let's be friendly for once; bethany&eugene

Même rituel depuis des jours pour le jeune Venteiheimer ! Le garçon se levait de son lit au abords de midi, et il allumait directement son téléphone afin de vérifier qu'il manquait à tous ceux restés à Boston. Triste réalité, puisqu'une fois que vous quittez un endroit, les gens vous oublient aussitôt ! Sauf s'il s'agit de potins, là ils vous préviennent, car ça fait cool de commérer entre potes. Pas de beaux mecs, pas de potins, pas d'amis, Eugene avait du mal à se reconnaître là. Si seulement il avait usé de meilleurs arguments pour faire venir ses biatchs ici, il n'en serait pas là !

Même rituel donc, Eugene se levait, se douchait, regardait ce qu'il y avait sur le câble et vite déçu de n'avoir aucuns programmes intéressants, il descendait toujours en bas, voir ce qui pouvait bien s'y passer. Toujours attablé à cette parfaite petite table à la terrasse de leur superbe hôtel, le jeune homme guettait. Il guettait les personnes qui travaillaient et savourait tous ces petits moments où il leur faisait comprendre qu'il était bien meilleur qu'eux, il guettait aussi ces mecs bien bâtis qui se la racontaient grave auprès de la piscine, et aussi ces bimbos aux maillots de bain presque trop petits pour contenir leur effroyable obus, améliorés pour la plupart. Ce qu'il donnerait cher pour être intéressant en ce moment, car il a beau être celui dont toute le personnel parlait entre eux, il avait envie d'être plus que le simple tyran de ces bonnes gens.

Son cocktail à moitié fini, il en commanda un autre, avec toujours ce petit con qui donnait envie de le frapper, ou du moins, le frapper mentalement. Ses lunettes de soleil sur les yeux, le petit caïd aux goûts divins marmonnait quelques mots en allemand, espérant de tout coeur que quelques germanophones comprendraient et se mettraient à lancer leur assiette sur lui. Bref, le destin ne semblait vraiment pas vouloir agiter le petit quotidien presque trop anodin de ce pas très charmant jeune homme. Il soupirait sur sa chaise, il bayait à tire larigot. Jusqu'à ce que se produise ce qu'il attendait tant: l'arrivée d'une connaissance avec qui il pourrait partager quelques bons moments ! « Bethany, viens par là, faut que je te fasse goûter à ça, tu dois pas beaucoup en servir là où tu bosses ! »

C'était du Eugene dans toute sa splendeur ça: aborder les gens qu'il connaissait et n'appréciait pas toujours, leur dire de rappliquer avec quelques bonnes raisons et aussi toujours échanger quelques mots emprunts de sa supériorité. Dans le cas de Bethany, c'était tout à fait ça. Elle bossait là où il aimait boire, ou plutôt il aimait boire là où elle bossait pour pouvoir l'enquiquiner quelques courts instants. Là, ils avaient tout leur temps pour papoter et se raconter quelques anecdotes croustillantes sur leur Summer Camp ! Soucieux de se demander si elle allait effectivement répondre à l'appel (elle qui était si gentille devrait avoir du mal à l'esquiver de toute façon) il l'incita une nouvelle fois à le rejoindre à sa table en commandant un second cocktail qu'il lui offrirait une fois assises ici. Il marchait comme ça Eugene, toujours à penser deux coups en avance !

