Onze mois avant aujourd'hui.
« Jolie blonde, raconte-moi encore…» Dit-il en passant sa main sur ma joue. « Arrête ça, Logan... » Sa main glisse vers mon menton, doucement il m’attire à lui et m’embrasse. Je le laisse faire. Les draps couvrent à peine son corps. « Juste une dernière fois… » Dit-il d’une voix suppliante. Je me love contre lui, comme une enfant. « Mais tu la connais par cœur !» Je me penche vers lui et souris. C’est fou comme son sourire peut me faire faire n’importe quoi. J’en suis totalement dépendante. « Bon… ok …Alors, je suis née la nuit du réveillon de noël 1993, six minutes après Anna ma soeur, au « Palais de la Zarzuela ». Je suis la seconde fille de Felipe de Borbón, prince des Asturies et héritier du trône d'Espagne, et de son épouse Letizia Ortiz. Par mon père, je suis la petite-fille du roi Juan Carlos Ier et de la reine Sofía d'Espagne. Membre de la famille royale d'Espagne, j’arrive en deuxième place, après mon père, dans l'ordre de succession au trône de mon pays. J’ai pour titre complet « Son Altesse royale l'Infante d’Espagne Maria Eloïse Léandre Sofia Julia de Todos los Santos de Borbón Ortiz ». Je suis surnommée Ria ou encore « Pequeña princesa » (petite princesse) par mes proches. » Je lève les yeux vers lui. Il boit mes paroles comme à chaque fois que je lui raconte mon histoire. « Eduquée par un précepteur Anglais, tout comme ma sœur Anna, nous parlons dès notre plus jeune âge anglais et espagnol. A nous deux, nous nous faisons appeler « La Petite Paire » par la famille car nous sommes très souvent ensemble et partageons la même chambre. Jusqu’à mes 11 ans, je suis connue pour être un garçon manqué. Enfant espiègle, taquine, bruyante, active, fougueuse, et souriante. À l'inverse de ma sœur, mon comportement n'est guère « princier ». J’ai d'ailleurs longtemps supplié sa mère, sans succès, de me scolariser dans une école privée afin de me faire des amies. Refusant de pratiquer la langue grecque de mon père, j’aime cependant discuter en anglais avec son précepteur. Ce schémas dure environ jusqu’à mes 11 ans, lors de l’attentat du 11 mars 2004 à Madrid. Alors que notre nourrice, Calida, nous emmène avec elle à 7 h 35 dans la gare « El Pozo del Tío Raimundo » pour aller chercher notre précepteur par pure courtoisie, la première bombe explose...
La foule s’active dans la gare. Je reste sur le quai sans bouger. Je vois défiler les gens. Toute sorte de gens. Je m’imagine ce que doit être leur vie. Tiens le monsieur là, avec des lunettes et une moustache, c’est un artiste raté, reconvertis dans la comptabilité. Et puis la dame avec la robe rose et plein de maquillage, on lui à un jour dit qu’elle avait un petit quelque chose de Barbie et ça lui ai monté à la tête. Il y a aussi le jeune homme avec la moitié des cheveux rasé et verts ; quand il sera vieux et qu’il regardera ses photos de jeunesse, il regrettera sa coupe. La vie défile devant moi. « - Pequeña princesa, que faites-vous ? Venez avec nous, je préfère pouvoir vous avoir à l’œil. » Je cours rejoindre Calida et Anna. La vie défile. Anna sourit. Des cris fusent derrière moi. Calida hurle. La vie défile. Anna ne sourit plus. Une déflagration. Je tends la main vers elle. Je tombe. La mort file. Plus rien.
