C’est dans la charmante capitale Namibienne que par une journée pluvieuse d’aout que je vis le jour. Windhoek n’avait pas vu une telle pluie depuis longtemps, j’avais eu le droit à une place dans le journal local à la page des naissances en dessous du reportage météorologique.
Ça fait toujours rire les gens lorsque je leur dis que je suis Namibien, ma mère, Charlize, l’est également, même si elle est d’origine britannique et australienne. Mon père, Nathan, où devrais-je dire celui que je pensais être mon père est australien.
J’ai donc grandi en Afrique, dans ce merveilleux pays qu’est la Namibie, notre domaine était une des plus belles réserves nationales, c’était surtout l’hôtel le plus luxueux de toutes la Namibie.
Ce petit palace était l’héritage colonial de ma mère qui avait réussi à reconvertir son immense manoir en un petit paradis pour personnes aisées.
Idée que mes parents avaient développé également en Afrique du Sud, en Tanzanie, au Kenya, à Madagascar.
Faisant d'eux les propriétaires des lieux de détentes des plus fortunés en Afrique Australe.
Depuis ma petite enfance j’ai côtoyé les gens les plus riches de la planète qui venaient en vacances, pour découvrir les joies du continent Africain, en cherchant un peu d’anonymat. Même la famille royale Britannique avait l’habitude de venir en vacances.
Mais tous ces gens riches n’étaient pas le genre de personnes qui m’intéressaient, je leur disais simplement bonjour ou au-revoir dès que je les rencontrais dans le manoir.
Je passais le plus clair de mon enfance à jouer dehors, à parcourir la réserve accompagnant les employés dans leur jeep, alors que la plupart des enfants sont contents d’avoir des chiens et des chats.
Moi j’avais des antilopes, des lions, des éléphants, des zèbres, et même un rare groupe de léopard.
Je me suis toujours senti comme chanceux, pourtant depuis tout petit j’aimais partager tout ce que j’avais avec mes amis, les enfants des employés et des paysans qui vivaient dans la réserve.
Je passais beaucoup de temps avec eux, en ne parlant uniquement qu'en afrikans ou la langue de la tribu le héréro. J’apprenais à être l’un des leurs à chaque minute de libre que j’avais.
Mais ma soif de liberté enfantine se termina très vite, lorsque mes parents amenèrent mon précepteur un anglais, à la vieille méthode, très strict et très dur, il faisait tout en sorte pour que j’apprenne le plus de choses possible.
Mon père l’encourageait à ne pas me laisser une seconde de répit.
Nathan avait pour moi de grandes ambitions, il faisait tout en sorte pour m’aspirer à des grands projets, il m’expliquait beaucoup de chose sur les relations entre les gens qui venaient à l’hôtel, comment déjà à mon âge je devais les marquer, comment je pourrais les avoir dans ma poche.
Apprendre à un enfant à plaire n’est pas très difficile, mais avec le recul, je comprenais à présent qu’on m’avait utilisé.
J’étais interdit de m’exprimer en afrikans et voir pire en héréro devant nos clients, ou plutôt devrais-je dire nos « amis », je me souviens très bien du ton que mon père employait pour parler d’eux.
Toutes ces aspirations me donnaient envie de me sauver encore plus, et pourtant une partie de moi semblait vouloir obéir, comme-ci c’était naturel que je suive ce destin tout tracé.
Je sentais que mon père et moi n’avions pas une relation si saine, il me voyait plus comme le moyen d’être encore plus son influence hors du pays.
Ma mère était très occupée avec l’hôtel, mais elle s’accordait toujours le samedi après-midi de libre pour le passer avec moi.
Je chérissais ces samedis après-midi, c’était vraiment comme une bulle, c’était comme-ci la seule personne à pouvoir me sauver de l’influence de mon père était ma mère.
Et pourtant il y avait quelque chose d’étrange, tous les ans à la même période, courant juillet, ma mère m’emmenait au cœur même de Windhoek, dans un café du nom de « lot » ce qui signifie la destinée en afrikans.
Cet homme me parlait et me souriait, il m’apportait toujours un cadeau avec lui, il commandait un café noir et moi une limonade bien fraiche.
Il était toujours habillé en costume et il me rappelait un peu la gamme de client que l’on avait à l’hôtel.
Cette rencontre annuelle se déroulait toujours d’une façon rituel, nous nous installions, ma mère n’assistait jamais à ce rendez-vous, elle me faisait entrer et dès qu’il arrivait elle partait.
J’étais beaucoup trop petit pour comprendre ça.
Pourtant un jour quelque chose me fit découvrir la vérité.
Un serveur était venu pour parler avec mon père, il avait un accent afrikans fort prononcer dans son anglais, pourtant je compris clairement ce qu’il lui disait, j'entendis distinctement : « Mr Silver ».
Silver ? C’était mon nom. Mon nom, ma mère portait le même nom que mon père McConroath. Ce n’était pas le même nom que moi.
Je ne m’étais jamais vraiment posé la question à propos de ça, ma mère m’avait dit que Silver était son nom de jeune fille.