Let's be friendly for once
Eugene & Bethany

Le soleil brillait en ce début d'après-midi. Je venais tout juste de me lever. La veille, j'étais allée dans un club très branché et Miami avec Eurydice, et j'avais donc eu du soleil à récupérer. J'avais pris un petit-déjeuner rapide, n'ayant pas très faim. Lorsque j'avais émergé, la chambre était vide. Mes colocataires, Eurydice et Athénais, vaquaient surement à leurs occupations. Je me retrouvais donc seule, sans programme pour le reste de ma journée. Je m'habillais rapidement, et je choisis de descendre sur la terrasse de l'hôtel. Peut-être y'aurait-il des membres de mon équipe ou des connaissances avec qui je pourrais passer le temps. Lorsque j'arrivais sur la terrasse, il y avait quelques personnes, mais ce n'était pas la cohue. Je cherchais des yeux des personnes familières, quand on me héla. « Bethany, viens par là, faut que je te fasse gouter à ça, tu dois pas en servir beaucoup là où tu bosses ! » Reconnaissant cette voix, je me retournais vers Eugene, qui me regardait avec un sourire ironique. Je levais les yeux au ciel. « Toujours aussi aimable, toi. » Décidemment, Eugene était partout. C'était le genre de gars parfaitement détestable qui me lançait des piques à chaque fois qu'il me croisait. Il avait un égo surdimensionné et se croyait meilleur que tout le monde. Cela avait le don de m'agacer, mais il n'avait pas un mauvais fond. Il pouvait même se révéler plutôt sympa, parfois. « C'est sûr que je ne travaille pas dans un hôtel 5 étoiles. », rétorquais-je ironiquement. Je remarquais qu'il avait deux cocktails posés sur sa table. Il en avait pris un pour moi, comme c'était gentil, pensais-je ironiquement. Il était néanmoins la seule personne que je connaissais sur cette terrasse, je n'allais pas l'éviter. Je me dirigeais vers sa table et m'asseyais en face de lui. « Bon, ça donne quoi ce cocktail, ça vaut vraiment le détour ? »

CREDIT TO KAIJI FROM ILH

Ce sourire en coin, reconnaissable parmi cent, était le plus beau qu'Eugene avait à offrir à Bethany. Fallait qu'elle vienne vers lui, absolument, car il détesterait passer le reste de la journée seul, à mater (et sans toucher) et à papoter avec son subconscient. Le verre était prévu à cet effet: cela allait l'amener à lui, et son inexplicable gentillesse allait encore se vérifier. Il n'eut pas tort une seule seconde car déjà elle s'attabla avec lui, après quelques phrases qui le fit sourire. Sous ce parasol qui les protégeait des dangereux rayons du soleil, on avait l'illusion que ces deux jeunes gens étaient de simples amis ici réunis pour boire un verre ou deux. Que nenni, Eugene s'emmerdait grave tout seul et la seule compagnie que le destin voulait bien lui offrir n'était pas celle de Paris Hilton mais de Bethany. Soit, il fera avec. « Alors, tu t'habitues à ce nouveau mode de vie ? » l'interrogea-t-il en ouvrant ses bras, désignant ainsi tout l'espace qui les entourait regroupant donc la piscine, cette terrasse, ces chambres d'hôtel et cette vue inexistante à Boston, ou dans quelques villes où ait pu grandir cette brunette. Du tac au tac, attendant la réponse de la jeune femme, il but quelques gorgées de ce fabuleux nectar. Il ne s'en lassera jamais, ça non !

Une lueur d'espoir naquit dans les beaux yeux verts du garçon: et si on faisait médire cette si gentille fille ? Cela ne devrait pas être trop dur, il suffira d'aborder quelques sujets comme les garçons ou les filles qui partagent sa chambre, il était certain qu'elle aurait une réponse qui allait amener à faire des commérages. « Sinan, elles sont cools les nanas dans ta chambre ? Pas de crêpage de chignons ? » demanda-t-il sournoisement en posant ses lèvres doucement sur sa jolie petite paille verte. La malice se lisait entre ces prunelles, si Bethany regardait bien, elle saura ce que voudrait tirer d'elle le petit Gégène: des commérages, de quoi alimenter une discussion en soit, car il n'avait guère envie de parler de la rentrée, du boulot ou de la famille. Sinon, il aurait causé au groom du hall d'entrée.

