L’Angleterre, quel magnifique pays, et notamment l’Ecosse, cette région qui m’a vu naître. Je fus le petit rayon de soleil entre les gouttes de pluie, ce 11 novembre de l’année 1987. Enfin je ma naissance fut des plus normales qui soit donc il n’y a pas grand-chose d’intéressant à dire là-dessus, excepté le fait que les jours qui suivirent ma naissance furent la rare et courte période où j’ai eu un peu d’attention de la part de mes parents. Par la suite, je fus très vite confiée à de multiples nourrices du fait de l’emploi du temps surchargé de mes parents, respectivement grand politicien anglais pour l’un et avocate de renom pour l’autre. Concilier leurs carrières et leurs vies de famille ne fut pas chose aisée pour eux et ce fut bien moi qui devait pâtir de tout ça ainsi que mon petit frère, venu au monde 3 ans après moi. Heureusement que je l’avais lui, la seule famille sur qui je pouvais vraiment compter, le seul à qui je pouvais me confier. Soudés comme les deux doigts de la main c’est ce que nous étions, en même temps il fallait bien l’être quand nous vagabondions à travers tout le Royaume-Uni jusqu’à ce qu’on se pose à Londres durant quelques années lorsque notre père à accéder au poste de premier ministre anglais, ce qui signifiait bien évidemment beaucoup moins de temps avec nous, sauf lors de soirées officielles et encore il les passait avec ses confrères plutôt que ses enfants âgés de moins de dix ans. Heureusement que je suis une fille sociable qui se fait facilement des amis sinon j’aurais été bien seule dans mon enfance et mon adolescence qui commença en Australie, encore un nouveau changement dans ma vie. Agée de seize ans, je m’envolais pour le pays des kangourous étant donné que mon père avait démissionné de son poste mais fut nommé ambassadeur anglais en Australie. Un nouveau pays mais qui ne me dépaysa pas tant que ça, il faut dire que la culture est à peu près similaire, même langue, il y a juste le soleil en plus et je ne vais pas être mécontente de cela au contraire. Je n’ai eu aucun mal à m’intégrer dans cette immense ville qu’est Sidney, également dans ce nouveau lycée privé. Malgré mon statut de nouvelle, ma popularité grimpa très vite en flèche, je pense que je dois cela à mon naturel et à ma joie de vivre, il faut dire que je parlai très facilement à tout le monde, fille ou garçon. En parlant de cela, j’ai également trouvé le grand amour, celui qui vous rend plus belle chaque jour, qui vous fait vibrer et qui vous rend toute chose. Eric, le capitaine de l’équipe de football, je vous laisse imaginer le fait que nous étions le couple le plus suivi du lycée mais cela ne nous a jamais monté à la tête, nous étions jeunes et profitions de tous ces bons moments passés à deux. Enfin bon ce n’est pas parce que nous étions ensemble que nous en avions oublié nos amis au contraire, Eric a appris à connaître mes amies et moi les siens et notamment son meilleur ami Aaron. Le jour où j’ai fait la rencontre de ce dernier, j’ai su que ma vie allait basculer, en bien ou en mal, je ne le savais pas encore. Au fil du temps, je passai beaucoup de temps avec Aaron, et sans vraiment savoir pourquoi, mon cœur a commencé à balancer entre les deux amis. J’aimais Eric, de tout mon être, il me rendait heureuse mais Aaron avait ce je ne sais quoi, ce truc en lieu qui faisait qu’à ses côtés, mon cœur s’emballait toujours. A jamais je souviendrai du jour où j’ai posé mes lèvres sur les siennes. Je savais que ce que je faisais était mal, et pourtant, ça ne m’as pas empêché d’aller plus loin, à savoir tromper mon copain avec son meilleur ami. Hélas il y a certaines choses qu’on ne peut pas contrôler, et notamment la passion dévorante qui m’habitait lorsque j’étais avec Aaron mais aussi l’amour certain que j’avais pour Eric. Il m’était impossible de choisir pour la bonne raison que je ne voulais blesser aucun des deux et encore moins les perdre tous les deux. J’étais entré dans ce cercle vicieux où deux hommes partageaient ma vie sans que le premier n’ait connaissance de mes tromperies. Je n’aurais jamais pensé que l’amour était une chose si compliqué que ça mais il faut croire que si et à faire de mauvaises choses, on s’en mord très vite les doigts. Dieu m’a puni, je