JAGHAN ♥ Pursuit of happiness

"All the art of living lies in a fine mingling of letting go and holding on." .

Une soirée avait été organisée dans l'hôtel. Et je faisais partie des invités. Cela faisait quelques jours à présent que j'étais à Key West et que je profitais du Summer Camp. Pour une première, je devais avouer qu'elle était réussie. J'aimais la ville, j'aimais l'État. Et puis pendant ce Summer Camp, j'avais pu retrouver plusieurs camarades avec lesquels je m'étais éloignée à cause des partiels et des révisions. Cela faisait du bien. Et puis ces épreuves sportives étaient amusantes. Je n'étais pas vraiment fan de la compétition et je prenais plutôt ça pour un moyen de se souder aux autres. Et c'était ce qui se passait. Cela faisait du bien. Mais j'avais envie de souffler un peu. Toutes ses journées commençaient à m'épuiser. Et puis, je dormais peu, n'étant jamais à l'hôtel, toujours dehors ou ailleurs. Avec les filles, nous étions même partis à Disneyland. Mais ce soir là, j'avais envie de me poser un peu. Alors cette soirée était la bienvenue. En plus, le buffet était succulent. Je piochais quelques quartiers de fruits pour en remplir une coupelle. Une fois fait, je me dirigeais vers l'extérieur. Les filles étaient restées dans l'hôtel et j'avais même remarqué que certaines, s'étaient éclipsées. Une fois dehors, je m'installais sur le ponton de la plage privée. Ce soir là, j'étais vêtue d'une robe en dentelle blanche qui laissait deviner certaines parties de mon corps mais qui restait très classe et pas du tout vulgaire. Une robe que je m'étais achetée quelques jours plus tôt. Mes cheveux tombaient sur mes épaules. Les jambes dans l'eau, je profitais de la fraicheur. J'avais bu quelques coupes de champagne et j'avais besoin de prendre l'air. Je restais là quelques minutes, profitant du calme. Je n'entendais que le bruit des vagues et c'était une mélodie très agréable.

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L'année avait été riche en émotions et en préoccupations. Sans cesse l'esprit occupé, Jasper n'avait pas réussit à respirer calmement pendant des mois, sans cesse en apnée. Alors maintenant que l'été était arrivé il ne voulait qu'une chose : profiter. Profiter de chaque moment pour s'apaiser, s'amuser, cesser de réfléchir. Mettre en repos sa tête l'espace de quelques instants. Si cela était possible, évidemment. Car où qu'il aille, ses bonnes résolutions étaient mises à rude épreuve. Par exemple, croiser la chevelure blonde de Reaghan dans une soirée à l’hôtel. Ils s'étaient décidés à mettre des mots sur le malaise qui régnait entre eux, elle s'était confiée sur son frère, et ils en étaient arrivés à la conclusion qu'ils ne pouvaient sortir l'autre de leur vie. Alors autant faire avec, et le faire bien. En essayant d'être amis. Jasper lui-même n'était pas convaincu que cet objectif était atteignable, surtout pas quand mademoiselle se baladait vêtue d'une robe en dentelle pouvant faire marcher l'imagination de n'importe quel homme. Et il n'en dérogeait pas. Sûrement donc aurait-il été plus sage de diriger son attention vers quelqu'un d'autre, en allant rejoindre ses amis qu'il avait abandonné le temps d'aller chercher une énième coupe de champagne. Le verre à la main, il hésita un instant puis sortit de l’hôtel direction la plage privée. Vêtu d'une chemise blanche, il était parfaitement accordé à la tenue de la belle lorsqu'il s'approcha d'elle discrètement, parcourant silencieusement les quelques mètres qui les séparaient sur le ponton. « Je peux me joindre à toi ? » Le silence rompu de sa voix calme.