Let's be friendly for once
Eugene & Bethany

Eugene m'adressait ce regard condescendant qui avait le don de m'agacer tout particulièrement. Bien sur monsieur était riche, monsieur vivait dans une somptueuse maison, monsieur avait un compte en banque bien rempli. Malheureusement, cela n'était pas donné à tout le monde. « Alors, tu t'habitues à ce nouveau mode de vie ? », dit-il en ouvrant ses bras, désignant l'hôtel et ses installations en lui-même. Qu'est-ce que je vous disais. Condescendant au possible, ce type. « Evidemment. Ce n'est pas tous les jours qu'on se retrouve dans un lieu paradisiaque comme celui-ci. » J'ajoutais, avec une pointe d'ironie. « Oh, sauf toi bien sûr, j'avais oublié. » Il était sûr qu'Eugene devait fréquenter ce type d'endroit assez souvent. J'étais persuadé que sa propre maison ressemblait elle-même à un hôtel cinq étoiles. Il devait vivre dans un véritable palace pour se conduire de la sorte. Eugene changea de sujet. « Sinon, elles sont cools les nanas dans ta chambre ? Pas de crêpage de chignons ? » Je souriais, secouant la tête. Je savais très bien ce qu'il cherchait en demandant cela. En effet, même si notre relation n'était pas forcément toujours amicale, j'avais cerné quelques traits de son caractère, en partie grâce à l'aide de Lily. Et je savais que ce jeune homme était une vraie commère. Il était vraiment pire qu'une fille, parfois. Toujours à l'affut des moindres ragots et racontars. « Je suis vraiment désolée de te décevoir, Eugene, mais je suis avec mes deux meilleures amies Eurydice et Athénais, alors les choses se passent à merveille. » Cela me faisait rire, de voir à quel point il était langue de vipère. « C'est pas aujourd'hui que t'auras des petits potins sur mes colocs de chambre. » Je souriais et buvais quelques gorgées de mon cocktail. Il était vraiment délicieux.

CREDIT TO KAIJI FROM ILH

On pouvait le voir dans les yeux couleurs aubergines du jeune garçon qu'il allait passer en mode Reine de Coeur à vouloir se payer la tête de tous ceux que la jeune femme allait prononcer les noms. Ce n'était plus qu'une question de temps avant que la vierge Bethany ne bascule du côté obscur de la force et embrasse son côté agoraphobe. Les premières réponses plaisaient énormément au garçon, il ne fit que noter de la tête et offrait des sourires angéliques à qui mieux mieux. « Encore, comparé aux hôtels que j'ai pu fréquenter, ça casse pas trois pattes à un canard. Mais ils ont du goût, on peut leur donner ça, si t'as assez de thunes, tu pourrais même te permettre quelques huîtres et un bon homard ! ». Evidemment, il y avait peu de chances qu'elle puisse s'offrir un tel banquet à elle-seule, même sa sœur avait des ressources limités alors qu'elle n'avait pas été atteint du même syndrome de la Fraise Tagada que Bethany. Elle et Gégène n'étaient pas aussi gentils et doux que son interlocutrice.

Et cela se vérifia une nouvelle fois lorsque la jeune Matthews refusa tout commentaires sur ses camarades de chambres. Il manquait plus qu'un fidèle destrier et Eugène baignait en plein dans le remake de Blanche Neige et ses 7 nains, dont deux naines. « Rooh, allez, j'suis sûr que y'en a une qui se rase pas les aisselles ou se la joue Femen jusqu'au bout à montrer ses boobs ! Ou elles ont déjà ramener des mecs, sûr ! T'façon, Dieu a créé l'alcool pour que les femmes moches baisent quand même ». Sur ce, il se mit à rire comme jamais, il s'était tellement retenu ces derniers jours qu'il était obligé de sortir autant d'atrocités d'un coup. Néanmoins, cela ne semblait pas du goût de sa voisine de table, et de peur que celle-ci ne le laisse seul, il ajouta d'un ton des plus solennel. « C'était méchant, je le reconnais, je te promet que je serai aussi gentil qu'un chaton et je t'en offre un deuxième ! ».

