(flashback) Au pays des kangourous ✗ Charlinox

'Monsieur Moretti, vous êtes libre. Essayez tout de même de modérer votre consommation d'alcool, vous n'aurez pas la même chance la prochaine fois' Le ton employé était sec et je me sentais tout petit face à ce policier. J'avais hoché la tête, observant le sol. C'était la première fois que je me retrouvais dans cet état. Pour comprendre ce qui s'était passé, il fallait remonter quelques heures en arrière, voire même quelques semaines. Avec Charline, Manàel et Hermès, nous avions décidé de partir un mois en Australie. J'avais 20 ans et la perspective de découvrir un pays comme celui-là m'enchantait. Enfin, nous n'allions pas au pays des kangourous juste pour visiter l'endroit mais surtout pour s'amuser. Nous étions jeunes et probablement plus fous qu'aujourd'hui. C'était sans doute pour cette raison que je m'étais laissé entraîné dans cette discothèque. La musique était entraînante bien que différente de chez nous, et l'ambiance était bonne. J'avais passé ma soirée entre la piste de danse et le bar, où je n'avais eu aucune limite. Cette fois, je n'étais pas joyeux, j'étais complètement ivre. Bon, je tenais encore debout, une chance. Mais j'avais tendance à croire que tout et surtout n'importe qui était un danger. Et comme j'étais l'aîné du groupe, je me devais de protéger Charline et mes frères. On s'était dirigé vers la sortie. Je ne marchais plus très droit, ma vision était trouble, mais j'avais quand même vu le regard qu'avait porté ce groupe de jeunes hommes sur nous. Enfin, surtout sur Charline. Un genre de regard intéressé qui voulait tout dire. Ce genre de regard que j'aurais pu lui adressé si elle n'avait pas été la première fois de Manàel. Et ça, ça gâchait tout. Je n'avais pas le droit d'être attiré par elle, par respect pour mon frère. Alors, je disais simplement que je la considérais comme ma petite soeur, comme avant que je ne la retrouve pour ce voyage. Mais je m'égarais. Ces regards insistants ne me plaisaient pas et ne me rendant pas compte du danger potentiel, j'avais provoqué la bagarre. Bien entendu, c'était la première fois que je me bagarrais et je manquais donc sérieusement de technique. De plus, ils étaient plus nombreux que nous quatre réunis. J'avais senti le goût du sang dans ma bouche puis deux mains qui m'avaient écartés. Et je m'étais retrouvé sur une chaise dans une salle d'interrogatoire de la police du quartier. Ils avaient vite compris mon état et j'avais fini ma nuit dans une cellule de dégrisement. Plus tard, j'avais appris que les australiens n'avaient pas décidé de porter plainte et que par la même occasion, j'étais libre. Je n'étais pas fier de mes réactions, moi qui était censé être le grand frère protecteur. Et je fis encore moins le fier quand je vis l'état de ma tête. Je n'étais pas beau à voir, alors là pas du tout même. J'envisageais déjà les moyens de camouflage mais ils étaient peu nombreux. J'étais donc rentré dans notre petit appartement, qu'on avait loué à un propriétaire du coin. En tournant la clé dans la serrure, j'essayais de trouver des excuses. Mais c'était dur d'être plausible, surtout qu'à présent l'alcool ne coulait plus dans mes veines. Personne ne semblait encore réveillé alors je m'étais dirigé vers la cuisine, à la recherche d'un jus de fruit et d'une aspirine. Ma tête cognait. Et alors que je fouillais la pharmacie, je me demandais lequel de mes colocataires allaient se lever le premier.