…Ma nourrice, ma sœur et moi sommes projetés sur plusieurs dizaines de mètres avant de retomber sur le sol. Anna et Calida meurent sur le coup, écrasées sous les débris ; quant à moi, je me frappe violemment la tête avant de perdre connaissance. A mon réveil, je suis à l’hôpital. 3 mois de comas. Un homme m’a sauvée avant que je n’ai de plus grave séquelles. Devenue amnésique à la suite de l’attentat et confondue avec une petite fille me ressemblant grandement, je suis devient : « Avery Esperanza Ezéquiel » ; personne ne suppose que je puisse être l’infante Maria. » Il passe délicatement sa main dans mes cheveux. Je continu : « L’homme en question dit être mon tueur légal depuis 6 mois, lors de la mort de mes parents… mais je ne peux le contredire. Je ne me souviens de rien. Alors je suis le mouvement. Devenue Avery, je suis transférée de foyers en foyers. Je grandis, vais à l’école, me fais des amies. J’ai enfin une vie normale. » Je souris ; un sourire involontaire mais qui veux tout dire. « Jusqu’au débat sur l’éventuelle survie d’une des deux infantes suite à des déclarations contradictoires des journaux et de la confusion ayant régné pendant les opérations effectuées pour retrouver les corps. Un trouble profond s'installe en Espagne. Lors d'un interrogatoire, un soldat ayant participé aux fouilles certifie qu'il manquait un corps à côté de celui de la nourrice et d’Anna avant que quelqu’un trouve plus loin celui de « Maria » ; et que pendant le chemin, il aurait entendu des gémissements de fillette. A partir de ce moment-là, la famille royale ne pouvant exhumés, puis identifier par une analyse ADN le corps de leur soi-disant « Maria » car trop bruler, dit rechercher l’éventuelle Infante survivante. Ma famille. Me cherchant. De là débarque alors des usurpatrices des quatre coins du monde ; mais aucune ne résistent aux tests ADN effectuer sans prévenir les jeunes femmes, à la fin de chaque séances. Quant à moi, ça ne m’intéresse pas trop ; je pense ne vraiment rien avoir avec l’Infante Maria. Mais Azelle, une jeune fille dans le même foyer que moi qui dit être certaine que je suis cette enfant, d’après elle tout coïncide…
« Mais bordel Avery, regarde les choses en face ! Comment ça se fait que tu ne te souviennes plus de rien depuis ton réveil à l’hôpital à cause de l’accident ? Hein ? » Je soupire et secoue la tête. « Azelle ! On en a déjà parlé ! Je ne me souviens de rien parce que je me suis violement cogné la tête ! » Elle me fait un regard de tueuse. « ouai ouai… et comment t’explique parler si facilement anglais ? » Je râle. « Je me souviens de rien Azelle ! Mes parents devaient être bilingues.» Elle descend du lit et se met debout face à moi. « N’importe quoi ! On t’a abandonné à la naissance ! Du moins, c’est ce qui est arrivé à la vrai Avery… » Je me lève à mon tour. « Tu divague complétement ! » Elle rit. « Et pour ce que tu vois en rêve, hein ? Les bals somptueux, la petite fille qui te ressemble… » Je prends ma tête entre mes mains. « Ce ne sont que des cauchemars Azelle ! »
…m’obtient un entretient avec les représentants de la famille Royale. N’ayant rien à y perdre et voulant lui faire plaisir, j’y vais...
