cruel coded (( libre ))

Te prenant d'avance, ne voulant pas être prise par la frénésie de révision de dernière minute, tu passes ton après-midi de libre à la bibliothèque de l'université. La procrastination étant ton plus grand ennemi, tu préfères gagner ce temps précieux à te préparer pour les examens de fin de semestre tout de suite. Malgré ces examens n'étaient que dans quelques semaines, mais avec le temps qui défilaient d'une vitesse ahurissante, en un clignement des yeux et on y sera déjà. Comme toujours, tu refuses d'être prise au court, tu te dis qu'au lieu de te pourrir le cerveau à regarder un autre épisode de Love Island, il serait plus bénéfique pour toi de te concentrer sur certaines matières qui te posaient problèmes. T'installant au bout d'une table, sur celle un peu plus reculée des autres, tu te satisfais de ne pas avoir de voisin ni devant toi, en diagonale de toi ou bien à tes côtés. Pas que les gens te dérange de façon générale, mais aujourd'hui était cette journée que tu avais besoin de ton espace et être dans ta propre bulle. Sortant tous tes effets de ton sac, tu finis par remarquer que tu avais complètement oublié d'emmener tes airpods. Tu t'insultes intérieurement d'avoir commis une telle erreur, mais refuses de faire le chemin de retour pour aller les chercher. Poussant un souffle de résilience, tu t'appuies sur ton sort et débutes ta révision sans pouvoir écouter ta chère musique. Pour le moment, cela n'était pas aussi dérangeant jusqu'à temps que quelqu'un finisse par prendre place sur la chaise libre devant toi. Tu ne peux pas t'empêcher d'être agacée par la présence de cet inconnu. Tu jettes un coup d'œil à tes environs et remarque qu'il y avait plusieurs tables de libre. Tu demandes pourquoi cette personne décide de se mettre là quand il y avait mieux ailleurs. Polie, tu ravales ta remarque acerbe et retournes à tes affaires. Seulement, ton agacement revient de force quand ton voisin, de face, commence à tapoter, du bout de son crayon, la table. Sans tes écouteurs perchés à tes oreilles, le bruit devient vite dérangeant et déconcentrant. Tu essaies d'ignorer, mais cela t'es impossible. ― Tu pourrais arrêter s'il te plaît ? Finis-tu par demander d'un ton légèrement froid ? ― Pardon, mais ça me déconcentre. Précises-tu pour lui faire comprendre.

@Eugénie Pastor - Enième séance de travail. Enfermé entre les murs de la bibliothèque. Odeur de poussière qui s’infiltre. Lui aussi, finira par faire partie des objets silencieux à force d’être ici. Boots sur les escaliers de pierre. Camo sur les hanches. L’allure de l’archéologue qui détonne au milieu du style habituel. Gosse de riche qui pourrait presque se croire tout permis. Dans l’un des recoins de la vieille demeure, il trouve replis. Le dévolu qui se jette sur l’une des tables. Déjà occupé, mais peu importe. Il aime bien celle-là. Il a qu’à lever la tête pour voir à travers l’une des fenêtres. Seul repère du temps qu’il passe. Le portable mis sous silence. L’envie de faire bien cette année. D’aller au bout pour viser le tremplin qui lui donne ambition. De son sac, il sort sa tablette. Fait défiler sous ses orbes, la carte maritime. L’épave étudié en stage. Puis, s’empare d’un carnet de note. Crayon usé en main. Commence à réfléchir. Plusieurs mois de recherche pour donner vie à un rapport. Rapport sur lequel il bosse depuis plusieurs semaines. Doigts qui zoom sur une photo, il tapote machinalement son crayon. Ne se rend pas compte de l’inconfort qu’il provoque. A moins qu’il s’en branle. Demande s’élève. Force le brun à en trouver la source. Découvre l’agacée. Voix acerbe qui s’accroche encore à ses lèvres. “Change de place si ça t’emmerde.” Peut-être qu’il aurait été plus souple si elle le lui avait demandé autrement.