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Les pieds dans l'eau, je sentais l'air marin caresser mon visage. Je me sentais bien ici. J'entendais le bruit des vagues qui s'échouaient sur le sable de la plage, mêlé à la musique qui venait du hall de l'hôtel. Mais ici, j'avais encore une certaine quiétude. Bougeant mes jambes, je sentais l'eau caresser ma peau. Les yeux fermés, je prenais une légère inspiration. Je pensais à la fin du summer camp et au retour à Harvard pour une seconde rentrée. Je ne voulais pas faire le bilan de cette année. Parce que je ne savais pas si je pourrais obtenir plus de bons souvenirs, que de mauvais. Alors je préférais profiter de ces derniers moments ici, en Floride. Qui sait si un jour je reviendrai ici. J'avais acheté des tas de souvenirs et j'avais fait des tas de photographies. C'était la première fois que je reprenais mon appareil depuis que j'étais sortie de l'hôpital. Le reprendre m'avait rappelé de mauvais souvenirs. Mais finalement, j'avais réussi à pendre à nouveau du plaisir en prenant des clichés. Et je ne m'étais pas arrêtée. Je savais que cela allait plaire à Charlie mais aussi à maman qui me posait des tas de questions sur la Floride. J'en étais là dans mes pensées quand j'entendis une voix familière. J'ouvrais les yeux et je tournais mon visage. Jasper se trouvait à côté de moi. A sa question, je lui souriais doucement. « Bien sûr. » Je retirais la coupelle de fruits et ma coupe de champagne qui se trouvaient à mes côtés sur le ponton pour le laisser s'asseoir. Posant les fruits et la flute de l'autre côté, je reportais ensuite mon regard sur le Dunster. « Tu ne restes pas avec tes amis? »

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Ici, c'était comme une parenthèse. Oublions les conflits précédents, les trop nombreuses larmes versées, de deux côtés. Dressons le drapeau blanc. Scellons le pacte de paix les pieds dans l'eau. On est bien, ici. Jasper se remplit les poumons d'air marin, se purge des méfaits commit. Il oublierait presque la culpabilité qui pèse sur chacun de ses organes vitaux. Bordel, est-ce qu'on ne peut pas tout oublier ? Juste être une femme et un homme, qui ne se connaissent pas. Ou alors des amis heureux de se retrouver. S'asseyant en tailleur à côté de la demoiselle, il les enferme dans sa bulle. Elle est belle, comme d'habitude. Ca l'aurait arrangé qu'elle le soit moins. « Je pense qu'ils n'ont même pas remarqué que je m'étais absenté. » Oh, pieux mensonge. Moindre. Il y a sûrement une part de vérité là-dedans. « Je préfère rester avec toi. » Voilà qui sonne comme plus juste. Pour agrémenter sa réplique, un fin sourire qu'il noie dans son verre, absorbant une gorgée de champagne. Il lui fallait au moins ça pour compenser son honnêteté. Ou peut-être est-ce la boisson qui enlève les quelques filtres placés naturellement par son esprit trop protecteur. Il n'y avait pourtant rien d'étonnant dans ses mots, elle lui manquait, elle le savait. Il ne faisait que lui rappeler qu'il aimait sa compagnie. Qui ne l'apprécierait pas ? « Et je suis sur qu'il y a la queue pour prendre ma place.. Il me semble que tu as donné des idées à pas mal d'hommes là-dedans. » Souligne-t-il avec un sourire aux commissures, un peu amer. Pas vraiment réjouit à l'idée que d'autres garçons posent leurs yeux sur elle. Elle méritait mieux que tous ces types là-dedans. Mais avait-il seulement son mot à dire ?

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Je venais piocher un morceau de fruit qui se trouvait dans la petite coupelle que j'avais emporté avec moi sur ce ponton. Je le mettais en bouche tout en souriant à la remarque de Jasper. Elle avait du mal à croire que son absence ne serait pas remarqué. Il était du genre à attirer les regards et à les chercher. J'étais toujours un peu surprise avec ce côté de sa personnalité. Il aimait être populaire. Il aimait qu'on remarque ses qualités et ses points forts. Je reportais mon regard sur l'eau, bougeant mes jambes pour faire quelques remous. Puis je l'observais à nouveau quand il reprit la parole. « C'est gentil ça. » Je gardais mes yeux sur lui avant de lui donner un coup d'épaule. Je posais ma tête dessus. Cela faisait du bien d'oublier tout ce qui s'était passé avant. On reprenait de bonnes relations. Et j'en étais contente. Il me manquait. Et je savais que peu importait le futur, il aura toujours de l'importance pour moi. D'ailleurs à ses paroles suivantes, je relevais ma tête pour l'observer. Je jetais un œil à l'hôtel plus loin. D'ici, nous avions une belle vue sur une partie du hall. Je haussais un peu les épaules avant de dire: « Ils doivent tous être timides parce qu'aucun n'est venu vers moi... sauf toi. » Je reportais mes yeux bleus sur lui avant de dire: « Et puis tu sais bien que personne ne prendra ta place... » Je baissais ensuite mes yeux, venant prendre ma coupe de champagne pour en boire une petite gorgée.

