Nice to meet you (Maxym)

Une salle bondée, une sono diffusant de la musique entrainante, une fontaine à punch, des invités décorés de colliers de fleurs, la recette pour une soirée réussie en somme. Voilà ce que j’étais en train de penser en observant toute l’agitation qui régnait autour de moi : les gens riaient, dansaient, s’amusaient. C’était ce qui faisait aussi le succès du summer camp : chacun laissait ses soucis à Cambridge le temps de quelques semaines, tous les étudiants se mettaient d’accord pour profiter de cette –pause- pour décompresser et se lâcher. Je faisais parti de ceux là. Après une année à trimer, j’estimais avoir mérité ces vacances au soleil et à faire la fête. J’amenai mon verre jusqu’à mes lèvres et le finis d’une traite. Je fis alors un petit signe au groupe d’amis avec qui je m’étais rendu à cette soirée les informant ainsi que j’allais me resservir et je pris la direction de la fontaine. Alors que j’allais me diriger vers celle-ci, Denys apparut quelques mètres en face de moi. Mon frère cadet ne sembla pas me repérer aussitôt et je profitais de cette inattention de sa part pour ouvrir la première porte que je trouvais sur ma droite et me cacher derrière celle-ci. On a beau vouloir laisser ses problèmes derrière soit, parfois ils nous rattrapent… J’avais couché avec la potentielle petite amie de Denys et depuis les choses étaient quelque peu compliquées entre nous. Voilà pourquoi j’essayais de me cacher de lui. Je n’étais pas complètement prêt à l’affronter et à subir ses reproches. Observant un peu ce qui m’entourait pour essayer de voir dans quelle pièce je venais d’entrer, je remarquais les étagères qui m’entouraient. Je venais de m’enfermer dans un placard, une sorte de réserve. Alors que je détaillais l’endroit, la porte s’ouvrit brusquement, me faisant quelque peu sursauter. L’espace d’un instant, je crus que Denys m’avait vu me planquer et qu’il venait me chercher pour avoir la confrontation qu’il méritait avec moi. Mais non, ce n’était pas lui mais une jolie brune qui entra à son tour et referma rapidement la porte derrière elle, comme si elle aussi tentait d’échapper à quelqu’un. « Ce placard est déjà occupé… » l’informai-je avec un petit sourire en coin.

Le monde est définitivement trop petit pour elle et ses détracteurs. La soirée avait pourtant si bien commencé, lorsqu'ayant écho d'une fête qui s'annonçait déjà mémorable, Maxym enfila rapidement une robe rouge sang sur son maillot de bain et peinturlura ses lèvres de la même couleur. La demoiselle avait rameuté quelques étudiants, mais les avait vite perdu au milieu des nombreuses personnes invitées -ou non- pour l'occasion dans la maison luxueuse. Echangeant quelques mots parci parlà avec quelques sinistres inconnus qui le resteraient, elle en était à son second verre lorsque son regard croisa celui de Denys. « Tu permets ? J'ai vu quelqu'un que je connais. » Sourire de circonstance, et elle plante le type tout aussi prestement, pas forcément malheureuse de se débarrasser de pareille compagnie. Et la fuite commence. Cela n'a rien de très prestigieux. C'est même carrément indigne de sa part, elle, la fière Watson. Elle qui affronte les soucis sans sourcilier, qui se targe de n'avoir peur de rien, fuit devant une ombre. Plutôt être ridicule que d'avoir à se confronter à son sourire amusé, ses taquineries, cette façon d'appuyer là où sa fait mal sans en avoir l'air. Il n'est pas bien méchant, et elle n'est pas du genre à se laisser impressionner. Mais il était plutôt doué en psychologie, et leur dernière entrevue qui s'était soldé dans un lit, lui avait laissé la désagréable impression d'être lue. Et on ne lit pas en Maxym sans en avoir la permission. C'est donc en courant presque qu'elle partit en direction inverse de là où elle avait cru voir Denys. Impossible de savoir si lui l'avait vu, et la demoiselle n'était pas assez idiote pour tenter de regarder en arrière, risquant encore un peu plus de se faire voir. Soufflant quelques secondes, s'estimant sortie de la difficulté, elle sursauta lorsqu'au détour d'un tournant elle vit le garçon au bout du couloir. Et cette fois, elle ne doutait pas du tout qu'il l'ai aperçu. Reculant prestement, elle attrapa la première poignée qui lui tombait sous la main et s'engouffra dans ce qui ressemblait à un placard. Poussant d'ailleurs tout ce qui la gênait pour rentrer dans l'endroit exigu. Elle eu à peine le temps de soupirer que ses nerfs se paralysèrent. Quelqu'un venait juste de parler, juste à côté d'elle. Un sursaut plus tard, Maxym plaqua sa main contre la bouche de l'homme -du moins, elle essaya de viser sa bouche et le heurta un peu brutalement- « Tchhht ! Tais-toi donc, j'crois qu'il arrive. » Evidemment, il ne pouvait pas savoir de qui elle parlait, et encore moins qu'ils avaient le même « il ». Elle se pencha un peu vers la porte, bousculant au passage son compagnon de placard. « Putain, on y voit rien là-dedans. » Pesta-t-elle, essayant de discerner quelques formes (et surtout les traits de son compagnon de planque) grâce au peu de faisceaux de lumières qui réussissaient à percer à travers la porte du placard.

