i'm sorry for messing up (Zacharias)

Torse nu, vêtu d’un simple short de bain, lunette de soleil vissées devant mes yeux, je savourais un moment de détente allongé sur le sable. La plage privée de l’hôtel grouillait d’étudiants de Cambridge. Tous avaient le teint doré par les premières semaines sous le soleil de Key West. Le début de ce summer camp avait été parfait. Météo clémente, eaux turquoises, paysages paradisiaques, ambiance festive… Il y avait néanmoins une ombre au tableau pour ma part : Denys. Mon petit frère m’avait évité durant tout le début de l’été. Alors que les choses allaient enfin mieux avec mon ainé, alors qu’Arté avait fait son retour à nos côtés, il avait fallu que je merde avec le plus jeune de la famille. La fille avec qui j’avais couché lors du bal de fin d’année était en fait celle avec laquelle Denys aurait aimé sortir… Alors quand je reconnus la silhouette de mon frangin passer non loin de moi sur la plage, je pris mon courage à deux mains. Je ne pouvais pas repousser éternellement cette confrontation : je devais lui parler et m’expliquer avec lui. Je me levai. « Denys ! » l’interpellai-je en avançant d’un pas rapide vers lui.

La plage. La dernière fois que je m'y étais rendu, c'était après le clash que j'ai eu avec Camms et mon grand frère, Priape. J'avais appris qu'ils avaient couché ensemble au bal alors que j'avais dansé avec Camms. Bon, d'accord, j'avoue que, vu comme ça, ça n'aurait jamais du me préoccuper tant l'esprit. Pourtant, entre Camms et moi, c'était électrique. Il y avait cette attirance qui luisait dans nos iris à tous les deux. Nous avions été simplement trop perdus pour nous en apercevoir à temps. Elle m'a cru pour un gars qui couche dans tous les sens et qui n'en a rien à faire d'elle, alors elle est allée se réconforter dans les bras de mon frère. Rien que d'y penser, je serre les poings et j'ai une petite envie de dégueuler. Pouah, j'étais attirée par une fille qui a couché avec mon frère. Etait parce qu'après ça, je ne peux plus pardonner Camms. C'est impossible. J'ai trop souffert pour l'excuser. Denys ! Je tourne la tête vers l’interpellation et détourne des yeux de mon frère avec une moue. Je marmonne quelque chose. Oh non, pas ça... Pas lui. Pas maintenant. Qu'est-ce qu'il veut ? S'excuser ? C'est encore trop frais dans ma tête. La colère ne m'a toujours pas quitté. J'évite de le regarder dans les yeux. Quoi ? Je ne fais même pas un effort pour lui parler normalement. Je veux en finir le plus rapidement possible.

Dès qu’il m’aperçut,  l’expression du visage de Denys changea. Pas besoin d’être médium pour comprendre qu’il avait aucune envie de me voir. Pourtant, j’avais repoussé cette confrontation durant tout le début du SC et cela ne pouvait plus durer. Denys avait toujours été le boutentrain de notre fratrie, celui qui mettait toujours de la bonne humeur lors des réunions familiales, même à l’époque où les choses étaient compliquées avec Emrys. Alors le savoir ainsi fâché après moi m’était insupportable. Je ne savais pas si il était capable de me pardonner mais je devais au moins m’expliquer. Lui dire combien j’avais merdé et combien je regrettais… Je m’approchais de lui et s’en prendre la peine de me saluer, un simple « quoi » froid s’échappa de ses lèvres, trahissant bien toute l’aversion que je lui inspirais. « Denys, merde, il faut qu’on parle… Ca ne peut plus durer. On est frères toi et moi, tu comptes m’éviter encore combien de temps comme ça ? » demandai-je blessé de le voir toujours si fuyant. Il évitait même mon regard. « Je suis désolé pour Camms… Sincèrement. » commençai-je sans savoir vraiment si prononcer le nom de la jeune femme était une si bonne idée que ça..

