Et si on se faisait la parodie de Kinder Bueno ? ▬ Kalel.

On était de retour à Cambridge. La rentrée n'allait pas tarder. Le Summer Camp me manquait déjà. J'avais de très bons souvenirs et puis j'avais fait de supers rencontres. En gros, c'était l'une de mes meilleurs vacances. J'avais même mis une photo de la mer en fond d'écran de téléphone. Même si j'étais - déjà - nostalgique, j'étais content de revenir à Harvard, de retrouver les Winthrops... En ce moment même, j'étais en train de me balader dans Central Square, les écouteurs dans les oreilles et la musique à fond. Je fredonnais l'air, les mains dans mes poches. Je rentra dans un petit magasin, du style supérette et  m'avança vers la caisse. Il y avait une petite fil devant moi, mais j'allais attendre que quelques minutes. Je retira mes oreillettes, m'approchant un peu plus du vendeur. Y avait un type devant une fille blonde - elle, elle était devant moi - qui prenait un temps monstre. Je soupira puis passa devant la fille et le mec. J'peux avoir le dernier paquet de cacahuètes s'il vous plait. Je sortis quelques billets avant de prendre le paquet.

© Kaiji
Pliant et rangeant mon plan miniature du campus dans une des poches de mon short, je regardais autour de moi. Tous les jeunes marchaient dans une direction bien précise, pour aller voir un professeur ou des amis avant la rentrée officielle d'Harvard. Et moi j'étais là, plantée au milieu du campus, sans trop savoir quoi faire; je ne connaissais personne assez bien pour aller la voir, j'avais remplis toute la paperasse officielle et je ne me sentais pas de retourner dans mon dortoir. Je repris ma marche vers un coin encore inconnu du campus. J'arrivai sur une petite place où se trouvait un petit commerce, je ne savais pas comment ils appelaient cela aux États-Unis. Et voilà que je ressentais à nouveau ce sentiment de nostalgie de mon pays natal.
Reprenant mes esprit je rentrais dans la boutique dans l'espoir d'y trouver quelque chose de familier à manger. Je n'y voyais que des marques inconnues, des produits assez effrayants qui semblaient très chimiques quand soudain, je vis un paquet de cacahuètes derrière le comptoir du vendeur, le même qu'en Australie. Me raccrochant à ce petit bout de mon pays, je me plaçais dans la queue derrière un étudiant un peu plus grand que moi, priant pour qu'il ne prenne pas le paquet de cacahuètes. Lorsque ce fut son tour, je l'entendis demander une bouteille d'alcool. Comme une machine, le vendeur lui demanda sa carte d'identité et ce fut le commencement d'un long débat sur l'âge du client. Quelques instants plus tard, je vis un garçon brun, grand et assez baraqué me passer devant et demander le dernier de cacahuètes. Outrée par ce manque de civisme, je pris la parole:

« Nan mais oh! Tu t'es cru où? Le paquet est pour moi, j'étais là avant! Si t'as faim tu fais la queue comme tout le monde et tu prends ce qu'il reste en rayon! »

Ne réfléchissant pas plus, je passais devant l'étudiant buveur d'alcool et poussais d'un coup d'épaule le garçon brun. Ces cacahuètes seraient pour moi et pas autrement! Pour qui il se prenait celui-là? Le roi du monde?

Le gars devant avait la vingtaine, peut-être un peu plus jeune même. Il venait de demander une bouteille de vodka. Et le vendeur demanda la carte d'identité. Sérieux, il peut lui donner. C'est pas comme s'il avait seize ans. Le vendeur prit mes billets, puis une blonde s'approcha de moi.  Nan mais oh! Tu t'es cru où? Le paquet est pour moi, j'étais là avant! Si t'as faim tu fais la queue comme tout le monde et tu prends ce qu'il reste en rayon! J'arqua un sourcil en voyant cette fille me gueuler dessus. Je posa une main sur son épaule touchant le paquet pour qu'elle me le redonne. C'est pas toi qui l'a payé. Il est à moi, n'est-ce pas ? Je regarda le reste de la fil - qui m'avait vu payer. Le jeune à la caisse répondit par un oui et d'autres acquiescèrent. Voilà, les juges ont tranché. Je pris le paquet avant de m'éloigner vers la sortie.

© Kaiji
J'ai cru que j'allais commettre un meurtre! Après s'être mis les témoins de son crime dans sa poche, il partait avec son sourire narquois! Ne baissant pas les bras, je me ruais sur lui et le rattrapais en lui sautant sur le dos, espérant le faire tomber et récupérer le paquet par la suite. Avec mon poids plume, ma méthode "vol à l'arrachée" échoua littéralement.

"LE PAQUET EST POUR MOI SALE AMERLOQUE!" criai-je.

J'étais passée au plan B: lui crier dessus pour q'il abandonne. Redescendant de son dos, je lui bloquais le passage en me plaçant devant lui. De taille inférieure, je bombais le torse, essayant de me faire plus imposante. Au pire si il partait en courant, j'étais plus rapide que la moyenne! M'imaginant tous les scénarios possibles, je me préparais à tout. Après tout, si il avait eu le culot de me doubler et de prendre MES cacahuètes (qui seraient bientôt à moi), il était bien capable de faire des trucs bizarres pour s'en sortir... Soudainement je pensais à l'option "c'est un psychopathe dangereux qu'il ne faut pas énerver". Avalant difficilement ma salive, j'observais l'option "abandonner le paquet" mais ma fierté ne pourrait pas laisser faire ça. Tant pis si c'était un malade mental, je ferai tout pour remporter MES cacahuètes!