A ces mots, il cracha au sol comme pour sceller sa promesse et claqua ensuite des doigts afin qu'une de ces désagréables serveuses rapportent de nouveaux deux de ces fabuleux cocktails dont la jeune femme semblait raffoler. Elle allait pouvoir le remercier pour autre chose qu'être gentil alors ! Une fois la commande effectuée, il se retourna vers Bethany, faisant bonne figure. Il alla même jusqu'à miauler pour manifester sa bonne volonté. Puisqu'il n'avait pas le droit de biatcher sur ses copines, peut-être arriveront-ils à causer garçons ? Ainsi, il posa la question ultime: « Sinon, tu as trouvé des beaux gosses par ici ? »

Let's be friendly for once
Eugene & Bethany

Eugene m'exaspérait. Il avait le don particulier de m'énerver presque à chaque fois qu'il ouvrait la bouche. A croire qu'il le faisait exprès. « C'est vrai, pardonne-moi Monsieur-le-bourge-qui-fréquente-des-palaces. », avais-je dit avec un sourire sarcastique. Eugene adorait rappeler aux gens qu'il avait un compte en banque bien rempli. Il adorait surtout le rappeler aux personnes modestes comme moi, à vrai dire. Cela le faisait sentir supérieur. « Mon portefeuille est plus habitué aux sandwichs et aux steaks-frites malheureusement. » Je détestais les huitres. Et je n'avais jamais de ma vie touché à un homard. De toute manière, j'avais en horreur toutes les manières bourgeoises trop guindées. Les gens de la haute sphère avec leurs cinquante couverts et leur caviar me faisaient pitié. De pauvres coincés qui ne savaient pas profiter de la vie. J'haussais un sourcil lorsqu'il mentionnait mes amies. Pour qui se prenait-il pour les juger ainsi ? Si je détestais bien quelque chose, c'était que l'on s'attaque à mes amies. Surtout qu'elles étaient très belles. « Moches ? Elles sont magnifiques. Je peux rien pour toi si t'es pas capable d'apprécier la beauté féminine. » On sentait l'amertume dans ma voix. Il allait vraiment trop loin. « De toute manière, pourquoi je devrais te dire des choses sur elle ? Pour que ça fasse le tour du campus et que ce soit déformé ? Si tu veux des potins, va voir ma soeur, elle est bien plus douée pour ça. » Comme si j'allais dévoiler des secrets sur mes deux meilleures amies. Je valais bien mieux que ça. J'étais une amie fidèle et loyale et je ne pourrais jamais trahir la confiance de mes amies. Surtout pas pour cette langue de vipère d'Eugene. En général, je l'appréciais, mais sûrement pas lorsqu'il s'attaquait à mes amies. Il reconnut sa méchanceté et proposa de m'offrir un second verre. « Toi, doux comme un chaton ? J'en doute, mais soit. » Il avait du voir à ma tête que s'il continuait sur sa lancée, j'allais me lever de table et il lui balancer mon verre à la figure. Même si ses excuses étaient des plus fausses, au moins il en avait fait. Je grimaçais tandis qu'il crachait au sol, comme pour sceller sa promesse. Pas vraiment digne d'un fils de bonne famille, ça. Je ne relevais pas, me contentant de lever les yeux au ciel alors que la serveuse nous apportait les cocktails commandés par Eugene. Au moins, je devais reconnaitre qu'il avait de bons goûts en matière de boissons. Il me posa alors la question ultime. « Sinon, tu as trouvé des beaux gosses ici ? » Evidemment. Après avoir creusé du côté de mes amies, il s'attaquait à présent à moi. J'aurais du m'en douter. Je réfléchissais quelques instants. Je pensais d'abord à Jamie, ce beau jeune homme que j'avais rencontré au port. A Orion, mon tuteur de français au type nordique. A Clydwen, cette rencontre originale. Ou encore à Casey, ce mignon garçon brun, mais en couple avec Lavender. « J'ai fait quelques rencontres, mais rien de bien concluant. », disais-je, restant évasive. Comme si j'allais lui raconter ma vie dans les moindres détails. Mes pensées se dirigeaient un instant vers Elliott, mon beau colocataire, mais je les chassais bien vite. « Et toi, Eugene ? Tu as rencontré de beaux mâles ? », demandais-je, un sourire en coin. Chacun son tour.

