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- Ça faisait une semaine que j'étais comme ça. Une semaine que je ne mangeais presque rien, que je n'étais pas revenue à l'université, ou que très rarement. J'avais déserté la maison des Eliots, j'avais tout quitté, je ne sortais même pas en ville. J'avais trop mal pour ça, j'avais beaucoup trop mal pour sortir, je ne voulais pas le croiser, de peur de m'évanouir, de peur de pleurer encore plus devant les gens, je ne voulais pas montrer cette blessure, une blessure qui me paraissait mortelle. J'avais mal, j'avais trop mal. Je ressentais le besoin de crier, et je n'arrêtais pas. Chaque jour, je criais dans ma chambre, cassait ce qu'il pouvait passer sous mes mains. A chaque fois, les pauvres majordomes devaient passés dans ma chambre pour nettoyer mon saccage, nettoyer ce que j'avais encore fait. Mes parents étaient alarmés par ma détresse, je le savais, ils passaient tous les cinq minutes dans ma chambre, me questionnait, et je restais silencieuse. Je n'avais pas envie de leur parler à eux, je n'avais qu'une envie, qu'on me laisse seul. Toute la journée, je ne faisais que le trajet chambre/cuisine, pour prendre à manger, pour manger plus que la raison ne m'autorisait. C'était d'ailleurs nouveau d'aujourd'hui, je m'empiffrai, j'avais besoin de décompresser. J'avais pris l'énorme pot de glace à la fraise, celui qui faisait au moins deux kilos.
- « Chucky Chérie, tu ne peux pas continuer comme ça! » m'interpellait-elle lorsque je revenais dans ma chambre.
« Pitié, lâches moi, M'man. Tu saoules. »
« Oh mais... Henry! Fais quelque chose! Tu la laisses me parler comme ça?! » disait-elle en se tournant vers mon père.
« Oh pitié, M'man, t'as pas quinze ans! Mêles toi de ce qui te regarde! »
« CHUCK ! »
« Laisse. » dit-il à ma mère, en posant sa main sur son épaule pour la faire taire, et me laisser tranquille.
Je remerciais mon père du regard, lui avait comprit que je n'avais pas envie de leur parler, que si je voulais leur parler, je n'avais qu'à le faire, sinon, j'étais une grande fille. Il me regardait, en me disant d'un simple regard « Passes une bonne nuit, reposes toi bien » en espérant que le lendemain, que j’aille mieux. Je ne savais pas si je me rêverais en forme, mais je savais que le pot de crème glacé allait sûrement y passé pour que je puisse aller mieux, du moins, c'était une tentative banale. Je retournais alors dans ma chambre, alors que mes parents, eux, partaient se coucher, j'entendais ma mère gronder mon père de l'avoir empêcher de me parler plus que ça. Pour ne plus les entendre, j'allumais la télévision, et m'allongeait dans mon lit, me lassant déjà de ce qu'il y avait, je ne touchais même pas à ma glace, j'étais lasse, je n'en voulais déjà plus. Car, rien ne pouvait combler ce vide en moi, ce gouffre dont les parois étaient tâchés par le sang que mon cœur laissait sortir, par cette douleur lancinante... J'avais besoin de tout sortir, j'avais besoin de quelqu'un... Je prenais mon portable, il était déjà vingt deux heures. J'envoyais un sms à Read, l'ange Read. Certes, je le connaissais depuis un petit moment, on était pas spécialement intime lui et moi, on se fréquentait depuis qu'il m'avait sauvé, mais c'était le seul envers qui je pouvais me tourner, le seul qui ne voyait pas en moi la sale garce, qui voyait pas que ça. Pour la première fois depuis que j'avais vu Eden, je souriais, ça me faisait plaisir qu'il vienne, c'était la seule chose qui me faisait plaisir depuis.
Pendant ce temps-là, je partis vers la salle de bain, pour me doucher. Je m'étais pas lavée depuis... trois jours au moins. Je sentais le chacal, ce qui n'était pas très charmant. La femme de ménage entrait dans ma chambre, sur ordre de mes parents, croyant que je dormais. Je la regardais, en soupirant et lui demandait de changer les draps pendant que je prenais ma douche, qu'ils soient propres et qu'elle prépare quelque chose à boire pour deux personnes. Je m'en foutais de ce qu'elle pense, je voulais juste qu'elle fasse ce que je dise. Je pris une longue douche bien chaude, apaisant mon esprit si torturé. Je ne mis pas longtemps à m'essuyer et me mettre en pyjama, et je mis un peignoir en soie pour me couvrir. La femme de ménage venait de finir mon lit, et sans m'occuper d'elle, je descendis les escaliers, m'asseyant sur la dernière marche.
C'est alors que j'eus le signal de sa présence, il me prévenait. J'appuyais sur le bouton pour ouvrir le portail, et sans attendre qu'il arrive jusqu'à la maison, j'ouvris la porte et courait jusqu'à lui, le prenant dans mes bras, presque violemment, on avait faillit tomber par terre.
- ▬ . Oh Read...
A peine étais-je contre lui, que la pression se relâchait, et que mes larmes coulaient. Mes yeux étaient déjà rouges par ma journée passé chez moi à pleurer lorsque je pensais soudainement à Eden, mais le fait de le voir, de voir quelqu'un qui ne me jugerait pas. Je me serrais contre lui comme je le pouvais, posant mon visage sur son torse, les yeux fermés, ça me faisait du bien. Je ne faisais même pas attention au froid, à mes pieds nus sur le ciment, je voulais juste sentir du réconfort que je retrouvais en Read.
- ▬ . J'ai besoin de parler, j'ai besoin de quelqu'un qui ne me jugeras pas... Quelqu'un en qui je puisse faire confiance. Je levais alors mon visage vers lui, le regardant droit dans les yeux. Un homme aussi pieux que toi, ne me trahiras pas...hein?
Je le regardais, essayant de retenir les larmes qui s'étaient échappés de mes yeux. Je crois que c'était la première fois que je parlais à quelqu'un, que je cherchais à parler à quelqu'un honnêtement, que je ne cherchais plus à fuir. J'espérais qu'il soit gentil avec moi, malgré que je cherchais subtilement à le séduire auparavant. Après tout, il était séduisant, et voir un homme aussi séduisant me refuser avait blessé mon orgueil, mais cet orgueil à présent tassé par tant de chagrins, par tant de besoin de voir quelqu'un, que je ne cherchais que le réconfort de ses bras et de ses mots. Je voulais mettre ma confiance en lui, je cherchais à confier tous mes états d'âme à quelqu'un, je n'espérais qu'une seule chose, qu'il ne me fuit pas, j'étais beaucoup trop blessée, meurtri pour supporter une nouvelle trahison, une nouvelle perte.
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