ton soutient me tient à coeur. ◣ B&C

Assis à une table de la bibliothèque, bien au fond, tu t'assurais d'être le plus à l'écart possible. Bethany et toi aviez un rendez-vous des plus importants et surtout, des plus personnels. Non, rassurez-vous, ce n'était rien de galant. Il s'agissait en fait de l'étude que Charlie mène pour ta thèse. Le doctorat étant un niveau assez difficile à avoir, tu souhaitais donc mettre toutes les chances de ton côté et t'y prendre assez tôt. Tu avais posé des affiches, tu avais fais des coups de fils et tu avais même fait du porte à porte afin de trouver le plus de volontaire possible. Heureusement qu'une ancienne lionne du Summer Camp t'avais d'or et d'avance donné son approbation pour participer. Ça t'en faisait donc une de plus et, sans blague, tu étais bien heureuse qu'elle tente l'affaire. Beth avait donc fait partie de ton équipe au SC de cet été et c'est là que tu lui avais parlé de ton projet. Elle avait tout de suite semblée très réceptive à ton idée, ce qui t'avais fait grandement plaisir. Aussitôt rentrée à Harvard, vous aviez fixé ce rendez-vous et, là, c'était maintenant le temps. Tu avais étalé tes notes sur la table et placé un magnétophone au centre. Évidemment, tu ne l'enregistrerais que si elle le désir. Le but n'était pas de faire intrusion dans la vie privée des gens, quoi que... Tu attendais donc patiemment que ta charmante cobaye - comme tu aimais les appeler, gentiment - arrive.

Lorsque Bethany arriva près de toi, elle te fit la bise et s'installa face à toi. Elle était ravissante, en tout point. Tu avais adoré sa compagnie lors des activités du Summer Camp et tu étais particulièrement heureux qu'elle se soit portée volontaire pour faire partie de ton projet d'étude. Ça fait vraiment chaud au coeur de voir que les gens de la société actuelle sont prêts à aider leur prochain, quel que soit la situation. Si on reculait d'une cinquantaine d'années, tu doutes que les gens aient été aussi réceptif à ton projet de parler de leurs habitudes de sexe. C'est ce qui prouve, une fois de plus, qu'on évolue. « Alors, prêt à me cuisinier ? » À cette réplique, tu ne pus t'empêcher de laisser un petit rire nerveux s'échapper. Si elle savait à quel point ça t'angoisse de devoir faire ça. Parler de sexe en classe, ça passe, mais en parler comme ça, avec des gens que tu connais plus ou moins, c'est une toute autre histoire. Ou du moins, c'est plus gênant. « Te cuisiner, non. Mais t'analyser, ça oui ! » répondis-tu, le sourire fendu jusqu'aux oreilles. Tu baissas ensuite les yeux vers le magnétophone installé sur la table. « Ça ne te dérange pas si j'enregistre notre conversation ? Ça m'évitera de perdre des bouts... Et surtout, si tu as la moindre question, la moindre gêne, ne soit surtout pas timide. Déjà que tu acceptes d'être là, ça m'aide beaucoup. » dis-tu, plus sérieux cette fois-ci.