La porte s’ouvrit et se referma presqu’aussitôt, nous plongeant la nouvelle venue et moi dans une pénombre qui nous permettait à peine de nous distinguer. J’eus juste le temps de voir une jolie brune habillée en rouge entrer et le noir m’entoura de nouveau. D’ailleurs, après mes paroles, la jeune femme essaya de viser ma bouche maladroitement tout en me dictant de me taire. Visiblement, elle fuyait elle aussi quelqu’un puisqu’elle m’informa qu « il » arrivait. Dans sa manœuvre, elle me heurta. « Tu m’écrases les pieds. » fis-je à voix basse en me reculant quelque peu, butant alors mon dos contre l’une des étagères de la pièce qui se mit à trembler dangereusement un instant. Un « Shit ! » s’échappa naturellement de ma bouche alors que je venais plaquer une de mes mains sur le fameux rayonnage pour faire cesser son ébranlement sonore qui risquait de nous faire repérer. On était finalement un peu à l’étroit dans cet endroit. L’intruse se pencha vers la serrure du placard, essayant probablement de repérer le fameux « il » à qui elle essayait d’échapper. Dans son mouvement, elle me percuta une nouvelle fois. Mais ce coup-ci, je posai mes mains sur ses hanches en réflexe pour éviter d’être bousculé et d’aller encore une fois percuter l’une des étagères. « Reste tranquille un instant… » soufflai-je à la jeune femme. L’inconnue pesta contre le manque de lumière, grognant qu’on y voyait rien. La seule source de clarté qui nous parvenait était uniquement celle qui filtrait par la porte. Mais mes yeux commençaient un peu à s’habituer à l’obscurité et je réussissais presque à entrevoir sa silhouette. Je me concentrais également pour écouter les sons de la soirée qui arrivaient jusqu’à nous. Le rire de mon frère se détacha bien du lot : il n’était probablement pas loin de la porte de la réserve où nous avions trouvé refuge, probablement en pleine conversation avec l’un de ses amis. Aucune fuite n’était envisageable pour l’instant, à moins de me confronter à lui, ce que je n’étais pas encore prêt à faire. Me voilà donc coincé ici pour le moment… Et de ce que je pouvais percevoir de mon accompagnatrice : en charmante compagnie… Je repris ensuite la parole à voix basse, afin de ne pas prendre le risque que mon frère me repère. « Alors toi aussi tu t'ennuyais et tu as décidé de faire une partie de cache cache ? » demandai-je sur un ton ironique.