« Tu vas voir, je n’ai rien de L’infante Maria ! » dis-je en chuchotant à l’intention de mon amie. « Une promesse est une promesse Avery ! » me dit-elle. Une jeune femme blonde ayant la taille mannequin, vêtue d’un chic tailleur noir, entre dans la salle d’attente. « Mademoiselle Avery Ezéquiel ? C’est à votre tour. » Je me lève et foudroie Azelle du regard. Elle sourit. On me conduit jusqu’à la salle d’« audience ». Une vielle femme et un jeune homme sont assis autour d’une petite table en train de boire du thé. Tous deux discutent. Le jeune homme relit ce qui ressemble à des notes et la vielle femme se réfère à un trombinoscope. Je me racle la gorge. Tous deux lèvent la tête et me font signe de m’assoir. « Très bien très bien » dit la femme d’une voix suraigüe presque stridente. « Quel est votre nom ? » Je m’assois. « Avery Esperanza Ezéquiel » Du bout des doigts, elle cherche ma photo. « bien bien, 16 ans, c’est ça ? » J’hoche la tête. Le jeune homme prend la parole. Il est d’une élégante beauté. Ses cheveux de jais, coiffés vers l’arrière, sont d’un contraste étonnant avec le vert pâle de ses yeux. « Donc, dites-nous pourquoi pensez-vous être l’infante Maria ? » Je me remets droite dans ma chaise. « Non enfaite, je suis ici sur ordre de ma meilleure amie. En fait voilà, le 11 mars 2004, j’étais donc dans la gare « El Pozo del Tío Raimundo » avec mon tuteur pour aller chercher sa femme, la bombe à exploser et je ne me souvenais plus de rien quand je me suis éveillée à l’hôpital. Je ne me souviens toujours pas d’ailleurs. Avec ça, elle trouve la coïncidence forte surtout que pour elle, je ressemble à la princesse. Alors voilà, faites en ce que vous voulez. » Le jeune homme écrit sans faute tous ce que je viens de dire. Après ça ils me prélèvent du sang et me laissent partir.
…Avec la plus grande surprise, je reçois deux mois plus tard, une invitation royale de la Reine Sofia et son fils Felipe à passer un entretient avec eux. Ne pouvant (et ne voulant) discuter les ordres royaux, je m’y rends ; mais seule cette fois…
« Entrez ma chère ! » dit la Reine derrière grande porte, face à moi. Mon cœur bat tout rompre. Du bout des doigts je remets en place ma petite robe rouge. Je me demande à quoi ils s’attendent. Peut-être à une jolie fille correspondant à tous les atouts princiers ? Si ç’est ça, ils vont être déçus. Ils vont trouver une jeune rebelle habillée à la friperie du coin qui a toujours détesté les barbies et qui préférait le Roi lion aux princesses Disney. Je pousse la porte et entre. Leurs regards se braquent sur moi. J’esquisse une révérence maladroite avant d’aller m’assoir avec eux. « Avery Esperanza Ezéquiel, c’est bien ça ? » J’hoche la tête. « Vous savez pourquoi vous êtes là ? » Je fais non de la tête. « Pensez-vous réellement être l’Infante Marie ? » Je ris à mes dépends. « Non, non, bien sûr que non ! » Le prince Felipe me regarde fixement ce qui me met mal à l’aise. La Reine n’a pas l’air de remarque ça, et continu. « Sinon, aimeriez-vous être une princesse ? » je la regarde fixement, sa question me parait étrange. « je n’y ai jamais vraiment penser mais, enfin… je pense que toutes les orphelines rêvent d’être princesse… » Elle m’adresse alors un regard incompréhensible et dit : « Il y a quelques mois, vous avez passé un test et suite à la demande d’une amie. » J’acquiesce. « Qu’avez-vous répondu à la question : comment avez-vous fait pour survivre à l’attentat ? » Je pince les lèvres et déglutit. « Je… j’en sais rien, j’ai fait ça pour faire plaisir à mon amie… mais d’après elle j’ai été confondu avec une autre petite fille… » La reine pianote du bout des doigts sur la table. Le prince Felipe quant à lui, est tendu au