, toujours aussi doux, toujours aussi contagieux. J'étais dans mes pensées depuis un moment lorsqu'un homme me demanda s'il pouvait prendre la chaise sur laquelle j'avais posé mon sac. J'aurais pu lui répondre que c'était une très mauvaise excuse pour me parler étant donné qu'il y avait plusieurs tables libres avec des chaises mais je me contentai de dire Oui, bien sur.