Jawen • Bref, j'ai un frère.

Quand on était encore à Cambridge, on avait constaté qu'on avait des similitudes, autant dans le passé que physiquement. On avait fait un test ADN et quelques jours après, j'avais reçu les résultats de ce fameux test. J'avais attendu avant d'ouvrir cette fichue lettre, j'avais peur du résultat, peur de finalement apprendre le nom de ce géniteur inconnu, le nom qui était barré sur mon dossier médical, celui qui a engendré tant de choses négatives envers moi. Ce monstre, ce connard, bâtard et toutes les autres injures possibles. J'avais pris cette lettre avec moi, pour aller voir mon meilleur ami. Cette lettre était toujours fermée, je ne voulais pas voir le résultat seule, dans l'égoïsme le plus total.
Je quittais ma chambre, la lettre à la main. Je rejoignais le couloir qui menait aux chambres des mecs, m'arrêtant devant celle de Jay, avant de toquer sur la lourde, un léger stress qui me bouffait l'estomac. Et si finalement par la présente, le putain de puzzle de ma vie se terminait ? J'aurai enfin un nom sur l'homme qui a causé plus de mal que de bien, autant pour Jay que pour moi. Mon poing relâchait la porte alors que je dis doucement contre celle-ci Jay, c'est Gwen. Je regardais la lettre un instant, avant que la porte ne s'ouvre finalement.

En l'espace d'une année, une partie de ma vie s'était bâtie, comme un empire ou plutôt, comme un taudis qu'on transforme en hôtel de luxe. Entre Dylan qui venait vers moi pour me dire "Salut j'ai reçu une lettre de celle qui est visiblement notre mère et on est soeurs, et en plus de ca jumelles" et les similitudes physiques avec Jay qui me poussaient à croire que nous étions finalement de la même famille, parce qu'on s'entendait trop bien, parce qu'on nous disait qu'on se ressemblait assez pour faire grimper l'hypothèse jusqu'à mon cerveau. J'ai jamais rien su de ma vie jusqu'à l'an dernier, et là, la pièce manquante est surement inscrite sur ce fichu bout de papier, qui retient mes nerfs et peut-être qui fera peut-être exploser la haine que j'ai envers cet homme incapable de gérer ses enfants, mais qui sait parfaitement comment les engendrer avant de se sauver. Jay ouvrit finalement la porte et regardait mes mains avant de me dire « Reste pas là, entre. » J'entrais alors dans la chambre, le regard vide et surement la mine la plus horrible qui soit vu qu'il me dit « Tu en tires une tête, quelque chose ne va pas ? » Je lui tendis la lettre machinalement, le regard toujours absent. Je l'ai reçue avant qu'on arrive ici et j'ai pas eu l'courage de l'ouvrir alors...fais le. Je me dirigeais vers son lit pour m'asseoir au bord de celui-ci. Si jamais on est frères et soeurs, on aura enfin le nom de l'enfoiré qui a pas été capable de nous gérer... Si j'avais une certaine haine envers notre géniteur ? Oui. Mais à ma place, qui ne l'aurait pas ?

C'était vraiment compliqué d'expliquer les changements qui ont opérés dans ma vie et me dire que ca pourrait encore changer me donnait la nausée. Tout ca à cause d'un mec incapable de rester auprès de ses enfants, où qu'ils soient. Entre une soeur jumelle, une demi-soeur et une fille qui a le même nom de famille que mon père, avec qui j'ai couché, c'est sincèrement ma vie la plus bizarre entre toutes les vies de cette planète. La vie la plus foireuse aussi. Jay était là, aussi stressé que moi une fois la lettre entre les mains. « Et on saura qui est cet enfoiré qui a bousillé nos vies .. » On saura si c'est vraiment le même mec, ou si c'est ma mère qui a encore joué au con en se tapant le père de Jay. On verra si les doutes que j'ai sur une fille se confirment aussi, ca se trouve t'as gagné deux demi-soeur... C'était vraiment fou comme situation. J'étais en panique sachant que l'échéance s'approchait un peu plus à chaque seconde. Quand Jay attrapait le joint sur sa commode, je le voyais comme un dieu. Puis il s'asseyait près de moi, jouant déjà presque les grands frères protecteur. « Tu sais que si j'suis ton frère .. J'serais obligé de surveiller les filles qui te tournent autour ? » Je lui lançais un léger sourire, regardant la lettre. T'inquiètes pas, en matière de femmes j'suis plutôt bien lotie, c'est les autres filles qu'il faudra surveiller. Je voulais qu'il achève notre stress au plus vite. Il fuma sur son joint avant de me le tendre pour que je fume à mon tour. « Bon tu te sens prête pour que j'l'ouvre ?» Je pris une grande inspiration avant d'hocher la tête. Vas-y.