possible. « Et bien je ne vais pas y aller par quatre chemins mais le test ADN s’est révélé positif ; vous êtes donc l’Infante Maria Éloïse Léandre Sofia Julia de Todos los Santos de Borbón Ortiz. » Je m’étrangle et reste paralysée. « Ma chère, vous êtes toujours là ? » Plus franche tu meures. « Je… oui...j’… » La reine soupire. « A partir de Lundi prochain au matin, 8h, vous allez venir vivre avec nous au Palais. Vous allez suivre un apprentissage spécial et… » Je la coupe. « Non mais attendez un peu là ! Je ne peux pas être « princesse » où je ne sais pas quoi moi !? Je suis une gamine à peine mature !» La reine hoche la tête. « Bien, nous allons vous raccompagner et vous laissez penser à tout ça cette nuit. »
…Ils me posent d’abord des questions auquel je ne peux répondre et m’explique après que le test ADN s’est révélé positif… Dans ma tête tous s’embrouille d’un seul coup. Et comme prévu, la semaine suivante le déménage au « Palais de la Zarzuela ». J’ai eu beaucoup de mal à m’habituer à cette vie, ç’est tellement étrange d’avoir une famille… enfin bref, à la rentrée, j’entre à Harvard sur la demande de ma grand-mère.» Je ris. « Et puis, je te rencontre, toi le jeune boxeur venu à Harvard à cause de l’ambition de son père voulant le voir avocat et non boxeur, mais qui fait des combat clandestins… D’ailleurs je veux que tu arrêtes ça ! » Il sourit. « Et toi continu ! » dit-il. Je me love contre lui. « Je tombe amoureuse et m’installe avec toi l’année qui suit dans ton bel appartement.» Sur ce je me redresse et passe au-dessus de lui pour l’embrasser. Du bout des doigts, je caresse les traits de son visage. Son téléphone vivre. « C’est eux, hein ? Logan, ne me dit pas qu’il y a un match ce soir… » Je le regarde durement. « Avery , tu sais très bien que je… » Sur ce je me lève et commence à enfiler mes vêtements. « Je viens. » Il se redresse brusquement. « Attend, quoi ? » je ferme le bouton de mon jeans. « T’as très bien entendu. Je viens. » Logan se lève et me prend par les épaules. « Non mais Avery, c’est… enfin… ce n’est pas un endroit pour une princesse…» J’enfile ma chemise et le regarde dans les yeux. « Tu n’as pas le choix, Logan. » il enfile à son tour ses vêtements. « Ok, ok. »
Quelques minutes plus tard, je monte dans la voiture. Logan met la clé dans le contact et sous les lumières nocturnes de Cambridge, nous partons. J’ai le cœur qui bat à cent à l’heure. Je ne sais pas vraiment pourquoi. L’excitation de voir un bout de sa vie après lui avoir raconté des centaines de fois la mienne peut-être. C’est fou comme il me suffit d’une chose simple pour faire mon bonheur. Je regarde la route. Je n’ai aucune idée d’où nous allons. A côté de moi, je le vois tendu, les mains crispées sur le volant. Je pose alors ma main sur la sienne et le voit se détendre. Je pose ma tête sur son épaule et me laisse bercer. Quelques rues plus loin, la voiture débouche dans un hangar désaffecté mais visiblement bondé. Les lumières fusent de partout et la musique est si forte que je m’entends à peine parler. Logan descend donc et m’attrape par la main pour me guider. Il croise un tas de personnes qu’il connait avant même d’être entré. Dans le hangar transformé en salle de boxe, il se dirige vers un coin réservé aux boxeurs de la compétition et me demande d’aller me trouver une place le temps qu’il se prépare. Je me balade donc entre les parieurs, supporteurs et autres amateurs de violence. Je me trouve rapidement une place au premier rang, non loin d’un parieur qui hurle à tue-tête. Je me dirige vers lui. Je crie : « 50 dollars sur Logan Carter. » Il rit aux éclats. C’est un grand mec, peut-être 1m90, la peau foncée avec les yeux verrons. Il me sourit, un sourire