Pourquoi faut-il toujours que l'on se réconcilie, que l'un vienne de sa propre personne vers l'autre et lui donne des explications ? C'était pourtant claire et nette. Je ne voulais pas voir Priape. Il me manque, c'est vrai, et ça me fait mal d'être en froid avec lui, surtout pour une meuf quoi, mais c'est encore trop frais. C'est la deuxième fois que j'me fais entuber dès que mes sentiments deviennent sérieux avec une fille. La deuxième fois que je passe pour un con de service. Deux jamais sans trois, comme on dit. J'en ai ras la casquette. Sérieux, j'vais devenir gay si ça continue. Denys, merde, il faut qu’on parle… Ca ne peut plus durer. On est frères toi et moi, tu comptes m’éviter encore combien de temps comme ça ? Au fond, Priape n'avait rien fait. Camms avait tout planifié, elle seule ressentait que j'étais près à faire le pas. C'était juste entre nous. Des regards silencieux par-ci, par-là, et puis nos coeurs qui battaient la chamade. Pourtant, elle avait baisé mon frère. C'était pas la faute de Priape. Je suis désolé pour Camms… Sincèrement. Je soupire bruyamment. Autant, j'étais réjouis que mes deux frères se soient réconciliés, autant à cet instant j'aurais voulu me trouver dans une autre lieu, sauf celui-là. Quoi Camms ? J'ai parlé un peu trop sèchement. C'est que le nom de la jeune fille m'écorche la gorge. Je lève les yeux au ciel. Me parle pas d'elle. Même si c'était pour s'excuser, je lui déploie ma rancœur. Ecoute Priape... je m'en fous, ok ? Je m'en fous si tu t'es tapé cette bitch. En fait, je t'en suis plutôt reconnaissant. J'crois que j'aurais fais des cauchemars si je l'avais fait avec elle. Je souris l'espace de secondes et puis tout disparait. Je suis cassé, elle m'a cassé, elle m'a brisé. Je me demande si Priape me comprendrait si je lui en parle. Peut-être que ça m'aiderait à panser mes blessures, à tourner la page.

Le ton de sa voix, sec et dur, trahissait complètement son agacement et dès que je vis sa réaction, je regrettais d’avoir prononcé le prénom de la jeune femme. Mes yeux se baissèrent, scrutant le sable chaud sous les pieds. Savoir que je risquais de perdre l’amitié de mon frère cadet m’était insupportable et voir toute la rancœur qu’il avait accumulé à mon égard ces dernières semaines l’était tout autant. Je m’en voulais sincèrement et il fallait que je saisisse l’opportunité de m’expliquer avec Denys, qu’il sache qu’avant qu’il nous rencontre elle et moi dans le hall de l’hôtel, j’ignorais qu’il avait des vues sur elle. Mais avant que je ne prenne la parole, mon cadet me devança et repris en me confiant qu’il se fichait de tout cela, que ça lui était égal que je sois « tapé cette bitch ». Je redressai la tête, scrutant son regard alors qu’il parlait. Même si il se voulait convaincant en employant ces termes, ce qui ne lui ressemblait pas habituellement, je ne crus pas un instant à son détachement et à son indifférence face à toute cette histoire. « Je sais bien que tu ne penses pas ce que tu viens de dire… » le contredis-je quitte à attiser sa colère. Il fallait peut être mieux qu’il déverse sa rage une bonne fois de toute façon. « Mais dans tous les cas, je voulais que tu saches que j’étais loin de me douter qu’il y avait quoi que ce soit entre vous. Et si je l’avais su jamais je n’aurais… passé ce moment avec elle. » fis-je en hésitant sur les bons mots à employer car je ne voulais pas non plus remuer le couteau dans la plaie. Cette simple discussion était déjà suffisamment pénible pour nous deux. « J’aimerais que les choses puissent redevenir normales entre nous… » soufflai-je finalement