Mais elle m’avait menti.
Je ne cessais de me reposer ses questions intérieurement, décidant d’en parler directement avec elle.
La pire phrase que l’on pouvait dire à un enfant de douze ans fut :
« Excuses-moi de t’avoir menti ».
Telles furent ses paroles, je crois que le plus dur pour moi était de découvrir,
que mon père n’était pas mon père.
Nathan était très énervé de savoir que mon vrai père me voyait une fois par an, apparemment, j’étais le fruit d’une nuit d’un soir, j’étais trop jeune et sous le choc pour comprendre qu’en vérité j’étais simplement un … accident.
La riposte de Nathan fut pratiquement immédiate, une semaine plus tard, je m’envolais pour Sydney, chez ses parents, officiellement, il m’avait adopté,ce qui signifiait que légalement ses parents étaient mes grands-parents.
Un nouveau chapitre de ma vie allait s’écrire, j’étais déjà venu en Australie une fois, même si je n’avais pas pu profiter des vacances à cause du travail que j’avais à chaque fois que je venais.
Windhoek n’était rien comparée à Sydney, je me sentais vraiment petit dans ce monde de géant.
Ma grand-mère m’accueillit un peu froidement, quant à mon grand-père, il était plus concentré sur mes bagages.
A présent, j’allais fréquenter l’école pour la première fois de ma vie, une école privée, tout aussi stricte que mon précepteur.
Je me savais peu aimer par mes grands-parents d’adoption, mais je ne leur en voulais pas, j’étais plutôt un étranger pour eux.
A l’école je m’étais fait une bande d’amis, dont je suis venu très vite, très proche, ils adoraient tous écouter des histoires sur la nature sauvage d’Afrique, ou encore que je parle en afrikans.
Je m’étais présenté pour être délégué de la classe et à ma grande surprise j’avais été élu. Moi le nouveau, élu, pour représenter la classe.
A partir de là, je commençais vraiment à prendre mon rôle au sérieux, j’essayais d’aider tout le monde dans ma classe, même si je ne m’entendais pas avec certains, j’essayais toujours de communiquer d’abord.
Je commençais à m’habituer à l’Australie, les kangourous, les alligators, le bush, c’était vraiment un magnifique pays.
Ma petite routine s’installait, jusqu’au lycée, où je tombais amoureux pour la première fois.
Quand on dit que l’amour est le fléau de l’homme c’est bien vrai.
La fille dont j’étais tombé amoureux s’appelait Emily, elle était la reine du lycée et elle sortait avec … mon meilleur ami.
Autant dire que c’était vraiment très mauvais comme situation, un triangle amoureux comme pas possible, jusqu’au jour où Emily et moi avions cédé.
Nous entamions une relation secrète bien malgré moi, je ne pouvais pas décevoir Eric, mon meilleur ami, celui qui était à mes côtés depuis mon arrivée de Namibie.
Tout vira très vite au cauchemar.
C'était le vendredi d’après les examens.
Eric et moi avions organisés une fête pour célébrer ça, tout se passait parfaitement bien.
En plein milieu de la soirée, je suis allé me reposer dans une des chambres de la villa d’Eric, c’est là que Emily est venue me rejoindre, à ce moment-là, poussé par l’euphorie du moment, l’alcool et l’envie, nous avons fini comme souvent par coucher ensemble.
Sauf qu’Eric avait choisi ce moment-là pour débarquer dans la pièce.
Je me rappellerai toujours de son regard, le dégout que je pouvais lire sur les traits de son visage.
Il hurla juste comme un malade, avant de descendre et de disparaitre.
Aucun invité n’avait compris l’histoire.
Emily et moi étions partis de la soirée immédiatement.
Le lendemain matin, je recevais une visite des policiers pour m’annoncer qu’Eric était mort dans un accident de voiture, à cause de l’alcool qu’il avait ingéré.
C’est là que je me sentis coupable, c’était dingue comme tout finissait par se retourner contre moi, je n’avais pas grandi avec beaucoup d’affections, mon père n’était pas mon vrai père, j’étais un accident, j’avais couché avec la petite-amie de mon meilleur ami qui venait de mourir.
C’en était vraiment trop pour moi, j’avais décidé de m’éloigner de tout le monde, en passant l’examen d’entrée pour Harvard, j’étais sûr de garder mes vieux démons.
J’entamais ma vie étudiante avec pour but de ne jamais commettre la même erreur, j’apprenais à me contrôler, à devenir plus fort mentalement.
Personne ne savait la vérité à propos de moi, personne ne savait vraiment par quoi j’étais passé.
Je préférais apporter la joie, que de savoir les gens changer d’opinions à propos de moi à cause de mon histoire.
J’étais devenu un mystère, en paraissant comme l’étudiant idéal, généreux, brillant et serviable.
A présent j’entamais ma huitième année et je comptais bien évidement repartir en Namibie pour tenter de rattraper mes erreurs passées et purger ma peine.
Mais j’étais encore loin d’imaginer ce qui allait m’arriver pour ces dernières années à Harvard.
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