"J'attends et je suis prête à attendre toute la journée et toute la nuit alors autant ne pas perdre de temps et me les donner directement! Sinon je te mets à terre! Et mas de la manière la plus agréable pour toi!"

Super, maintenant c'était moi la psychopathe...

J'étais prèt à partir de cette superette avant de sentir quelqu'un me sauter sur le dos. Je m'appuya sur la porte pour pouvoir rester debout. Après avoir retrouvé l'équilibre, je tourna la tête vers la blonde. Nan, mais elle avait pété un cable cette fille. LE PAQUET EST POUR MOI SALE AMERLOQUE! Elle venait pas d'ici cette fille. Heureusement, ça aurait dégradé l'image de l’Amérique. M'enfin, j'attendis qu'elle s’enlever de mon dos pour lui répondre calmement. Du calme espèce de folle ! Pour couronner le tout, la jeune femme me barra le chemin. Oh putain, cette histoire allait durer des heures encore. Vive le retour à Cambridge. J'attends et je suis prête à attendre toute la journée et toute la nuit alors autant ne pas perdre de temps et me les donner directement! Sinon je te mets à terre! Et mas de la manière la plus agréable pour toi Elle me mettre par terre ? Qu'est-ce qu'il fallait pas entendre j'vous jure. Bon elle avait interet à s'enlever de mon chemin celle là. Elle commençait à me les briser. Voyant que le passage était inaxesible, je soupira. La vache, t'y tiens à tes cacahuètes ! J'étais tombé sur une fille déterminé. Dieu qu'est-ce que je t'ai fait. Décidément les supérettes, c'est pas le meilleur endroit pour moi. Bon tu sais quoi, tu vas avoir tes cacahuetes. Ouais bon pas le sachet complet, fait pas déconner. J'ouvris la paquet, le versant sur la paume de la main. Il devait en avoir une quinzaine. Je lui tendis. Ça te va ? J'peux passer maintenant ?

© Kaiji
Haha! Il avait enfin cédé! Il allait enfin me rendre mes cacahuètes! Ma fierté gonfla soudainement, lorsqu'il me tendit le paquet après en avoir pris une quinzaine (je grinçai des dents quand même mais laissais tomber). Le regardant de plus près, je le détaillais. Il était assez beau, grand, musclé avec des yeux verts. Selon son accent il était du Nord-Est des Etats Unis, peut-être habitait-il ici et n'était-il pas un étudiant. Cherchant la réponse à mes questions, je lui demandais après l'avoir remercié d'un petit merci:

"Au fait t'étudies ici?"

Après l'impression que j'avais donnée, il risquait de ne pas vouloir discuter avec moi. Tentant le tout pour le tout (j'avais très envie de me faire de nouvelles connaissances), je me présentais.

"Au fait moi c'est Kalel Johnson, j'suis en deuxième année d'archi ici!"

Attendant sa réponse, je pris une cacahuète et la mangea. C'était pas un de la Lowell, c'était sur. Il n'avait pas un look d'artiste et était au mieux un musicien. La Dunster House? S'il avait eu l'imbécillité de doubler tout le monde dans le magasin pour un paquet de cacahuète, il ne devait pas être très intelligent... Il était bien habillé mais les habits ne semblaient pas assez chers pour qu'il soit des Elitot tandis qu'à cette heure ci les Mather dormaient encore avec leurs soirées arrosées. Surement pas un Quincy vu ce vol de cacahuètes!

"Laisse-moi deviner, tu viens des Winthrop?"

Oui j'avais cédé -l'une des rares fois dans ma vie- mais je tenais à partir de la supérette. Depuis Miami, j'avais peur qu'un type fasse à nouveau un hold up et tire à nouveau sur un de mes amis.Bon là, y avait personne que j'connaissais, mais même. C'est psychologique. La fille se poussa, me laissant enfin sentir l'air de l'extérieur. J'pensais partir à droite pour rejoindre mon appartement, mais la jeune femme engagea la conversation ... sur un ton plus posé. Au fait t'étudies ici ? Je la regarda avec un air interrogateur. Comment elle avait deviné ? Ouais. Elle continua ensuite sur sa lancée. Au fait moi c'est Kalel Johnson, j'suis en deuxième année d'archi ici ! Donc une étudiante à Harvard. Pourtant je ne l'avais jamais vu dans les couloirs du l'université, ni même sur les terrains de sport. Je finis par sourire à Kalel -un p'tit- et pris la parole. Avery Silver, première année de journalisme ! Bon redoublant, mais pas la peine de préciser que j'avais merdé ma première année à cause d'enfoirés. Laisse-moi deviner, tu viens des Winthrop ? Ça se voie tellement ? Ça doit être mon physique et mon côté sûr de moi que je lui avais montré juste avant. Encore juste. Et toi .. umm .. soit dunster, soit lowell, soit cabot ! Elle avait l'air intelligente quoi qu'un peu folle donc dunster. Beaucoup d'étudiant en architecture sont lowell. Et cabot ... nan en faite peut-être pas Cabot vu sa façon d'être. J'pari cinq cacahuetes sur dunster ... ou lowell. Décidement, j'arrivais pas à faire des choix !