CREDIT TO KAIJI FROM ILH.

Se repentir, même le temps d'une conversation, c'était assez inhabituel chez Eugene. S'il agissait de la sorte, cela montrait qu'il y avait un profond désespoir dans sa vie en ce moment même, car d'ordinaire, il n'aurait jamais pris en considération les états d'âme de son interlocutrice. Mais pour une fois, il avait besoin de Bethany, c'était à elle de lui faire changer les idées, à elle de le faire rêver, à elle de rendre fière sa soeur et le jeune allemand ! En parlant de Sawyer, le jeune homme ne se priva pas pour une dernière comparaison, après tout Bethany se rebellait un peu là. « Ta soeur me manque, chérie, elle, au moins, elle en a rien à fiche de la réputation de ses camarades, sauf de la mienne » soupira-t-il avant de se replonger dans ce nouveau verre alcoolisé. Finalement, l'inverse était passé et l'appel de la boisson avait cloué Bethany sur sa chaise. Dieu soit loué, elle ne le quittait pas maintenant.

Mais le plus intéressant de la conversation ne faisait qu'être esquissé, car parler de garçons, ça rapprochait énormément les gens le temps d'une bonne trentaine de minutes. Et le jeune allemand était curieux de savoir si la douceur de Bethany avait plus de succès que la chaleur de Lily. Et il ne fut pas trompé un seul instant car oui, Bethany avait rencontré des garçons. Mais c'est tout ce qu'elle révélait. « Vraiment ? Tu vas pas m'en dire plus ? » s'étonna Eugene, dépassé, avançant doucement ses doigts sur le verre de la brunette, prêt à le lui retirer. « Tu veux savoir un truc ? Gégène est resté chaste ici, alors tout ce qu'il peut faire, c'est t'écouter et pourquoi pas te donner des conseils. Tu sais que j'adorerais que tu lâches tes bouquins et que tu tu sortes boire un verre payé par d'autres garçons que moi » suppliait quasiment le jeune homme en s'avachissant sur la table, les mains croisées, en appelant à un pouvoir divin, bien qu'Eugene se fichait royalement du bon Dieu.

Des potins sur des garçons ? Oui, cela suffirait à alléger la tristesse émotionnelle qu'essuyait en ce moment le beau brun. Pas un, nada, sauf un blond lors s'une soirée du Summer Camp, mais son chien chien était là. Il faisait pas honneur à toutes ses valeurs à ce niveau là, alors autant se rattraper sur la discussion, car s'il y avait bien une chose dans laquelle était doué le garçon, c'était de délier des langues, et il avait le pressentiment que celle de Bethany ne demandait que ça. De quoi avait-elle peur de toute façon ? C'était pas comme si Eugene allait se targuer d'avoir une conversation avec une serveuse dans un hôtel, même si elle était bien meugnonne et bien sous tous rapports.