m’en souviens très bien de ce jour où je fêtais mon diplôme avec Eric, Aaron, des amis et bien d’autres personnes. L’ambiance était à la fête, à l’alcool et tout ce qui va avec. S’amuser ne fait jamais de mal à personne sauf ce jour précisément. Aaron s’était éclipsé et je l’avais vite retrouvé dans une des chambres de la villa où la soirée était donnée. En fait j’avais eu envie de lui dire qu’il serait temps de dire la vérité à Eric, pour la simple et bonne raison que je ne pouvais plus vivre avec cela sur le cœur mais au lieu de ça, nous avions fini comme à notre habitude à nous lancer dans une partie de jambes en l’air qui se stoppa très vite quand Eric finit par nous surprendre. A ce moment je ne savais plus où me mettre alors qu’il nous traitait de tous les noms impossibles et inimaginables. Il finit par nous claquer la porte au nez et prendre fuite. De longues minutes, je restai le regard vide et toute tremblante avant qu’Aaron ne me dise qu’il serait mieux pour tout le monde de partir de la soirée. Je rentrais à pied chez moi, le cœur lourd de remords de ne pas avoir eu le cran nécessaire de parler à Eric avant ce drame. Je n’avais pas pu dormir de la nuit et le réveil fut bien dur lorsqu’Aaron m’appela, des sanglots dans la voix, pour m’annoncer qu’Eric était mort la vieille dans un accident de voiture. Je tombai des nues, peut être que l’alcool était responsable de cet accident mais je me sentais tellement coupable. Il faudrait être idiot pour ne pas savoir que ce qui l’avait poussé à boire et ensuite prendre le volant était de m’avoir vu dans les bras d’Aaron. Après avoir trompée mon petit ami, voilà que je suis responsable de sa mort et que je devrais vivre avec cela à jamais sur ma conscience. Le jour de ses funérailles, les larmes coulaient sur mes joues rouges et je n’avais pas eu le courage d’adresser un seul mot à Aaron, afin de ne pas manquer de respect à Eric et j’avais besoin de temps pour repenser à tout ça. Peut être qu’un jour j’arriverai à me confier à mon amant hélas ce dernier avait décidé de prendre la poudre d’escampette, de me laisser seule avec mes remords. Je n’aurais jamais cru qu’il déciderait de m’abandonner si vite seulement quelques jours après la tragédie que nous venions de vivre. Depuis ce jour, je n’avais plus gout à la vie, je me renfermais sur moi-même, n’osant même plus regarder mon propre reflet dans le miroir, je me dégoutais de moi-même, de la tournure que prenait ma vie Tout mes proches ont eu cette fantastique idée de s’éloigner de moi. A croire que je ne suis pas aussi appréciée que cela, que je ne compte pas tellement aux yeux des autres. Durant des mois, j’ai eu des pensées sombres comme celle-ci, pensant que jamais ma vie n’était qu’un gouffre interminable. Ce qui me ramena à la réalité fut la connerie de mon petit frère, je n’avais pas veillé sur lui lors de ma descente aux enfers, alors que j’étais sa seule famille et pour le coup il s’est retrouvé à fréquenter les mauvaises personnes, les mauvais lieux, à consommer de la drogue et à dealer de grosses quantités jusqu’au jour où il a fini par se faire attraper par les flics. Ma mère a eu beau prendre sa défense, la case prison était inévitable pour lui, une fois de plus je m’en suis voulu à moi-même. Mais on apprend de ses erreurs n’est ce pas… C’est suite à tout cela que j’ai repris ma vie en main. Je suis redevenue cette fille terre à terre, qui n’a que faire de l’opinion des gens. Après tout je suis une fille libre, je n’ai pas besoin de l’avis des gens pour faire ce qui compte pour moi. Prendre mon destin en main, voilà ma devise et je compte bien l’appliquer pour le futur chapitre de ma vie et pour cela je dois traverser un océan afin de rejoindre Harvard, mais surtout mon amour perdu, du moins celui que j’ai laissé échapper. C’est lorsque je l’ai entraperçu dans les rues de Sydney, la dernière fois, que j’ai su que malgré tout ce qu’il a pu me faire endurer suite à son abandon que jamais je ne pourrais l’oublier. Je ne sais pas vraiment s’il a envie de me revoir mais je tente le tout pour le tout, et suite aux informations de nos amis communs, j’ai pris le premier billet d’avion pour Cambridge, espérant de tout cœur qu’il n’a pas tiré un trait sur moi.