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Jasper était le genre de type à bien prendre la lumière. A se complaire de capter les regards et les conversations. Soit, tout l'inverse de Reaghan. Elle, agissait dans l'ombre, pour les autres plus que pour elle-même. Alors qu'Il se concentre.. principalement sur ses propres intérêts. Quitte à écraser quelques obstacles. Mais ne nous leurrons pas, son égo n'est qu'intellectuel. Même si le doute ne s'immisce que trop rarement dans son esprit, il est bien présent lorsqu'elle est à ses côtés. Elle qui a le don insupportable de le déstabiliser, d'attaquer le roc par le cœur. Comme en posant sa tête sur son épaule, ce qui donnait l'apparence d'une amitié des plus naturelles. « Je suis toujours gentil, ne fait pas comme si c'était exceptionnel ! » S'amuse-t-il tout en la regardant du coin de l’œil, savourant ce bref moment de quiétude. Depuis le temps qu'il attendait ça. Maintenant, il regrettait tous ces instants de lutte, ces minutes, jours, perdus à se battre ou s'éviter, alors que tout pouvait se passer comme là, sur ce ponton. Si on ignorait la légère tension qui secouait ses nerfs, Jasper se sentait parfaitement bien. Il n'était pas malheureux de voir qu'il avait été le seul à venir à la rencontre de la demoiselle, il était encore un peu trop tôt pour qu'il se réjouisse de la vision d'elle avec un autre homme à ses côtés. Lisant dans ses pensées, la suite le rassura légèrement sur ce point. « Tu n'es pas trop déçue j'espère ? » Ses lèvres se dessinent en un sourire plein de malice, tandis qu'il croise les yeux aussi bleus que les siens. « Tu devrais me remercier de te sauver de ces types aux intentions.. peu... » Son regard se balade sur la silhouette de sa voisine. « ...enfin, tu vois. » Dieu qu'il était limpide. « D'ailleurs, tu devrais pas trop boire. J'ai pas envie de te voir repartir avec n'importe qui. » La taquine-t-il, sur un fond de vérité dissimulé derrière son sourire.

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Battant doucement l'eau avec mes jambes, je savourais le calme qui nous entourait. J'allais avoir du mal à reprendre mes marques à Harvard, après ces « vacances ». Je me sentais bien ici. Il faisait beau, chaud, je retrouvais toutes les personnes que j'aimais. Et puis, je n'avais même pas à m'inquiéter pour être à l'heure au boulot ou pour rendre à temps un devoir. J'appréciais finalement ce summer camp. C'était la première fois que j'y participais. Et c'était encore mieux que je l'imaginais. Aux paroles de Jasper, je reportais mon regard sur lui. Je l'observais un instant, faisant ensuite une petite moue, en scrutant chaque trait familier de son visage. « Humm... un peu mais je vais m'en remettre... » Je lui souriais ensuite. Je le taquinais et je me rendais compte que j'adorais toujours ça. Puis j'ajoutais alors que mes yeux bleus se reposaient sur lui. «Je commence à comprendre oui... » Je souriais avant de reposer ma coupe vide sur le ponton. « Et qui te dit que je ne recherche pas une histoire d'un soir? Tout le monde en a, pourquoi pas moi? » Je n'étais pas si sage qu'il le croyait. Enfin si mais parfois, j'avais envie de me lâcher un peu et d'oublier la fille sérieuse que j'étais. A ses derniers mots, je le regardais: « Ah? Tu veux te dévouer pour me raccompagner? Mais je n'ai pas envie de rentrer maintenant... » Je posais à nouveau ma tête sur son épaule. C'était l'une des dernières soirées à Key West et je voulais encore en profiter un peu.

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Jasper avait l'impression de la retrouver quelques mois plus tôt. Quand leur relation était encore saine, quand ils se comportaient juste comme deux êtres qui se plaisent. Zappé l'épisode de la maladie, et celui de la renonciation. Oh, ils seront toujours présents demain. Mais pas ce soir. Ils méritaient un instant de pause dans leurs psychodrames ; juste histoire de se rappeler pourquoi ils s'étaient appréciés. Taquine, elle lui répondit qu'elle pourrait s'en remettre. Et lui, il leva les yeux au ciel d'un air mi septique, mi amusé. La suite l'amusa un peu moins. Le Dunster avait beau faire tout les efforts du monde, il ne pouvait se faire à l'idée qu'elle finisse dans les bras du premier venu. « Parce que mademoiselle Evers n'est pas comme tout le monde. » Elle ne pouvait guère contrer son argument. « Je ne te vois pas te réveiller à côté de quelqu'un dont tu ne connais même pas le nom.. » Aux yeux de Jasper, cela sonnait comme une qualité. Il but une gorgée de champagne sans la quitter du regard, et reprit dans un sourire : « Je peux te servir de garde du corps pour ce soir, je suis d'humeur bon prince. » Enfin, disons qu'il était surtout motivé par le travail d'éloignement de tout ce qui pourrait ressembler de près ou de loin à un homme aux idées malvenues. « On rentrera quand tu veux. » Concède-t-il, accueillant à nouveau la demoiselle sur son épaule. D'une de ses mains, il porta sa coupe à ses lèvres, la vidant d'une traite ; et l'autre vint naturellement se balader dans le dos féminin, pour atterrir sur sa hanche, la collant encore d'avantage à lui.