Let's be friendly for once
Eugene & Bethany

« Ta soeur me manque chérie, elle, au moins, elle en a rien à fiche de la réputation de ses camarades, sauf de la mienne. » Je secouais la tête. Eugene avait raison. Ma chère petite soeur était une vraie langue de vipère et adorait les ragots. Sur ce point, nous étions complètement opposées. Je détestais les potins. Je ne jugeais pas les gens sur les « on dit » et je me faisais ma propre opinion sur une personne. Pour moi, chaque personne avait du bon en elle et méritait qu'on lui porte un certain intérêt. Lily n'avait pas la même vision des choses. « Garce comme elle est, c'est sûr que vous devez bien vous entendre. » Eugene devait être servi en potins avec Lily. Elle était miss ragots par excellence. Le jeune homme s'étonna que je ne donne pas plus de détails sur mes rencontres masculines de l'été. En même temps, il s'attendait à quoi ? A ce que je lui fasses un compte-rendu détaillé ? « Tu veux savoir un truc ? Gégène est resté chaste ici, alors tout ce qu'il peut faire, c'est t'écouter et pourquoi pas te donner des conseils. Tu sais que j'adorerais que tu lâches tes bouquins et que tu sortes boire un verre payé par d'autres garçons que moi. » J'haussais un sourcil. Eugene, chaste pendant l'été ? Pourtant, Harvard n'était pas dépourvu d'étudiants homosexuels. Je pensais notamment à mon ami Maxence, ou encore à Charlie, le capitaine de mon équipe. Par ailleurs, je lâchais souvent mes bouquins, comme il disait. J'aimais beaucoup faire la fête. C'est juste qu'il n'était jamais là quand je la faisais. De plus, je n'étais pas une fille à hommes. Je n'étais pas une dragueuse dans l'âme et les coups d'un soir ne me branchait pas. J'étais assez timide avec les garçons. Un autre point sur lequel j'étais très différente de Lily. « Tu es vraiment désespéré toi... Et excuse-moi de ne pas être une shagasse. », dis-je avec un sourire en coin. S'il voulait discuter avec ce genre de filles, il y en avait plein Harvard et j'avais quelques noms en tête. Je redevenais un peu plus sérieuse. « Sérieusement, si je te raconte mes histoires avec les garçons, tu vas t'endormir. »

CREDIT TO KAIJI FROM ILH.

Il était amusant d'entendre Bethany qualifier de la sorte sa soeur, il était évident que la brunette ne se bernait pas d'illusions la concernant et surtout, elle était réceptive au fait qu'elle et Lily n'avait rien en commun, si ce n'est du sang, une couleur assez pâle et de beaux cheveux bruns. Cette dernière ne s'étonnait donc pas de la grande amitié qui liait son camarade à sa soeurette. Il fallait avouer que ce qui faisait la force du duo Venteiheimer-Matthews étaient leur mauvais fond commun, leur amour pour les fringues et les hommes, et leur envie d'aller en soirée tous les soirs ! Comme pour remercier son interlocutrice d'avoir dresser un si joli portrait de son amie, Eugene leva son verre, afin de trinquer à sa santé ! Il porta ensuite ce fabuleux cocktail à ses lèvres et prit quelques grandes gorgées afin de redonner vie et saveurs à son palais.

Bien que cette pause fut des plus agréables, la discussion qu'il avait lancé préalablement le titillait toujours. Il avait envie de parler garçons, lui qui n'avait pu décrocher un simple baiser qu'à un oreiller, il allait se délecter des petites aventures presque trop gentilles de sa collègue buveuse. Bethany, elle, ne voyait pas qu'il s'agissait ici d'une question de vie ou de mort, que cela rongeait le jeune homme de l'intérieur, et dire que pour une fois elle avait l'occasion de pavaner ! Et puis zut, Eugene lui permettait de se saouler sans payer un centime, il avait le droit à une sorte de récompense ! Un détail qui allait certainement arriver aux oreilles de la brunette. « Attends, tu es dans un somptueux hôtel, il fait chaud, je te déshydrate avec un des meilleurs cocktails de la région et tu me refuses ce plaisir ? » se vexa faussement Eugene, prêt à lui arracher son verre des mains. « Je te promets que je ne te demanderai rien de plus que ce que tu me diras. Promis, aucune question, juste toi qui te confie à un ami doué dans ce domaine ! » tenta le jeune homme, bien décidé à se délecter de quelques histoires avant la fin du Summer Camp !