Ça détendait vraiment l'atmosphère que d'amorcer cette conversation plutôt personnelle avec des plaisanteries comme ça. Tu ne connaissais pas beaucoup Bethany, mais sa gentillesse et son humour t'avait marqué durant l'été. Tu étais donc très heureux de la retrouver là, assis face à toi. La discussion s'annoncerait très sérieuse, mais aussi très comique et ça, tu en étais persuadé. La brunette répondit à ton premier commentaire qu'elle avait hâte de voir ce qui ressortirait de cette conversation. Toi aussi, au fond. Elle accepta ensuite que tu l'enregistre et tu en étais bien heureux. Ça allait alléger les notes que tu aurais dû prendre si elle n'avait pas voulu. Finalement, elle te fit une petite confession qui te fit sourire. « Je t'avoue que j'appréhende un peu... Mais je suis sûre que tout va bien se passer avec toi ! ». C'est normal qu'elle soit un peu incertaine face au déroulement de cet entretien. Tu l'étais tout autant. Tu aimes les comportements des gens, pas nécessairement les analyser, les questionner. C'était une grande première pour toi, en fait. Et évidemment, tu ne pouvais qu'approuver son dernière point. « Tout va bien se passer avec toi. » Tu avais la chance d'avoir Bethany comme cobaye et ça tu t'en réjouissait. « Écoute, si jamais tu te sens mal à l'aise ou quoi que ce soit, ne te gêne surtout pas. Ça semble pire que ça l'est, mais en fait ce n'est rien de très sorcier. Et mon but n'est pas de te faire parler de choses que tu refuses de dire, hein. Tu me dis ce que tu as envie de me dire, je ne te forcerai pas à m'en dire plus. » dis-tu pour la rassurer et lui faire comprendre que le maître dans cette interview, c'était elle et seulement elle.

« J'avais juste une dernière question... Les noms des personnes que tu as interrogées figureront dans la thèse ? Ou ce sera anonyme ? Tous les élèves pourront la lire ? » Cette question était l'une qu'on t'avait fréquemment demandée, mais elle avait toutes les raisons d'être posée. Les gens s'inquiète de leur anonymat et c'est une chose que tu comprends totalement. Toi aussi, si l'on devait écrire au sujet de tes habitudes sexuelles, tu préfèrerais que cela reste privé. Tu souris à Bethany et inclina légèrement la tête. « C'est une question normale, Beth. Et à ça je réponds qu'aucun de vos prénoms ou de vos noms ne seront mentionnés. Pas même la confrérie à laquelle vous appartenez. Et les seuls personnes qui pourront lire la thèse seront celles que j'aurai autorisé à le faire. Pour l'instant, je vais m'en tenir aux professeurs et à ceux qui y ont participé. Advienne que mes professeurs veulent publié ma thèse, je demanderai l'autorisation aux participants. Ce serait une violation de vie privée que de la distribuer à tout bout de champ sans demander... » répondis-tu, calmement. Cette thèse est très importante pour ton doctorat, mais en aucun cas elle ne servira qu'à autre chose. Étant un type très honnête et surtout très terre à terre, tout ce qui y sera écrit sera fait anonymement. « Alors, ma première question, aussi idiote puisse-t-elle paraître est : es-tu présentement en couple ? » demanda-tu, un petit sourire aux coins des lèvres.

La première question que tu avais à poser était toujours la plus simple, la plus révélatrice. Mais n'allez pas croire qu'il puisse y avoir de bonnes ou de mauvaises réponses, bien au contraire. Toi-même, tu n'es pas en couple alors comment pourrais-tu oser juger les autres ? Ce n'est pas ça ton travail. « Non, je ne le suis pas. » Tu nota l'information dans ton calepin et releva ensuite les yeux vers Bethany. Elle semblait sûr d'elle-même en prononçant ses mots, ce qui te fit comprendre qu'elle était peut-être seule par choix et non pas parce qu'elle n'avait personne avec qui être. Il y a une grande différence en être seul par choix et être seul parce que personne ne vient vers nous. On peut très bien être seul, si on le veut, et avoir tous les mecs qui nous tournent autour. « T'en fait pas. Il n'y a pas de bonne ou de mauvaise réponse à cette question. Ça me permet juste de m'enligner à savoir quelles autres questions je devrai te poser... » dis-tu, histoire de la rassurer davantage, même si elle ne semblait pas du tout inquiète. « Es-tu seule depuis longtemps ? » fut la deuxième question sur ta liste, à côté du titre « célibataire ». Une chance que tu avais tout bien classé avant d'arriver, sinon tu te chercherais encore rendu devant ton interviewée.