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Est-ce que j'étais comme tout le monde? Non... Et même Jasper le savait très bien. J'étais incapable d'être ce genre de fille. Passer la nuit avec un inconnu ou un homme que je connaissais à peine, j'en serais incapable. Est-ce que j'avais un problème? Toutes les filles couchaient facilement. J'avais des amies qui avaient des histoires d'un soir et n'en étaient pas plus malheureuses. Pourquoi moi, j'étais incapable de faire ça? Rien que l'idée qu'un inconnu me touche, me faisait frissonner. Non c'est vrai, je n'étais pas comme ça. Mais ce fait compliquait tellement les choses. J'attendrais trop. A vingt ans, j'avais envie de franchir ce cap. Mais je ne pouvais pas le faire sans avoir confiance en l'autre. C''était impossible. Jasper me connaissait trop bien. Cela me décrocha un sourire amusé. « Mademoiselle Evers qui est toujours tellement sage... » Je soupirais alors que le Dunster se proposait pour être mon chaperon. Je n'étais même pas étonnée qu'il le propose. C'était tellement lui. Reposant ma tête sur son épaule, je fermais les yeux. Je sentais Jasper qui posait l'une de ses mains pour me serrer contre lui. Un sourire s'étira sur mes lèvres. Je murmurais alors tout en gardant les yeux fermés. « Tu n'essaies pas d'en profiter un peu là? » Je gardais un sourire fin sur mes lèvres. Je reste ainsi quelques minutes, perdue dans mes pensées. Je voulais aborder un certain sujet avec lui mais ce n'était pas facile. Et pourtant je lui faisais confiance. Seulement certains sujets étaient plus difficiles à aborder que d'autres. Je me redressais à nouveau et je portais mon regard sur lui. « Jasper.... » Je sentais mes joues rougir et je baissais les yeux. « Si je te dis quelque chose... tu promets de ne pas rire? » Je reposais à nouveau mes yeux bleus sur lui.

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Reaghan n'était pas comme toutes les filles.. et Jasper n'était pas comme tous les garçons non plus. Il ne nourrissait aucun désir pour la chasse, le cumul de conquêtes. C'était sûrement lié à sa personnalité terre-à-terre, son esprit ayant constamment le dessus sur ses instincts. M'enfin, ça ne l'empêchait pas de céder parfois à la pulsion d'être primaire. Sage, mais pas trop. « La sagesse est une qualité Reaghan, pas une tare. » Souligne-t-il avec un fin sourire en coin, amusé de l'entendre soupirer. On est jamais satisfait de ce qu'on est. Les dévergondées rêvent du profil précieux des adorables, et les adorables fantasment sur la légèreté des dévergondées. Reaghan était parfaite telle qu'Elle. Ce qui encouragea sûrement sa main à être aventureuse. Un acte innocent, évidemment. Mais cela faisait tellement longtemps qu'ils n'avaient pas été proches, qu'il avait envie de la sentir contre lui, maintenant assuré que le temps n'était plus aux reproches. « Moi, en profiter ? Tu te fais des idées.. » S'amuse l'homme, taquin. N'y voyant pas pour autant un signe pour faire marche arrière, sa main resta solidement vissée sur le côté féminin. La suite paru plus solennelle, et sortit Jasper de sa nonchalance. Sourcils froncés, ses prunelles posées sur la demoiselle, il la voyait relativement mal à l'aise. « Rire.. ? Pourquoi je me mettrais à rire ? » Cette fois, ses doigts quittèrent leur perchoir pour qu'il puisse d'avantage lui faire face. « Promis, je ne rirais pas. » Si elle avait besoin de l'entendre, alors il pouvait aisément faire cette promesse. Jamais il ne se moquerait d'elle, ne le savait-elle donc pas ?