Damoiselle Maxym enfermée avec un sombre inconnu. Voilà qui promettait. Il était pourtant si simple de se libérer, rien ne l'empêchait d'appuyer sur la poignée et sortir de ce sordide placard. Sauf que... Entre la confrontation avec Denys, et partager ce dernier, son choix était vite fait. La torture serait moins longue. Et puis, elle ferait tout pour échapper au sourire malicieux de cet idiot. Ca lui apprendra à partager son lit avec un type de son cours de psycho tiens. Résultat, elle se retrouve coincée contre un mec qui se plaint de se faire marcher sur les pieds -à juste titre, certes-, et qui en plus, se révèle être particulièrement doué dans l'art de se faire remarquer. « Oh génial, je suis enfermée avec Mister Bean. » Maugréa-t-elle entre ses dents, un peu dépassée par les événements. Et on le sait, ce que ne peut maîtriser Maxym la révulse, voir l'effraie. Prenant une profonde inspiration, elle se pencha vers la serrure pour essayer de voir si le chemin était dégagé. Mais le rire de Denys qui s'élevait parmi le brouhaha des autres lui indiqua que la sortie n'était pas pour tout de suite. Ma-gni-fique, elle allait devoir rester dans ce trou à rats. Les premières secondes de panique passées, la demoiselle se faisait peu à peu à la noirceur de l'endroit, et s'habituait à l'idée de se faire petite, histoire d'arrêter de se heurter à l'inconnu du placard. Se redressant, elle répondit sur la même tonalité que ce dernier : « C'est tout à fait ça. Je me suis dis que me cacher dans un placard avec un pervers était définitivement l'idée du siècle. » Tout en prononçant ces mots, elle planta ses griffes sur les mains masculines encore posées sur ses hanches. Non pas que le contact soit désagréable, au contraire, mais dame n'était pas de nature à accorder ses faveurs après trois phrases échangées. Quatre, à la limite. Se tournant pour lui faire face, du moins, à la silhouette qui se dessinait progressivement devant ses yeux quasi habitués, elle appuya son dos contre la porte, afin d'entretenir l'espace entre leurs corps. Enfin, autant qu'il est possible dans un endroit aussi exigu. « Tu comptes me dire qui tu es et pourquoi tu te retrouves ici, ou je suis censée deviner ? » Le questionne-t-elle à voix basse. De toute façon ils étaient condamnés à rester ensemble encore quelques instants, alors autant en savoir plus sur ce mystérieux compagnon d'infortune.

C’était sur que question discrétion, je n’avais pas été brillant depuis l’entrée de la jeune femme. Mais il fallait bien avouer pour ma défense que je ne m’attendais certainement pas à avoir de la compagnie dans cette cachette improvisée. Alors qu’après s’être exaspéré de ma maladresse, elle répondait positivement à ma question tout en me qualifiant au passage de pervers, je sentis ses ongles s’enfoncer dans la peau de mes mains, toujours ancrées sur ses hanches. Effet immédiat : je les retirai aussitôt en retenant un juron, me contentant de grimacer silencieusement. Cette fille était une vraie tigresse ! « Oh génial, je suis enfermé avec miss sarcasme » fis-je en reprenant volontairement les mots qu’elle avait elle même utilisés pour me qualifier de Mister Bean. Je baissai les yeux vers mes mains et les frottai un instant comme pour apaiser le feu de ma peau à l’endroit où ses griffes s’étaient plantées. Certainement que si j’avais pu y voir plus clair, j’aurais vu les traces de ses ongles sur le dos de ma main. Je ne connaissais pas cette fille mais elle avait l’air d’avoir un caractère bien trempé. Malheureusement pour elle, je n’étais pas le genre de garçon à me laisser faire. Elle se retourna ensuite vers moi avant de m’interroger sur les raisons qui m’avaient poussé à trouver refuge ici. «Tu vois je suis comme toi, j’ai mes propres démons à fuir.» Le rire de Denys résonna une nouvelle fois. Mais ne pouvait-il pas choisir un autre endroit pour discuter ? Un soupir s’échappa de mes lèvres. « Je crois même que mon dit démon a décidé de passer le reste de sa soirée à ricaner comme un débile devant ce placard. » me désolai-je. « Donc désolé pour toi miss sarcasme, mais ce pervers de mister Bean ne compte pas bouger de là et j’ai trouvé cette cachette en premier, donc si tu n’es pas satisfaite, tu peux toujours retourner dans le couloir… Je suis galant je t’ouvre même la porte si tu veux… » Je me penchai un peu vers elle, tendant un instant le bras vers la poignée, m’amusant un peu parce que j’avais bien saisi qu’elle s’était retrouvée ici pour les mêmes raisons que moi : éviter quelqu’un et qu’aussi exaspérant que je puisse être, elle n’avait aucune intention de quitter cet endroit.