vicieux qui me laisse apercevoir ses dents en or. Il tourne autour de moi comme un charognard et fini par dire : « t’es nouvelle dans l’coin toi… les paris commencent à 100 dollars, chérie. » Je souris à mon tour ; ce n’est pas comme si j’en manquais des billets de cent. Je lui lance un sourire narquois avant de dire ; « Ok, 100 dollars, alors. » et sur ce, je tourne les talons et retourne a ma place. La musique d’entrée démarre. Un « présentateur » si on peut appeler ça comme ça avance sur le ring et se met à crier : « Vous allez bien ce soir ? » la foule répond. « Tant mieux parce-que vous allez en prendre plein les yeux ! En match d’ouverture, un inconnu ne voulant pas révéler son nom, contre le fameux : Logan Carter ! » Les cris fusent dans la salle. Je siffle et tape dans mes mains. L’excitation est à son comble. La musique change et les deux boxeurs montent sur le ring. Logan, torse nu et avec juste un jogging est sexy au possible. L’inconnu quant à lui, me donne une impression de déjà vu, mais c’est peut-être juste une coïncidence. Logan me fait rire, il est en train de se pavaner à donner des coups dans le vide en guise de « démonstration ». Les coups de cloches retentissent et c’est parti. Le combat commence. Logan engage avec une droite bien placée mais l’inconnu se défend avec un uppercut du bras gauche. Je m’en mords les doigts de le voir se prendre des coups, j’aurais jamais dû venir. Mais il se défend d’un Crochet gauche qui fait tituber son adversaire. Logan en profite donc pour enchaîner les coups. Coup de poing en revers. Coup de poing circulaire à mi-chemin entre un direct et un crochet. Coup de poing circulaire. Environ quatre coups directs du poing droit. Il est magnifique. On dirait qu’il est possédé par quelque chose de plus grand que lui. . Logan met K.O son adversaire, même pas de quoi faire un second round. Heureuse de sa victoire, je me lève et pousse un cri de joie. Lui, les bras levés, fiers tourne sur lui-même au milieu du ring en regardant la foule l’acclamer. Je ne l’ai jamais vu dans cet état. On dirait un autre homme, vraiment. Mais comme pour éloigner mes doutes, il vient à ma rencontre et me prend dans ses bras.
Quand Logan est finalement prêt et que j’ai récupérer mes 100 dollars, je décide d’aller fêter ça en l’invitant au restaurant, même si on va avoir du mal à trouver quelque chose à cette heure-là. Nous nous dirigeons vers la voiture, main dans la main, de nouveaux souvenirs pleins les yeux. Quarte hommes sortent alors de nulle part. Le premier, petit et trapu à l’air de mener ses acolytes vers nous. « Logan, mon ami ! » dit-il. Je soulève un sourcil et regarde Logan. « Je suis pas ton ami… » Répond ce dernier. Le petit homme s’avance vers nous. « Justement, si t’était mon ami, tu m’aurais déjà rendu mes 10 000 dollars ! » Il attrape Logan au col. Je pousse un cri de surprise. Logan me fait signe de reculer. Je ne bouge pas. Il me pousse alors derrière lui. « La semaine prochaine, j’l’aurais ton blé ! Je n’ai qu’les 500 de ce soir-là… » Le petit homme claque des doigts et lâche Logan. « J’ai plus le temps d’attendre l’ami. J’suis désolé. » Les trois hommes l’accompagnant se ruent sur lui. Ils le frappent comme des fous. Je crie. « Lâchez-le ! Mais lâchez le je vous dis ! » Mais c’est comme si je parlais dans le vide. Ils continuent, encore et encore. Logan ne peux se défendre, ils le tiennent de sorte à ce qu’il ne puisse pas se dégager. Je cherche mon téléphone dans mon sac. Voyant que je m’agite, le troisième homme se dégage du lot pour venir me faire taire. Je ne réfléchis plus, sur le coup de la peur, je sors de ma botte le canif que je garde toujours sur moi en cas d’urgence. Le gras s’approche