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    Le soleil agonisant embrasait l’horizon, le rouge disputant sa place au jaune sur la toile immense du ciel. Le déclin du jour se reflétait sur la surface endormie de ses prunelles, les moirant de reflets pourpre et orangés. Le crépuscule, apologie des couleurs et de la beauté. Pourtant, ce n’est pas vers le spectacle céleste que Nyssa avait les yeux tournés mais vers ses pieds. Le bout de ses doigts de pieds, pour être précise. La magie visuelle et atmosphérique qui se dégageait de cette fin de soirée ne l’atteignait pas. Pas même elle n’avait daigné lever les yeux, totalement absorbée par ses pensées et l'examen silencieux de ses bottes. Elle n’avait jamais eu l’esprit très ouvert sur les beauté de ce monde et n’avait jamais goûté à la magnificence d’un paysage ou l’écrasant idéal d’un crépuscule comme celui là. Non, définitivement rien à faire. Le regard infiniment vide, imperméable à toute sollicitation extérieure. Le visage figé, masque de glace ne dégageant qu’une impression de distance et de dureté. Ses yeux d’un vert émeraude fixés sur un point unique. Elle était relativement seule, la fraîcheur de la soirée ayant éloigné les quelques promeneurs. Ils y avait bien des gens qui étaient encore là, finissant un repas ou admirant les reflets du soleil, mais ils ne dérangeaient pas Nyssa, elle ne les entendait pas, c’est comme s’ils n’existaient pas. Affalée sur un banc instable, ni réellement assise, ni vraiment allongée, un shorty froissé ne cachant que très peu des résilles déchirées, elle était en sous-vêtements, ne se souvenait de rien, ne faisait rien, ne pensait à rien. Les narcotiques qui circulaient encore dans ses veines l’y aidaient. Pas de but, ni d’obstacle, de problème, de raisons. Juste un néant absolu. Plus besoin d’éprouver de sentiments, plus d’utilité à réfléchir. Juste se laisser aller à l’oubli, le vide apocalyptique d’un cerveau dérangé. Elle se sentait bien, désincarnée de son propre corps. Les bienfaits de la drogue. L’endroit semblait hors du temps. Un parc sale et poussiéreux où les tronc d'arbres défoncés côtoyaient les bancs pourris qui menaçaient de craquer lorsqu’on s’appuyait dessus. Une atmosphère lourde, saturée de moisissure et d’humidité ; l’eau qui se faisait bruyante en dégoulinant sur le bois et la lumière sporadique d’un éclair au loin. Lieu pittoresque qu’aucun peintre n’aurait cependant voulu dépeindre.

    Elle aurait pu rester des heures ainsi, le temps ne comptait pas pour elle. Sa vie n’avait plus réellement de sens, elle faisait acte de présence, c’était déjà pas mal. Mais à rester figée, immobile, elle finit par glisser et se rattrapa de justesse avant que sa tête ne heurte brutalement l’acier du banc, réflexes dûment acquis et travaillés. Étouffant un grognement, elle prit appui sur un coude pour se relever. Brutalement tirée de son lymphatisme, elle balaya d’un regard rapide ce qui l’entourait, ne s’arrêtant pas un instant sur ce ciel torturés, aux couleurs brûlante. Un instant comme l’éternité aurait pu s’écouler depuis qu’elle avait posé le cul sur le banc; elle était incapable d’y répondre. Ce n’était pas important. La nuit tomba doucement et son œil de cyclope, unique accroché au milieu de ce grand rideau de velours qu'est le ciel nocturne se leva. Elle laissa échapper un soupir, s’affala un peu plus contre le dossier, faisant grincer les baleines maltraitées de son corset. Peu à peu, elle retrouvait de son énergie, prêtant une oreille plus attentive à ce qui l’entourait. Et elle commençait à s’ennuyer. De toute façon, ça allait bientôt changer, puisqu’il lui prit l'envie de se lever, titubant, marchant à tâtons vers sa maison à l'université. Embrumée par la drogue, Nyssa s'égara, allant jusqu'à se tromper, entrant dans une maison qui n'était pas la sienne. Une fois à l'intérieur, son impression se confirmait. Maintenant, Nyssa entendait distinctement le claquement de chaussures à talons sur le sol, des gloussements de midinettes en furie, des railleries, mais aussi des gémissements, du mécontentement... Elle était entrée chez les Cabot ! La pire "race" que pouvait compter cette université. Des filles à papa prétentieuses qui ne pensent qu'à leur image et à ce que les autres pensent d'elles. Tout ce que Nyssa détestait. Ses lèvres s’étirèrent en un rictus de prédateur, reluquant avec un air malsain les jeunes filles et jeunes hommes venus draguer qui passaient. Le regard méprisant et moqueur, fixe et appuyé, visiblement dans le but de mettre mal à l’aise. Malgré son air nonchalant et indifférent, Nyssa ne lâchait pas les autres du regard, étudiant leurs réactions, essayant d'en déduire son caractère. Ce n'était certes pas gagné derrière l'épaisseur de la pénombre des couloirs, mais elle voulait se faire une idée des personnes se trouvant face à elle. Cette fois, ce fut un franc sourire qui passa sur le visage de Nyssa, mais le genre de sourire mauvais qui présageait les moqueries. Laissant les drogues parler et levant les bras comme le Christ sur sa croix, elle commença à crier :


    - Bande de cons, regardez un peu ! Regardez ce que vous ratez ! Vous êtes là, à trainer chez des connasses de Cabot, alors que vous pourriez avoir bien mieux chez les Mather, dit-elle en tournant sur elle-même tout en avançant, vous allez avoir des poupées sans personnalité, que vous pourrez présenter à papa maman, mais et votre amusement, dans tout ça ? Les Mather ne sont pas plus moche, que du contraire, leur liberté les rend plus belles encore ! Réfléchissez bien, ne gâchez plus votre temps !


    Un regard. Une minute. Voilà ce qui lui avait fallut pour savoir quelle maison elle allait intégrer en arrivant dans cette université. Un monde de débauche et de fête, d'alcool et de drogue. Tout ce qui l'attirait. Et tandis qu'au fur et à mesure que sa conscience reprenait le pas, Nyssa pouvait savourer leur confusion, confusion qui les oppresse, les écrase, jusqu'à ce qu'ils s'écrasent et s’effondrent, animal aux jarrets coupés. Elle ne doute jamais et se fait confiance, raison de son assurance. C'est un poison à plusieurs face, celui effilé de la lame comme celui dévastateur du vitriol. Elle fixa la porte qui semblait se trouver à une éternité de là, elle qui n'avait envie que d'une chose : s'allonger dans son lit et dormir. Elle repartir donc chez elle, titubant, s'accrochant à ce qu'elle pouvait.
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