Tu t'es vu quand t'as bu? Non, mais tu m'as pas vu quand j'ai soif ❥ Dixie

Étendue sur mon lit, réfléchissant à mille et une choses, toutes aussi désespérantes les unes que les autres, on ne pouvait pas dire que j’étais très festive, aujourd’hui. Comme je l’avais prédit, la rencontre avec le sosie parfait de mon ex-copain dont j’avais été follement amoureuse m’avait mise à terre et j’avais beaucoup de difficulté à me relever, pour l’instant. La journée terminée, ça passerait, mais pour l’instant, il restait encore quelques heures avant que le soleil ne daigne à disparaître à l’horizon. Il faut bien croire que je n’étais pas la fille la plus enthousiaste de la chambre #1, cet été, alors que j’étais de nature plutôt énergique et fêtarde. Au contraire, depuis le début du Summer Camp, mon humeur connaissait des hauts et des bas, un peu comme les vagues de la mer lors d’énormes tempêtes. Ça devenait exaspérant, autant pour moi que pour les autres, il faut croire.

À un certain moment assez tardif de la soirée où je m’étais enfin décidée à allumer la télévision pour me trouver une chaîne intéressante à regarder, je reçus un SMS. Peut-être une de mes copines de chambre qui avaient besoin que je les ramène. Après tout, lorsqu’elles étaient les trois ensembles et qu’elles buvaient à n’en plus finir, c’était toujours moi qui devais les ramener à la chambre, sinon elles se perdaient. Elles étaient encore chanceuses d’arriver à me faire parvenir le SMS d’appel d’aide à moi et non à n’importe qui. Bref, j’hésitais à aller voir de qui provenait le SMS, mais si c’était une urgence, je serais idiote de ne pas au moins jeter un coup d’œil. Au final, c’était une urgence. Mon grand frère. Qu’est-ce qui lui arrivait? Il m’avait envoyé un SMS assez incompréhensible, avec des signes inutiles et des mots sans sens. Il était saoul, ou quoi? Si c’était le cas, alors là, il fallait mettre un X sur le calendrier, car je n’avais jamais vu mon frère bourré. Il était toujours sage avec l’alcool, du moins lorsque j’étais là, et s’il avait décidé ce soir de se lâcher un peu, alors il fallait que j’aille voir ça.

« Où es-tu? »

J’aurais de la chance, s’il me répondait. Mais bon, j’attrapai tout de même une veste pour me couvrir, et sortis dehors, équipée de mon portable pour attendre une réponse de mon grand frère sage, mais pas tant, qui avait bien dû avaler de l’alcool fort ce soir. Mais pour quelle raison, telle était la question que je me posais, inquiète. Pour le plaisir? Ou avait-il un réel problème? Et pourquoi ne m’en avait-il pas parlé, s’il allait mal? Je me dirigeai donc immédiatement en direction du seul grand bar où il devait se trouver. J’inspectai les lieux, mais puisqu’il se faisait de plus en plus tard, les gens n’étaient plus en aussi grand nombre. J’inspectai donc les lieux à l’extérieur, et inutile d’avoir une réponse de mon frère, puisque j’aperçus sa silhouette devant moi, de dos. Je m’approchai doucement de lui pour finalement me poster face à lui.

« Logan? T’as bu? Quelque chose ne va pas, dis-moi? Je peux te ramener à ta chambre, ein…»

Une des choses qui ne me plaisait pas du tout depuis quelques temps était que j’avais constamment l’impression d’avoir des preuves à donner à tout le monde, à quelques exceptions près. Des excuses ici, des explications par là, des raisons ici aussi, des problèmes à résoudre d’autres fois… Bref, pour résumer le tout, soit quelqu’un m’en voulait tant qu’il voulait à tout pris me mettre des bâtons dans les pattes, ou j’étais simplement en train de changer et ce devait peut-être être une phase de test à laquelle je devais absolument réussir pour avoir la paix et être tranquille de tout ce qui venait me hanter à mon plus grand malheur depuis quelques semaines déjà. Pourtant, je crois bien que je donnais également du fil à retordre aux gens qui m’entouraient, principalement à mon grand frère adoré, Logan. Il était toujours là pour moi et se privait de fun et des partys là plupart du temps, mais aussi il se privait d’ouvrir entièrement son cœur à une fille parce que j’étais bien trop compliquée et chiante pour lui laisser vivre sa vie de manière un peu plus indépendante. J’avais commencé à me convaincre qu’il fallait que je sois plus sage, que je me prenne en main, et heureusement ça fonctionnait petit à petit, puisque même si je voyais mon frère toujours aussi souvent, ce n’était plus seulement parce que je m’étais mise dans le pétrin.

Quelle ne fut donc pas ma surprise en recevant ce SMS étrange de mon grand frère. Un SMS dénudé de sens qui ne pouvait que me laisser deux options : soit quelqu’un s’amusait à envoyer des SMS étranges aux gens de son répertoire de contacts, soit il était complètement saoul et ne savait plus ce qu’il faisait ou disait. Pour cette deuxième option, c’était assez drôle en soi, mais assez inquiétant, puisque je n’avais jamais vu mon frère bourré, et pensais donc qu’il devait avoir un gros problème ou un truc lourd sur le cœur qu’il voulait à tout prix oublier. Pour cela, je pris donc la peine de sortir de ma chambre d’hôtel afin de partir à sa recherche et tenter de l’aider du mieux que je le pouvais, comme le devait une petite sœur.

Lorsque je le trouvai finalement, assis sur un banc, seul, je décidai qu’il valait mieux que j’aille le retrouver pour savoir ce qui se passait et surtout pourquoi il avait bu au point de dire vraiment n’importe quoi, et avoir son état, il n’avait pas avalé que le contenu d’une seule et unique bouteille. Mon grand frère riait comme un vrai idiot en ce moment et je devais faire mon possible pour me retenir de rire. Je me penchai donc devant lui pour le regarder dans les yeux, cherchant son attention le plus possible. Ce qu’il me répondit m’arracha un sourire, mais redevint rapidement sérieuse. « Logan, tu ne me reconnais pas? C’est moi, ta puce! Ta p’tite sœur chérie… Dixie? Allez viens! J’suis désolée de briser ton fun, mais je vais te ramener dans ta chambre… Allez hop, tout de suite, parce que je veux que tu m’expliques pourquoi t’es complètement bourré. » J’avais pris un ton légèrement moralisateur, fort et décidé pour qu’il comprenne bien que je ne lui laissais pas le choix. Je le pris par le bras en le tenant fermement tout en marchant doucement pour ne pas non plus le faire tomber. Après tout il ne devait pas facilement tenir sur ses deux jambes tout seul, avec tout ce qu’il avait dû boire au cours de sa soirée.

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