de moi et je lui plante le couteau dans ventre. Il crie. J’enfonce encore plus le canif mais l’autre gars ne lâche pas Logan pour autant. Je crie alors à mon tour. On vient de me tirer une balle dans l’épaule. Je souffre le martyre mais l’adrénaline est plus forte. Je me retourne donc et observe le petit homme sourire. Je perds du sang. Le son m’arrive le loin. La vie parait ralentir. J’entends un bruit sourd en écho. Logan s’effondre. J’hurle son nom. Leur tâche étant terminée, les quatre hommes nous abandonnent là pour monter dans une jeep flambant neuve. J’hurle encore et encore son nom. Il reste allongé. Ne dit rien. Ne bouge pas. J’ai peur de lui. J’ai peur qu’il m’en veuille. Je ferme les yeux. Je suis prête à exploser mais n’arrive même plus à articuler autre chose que son nom. « Logan… » Mais ça ressemble plus à un gémissement maintenant. Je pose me tête contre lui. Il pleut. Je pleure. On dit que l'amour est le sentiment le plus expressif qui soit ? le seul sentiment qui réussisse à nous faire planer, à nous faire sentir bien ? Mais on a aussi oublié de nous préciser que l'amour pouvait créer d'autres sentiments : le manque, la souffrance, la colère, la tristesse. Bien qu'il puisse aussi déclencher de la joie, l'amour peut faire souffrir. Je lève les yeux vers lui, les larmes prêtent à couler à nouveau, simplement retenues par l’espoir de voir ses beaux yeux se r’ouvrir. Je compose le numéro des urgences. Trois bips, ils décrochent. « Le Hangar désaffecté n°6, Cambridge Est, le parking derrière, une jeune femme avec une balle dans l’épaule et un jeune homme… battu à mort… vite. » Je laisse le téléphone allumer. « On arrive. » Je reste en ligne. Je donnerais tellement pour remonter le temps. Je le regarde, les yeux ronds de rage. « Tu crois vraiment pouvoir te barrer comme ça ? Sans un mot, sans une explication ? Tu n’as pas le droit Logan ! Tu m’entends ? Tu m’entends ? Si tu m’entends écoute moi bien ! Je ne te donne pas la permission Logan, tu n’as pas le droit de partir ! Logan tu vas avoir un gosse tu l’entends ? Un gosse avec moi ! Un gosse qui à besoins de son père ! Qui à besoins de toi, tu comprends ?! Pas d’un autre, de toi ! Et moi ? Arrête d’être égoïste, pense à moi ! Je fais quoi sans toi, hein ? Je fais quoi ? Je ne peux pas vivre sans toi ! Tu fait quoi là ? Tu nous fais quoi ? Répond Logan… répond ! … LOGAN ! » Il pleut. Mon grand imperméable bleu cache à peine mon tremblement. «C’est de ta faute, tu aurais dû l’empêcher de venir ici.» répète ma conscience, cette salope de rang mondial qui a toujours raison. Pourquoi ? Hein ? Pourquoi j’ai ouvert ma gueule, une fois de plus ? Il vas vivre. Oui. Putain elle est passée où la conviction là ? Elle aussi elle s’est fait la malle pour éviter les représailles ?! J’en ai marre. Je veux encore l’aimer et être en extase devant son sourire. Je veux encore les regarder, voir ses yeux, ses jeux de lumières impossible à reproduire. Je veux encore sourire en voyant les milliers d’expressions de son visage. Je veux encore aller prendre l'air avec lui, les soirs où les étoiles brillent de mille feux dans le ciel. Voir des jolies étoiles filantes et faire des vœux en pensant naïvement telle une gamine de 5 ans que mon vœu se réalisera. M'allonger dans l'herbe et être pensive. Je ne veux pas être là, quasiment allongé sur le goudron, sous la pluie, entrain de pleureur toutes les larmes de mon corps parce que je n’ai pas d’autre choix. Je veux penser à tous pleins de choses. Des positives et des négatives, mais je pencherais plus pour les positives. Parce que j'ai appris dans la vie à toujours positiver, relativiser quel que soit la situation. Mais là… là. La sirène des pompiers retentit.