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Hey soul sister
Le soleil était à son comble aujourd'hui et tant mieux, c'était l'occasion de profiter de la piscine, rien de mieux qu'un petit plongeon avec cette chaleur, et de peaufiner un peu le bronzage. C'était les vacances et je comptais bien en profiter, avant la reprise des cours ! Je m'élançais dans les couloirs de l'hôtel de façon nonchalante jusqu'à la piscine et je croisais quelques mecs, sûrement des premières années, plutôt mignon d'ailleurs, à qui je fis un sourire, mais sans plus. Je continuais ma marche jusqu'au transat dehors. Il n'y avait pas grand monde en cette matinée, et tant mieux. Je n'aimais pas quand il y avait trop de monde, c'était.. Encombrant ! « Bonjour Madame ! » C'était un des garçons de tout à l'heure. Assez grand, blond, yeux bleus, il aurait été un parfait Aryen dans les années 40, vraiment, puis, il m'avait l'air tellement gentil.. Trop gentil.. Non, vraiment je ne pouvais pas, c'était le genre de personne qui croyait au grand amour et aux coups de foudre, petit naïf. Je lui répondais tout en souriant « Oh non, moi c'est Mademoiselle. Je n'suis pas mariée, et.. Je n'suis pas vraiment adulte non plus ! Bonne journée ! » ça sonnait quelque chose comme.. « T'es mignon, mais tu ne m’intéresses pas, tu m'as l'air trop sage, alors s'il te plait, vas t'en. » je souriais en guise de politesse, et je le regardais partir, le reluquant de la tête aux pieds. *Effectivement, mignon..* pensais-je. Mais bon, passons ! Je m'étais ramenée des magazines et autres pour m'occuper, lorsque je suis tombée sur cet article qui parlait de la Syrie.
« Chaque fois que je publie un témoignage de guerre, je reçois une douzaine d’e-mails de personnes qui me disent : «Ok, bel article, tableau saisissant, mais je voudrais comprendre ce qu’il se passe en Syrie.» Et j’aimerais tellement répondre que je ne peux pas proposer d’articles d’analyse, parce que les rédactions vont simplement le survoler et me dire: «Tu te prends pour qui, gamine ?» - malgré mes trois diplômes, mes deux livres et mes dix années passées à couvrir des guerres, d’abord comme enquêtrice humanitaire puis comme journaliste. Ma jeunesse, au passage, s’est volatilisée quand des morceaux de cervelle m’ont éclaboussée. C’était en Bosnie. J’avais 23 ans. »
Je fis la moue, et eu une vision de dégoût, avant de murmurer *Je suis bien contente d'avoir choisis des études d'anthropologie moi..* Et plus je continuais cet article, plus ça me donnait froid dans le dos. Oui, ce n'est pas parce que je suis belle et superficielle, que je ne peux pas me cultiver. Sinon, je ne serais pas là, à Harvard !
« Tout peut basculer en une fraction de seconde. Si j’avais su cela, alors je n’aurais pas eu si peur d’aimer, d’oser, dans ma vie ; au lieu d’être ici, maintenant, recroquevillée dans l’obscurité et la puanteur, en regrettant désespérément tout ce que je n’ai pas fait, tout ce que je n’ai pas dit. Vous qui demain serez encore en vie, qu’attendez-vous ? Pourquoi hésitez-vous à aimer ? Vous qui avez tout, pourquoi avez-vous si peur ?»
Je fermais le journal après ça, ce n'était vraiment pas le moment de me mettre à penser aux autres. Aujourd'hui, je pense à moi, et à personne d'autre. D'ailleurs c'est complètement faux. Je n'hésite pas à aimer, puisque je m'aime déjà. Je sortis un autre magazine, un People cette fois, au moins, je pouvais baver, critiquer, envier les gens qui se trouvaient sur les pages. Je tournais là tête, et là, je vis ma soeur, arriver vers moi, elle aussi était toute seule et tant mieux. J'ai un peu de mal avec certains de ses amis, disons que nous n'avons pas tellement les mêmes centres d'intérêt. Et même si ma soeur est moi on a pas trop les mêmes passions, elle reste ma soeur, et je ne pourrais jamais me passer d'elle, malgré toutes les taquineries que je lui fais, toutes nos disputes, nous avons une réelle complicité toutes les deux. Elle a besoin de moi, tout comme j'ai besoin d'elle.
« Hey Sis' ! »
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